Gros oursin irrégulier en forme d'œuf
Couvert d'une fourrure dense de piquants brun-roux
Zones ambulacraires en pétales, enfoncées sur la face dorsale
Un sillon anguleux fait le tour des pétales
Oursin de sable rouge
Red heart urchin, West Indian sea biscuit (GB), Erizo de corazon rojo (E), Roter Herzseeigel (D)
Spatangus ventricosus Lamarck, 1816
Brissus ventricosus (Lamarck, 1816)
Brissus panis Grube, 1857
Atlantique ouest tropical
Zones DORIS : ● CaraïbesMeoma ventricosa est présent des Bahamas jusqu'au nord du Brésil.
Signalement (à confirmer) aux îles du Cap Vert.
Le spatangue rouge peut s'installer partout où il y a des poches de sable : fonds sablo-vaseux, sable grossier et gravier en bordure des récifs, herbiers et étendues de débris coralliens mélangés de poches de sable, de 2 m à 200 m de profondeur.
Meoma ventricosa est un gros oursin irrégulier pouvant atteindre 20 cm de long. Bien que couramment décrit comme "en forme de cœur", en réalité il est plutôt en forme d'œuf, car l'encoche avant est relativement peu prononcée. La face ventrale (inférieure) est assez aplatie, la face dorsale est bombée, quasi-hémisphérique. Il est entièrement recouvert d'une fourrure dense de piquants courts et réguliers, de couleur brun-roux.
Le test* est relativement épais et solide, et il n'est pas rare de le retrouver entier sur le fond où il peut même être colonisé par des algues avant d'être détruit.
Sur la face supérieure du test :
L'ambulacre* antérieur forme une légère dépression dans le test, les 4 zones ambulacraires* paires dessinent 4 pétales*, étroits et allongés, plus profondément enfoncés et soulignés par une double série de perforations.
Au sommet du test, à la jonction des pétales, se trouve le système apical* formé de la plaque madréporique* et des 4 pores génitaux.
Un fin sillon au contour anguleux fait le tour des zones ambulacraires* : c'est le fasciole* péripétale.
(Voir dans la rubrique « Informations complémentaires » au bas de cette page le rôle et les fonctions des fascioles).
A la face inférieure du test :
La bouche, en forme de lunule, est en position antérieure et ventrale. Elle est entourée par les 5 zones ambulacraires en étoile, dont les 3 antérieures sont les plus visibles. Les 2 zones ambulacraires postérieures délimitent le plastron*, allongé et portant des piquants courts orientés vers l'arrière.
Tout à l'arrière se trouve l'anus, entouré par un fasciole* subanal (bien développé chez les juvéniles, il régresse et finit par disparaître chez les adultes).
Parmi les oursins de sable, le seul comparable par la taille du test est le plagiobrissus des Antilles. Mais celui-ci est plus rare, de couleur blanc grisâtre ; et il a sur le dos de longs piquants translucides dirigés vers l'arrière.
En avançant dans le sable, le spatangue rouge enfourne des bouchées de sédiment à l'aide de podia* spécialisés qui entourent sa bouche, et digère ce qui peut s'y trouver comme matières organiques : débris d'algues, petits gastropodes, vers et autres formes de vie présentes dans le gravier.
Le "labourage" de la couche superficielle du gravier participe à l'aération et à l'enrichissement du gravier, favorisant certainement le développement des algues et bactéries qui s'y trouvent.
C'est une espèce gonochorique* : il y a des oursins mâles et des oursins femelles. La maturité sexuelle intervient à l'âge de 2 ans. En Floride, des regroupements d'individus ont été observés avec émission simultanée et spectaculaire de gamètes* par les deux sexes. La saison du frai s'étend de novembre à janvier, aucune corrélation n'a été observée avec les phases lunaires.
Les larves* ne sont pas connues, on suppose qu'elles mènent une vie planctonique* avant de tomber au fond et de se transformer en petits oursins.
Ses piquants sont courts et peu défensifs, mais quand on le dérange, Meoma ventricosa est capable d'émettre une substrance jaunâtre, iodée, toxique pour les petits animaux.
Cela explique peut-être pourquoi il a peu de prédateurs : il est occasionnellement consommé par les tortues, les raies, les étoiles comme Oreaster reticulatus et les gros escargots comme les casques (Cassis sp.), mais le principal prédateur semble être le crabe honteux (Calappa sp) qui se sert d'une de ses pinces pour maintenir l'oursin et de l'autre pour le découper comme avec un ouvre-boîte.
Le petit crabe-pois des spatangues, Dissodactylus primitivus, est presque constamment retrouvé accroché à la face ventrale de l’oursin, parfois plusieurs petits crabes pour un même oursin. Ils coupent et mangent les piquants et peuvent provoquer de graves lésions sur le tégument.
Beaucoup plus rarement observé, on recherchera parmi les piquants un autre commensal : le polychète Ophiodromus obscurus (famille des Hesionidae). Il se nourrit des débris collectés sur le test et autour de la bouche ou du périprocte*, tout en profitant de la protection des piquants.
Le spatangue rouge a tendance à s'enfouir sous le gravier de jour et à émerger partiellement ou totalement la nuit. Mais les plus gros spécimens restent généralement à demi enfouis, les épines apicales* émergeant du sable, surtout lorsque la granulométrie du substrat est fine et ne permet pas une bonne circulation de l'eau autour du test.
Ils manifestent une certaine sociabilité et ont tendance à se déplacer en petits groupes. Leur vitesse moyenne lors de ces déplacements est de l'ordre de 7 cm /heure.
Les plus jeunes oursins, (de taille inférieure à 10 cm), vivent cachés sous des débris coralliens, sous 5 à 10 centimètres de gravier mêlé de cailloutis, et n'en émergent pas, même de nuit.
Caractères généraux des oursins irréguliers de l'ordre des Spatangoidés :
Ce groupe, aux représentants nombreux et très spécialisés, est constitué autant par des espèces actuelles que fossiles. Les oursins de cet ordre font partie des oursins irréguliers les plus modifiés, sans doute en rapport avec leur mode de vie enfoui. La bouche est excentrée vers l'avant de la face ventrale (buccale), l'anus migre vers l'arrière, il y a donc apparition d'une symétrie bilatérale superposée à celle pentaradiée*. Le test* prend une forme plus ou moins allongée et aplatie où les zones ambulacraires* sont en creux. Les podia* (pieds ambulacraires) sont particulièrement modifiés, ceux de la région buccale sont courts, épais, sensoriels et préhensiles alors que les podia des aires ambulacraires sont extrêmement allongés, ils ont un rôle respiratoire et de nutrition. Les piquants (ou radioles*) sont modifiés en des soies fines, très nombreuses et de forme variable (spatule, pointe, dent de peigne). Les piquants sont les seuls à intervenir dans la locomotion, contrairement aux oursins réguliers qui utilisent leurs podia.
Les fascioles, description et fonction :
Les fascioles* sont des sentiers dessinés sur la face dorsale (aborale) des oursins irréguliers de l'ordre des Spatangoidés. Alors que l'ensemble du test est recouvert par une épaisse forêt de piquants, ces bandes sont tapissées de très petits et fins radioles (mini-piquants nommés clavules*) de 1 à 2 mm de long. Ces clavules sont très serrés, peu mobiles et couverts d'un épithélium* de cellules ciliées et de cellules productrices de mucus. L'activité de ces cellules sécrétrices et vibratiles produit un véritable tapis roulant de mucus qui achemine les particules diverses sur les sentiers fasciolaires ; elles y sont engluées par le mucus que sécrètent les clavules puis rejetées au-dehors. Les fascioles jouent ainsi un rôle dans le maintien de la propreté du test, importante pour un animal qui vit enfoui sous le sable.
Spatangue est repris de son ancien nom de genre Spatangus, rouge à cause de la couleur brun-roux des piquants de l'animal vivant.
Meoma : origine obscure.
ventricosa : forme impropre du latin [ventriculosus] qui signifie relatif au ventre. A prendre ici dans le sens de « ventru, arrondi » (NB Le même nom d'espèce est attribué à un autre oursin des Antilles : l'oursin blanc Tripneustes ventricosus).
Numéro d'entrée WoRMS : 367846
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Echinodermata | Echinodermes | Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement. |
Sous-embranchement | Echinozoa | Echinozoaires | Echinodermes non étoilés de forme globuleuse ou allongée. Ce groupe renferme les oursins et les concombres de mer. |
Classe | Echinoidea | Echinides | Ce sont les oursins. Forme globuleuse ou hémisphérique, squelette qui porte des piquants mobiles, des pédicellaires et des pieds ambulacraires. Pouvoir de régénération limité. |
Sous-classe | Euechinoidea | Euéchinides | Oursins plus ou moins sphériques, dits "oursins réguliers". Plaques ambulacraires composées. Bouche ventrale et anus dorsal. |
Super ordre | Atelostomata | Atélostomes | |
Ordre | Spatangoida | Spatangoïdes | Oursins-coeur. Irréguliers, abondants, test ovale, sans "lanterne". Ouverture buccale excentrée, seulement 4 zones ambulacraires et avec fascioles*. Fouisseurs, bouche antérieure, anus postérieur. Plusieurs types de piquants spécialisés. |
Sous-ordre | Micrasterina | Micrastérines | |
Famille | Brissidae | Brissidés | Spatangoïdes avec un fasciole entourant intimement les zones ambulacraires pétaloïdes. Un second fasciole ovalisé sur la face ventrale près du périprocte. |
Genre | Meoma | ||
Espèce | ventricosa |
En surface
Les spatangues rouges sont plutôt de mœurs nocturnes et restent sous le sable pendant la journée. Mais de gros spécimens comme celui-ci sont parfois visibles de jour à découvert.
La Citadelle, Martinique (972), 15 m
18/05/2008
Profil élevé
La face ventrale est aplatie, la face dorsale convexe.
Pointe des Nègres, Martinique (972), 15 m
24/07/2009
Pétales
Les zones ambulacraires dessinent des pétales en creux sur le dos.
La dépression brun foncé dans la zone interambulacraire en bas à droite est certainement la trace, heureusement cicatrisée, d'une attaque par un prédateur.
Trois Ilets, Martinique (972), 10 m
20/03/2007
Biotope
Le spatangue rouge ne se cantonne pas aux fonds sableux : comme on le voit ici, il est parfaitement à l'aise dans un mélange de graviers et de débris coralliens !
Grande Anse d'Arlet, Martinique (972), 8 m
27/05/2009
Enfouissement
Le spatangue rouge se sert de ses pieds ambulacraires répartis sur toute la surface du test, entre les piquants, pour amener le sable sur son dos pendant que l'animal creuse à l'aide des piquants et des pieds ambulacraires de la face inférieure.
Saint Pierre, Martinique, 14 m
13/12/2015
Décorations
Ce sont les éléments les plus gros qui se retrouvent généralement sur le dessus du test. On notera ici que le spatangue a "emprunté", entre autres, un radiole d'oursin-lance...
Pointe des Nègres, Martinique (972), 15 m
24/07/2009
Bulldozer
Les gros spécimens ne se donnent pas la peine de s'enfouir, même en journée, et laissent derrière eux un sillage très visible de sable labouré.
Pointe des Nègres, Martinique (972), 15 m
24/07/2009
Sillage
Pour repérer un de ces oursins, il suffit de suivre le sillage de labour : l'oursin est au bout !
Anse Dufour, Martinique, 17 m
10/12/2010
Emission de gamètes
Très rare capture de l'émission des gamètes par un oursin mâle. Le photographe n'a vu aucun autre oursin dans les environs, ni mâle , ni femelle. Pourtant il devait bien y en avoir un pour que les phéromones déclenchent l'expulsion des gamètes !
Le Marin, Pointe Borgnesse, 6 m
30/12/2018
Test face dorsale
Test et oursin vivant côte à côte.
La Baleine, Les Saintes (971), 12 m
29/07/2006
Test face ventrale
Test et oursin vivant côte à côte.
La Baleine, Les Saintes (971), 12 m
29/07/2006
Parasite
Le petit crabe-pois des spatangues (Dissodactylus primitivus) est presque toujours présent sur Meoma ventricosa.
Celui-ci se trouve juste sur le trajet du fasciole péripétale, très nettement visible ici.
Trou à l'orage, Port-Louis, Guadeloupe (971), 5 m
18/03/2007
Autre associé
Ce petit polychète commensal (Ophiodromus obscurus) s'abrite dans la forêt de piquants de l'oursin.
Pointe Cabri, Les Saintes (971), 15 m
28/07/2006
Rédacteur principal : Anne PROUZET
Vérificateur : Jean-Michel SUTOUR
Responsable régional : Anne PROUZET
Chescher RH, 1969, Contributions to the biology of Meoma ventricosa (Echinoidea: Spatangoida), Bulletin of Marine Science, 19,72–110.
La page de Meoma ventricosa sur le site : Sea urchins & sanddollars
La page de Meoma ventricosa dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN