2 tentacules en forme de gouttière, annelés de noir, dépassant du sable
Tube membraneux enfoui dans sédiment
Non visible pour le plongeur :
Partie antérieure formée de 9 à 12 segments semblables aux parapodes développés
Partie centrale constituée de 3 segments plats très allongés mais de plus en plus courts
Partie postérieure comportant de très nombreux segments aux parapodes réduits
Atlantique Nord-Est, Méditerranée occidentale
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Mesochaetopterus rogeri se rencontre sur les côtes méditerranéennes catalanes espagnoles et françaises, ainsi que dans le bassin d'Arcachon, côté Atlantique. Sa répartition pourrait être plus vaste, mais l'espèce est encore très peu connue.
Le chétoptère-bélier vit dans les fonds de sable fin de 5 à 30 m de profondeur, mais plus généralement entre 6 et 15 m.
Mesochaetopterus rogeri est un ver annelé vivant dans un tube dont l'intérieur ressemble à du parchemin alors que l'extérieur est couvert de grains de sable agglomérés. Ce tube est enfoui dans le sable et seuls dépassent 2 tentacules du ver. C'est donc uniquement cette partie qui sera observée en plongée.
Au point de vue anatomique, le corps de ce ver est composé de segments portant des soies et formant 3 parties très différentes :Aucun spécimen entier n'a jamais été prélevé. Le plus long a été prélevé dans un tube de 2,5 m de long. Malheureusement l'appareil de prélèvement ne pouvait pas s'enfoncer plus profondément dans le sédiment. Le tube se prolongeait au delà de ces 2,5 m et seul un ver incomplet de 11 cm en a été extrait. Il ne comportait que 10 segments dans sa partie postérieure, sur la centaine qu'il devait y avoir.
Mesochaetopterus rogeri a un corps ressemblant à celui des espèces proches du genre Chaetoterus ou Phyllochaetopterus, mais il est le seul à avoir deux longs tentacules dans son aire de distribution.
Dans les Caraïbes et le Brésil, il existe une espèce, M. xerecus, qui elle aussi a ses tentacules annelés de noir. Certains auteurs ont avancé que M. rogeri aurait été introduit sur nos côtes et qu'il s'agirait de M. xerecus. Cependant, des études génétiques ont montré qu'il s'agissait bien de 2 espèces différentes et que M. rogeri est native de Méditerranée.
Il existe une espèce, Pseudopolydora pulchra, qui elle aussi vit dans un tube dont ne dépassent que 2 tentacules. Son tube est plus étroit, dépassant généralement de 1 à 2 cm du substrat. Elle vit sur les fonds durs plus ou moins envasés. Anatomiquement, cette espèce est très différente de M. rogeri. En effet, le corps n'est pas partagé en 3 zones de segments différents, il y a de nombreux yeux sur le premier segment et des branchies sur les autres. P. pulchra se rencontre de la mer du Nord, au Portugal, et probablement en Méditerranée.
Tous ces vers vivent dans un tube dans le sable. Pour le plongeur, qui n'observera que les 2 tentacules dépassant du sable, cette espèce pourrait être confondue avec certaines ophiures de sable. En effet, ces dernières vivent également dans le sable et laissent dépasser quelques bras (en général 3), en position redressée pour capter la nourriture dans le courant. Bien sûr, il n'y a pas de trou (ouverture du tube) visible.
Le chétoptère-bélier est un ver filtreur. Il capture les particules alimentaires dans le courant grâce à ses 2 longs tentacules. Ces particules sont transportées le long de la gouttière ciliée des tentacules jusqu'à la bouche.
Aucune information sur la reproduction de Mesochaetopterus rogeri n'est disponible.
Le mouvement des parapodes de la partie postérieure (partie C) de ce ver, crée un courant d'eau dans le tube, permettant le renouvellement de l'eau et de l'oxygène.
En cas de danger, au moindre contact avec les tentacules ou sur le sédiment alentours, le ver se rétracte entièrement dans son tube.
En Méditerranée, les individus sont les plus nombreux au printemps, probablement dû à un recrutement* suite à l'augmentation des températures. Par contre, les populations diminuent en automne, non pas suite à une mortalité naturelle, mais probablement suite aux tempêtes automnales fréquentes qui rendent le milieu sableux instable.
La longueur du tube, pouvant dépasser 2,5 m, serait une adaptation à ces perturbations du milieu. Après un brassage des fonds par la houle, le tube peut se retrouver en partie bouché. Le ver qui aura survécu, construira alors une nouvelle section pour rejoindre la surface. Ceci explique l'observation de tubes ramifiés.
Les tubes, très longs et assez nombreux sur une zone donnée, servent de stabilisateur du milieu. Surtout que chaque tube est entouré d'un manchon de sable compacté d'environ 6 cm de diamètre.
Le nombre d'observations de cette espèce ces dernières années a augmenté. La raison n'est pas encore clairement connue. Cela pourrait venir :
- du réchauffement des eaux, favorisant sa reproduction
- de la baisse de la pêche au vernis (Callista chione), un coquillage vivant enfoui dans le sable et qui nécessite de retourner le sédiment pour le capturer
- du développement de la plongée et donc d'une augmentation du nombre d'observateurs.
Chétoptère-bélier est une proposition du site DORIS. Le mot chétoptère est un francisation du genre Chaetopterus ; bélier, car les 2 antennes qui dépassent du sable, sont souvent recourbées comme les cornes d'un bélier.
Mesochaetopterus : du grec [meso] = milieu, central ; [chaete] = soie et [pteron] = aile.
rogeri : en l'hommage de Roger MARTIN, l'aîné des fils de Daniel MARTIN, un des co-auteurs de la description de cette espèce.
Numéro d'entrée WoRMS : 595867
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Annelida | Annélides | Vers segmentés (annelés) à section cylindrique, à symétrie bilatérale constitués de segments semblables. Le premier segment porte la bouche et le dernier l’anus. Nombreuses formes marines, dulcicoles ou terrestres, libres ou parasites. |
Classe | Polychaeta | Polychètes | Annélides marines. Chaque segment porte des excroissances locomotrices (les parapodes) plus ou moins développées, munies de touffes de soies chitineuses rigides. Chez la plupart des espèces, la tête porte plusieurs organes sensoriels, des mâchoires, et souvent un panache branchial coloré. Animaux libres dans la colonne d'eau ou sur les sédiments mais aussi galéricoles ou tubicoles. |
Sous-classe | Sedentaria | Annélides polychètes sédentaires | |
Famille | Chaetopteridae | Chaetoptéridés | Espèces sédentaires vivant dans un tube parcheminé ou corné partiellement à totalement enfoui dans le substrat. Pas de véritables branchies, deux longs palpes, corps divisé en 3 régions très distinctes dont une médiane de cinq paires de parapodes très élargis. |
Genre | Mesochaetopterus | ||
Espèce | rogeri |
Bifide
Pour un plongeur, seuls les 2 tentacules dépassant du sable seront visibles.
Estartit, Costa Brava, Espagne
17/09/2010
Tube
Ce ver vit dans un tube membraneux dont l'intérieur ressemble à du parchemin alors que l'extérieur est couvert de grains de sable agglomérés. Ce tube vertical, enfoncé dans le sable, peut mesurer plus de 2,5 m.
Arcachon (33), 8 m
26/09/2009
Bandes noires
Les tentacules sont marqués de bandes noires régulières sur leur face externe.
Arcachon (33), 8 m
26/09/2009
Gouttière
Le chétoptère-bélier est un ver filtreur. Il capture les particules alimentaires dans le courant grâce à ses 2 longs tentacules. Ces particules sont transportées le long de la gouttière ciliée, bien visible ici avec sa couleur crème, jusqu'à la bouche.
Cap Ferret (33), 10 m
01/06/2006
Espèce rare ?
Le nombre d'observations de cette espèce ces dernières années a augmenté. La raison n'est pas encore clairement connue. Cela pourrait venir :
- du réchauffement des eaux, favorisant sa reproduction
- de la baisse de la pêche au vernis (Callista chione), un coquillage vivant enfoui dans le sable et qui nécessite de retourner le sédiment pour le capturer
- du développement de la plongée et donc d'une augmentation du nombre d'observateurs.
Banyuls (66), 12 m
20/08/2007
Même en Atlantique
Originellement décrite sur les côtes méditerranéennes catalanes d'Espagne, cette espèce a été depuis aperçue dans le Roussillon et même en Atlantique, dans le bassin d'Arcachon.
Cap Ferret (33), 10 m
01/06/2006
Bélier ou cœur ?
Le nom vernaculaire de ce ver, chétoptère-bélier, est une proposition du site DORIS. En effet ses 2 antennes qui dépassent du sable, sont souvent recourbées vers l'extérieur comme les cornes d'un bélier. Parfois elles sont recourbées vers l'intérieur et forment alors un cœur.
Cap Nègre, Cerbère (66), 18 m
23/05/2021
A ne pas confondre
Il est possible de confondre le chétoptère-bélier avec une ophiure. Certaines vivent dans le sable et ne laissent dépasser que quelques bras. En général, il y a 3 bras sortant du sable (contre seulement 2 tentacules chez le ver) et ceux-ci ne sont pas lisses.
Antibes (06), 12 m
10/08/2007
Hors du tube
Dessin d'après photo modifiée de Martin D., Gil J., Carreras-Carbonell J. & Bhaud M., 2008.
Sur ce dessin, on peut voir Mesochaetopterus rogeri hors de son tube.
La partie antérieure est formée de 9 à 12 segments semblables dont le premier porte 2 longs tentacules.
La partie centrale est constituée de 3 segments plats allongés.
Enfin, la partie postérieure (incomplète ici) comporte de très nombreux segments à peu près identiques.
N/A
2008
Rédacteur principal : Sylvain LE BRIS
Vérificateur : Hervé LIMOUZIN
Responsable régional : Sylvain LE BRIS
Martin D., Gil J., Carreras-Carbonell J., and Bhaud M., 2008, Description of a new species of Mesochaetopterus (Annelida, Polychaeta, Chaetopteridae), with re-description of M. xerecus and an approach to the phylogeny of the family, Zoological Journal of the Linnean Society, 152(2), 201-225.