Chétoptère-bélier

Mesochaetopterus rogeri | Martin, Gil, Carreras-Carbonell & Bhaud, 2008

N° 2758

Atlantique Nord-Est, Méditerranée occidentale

Clé d'identification

2 tentacules en forme de gouttière, annelés de noir, dépassant du sable
Tube membraneux enfoui dans sédiment
Non visible pour le plongeur :
Partie antérieure formée de 9 à 12 segments semblables aux parapodes développés
Partie centrale constituée de 3 segments plats très allongés mais de plus en plus courts
Partie postérieure comportant de très nombreux segments aux parapodes réduits

Noms

Distribution géographique

Atlantique Nord-Est, Méditerranée occidentale

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

Mesochaetopterus rogeri se rencontre sur les côtes méditerranéennes catalanes espagnoles et françaises, ainsi que dans le bassin d'Arcachon, côté Atlantique. Sa répartition pourrait être plus vaste, mais l'espèce est encore très peu connue.

Biotope

Le chétoptère-bélier vit dans les fonds de sable fin de 5 à 30 m de profondeur, mais plus généralement entre 6 et 15 m.

Description

Mesochaetopterus rogeri est un ver annelé vivant dans un tube dont l'intérieur ressemble à du parchemin alors que l'extérieur est couvert de grains de sable agglomérés. Ce tube est enfoui dans le sable et seuls dépassent 2 tentacules du ver. C'est donc uniquement cette partie qui sera observée en plongée.

Au point de vue anatomique, le corps de ce ver est composé de segments portant des soies et formant 3 parties très différentes :
  • partie antérieure (partie A) : formée de 9 à 12 segments semblables. Du premier segment partent 2 longs palpes (ou tentacules) en forme de gouttière et de 15 cm de long, marqués de bandes transversales noires sur leur face externe et de couleur crème à l'intérieur. Il n'y a pas de deuxième paire de palpe ni de paire d'yeux. Les parapodes n'ont qu'un lobe dorsal (notopode). Ils portent des soies dorsales en forme de cheveux ou lancéolées et des soies ventrales en forme de rame ou de faucille. Le 4ème segment porte 13 à 19 soies modifiées (lancéolées, en forme de différentes lames...).
  • partie centrale (partie B) : constituée de 3 segments plats allongés mais de plus en plus courts, avec des organes accessoires de l'alimentation sur le 2ème et 3ème. Les parapodes sont biramés. Les notopodes en forme d'aile portent environ 15 soies en forme de cheveux.
  • partie postérieure (partie C) : jamais observée entière. Elle doit comporter de très nombreux segments à peu près identiques, aux parapodes biramés avec des soies peu développées.
Il n'y a pas de branchie.

Aucun spécimen entier n'a jamais été prélevé. Le plus long a été prélevé dans un tube de 2,5 m de long. Malheureusement l'appareil de prélèvement ne pouvait pas s'enfoncer plus profondément dans le sédiment. Le tube se prolongeait au delà de ces 2,5 m et seul un ver incomplet de 11 cm en a été extrait. Il ne comportait que 10 segments dans sa partie postérieure, sur la centaine qu'il devait y avoir.

Espèces ressemblantes

Mesochaetopterus rogeri a un corps ressemblant à celui des espèces proches du genre Chaetoterus ou Phyllochaetopterus, mais il est le seul à avoir deux longs tentacules dans son aire de distribution.
Dans les Caraïbes et le Brésil, il existe une espèce, M. xerecus, qui elle aussi a ses tentacules annelés de noir. Certains auteurs ont avancé que M. rogeri aurait été introduit sur nos côtes et qu'il s'agirait de M. xerecus. Cependant, des études génétiques ont montré qu'il s'agissait bien de 2 espèces différentes et que M. rogeri est native de Méditerranée.

Il existe une espèce, Pseudopolydora pulchra, qui elle aussi vit dans un tube dont ne dépassent que 2 tentacules. Son tube est plus étroit, dépassant généralement de 1 à 2 cm du substrat. Elle vit sur les fonds durs plus ou moins envasés. Anatomiquement, cette espèce est très différente de M. rogeri. En effet, le corps n'est pas partagé en 3 zones de segments différents, il y a de nombreux yeux sur le premier segment et des branchies sur les autres. P. pulchra se rencontre de la mer du Nord, au Portugal, et probablement en Méditerranée.

Tous ces vers vivent dans un tube dans le sable. Pour le plongeur, qui n'observera que les 2 tentacules dépassant du sable, cette espèce pourrait être confondue avec certaines ophiures de sable. En effet, ces dernières vivent également dans le sable et laissent dépasser quelques bras (en général 3), en position redressée pour capter la nourriture dans le courant. Bien sûr, il n'y a pas de trou (ouverture du tube) visible.

Alimentation

Le chétoptère-bélier est un ver filtreur. Il capture les particules alimentaires dans le courant grâce à ses 2 longs tentacules. Ces particules sont transportées le long de la gouttière ciliée des tentacules jusqu'à la bouche.

Reproduction - Multiplication

Aucune information sur la reproduction de Mesochaetopterus rogeri n'est disponible.

Divers biologie

Le mouvement des parapodes de la partie postérieure (partie C) de ce ver, crée un courant d'eau dans le tube, permettant le renouvellement de l'eau et de l'oxygène.

Informations complémentaires

En cas de danger, au moindre contact avec les tentacules ou sur le sédiment alentours, le ver se rétracte entièrement dans son tube.

En Méditerranée, les individus sont les plus nombreux au printemps, probablement dû à un recrutement* suite à l'augmentation des températures. Par contre, les populations diminuent en automne, non pas suite à une mortalité naturelle, mais probablement suite aux tempêtes automnales fréquentes qui rendent le milieu sableux instable.
La longueur du tube, pouvant dépasser 2,5 m, serait une adaptation à ces perturbations du milieu. Après un brassage des fonds par la houle, le tube peut se retrouver en partie bouché. Le ver qui aura survécu, construira alors une nouvelle section pour rejoindre la surface. Ceci explique l'observation de tubes ramifiés.

Les tubes, très longs et assez nombreux sur une zone donnée, servent de stabilisateur du milieu. Surtout que chaque tube est entouré d'un manchon de sable compacté d'environ 6 cm de diamètre.

Le nombre d'observations de cette espèce ces dernières années a augmenté. La raison n'est pas encore clairement connue. Cela pourrait venir :
- du réchauffement des eaux, favorisant sa reproduction
- de la baisse de la pêche au vernis (Callista chione), un coquillage vivant enfoui dans le sable et qui nécessite de retourner le sédiment pour le capturer
- du développement de la plongée et donc d'une augmentation du nombre d'observateurs.

Origine des noms

Origine du nom français

Chétoptère-bélier est une proposition du site DORIS. Le mot chétoptère est un francisation du genre Chaetopterus ; bélier, car les 2 antennes qui dépassent du sable, sont souvent recourbées comme les cornes d'un bélier.

Origine du nom scientifique

Mesochaetopterus : du grec [meso] = milieu, central ; [chaete] = soie et [pteron] = aile.

rogeri : en l'hommage de Roger MARTIN, l'aîné des fils de Daniel MARTIN, un des co-auteurs de la description de cette espèce.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 595867

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Annelida Annélides

Vers segmentés (annelés) à section cylindrique, à symétrie bilatérale constitués de segments semblables. Le premier segment porte la bouche et le dernier l’anus. Nombreuses formes marines, dulcicoles ou terrestres, libres ou parasites.

Classe Polychaeta Polychètes

Annélides marines. Chaque segment porte des excroissances locomotrices (les parapodes) plus ou moins développées, munies de touffes de soies chitineuses rigides. Chez la plupart des espèces, la tête porte plusieurs organes sensoriels, des mâchoires, et souvent un panache branchial coloré. Animaux libres dans la colonne d'eau ou sur les sédiments mais aussi galéricoles ou tubicoles.

Sous-classe Sedentaria Annélides polychètes sédentaires
Famille Chaetopteridae Chaetoptéridés

Espèces sédentaires vivant dans un tube parcheminé ou corné partiellement à totalement enfoui dans le substrat. Pas de véritables branchies, deux longs palpes, corps divisé en 3 régions très distinctes dont une médiane de cinq paires de parapodes très élargis.

Genre Mesochaetopterus
Espèce rogeri

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