Touffe de couleur rouge bordeaux
Présence d'un disque basal
Partie médiane du thalle en forme de gouttière
Petites excroissances charnues et coniques (papilles) aux extrémités fertiles
Faux chondrus, pioka
False irish moss, false carragheen moss, carrageen (GB), Falso musgo de Irlanda (E), Nadeltang, Kraussterntang (D), Musgos, botelhas (P), Kernwier (NL), Clúimhín Cait (gaélique)
Fucus stellatus Stackhouse, 1796
Chondrus stellatus (Stackhouse) Stackhhouse, 1797
Sphaerococcus crispus var. stellatus (Stackhouse) C. Agardh, 1817
Chondrus crispus var. stellatus (Stackhouse) Lyngbye, 1819
Mastocarpus mamillosus (Goodenough & Woodward) Kützing, 1843
Gigartina mamillosa (Goodenough & Woodward) J.Agardh, 1851
Petrocelis cruenta J. Agardh, 1851
Gigartina stellata (Stackhouse) Batters, 1902
Atlantique Nord, Manche, mer du Nord
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ● Atlantique Nord-Ouest, ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]La présence de Mastocarpus stellatus est confirmée dans l’Atlantique Nord-Est depuis les côtes des îles Féroé jusqu’aux côtes de Mauritanie. Cette zone de répartition comprend la mer du Nord et la Manche et s’étend également sur l’ensemble du littoral méditerranéen.
La présence de Mastocarpus stellatus est également confirmée dans l’Atlantique Nord-Ouest, à St Pierre et Miquelon et dans les provinces canadiennes de Terre-Neuve et du Nouveau Brunswick.
Mastocarpus stellatus se développe depuis la zone médiolittorale* jusqu’à la zone infralittorale*, c'est-à-dire entre le niveau de la mi-marée et le niveau des marées basses de vives-eaux. On la retrouve tant dans des zones calmes que dans les zones battues par les vagues mais uniquement sur des substrats* rocheux.
Cette algue cohabite souvent avec Chondrus crispus pour former la ceinture (étagement horizontale) à algues rouges au niveau de la ceinture à Himanthalia elongata. L’abondance de Mastocarpus stellatus varie d’une localité à l’autre mais dans certains endroits, elle peut à elle seule constituer la couverture algale de la zone.
Espèce pérenne*, Mastocarpus stellatus possède un thalle* cartilagineux d’une longueur de 10-20 cm, qui se développe en formant des petites touffes de couleur rouge bordeaux ou noir rougeâtre. Chaque thalle est solidement fixé par un disque basal cylindrique, qui peut être plus ou moins développé selon les régions et l’environnement. La partie la plus basale du thalle est assez étroite et de forme cylindrique, puis se creuse pour prendre la forme spécifique d’une petite gouttière dans la partie médiane. Enfin, plus on se rapproche des extrémités et plus les thalles sont aplatis et sont généralement vrillés. A la fin de l’été, les thalles femelles adultes portent de petites excroissances charnues et coniques appelées papilles* : ce sont des organes de reproduction nommés cystocarpes*.
La forme qui vient d’être décrite est la forme la plus caractéristique de M. stellatus, il s’agit de sa forme gamétophytique*. Lors de sa phase sporophytique* cette espèce est d’une forme encroûtante* totalement différente. Cette forme encroûtante a longtemps été nommée Petrocelis cruenta car considérée comme une espèce distincte. Le thalle ressemble alors à une tache de l’ordre de la dizaine de centimètres et il est de couleur noir/bordeaux. Cette croûte est épaisse de quelques millimètres comme du cuir et se développe à la surface du rocher en suivant les formes de la roche, ce qui fait qu’elle peut parfois être confondue avec une tache de mazout.
Chondrus crispus : Mastocarpus stellatus montre un aspect proche de Chondrus crispus et elle se développe généralement à côté de cette dernière. Ces deux espèces sont ainsi assez fréquemment confondues, ce qui leur vaut l’appellation commune de pioka. Il est néanmoins très facile de faire la distinction entre ces deux espèces d’algues : il suffit de regarder la forme de la partie médiane du thalle. Si elle est en forme de gouttière, il s’agit bien de M. stellatus.
Il en va de même pour distinguer M. stellatus de Phyllophora spp.
Hildendrandia rubra peut également être confondue avec la forme encroûtante de Mastocarpus stellatus. Cependant, Hildenbrandia rubra montre une couche de très fine épaisseur (µm) qui se développe dans les hauts niveaux de l’estran* et dans des zones constamment humides (sous un fucus, dans une faille…). Enfin, Hildenbrandia rubra est d’un rouge plus vif que Mastocarpus stellatus.
Comme l’ensemble des macroalgues marines, Mastocarpus stellatus est un organisme autotrophe*. Cela signifie qu’elle est capable de synthétiser la matière organique qui la constitue de manière autonome et cela grâce à la photosynthèse* (utilisation de l’énergie lumineuse captée grâce aux molécules de chlorophylle*). Les macroalgues trouvent les éléments essentiels à la synthèse de leur matière organique directement dissous dans l’eau de mer qui les entourent (dioxyde de carbone, nitrates, minéraux…).
La reproduction de cette algue rouge présente trois phases distinctes : le sporophyte*, le gamétophyte* et enfin le carposporophyte* :
Pour boucler le cycle, les carposporophytes produisent des carpospores*, qui en se développant sur un substrat rocheux donneront les sporophytes de forme encroûtante.
Mastocarpus stellatus est récoltée depuis de très nombreuses années avec Chondrus crispus sous le nom de pioka et ce, principalement sur les côtes de Bretagne et du Canada.
En Bretagne, la récolte du pioka s’effectue par arrachage manuel lors des grandes marées, tandis qu’au Canada d’autres méthodes sont parfois employées. Le but final est d’extraire les carraghénanes (polyoside galactane composé exclusivement de monomères de galactose) de cette algue pour les utiliser comme épaississant dans l’alimentation (E407).
Toutes sortes d'algues sont récoltées depuis le Moyen-Âge. En Côtes d'Armor, c'est de l'île Grande à la presqu'île de Lézardrieux jusqu'aux aux Sept-îles, qu'elle est récoltée artisanalement. Au Canada, cette extraction du goémon* (ensemble d'algues diverses et indéterminées, laissées par le retrait de la marée et ramassées pour faire de l’engrais) est principalement réalisée à l'île du Prince Edouard.
Depuis l'encéphalopathie spongiforme bovine (maladie de la vache folle) en 1996, les industries agroalimentaires ont changé leurs substances gélatineuses animales (moelle de bœuf) contre des substances végétales.
Cette algue voisine de l'agar-agar (Gelidium E406) est récoltée à la main de juin à septembre, séchée, pressée, stockée et utilisée depuis la fin du XIXe siècle.
N'oublions pas que nous trouvons des algues dans de nombreuses préparations : nous mangeons jusqu'à 5 produits à base d'algues par jour sans forcément le savoir !
Pour les industries cosmétiques, elles se retrouvent dans la composition de crèmes de soins. En pharmacologie, le pioka entre dans celle de pastilles pectorales, en tant que muco-protecteur digestif pour les bronchites chroniques.
La récolte du pioka est aujourd’hui minoritaire comparée à la production mondiale de carraghénane. En effet, les carraghénanes actuellement mises sur le marché sont majoritairement extraites d'algues tropicales du genre Eucheuma qui sont cultivées à bas prix à partir de boutures.
La récolte des algues de rive est soumise à réglementation, particuliers comme professionnels devant respecter les lieux et les périodes de ramassage ainsi que le type de coupe à adopter. Pour Mastocarpus stellatus, il est demandé de récolter l’algue sans arracher le crampon pour permettre à l’algue de se redévelopper ensuite.
Gigartine : le nom commun français dérive de l’ancien nom scientifique de cette algue, Gigartina stellata, dont le genre en latin qualifie un organe/une plante qui porte des pépins, probablement en référence aux papilles portées par les thalles femelles matures.
Cette algue est également communément appelée pioka mais ce nom fait également référence à Chondrus crispus car toutes deux étaient ramassées pour en extraire les carraghénanes.
Mastocarpus : du grec [mastos] = objet en forme de mamelle, et de [carpus] = fruit. On comprend bien que ce nom de genre provient du fait que le thalle fertile porte des petites papilles en forme de mamelle.
stellatus : du latin [stellatus] = tacheté, étoilé. Deux explications sont alors possibles, soit ce terme fait référence aux papilles qui forment des petites taches comme un ciel étoilé, soit il faut traduire stellatus par étoilé et ce seraient les thalles partant de la base qui représenteraient une étoile.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Rhodobionta / Rhodophyta | Rhodobiontes | Algues rouges, pour la plupart marines. |
Sous-embranchement | Eurhodophytina | Eurhodophytinés | |
Classe | Florideophyceae | Floridéophycées | Thalle élaboré formé de fins filaments branchés ou en lames. |
Sous-classe | Rhodymeniophycidae | Rhodyméniophycidées | |
Ordre | Gigartinales | Gigartinales | Intérieur du thalle presque toujours filamenteux, uni ou pluriaxial, souvent avec des incrustations calcaires. Organes fructificateurs en coussinets sur le thalle. |
Famille | Phyllophoraceae | Phyllophoracées | |
Genre | Mastocarpus | ||
Espèce | stellatus |
Aspect général
Au stade gamétophytique, cette algue possède un thalle cartilagineux d’une longueur de 10-20 cm qui se développe en formant des petites touffes de couleur rouge bordeaux ou noir rougeâtre.
Au stade sporophytique, cette espèce présente une forme encroûtante, de couleur noir/bordeaux et épaisse de quelques millimètres (au premier plan).
Quiberon (56), estran
07/2011
Rédacteur principal : Maxence GEMIN
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Gaël ROCHEFORT
La page sur Mastocarpus stellatus sur le site de référence de DORIS pour les algues : algaeBASE