Carapace de 2 à 3 cm, rostre inclus
Rostre assez long
Couleur beige ou marron clair, avec lignes sombres
En Méditerranée, dans les algues et les posidonies profondes
Macropode à rostre long
Spider crab (GB), Zanzalaro (I), Araña de mar (E), Gespensterkrabbe (D), Aranya de mar (Catalan)
NB : il y a peu de noms spécifiques pour désigner cette espèce ; les noms précédents sont les noms assez généraux des araignées de mer dans les langues concernées.
Stenorhynchus longirostris Heller, 1863
Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Le macropode à rostre long est endémique* de Méditerranée ; il s’y rencontre partout, depuis l’Espagne jusqu’au bassin du Levant et à la mer de Marmara. Un signalement au Portugal et deux autres dans le golfe de Gascogne sont douteux.
Le macropode à long rostre se rencontre préférentiellement parmi les algues et les posidonies (parties profondes des herbiers) ; il a été également signalé sur les fonds détritiques et sableux. Il se rencontre à des profondeurs modérées (10 à 40 mètres).
Macropodia longirostris est un crabe de taille petite à moyenne. Sa silhouette est relativement grêle. La carapace est triangulaire et porte plusieurs tubercules ; sa longueur, rostre compris, atteint 33 mm chez les plus gros individus. Le rostre est horizontal, assez long, son extrémité dépasse le bout du pédoncule antennaire. L’article basal du pédoncule des antennes porte de fortes épines. Le méropodite* des pattes porte une forte épine apicale sur le bord dorsal. Les dactyles* des deux dernières paires de pattes sont fortement recourbés. La couleur générale est rouge, beige, marron clair ou gris-jaunâtre, avec des lignes plus sombres (lie de vin ou noir), en particulier sur le pourtour de la carapace ; les pattes sont colorées avec des marques blanches.
Il existe une dizaine d’espèces de macropodes dans les mers européennes, assez voisines les unes des autres au niveau de la morphologie et de l’écologie. Les différences portent sur la longueur relative du rostre, son inflexion ou non vers le bas, la présence de granules sous l’insertion des antennes, la forme des dactyles* des pattes, et les tubercules de la carapace. En plongée, il n’y a guère que la longueur relative du rostre qui soit appréciable.
Les principales autres espèces sont les suivantes :
- Le macropode de Czernjawski, Macropodia czernjawskii (Brandt, 1880), est une espèce de Méditerranée qui a un rostre droit, dont la longueur équivaut à 2 à 3 fois celle d’un œil.
- Le macropode à rostre plongeant, Macropodia deflexa Forest, 1978, est une espèce de la Manche et de l’Atlantique qui a un rostre dirigé vers le bas, et dont la longueur équivaut à 2 à 3 fois celle d’un œil. Il est souvent recouvert d’algues.
- Le macropode de Linarès, Macropodia linaresi Forest & Zariquiey-Alvarez, 1964, est une espèce de la Manche, de l’Atlantique et de la Méditerranée qui a un rostre très court, dont la longueur égale à peu près celle d’un œil. Il ressemble assez à un Achaeus.
- Le macropode à longues pattes, Macropodia longipes (A. Milne-Edwards & Bouvier, 1899), a un rostre dont la longueur équivaut à 7 à 8 fois celle d’un œil. Certains auteurs le considèrent comme une variante de Macropodia tenuirostris (donc un synonyme).
- Le macropode nain, Macropodia parva Van Noort & Adema, 1985, est une espèce atlantique de petite taille qui a un rostre dont la longueur équivaut à 2 à 3 fois celle d’un œil. Le bord concave du dactyle de la dernière patte porte des dents. Certains auteurs considèrent qu’il s’agit d’un synonyme de Macropodia rostrata.
- Le macropode rostré, Macropodia rostrata (Linnaeus, 1761), est une espèce de la Manche, de l’Atlantique et de la Méditerranée qui a un rostre dont la longueur équivaut à 2 à 3 fois celle d’un œil. Le bord concave du dactyle de la dernière patte ne porte pas de dents (ou alors de très petites dents).
- Le macropode à rostre ténu, Macropodia tenuirostris (Leach, 1814), est une espèce de la Manche, de l’Atlantique et de la Méditerranée qui a un rostre dont la longueur équivaut à 4 à 5 fois celle d’un œil.
Les espèces du genre Achaeus se distinguent des Macropodia par leur rostre bifide très court et par leur dernière paire de pattes beaucoup plus courtes et munies d’un dactyle fortement courbé.
Les macropodes sont également très souvent confondus avec les crabes du genre Inachus. Premièrement, le rostre chez les Inachus est ridiculement court, et relativement plat et souvent arrondi au bout ; chez Macropodia, il est pointu et parfois très long. Deuxièmement, chez les Inachus la seconde paire de pattes est un peu plus grosse (épaisse) et plus longue que la troisième ; chez Macropodia, elle a sensiblement le même aspect. De plus et accessoirement, mais ce n'est pas général, les Inachus ont tendance à se couvrir d'éponges (au moins pour les espèces observées communément par les plongeurs) tandis que les Macropodia ont plutôt tendance à fixer des algues sur les pattes et la carapace grâce à leurs poils en crochet.
Il y a peu de données sur l’alimentation de cette espèce. Elle semble opportuniste et consomme vraisemblablement des algues et d'autres petits organismes fixés sur les algues ainsi que des éléments de la faune peu vagile*.
Le diamètre des œufs est de 0,5 à 0,6 mm. Les larves éclosent au stade zoé* ; les zoés du macropode à rostre long n’ont pas de rostre ni d’épines latérales ; il y a une forte épine dorsale qui persiste chez la mégalope*. Celle dernière a un rostre réduit et une saillie bifide sur la région gastrique. Le développement larvaire est planctonique et se déroule principalement l’été. Comme chez tous les Majidés, le macropode à rostre long a une mue terminale à la suite de laquelle la femelle s’accouple avec un ou plusieurs mâles puis pond. La longévité de cette espèce n’est pas connue, sans doute de l’ordre de 2 ans.
Le macropode à rostre long se rencontre souvent dans les posidonies.
Le macropode à rostre long est assez mimétique dans son habitat ; il peut fixer sur sa carapace quelques fragments d’algues, de Bryozoaires, d’Hydraires ou autres. Il s’agrippe fortement au substrat au moyen de ses longs dactyles*.
Macropode = francisation du nom de genre scientifique Macropodia = à grandes pattes,
à rostre long = traduction littérale du nom scientifique d'espèce longirostris.
Macropodia : du grec [macro] = grand, et [podia] = pieds,
longirostris : du latin [longis] = long, et [rostris] = bec, rostre.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Sous-classe | Eumalacostraca | Eumalacostracés | Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax. |
Super ordre | Eucarida | Eucarides | Présence d'un rostre. |
Ordre | Decapoda | Décapodes | La plupart marins et benthiques. Yeux composés pédonculés. Les segments thoraciques sont fusionnés avec la tête pour former le céphalothorax. La première paire de péréiopodes est transformée en pinces. Cinq paires d'appendices locomoteurs (pinces comprises). |
Sous-ordre | Brachyura | Brachyoures | Les brachyoures ont un abdomen réduit replié sous le céphalothorax. Ils sont représentés par les crabes et les araignées de mer. |
Famille | Majidae | Majidés | Araignées de mer. |
Genre | Macropodia | ||
Espèce | longirostris |
Vue dorsale
Les petites pinces indiquent sans doute un individu femelle. Elle est ici campée sur ses pattes arrières dans une posture d’attente. Notez l’utilisation d’Hydraires (Thecocaulus diaphanus ?) sur le rostre et sur la seconde paire de pattes pour le camouflage. Il y a aussi une algue iridescente (Cystoseira sp. ?) en avant-plan pour compléter le décor.
[Identification d’après photo ; il y a donc une petite probabilité pour que le spécimen photographié appartienne en fait à une autre espèce.]
Cap d’Antibes (06), 8 m, de nuit
03/02/2009
Parmi les algues
Sur ce cliché on ne distingue pas bien le rostre et les autres caractères systématiques habituels. Ce macropode possède très peu d'épibiontes et les jointures de ses pattes sont blanches. On peut raisonnablement penser à Macropodia longirostris, avec les réserves habituelles concernant les identifications sur photographies.
Sausset (13), 8 m
30/09/2011
Spécimen transparent bordé de rouge
Observez le rostre assez long et la carapace triangulaire bien visibles sur ce cliché. La ligne rouge qui borde la carapace, en particulier au niveau des branchies, semble assez caractéristique de l’espèce. Les pinces sont peu visibles sur ce cliché en raison de leur faible contraste mais elles sont relativement grandes et indiquent de ce fait que le spécimen photographié est un mâle adulte.
[Identification d’après photo ; il y a donc une petite probabilité pour que le spécimen photographié appartienne en fait à une autre espèce.]
Cannes (06), 25 m, de nuit
17/02/2009
Spécimen de couleur rouge
Ce spécimen particulièrement rouge (couleur accentuée par l’éclairage) a placé des fragments d’algues sur ses pattes ; la fixation de ces algues se fait à l’aide des soies en crochet qui sont réservées à cet usage.
Photo ex-situ, prise au laboratoire, identification contrôlée.
Banyuls (66), ex-situ
21/01/1977
In situ en zone sciaphile
Dans cette symphonie en rose liée à la présence d’algues calcaires (Mesophyllum lichenoides ?), notez la coloration rouge des pattes du macropode à rostre long et un liseré de la même couleur autour de la carapace. Quelques Hydraires (Thecocaulus diaphanus ?) sont également utilisés pour le camouflage.
[Identification d’après photo ; il y a donc une petite probabilité pour que le spécimen photographié appartienne en fait à une autre espèce.]
Cap d’Antibes (06), 13 m, de nuit
30/01/2009
Jeune individu assez transparent
Ce jeune macropode à rostre long a déjà la coloration rose typique de l’espèce, et le comportement « décorateur » qui consiste à fixer des algues sur ses pattes et son rostre.
[Identification d’après photo ; il y a donc une petite probabilité pour que le spécimen photographié appartienne en fait à une autre espèce.]
L'Oscellucia, STARESO, Corse (2A), 12 m
20/10/2006
Rédacteur principal : Pierre NOËL
Vérificateur : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Frédéric ZIEMSKI
Forest J., 1978, Le genre Macropodia Leach dans les eaux atlantiques européennes (Crustacea Brachyura Majidae), Cahiers de Biologie Marine, 19 (3), 323-342.
Forest J., Zariquiey Alvarez R., 1964, Le genre Macropodia Leach en Méditeranée. I. Description et étude comparative des espèces (Crustacea Brachyura Majidae), Bulletin du Muséum National d'Histoire Naturelle, série 2, Paris, 36 (2), 222-244.
García Raso J.E., 1984, Brachyura of the coast of southern Spain (Crustacea, Decapoda), Spixiana, 7(2), 105-113.
Udekem d'Acoz C. d', 1994, Contribution à la connaissance des Crustacés Décapodes Helléniques 1 : Brachyura, Bios (Macedonia, Greece), Scientific Annals of the School of Biology, 1 (2), 9-47.