Mangélie rugueuse

Mangelia scabrida | Monterosato,1890

N° 6146

Méditerranée et mer de Marmara, Atlantique Nord-Est (Portugal, Açores, Madère)

Clé d'identification

Coquille fusiforme, suture marquée, d’une taille courante de 5 à 6 mm
Protoconque multispirale de 3 tours
Dernier tour de la téléoconque présentant une microsculpture en minuscules écailles réticulées
Canal siphonal court, droit et largement ouvert
Pas d’opercule
Couleur de la coquille blanchâtre, ivoire ou jaunâtre
Animal translucide avec des taches blanches

Noms

Synonymes du nom scientifique actuel

Mangelia scabrida Monterosato, 1890 (nom original)
Cythara (Rugocythara) farina F. Nordsieck, 1977
Mangelia farina (F. Nordsieck, 1977)

Distribution géographique

Méditerranée et mer de Marmara, Atlantique Nord-Est (Portugal, Açores, Madère)

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]

Mangelia scabrida est présente dans toute la Méditerranée : en France, en Italie (Sicile, Sardaigne, Lampedusa, côtes de l'Adriatique), en Croatie. On la signale aussi dans le sud de l’Espagne (Almeria, Malaga, Ceuta), en Tunisie (Djerba) et, plus à l'est, en mer de Marmara.
On peut également la rencontrer dans l’Atlantique Nord-Est : sur les côtes portugaises, aux Açores, dans les îles Madère.
Des paralectotypes (spécimens restant après le choix d'un lectotype*) de Monterosato, le descripteur, ont pour provenances Saint-Raphaël, Bastia, La Spezia, Naples et Trieste.

Biotope

C'est une espèce assez rare du bas de l’infralittoral* et du circalittoral*, de 20 à 50 m, le plus souvent sur fond vaseux ou coralligène*.

Description

La coquille est fusiforme, solide à suture marquée. La hauteur moyenne est de 5 à 6 mm pouvant atteindre 7 mm.

La protoconque* (premiers tours initiaux sur la coquille) est multispirale* de 3 tours environ, les 2 premiers tours sont lisses et le 3e est composé de nervures axiales.
La téléoconque* (ensemble composé des autres tours) de 4 tours, comporte 8 à 10 côtes axiales (relief) légèrement sinueuses. Les espaces entre les côtes sont plus ou moins étroits. Les côtes s’amincissent en arrivant sous la suture et deviennent prosoclines*. Le dernier tour est plus grand que la hauteur des autres tours.
La sculpture spirale est composée de minces et nombreux cordons où s’intercalent d’autres plus larges de façon irrégulière. Un motif minuscule en forme d’écailles apparaît sur l’ensemble du dernier tour.

L’ouverture est étroite, allongée et se termine par un canal siphonal* court, droit et largement ouvert.
L’encoche labiale* est large. Le labre externe est épaissi. Il n’y a pas d’opercule*.

L’espèce est très polymorphe en fonction de sa localisation géographique.
La couleur de la coquille est blanche, ivoire, jaunâtre ou marron. Des cordons plus clairs et faisant le tour de la coquille sont souvent présents.

Le corps de l'animal tout entier est translucide avec des taches blanchâtres de taille différente.
Le pied est bifide* antérieurement et lancéolé* postérieurement. Le siphon* est orné de taches blanches ou jaunâtres.
Les tentacules oculaires assez longs, portent les yeux noirs environ aux 2/3 de leur extrémité.

Espèces ressemblantes

Mangelia scabrida peut être confondue avec Mangelia unifasciata (Deshayes, 1835) qui n’a pas le motif en forme d’écailles sur le dernier tour, lequel est signalé par l’auteur. Les côtes axiales de la téléoconque sont plus étroites chez M. unifasciata.

Alimentation

Comme tous les membres de la super-famille des Conoidés, les Mangelia et genres affins* sont des espèces prédatrices. Leur radula*, de type toxoglosse*, possède des dents qui se sont transformées en harpons crantés, reliés à une glande à venin. Les toxines injectées par les dents-harpons appartiennent au groupe des conotoxines modifiées (turrid toxoglossan peptides), actives sur les canaux ioniques des Annélides. Cette arme redoutable est utilisée pour capturer les proies dont elles se nourrissent.
Leur régime alimentaire semble être constitué principalement d’Annélides polychètes. Les Mangelia ne s’attaquent pas aux mollusques, contrairement à certains Conidés.

Reproduction - Multiplication

Les sexes sont séparés (espèce gonochorique*). Les œufs sont rassemblés dans des capsules ovigères*, fixées à un support. Les œufs sont répartis uniformément dans les capsules.
Les larves* véligères* ont une vie planctonique* longue. Le mode de vie larvaire est une caractéristique de l’espèce, dont le témoignage se retrouve sur la coquille, qui possède une protoconque multispirale (voir § Informations complémentaires).

Informations complémentaires

Les Mangelia et genres alliés méditerranéens peuvent avoir deux types de protoconque :

  • Une protoconque paucispirale*, de 1 à 2 tours, témoignant d’un développement larvaire dit lécithotrophique*. Ce stade de développement est court. Les larves véligères* peuvent passer quelques minutes à quelques jours sans se nourrir, ni grandir et se retrouvent proche de leur lieu d’éclosion.
  • Une protoconque multispirale, de 2,5 à 3,5 tours témoignant d’un développement larvaire dit planctotrophique*. Les larves se déplacent au gré des courants marins, se nourrissent du plancton* et peuvent ainsi coloniser des espaces beaucoup plus lointains.

Origine des noms

Origine du nom français

Mangélie rugueuse : francisation du nom scientifique.

Origine du nom scientifique

Mangelia : anciennement Mangilia, le nom est dédié à Joseph Mangili (1767-1829), naturaliste italien.
Mangelia reste la forme valide selon les règles de la nomenclature zoologique. Le genre a été établi par le naturaliste niçois Antoine Risso (1777-1845) en 1826 dans son ouvrage « Histoire naturelle des principales productions de l’Europe méridionale ».

scabrida : du latin [scaber) = rude, rugueux, en référence à la sculpture de la surface. En italien, scabro = rugueux.
L’auteur, Tommaso di Maria Allery Monterosato (1841-1927), écrit : « scultura di un ammirevole e complicato tessuto a strie e scaglie impercettibili, che la rendono ruvida ». Traduction : une sculpture d’un tissu admirable avec des stries et des écailles imperceptibles qui le rendent rugueux.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 139285

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Caenogastropoda Caenogastropodes
Ordre Neogastropoda Néogastéropodes Coquille avec canal siphonal bien développé. Un repli du manteau forme un tube extensible : le siphon. La plupart sont des prédateurs ou nécrophages. Tous marins sauf le genre Clea.
Super-famille Conoidea Conoidés
Famille Mangeliidae Mangelidés

Coquille de taille petite à moyenne, caractérisée en général par une absence d'opercule, la présence d'un sinus anal profond sur la rampe sous-suturale et par un cal épais sur la pente de l'épaule de la lèvre externe

Genre Mangelia
Espèce scabrida

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