Taille modeste, carapace jusqu'à 3 cm de long
Rostre environ deux fois plus long que l'œil
Couleur grise, jaunâtre ou brun-rouge
Carapace relativement propre, habituellement dépourvue d'algues
Araignée de mer, crabe à longues pattes, crabe fantôme
Long-legged spider crab, long-beaked spider crab, slender spider crab (GB), Mittelmeer-Gespenstkrabbe, Stelzenkrabbe, Gespensterkrabbe (D), Gewone hooiwagenkrab (NL), Krab-makropodia (Russe)
NB : il y a peu de noms spécifiques pour désigner cette espèce ; les noms précédents sont les noms assez généraux des araignées de mer dans les langues concernées.
Il existe par ailleurs de nombreuses erreurs sur le web concernant cette espèce. En 2009 par exemple, le nom vernaculaire "Deepwater spider crab (GB)" a été utilisé pour désigner un crabe cité comme Macropodia rostrata. Il s'agissait en fait d'un Paromola cuvieri.
Cancer rostrata Linnaeus, 1761
Stenorhynchus phalangium Pennant, 1777
Macropodia phalangium Leach, 1815
Stenorhynchus rostratus White, 1850
Mer du Nord, Manche, Atlantique, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Le macropode rostré se rencontre sur toutes les côtes européennes entre 65° Nord et 30° Nord environ, à savoir du sud-ouest de la Norvège et toutes les îles Britanniques jusqu'au Maroc. Sa présence aurait été signalée aux Açores et Canaries. Il est de plus présent dans l'ensemble du bassin méditerranéen mais semble absent de mer Noire. Un signalement au Groënland est douteux.
Ce crabe a été signalé sur des fonds détritiques, vaseux, sur les rochers couverts d'algues, le maërl, les zostères, les cymodocées, les étangs littoraux, les parcs à huîtres, les fonds meubles légèrement envasés, les moulières, les algues en épave roulées*. Il peut se rencontrer de la zone intertidale (au niveau des Fucus serratus en Atlantique) à 193 mètres, mais il est plus fréquent en zone intertidale dans le nord de l'Europe, plus profondément dans la moitié sud de son aire de distribution (20 à 40 mètres).
Le macropode rostré est de taille modeste (longueur de la carapace jusqu'à 28 mm, rostre compris). La carapace est triangulaire et porte des expansions coniques dorsales (tubercules) ; le rostre est environ deux fois plus long que l'œil. Les pattes sont longues et très fines ; les dactyles* des pattes arrières sont peu courbés et sont pratiquement dépourvus de dents internes.
Chez cette espèce, le dimorphisme sexuel est assez marqué : les pinces sont beaucoup plus fortes chez les mâles adultes que chez les femelles. Ces dernières ont un abdomen très bombé, surtout lorsqu'elles portent des œufs. Au niveau de la coloration, la carapace et les pattes sont généralement ternes, gris, jaunâtres ou brun-rouges, parfois avec des taches blanches. Comparativement à d'autres espèces, le macropode rostré est habituellement propre : il ne porte que peu ou pas d'algues sur le dos ou les pattes.
Il existe une dizaine d'espèces de macropodes dans les mers européennes, assez voisines les unes des autres au niveau de la morphologie et de l'écologie. Les différences portent sur la longueur relative du rostre, son inflexion ou non vers le bas, la présence de granules sous l'insertion des antennes, la forme des dactyles* des pattes, et les tubercules de la carapace. En plongée, il n'y a guère que la longueur relative du rostre qui soit appréciable.
Les principales autres espèces sont les suivantes :
Les espèces du genre Achaeus se distinguent des Macropodia par leur rostre bifide très court et par leur dernière paire de pattes beaucoup plus courtes et munies d'un dactyle fortement courbé.
Les macropodes sont également très souvent confondus avec les crabes du genre Inachus. Premièrement, le rostre chez les Inachus est ridiculement court, et relativement plat et souvent arrondi au bout ; chez Macropodia, il est pointu et parfois très long. Deuxièmement, chez les Inachus la seconde paire de pattes est un peu plus grosse (épaisse) et plus longue que la troisième ; chez Macropodia, elle a sensiblement le même aspect. De plus et accessoirement, mais ce n'est pas général, les Inachus ont tendance à se couvrir d'éponges (au-moins pour les espèces observées communément par les plongeurs) tandis que les Macropodia ont plutôt tendance à fixer des algues sur les pattes et la carapace grâce à leurs poils en crochet.
Il y a peu de données sur l'alimentation de cette espèce. Elle semble opportuniste et consomme vraisemblablement des algues et d'autres petits organismes fixés sur le substrat ainsi que des éléments de la faune peu vagile*.
Les larves éclosent au stade zoé* ; paradoxalement, les zoés de macropode n'ont pas de rostre ni d'épines latérales. Il y a une forte épine dorsale qui persiste chez la mégalope* ; cette dernière a un rostre réduit et une saillie bifide sur la région gastrique. Le développement larvaire est planctonique et se déroule principalement pendant l'été et l'automne, même si des larves peuvent se rencontrer pratiquement toute l'année. Comme chez tous les Majidés, le macropode a une mue terminale à la suite de laquelle la femelle devient apte à se reproduire, s'accouple avec un ou plusieurs mâles et pond. Les femelles ovigères se rencontrent toute l'année. La longévité du macropode n'est pas connue avec précision ; elle pourrait être de l'ordre de 2 ans.
Le macropode rostré est parasité par le Sporozoaire Aggregata eberthi, par les vers Nectonema agile et Fecampia erythrocephala. C'est également l'hôte du Crustacé Cirripède Rhizocéphale Drepanorchis neglecta.
Le macropode rostré est assez mimétique dans son habitat. Il s'agrippe fortement au substrat au moyen de ses longs dactyles*. Il se rapprocherait de la côte en hiver.
Le macropode Macropodia rostrata est l'espèce de macropode la plus citée dans les livres et sur internet. Il est certes très commun et est par ailleurs plus ou moins ubiquiste*, mais d'autres espèces sont également très communes. En particulier le macropode Macropodia deflexa est souvent rencontré parmi les algues des estrans et à faible profondeur des côtes de Manche et d'Atlantique.
Macropode = francisation du nom de genre scientifique Macropodia = à grandes pattes,
rostré : la carapace se termine en avant par un rostre bien marqué.
Macropodia : du grec [macro] = grand, et [podia] = pieds,
rostrata : du latin [rostra] = rostre.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Sous-classe | Eumalacostraca | Eumalacostracés | Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax. |
Super ordre | Eucarida | Eucarides | Présence d'un rostre. |
Ordre | Decapoda | Décapodes | La plupart marins et benthiques. Yeux composés pédonculés. Les segments thoraciques sont fusionnés avec la tête pour former le céphalothorax. La première paire de péréiopodes est transformée en pinces. Cinq paires d'appendices locomoteurs (pinces comprises). |
Sous-ordre | Brachyura | Brachyoures | Les brachyoures ont un abdomen réduit replié sous le céphalothorax. Ils sont représentés par les crabes et les araignées de mer. |
Famille | Majidae | Majidés | Araignées de mer. |
Genre | Macropodia | ||
Espèce | rostrata |
Vue ventrale
Chez les macropodes, la face ventrale porte souvent une tache blanche dont la signification est inconnue. Ici, sans doute un mâle.
[Identification d’après photo ; il y a donc une petite probabilité pour que le spécimen photographié appartienne en fait à une autre espèce.]
St Yves, Arcachon (33), 7 m
05/03/2009
Femelle adulte en vue dorsale
Notez la quasi-absence d’épibiontes. On devine à l’arrière de la carapace le début de l’abdomen qui est replié sous le corps de l’animal.
[Photo ex-situ faite au retour au laboratoire]
Banyuls (66), 7 m
04/03/1975
Spécimen in situ
Notez l’abondance d’épibiontes et de « salissures » sur le corps de l’animal, ce qui ne permet pas l'observation des critères distinctifs de l’espèce.
[Identification d’après photo ; il y a donc une petite probabilité pour que le spécimen photographié appartienne en fait à une autre espèce.]
Grand Banc, Arcachon (33)
09/05/2007
Sur le sable
Notez l’abdomen qui semble relevé : il s’agit peut-être d’une femelle ovigère.
[Identification d’après photo ; il y a donc une petite probabilité pour que le spécimen photographié appartienne en fait à une autre espèce.]
Cannes (06), 8 m
05/07/2008
Individu portant des plumets blancs
Notez les pinces relativement petites et l’arrière du corps globuleux et plus ou moins pourpre : il s’agit peut-être d’une femelle ovigère.
[Identification d’après photo ; il y a donc une petite probabilité pour que le spécimen photographié appartienne en fait à une autre espèce.]
Les tables, étang de Thau (34)
06/2008
Face à face
Deux individus avec des pinces relativement fortes se font face ; deux mâles se cherchant querelle ?
[Identification d’après photo ; il y a donc une petite probabilité pour que le spécimen photographié appartienne en fait à une autre espèce.]
Zeeland, Pays-Bas
01/07/2006
Un mâle aux grandes pattes !
Plusieurs sortes de poils peuvent être observés sur les macropodes ; on devine ici des rangées de soies sur les pinces, ressemblant à une brosse ou à un peigne. Sur les pattes, des poils fins distribués assez uniformément ont peut-être un rôle sensoriel. Il existe enfin des poils de petite taille et en crochets (non visibles sur la photo) qui servent à fixer les fragments d’algues ou d’organismes sur la carapace pour le mimétisme.
[Identification d’après photo ; il y a donc une petite probabilité pour que le spécimen photographié appartienne en fait à une autre espèce.]
Pointe Président, étang de Thau (34), 3 m
11/2005
Vue dorsale
Une couleur jaunâtre uniforme, terne et claire est fréquente chez le macropode rostré. Notez le dactyle* (dernier article de la patte) régulièrement arqué.
[Identification d’après photo ; il y a donc une petite probabilité pour que le spécimen photographié appartienne en fait à une autre espèce.]
Zijpe, Zélande (Pays-Bas)
26/05/2007
Sur une feuille de zostère
Notez la faible coloration (et même presque la transparence) de ce spécimen, sans doute un juvénile.
[Identification d’après photo ; il y a donc une petite probabilité pour que le spécimen photographié appartienne en fait à une autre espèce.]
Ile ronde, Trégastel (22), 5 m, de nuit
02/06/2008
Rédacteur principal : Pierre NOËL
Vérificateur : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Frédéric ZIEMSKI
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