Loutre d'Europe

Lutra lutra | (Linnaeus, 1758)

N° 2577

Eurasie, Maghreb

Clé d'identification

Corps souple et fuselé
Tête plate, oreilles et yeux petits
Fourrure dense, brune, recouvrant tout l'animal
Trace à 4 voire 5 doigts

Noms

Autres noms communs français

Loutre d'Eurasie, loutre commune, loutre de rivière

Noms communs internationaux

European otter (GB), Lontra (I), Nutria (E), Fishotter (D), Otter (NL)

Distribution géographique

Eurasie, Maghreb

Zones DORIS : ● Eau douce d'Europe

On rencontre la loutre dans pratiquement tous les pays d'Eurasie et du Maghreb, jusqu'à la limite nord du cercle polaire. La limite sud de sa répartition longe le golfe Persique.
Cependant, on n'a jamais noté sa présence ni en Corse, ni en Sardaigne, ni en Islande.
En France, sa répartition actuelle comprend deux régions : la façade atlantique, dans des milieux aquatiques variés, le Massif central, le long des rivières ou des étangs, et dans les Pyrénées.
En Belgique, elle est surtout présente dans les Ardennes belges, au sud du pays.

Biotope

L'habitat aquatique de la loutre est varié : on la retrouve dans les milieux dulcicoles et saumâtres. Cela englobe les rivières, les lacs et étangs, les marais. En revanche, elle est beaucoup plus difficile pour ses zones de gîte journalier. Il lui faut des espaces recouverts de végétaux, où elle se sentira en tranquillité.
Elle passe une grande partie de son temps dans l'eau (déplacements, pêche, nourriture, accouplement). C'est un animal nocturne qui se repose, caché, dans la journée.
Elle est individualiste, avec son propre terrier, mais tolère des voisins dans son environnement. On considère qu'il faut environ 10 km de rives pour un individu. La tanière (la catiche) est installée dans un trou ou entre les racines d'un arbre de la rive, toujours au-dessus du niveau de l'eau. Elle est utilisée comme un nid. Elle comporte en général un accès sous l'eau et une aération.
La loutre ne semble pas s'adapter à une altitude supérieure à 2 000 m.

Description

La loutre est un des plus grands mustélidés d'Europe. Son corps mesure entre 70 et 90 cm de long, dimension à laquelle il faut ajouter 30 à 50 cm pour la longueur de la queue. Les mâles sont plus lourds (9 kg) que les femelles (7,5 kg), leur crâne est plus large et leurs lèvres plus épaisses.
Le corps est souple et de forme générale fuselée : cou conique, tête aplatie, membres trapus, pattes larges et palmées aux 3/4 qui permettent de pagayer. Les pattes arrière servent également de stabilisateurs. Ces adaptations à la vie aquatique font de la loutre un très bon nageur, à la surface comme sous l'eau. En nage rapide, on ne voit de l'animal que la tête et les épaules. Sa longue queue, épaisse à la base, sert de gouvernail et de propulseur en godillant.
Ses narines et ses oreilles peuvent se fermer sous l'eau. Ses yeux sont positionnés en haut de la tête. Avec une myopie naturelle, ils sont adaptés à la vision en plongée. Ses moustaches, ou vibrisses, sont de très bons détecteurs de la position et du mouvement des proies.
La fourrure qui recouvre entièrement la loutre est très dense, de couleur brunâtre ou brun foncé, alors que la gorge et le ventre sont gris clair. Chaque individu peut avoir de petits dessins blancs autour du museau. Le pelage a 2 couches :
- un duvet, le poil de bourre, court, fin et dense. Il est brun clair à la racine et brun foncé à la pointe.
- par-dessus, le poil de jarre, long, brillant et imperméable.
Les traces montrent 4 doigts, parfois 5, à pelotes ovales et à courtes griffes non rétractiles. On voit mal la palmure mais la trace est presque ronde. L'empreinte de la patte avant est plus profonde.

Espèces ressemblantes

Deux mustélidés sont très semblables à la loutre, bien que plus petits (500 g à 1,5 kg) : Mustela lutreola, le vison d'Europe, plus foncé et à tête ronde, et Mustela vison, le vison américain. Leur habitat est similaire.
A la nage, on peut confondre la loutre avec deux rongeurs : Castor fiber, le castor d'Europe et Myocastor coypus, le ragondin.

Alimentation

La loutre est essentiellement piscivore et limite ses prises à des poissons de petite taille. Ses préférés sont le saumon (Salmo salar), la truite (Salmo trutta fario) et l'omble chevalier (Salvelinus alpinus). Elle avale 1 kg de proies par jour, dont elle apprécie particulièrement la chair, et on retrouve parfois un squelette où la tête et la queue ont été délaissées. A ce sujet, il faut préciser qu'elle est très adroite de ses membres antérieurs qu'elle utilise comme des mains.
Elle avale les petits poissons tout en nageant. Elle emporte les plus grosses prises pour les manger sur la berge.
Elle peut pourtant se contenter d'amphibiens, de crustacés, de mollusques et même d'insectes.
Elle chasse la nuit, poursuit le poisson dans le courant et le coince contre la berge ou l'attrape "au vol". Elle cherche aussi les poissons endormis entre les pierres et les algues.
Elle est souvent considérée à tort comme un concurrent des pêcheurs. En effet, elle s'attaque de préférence aux poissons blessés, malades ou âgés, et elle est la seule à le faire.

Reproduction - Multiplication

Les loutres sont des animaux solitaires et les couples ne se forment que pendant la période de reproduction. Celle-ci peut avoir lieu toute l'année mais se situe généralement en hiver.
La maturité sexuelle des mâles est atteinte à 3 ans, à 4 ans pour les femelles.
L'accouplement se fait dans l'eau. La gestation dure 2 mois et la mise bas a lieu dans le terrier. Les portées sont de 2 ou 3 petits, mesurant 12 cm au total. A la naissance, leurs yeux sont fermés et ils ne voient qu'à 10 jours. Ils sortent du terrier après 6 semaines mais n'iront dans l'eau qu'après 4 mois. Ils seront sevrés vers 8 mois. La jeune loutre apprend à nager pendant une année, avec l'aide de sa mère.
La loutre fait partie des mammifères aquatiques les moins féconds. De plus, l'éducation des petits est très longue puisqu'elle dure 2 ans, alors que l'espérance de vie se situe entre 6 et 7 ans (maximum 15 ans). Ces éléments participent aussi à la raréfaction de cet animal.

Vie associée

Son rôle de prédateur sur le rat musqué est un fait reconnu, qui a sans doute participé à son classement en espèce protégée.

Divers biologie

En moyenne, elle plonge pendant une minute mais a une autonomie de plusieurs minutes.

A terre, la loutre se déplace généralement en bondissant ou en rampant. Elle utilise aussi la glisse sur la neige ou la glace. Elle sait encore grimper aux arbres en cas de danger.

Elle dépose ses épreintes sur des souches, des pierres ou des petits monticules. C'est un signal de sa présence vers d'autres loutres du voisinage. Les crottes sont grisâtres, pleines d'écailles et d'arêtes.

Informations complémentaires

Le poids moyen d'une loutre varie de 5 à 12 kg.

C'est un animal silencieux, qui peut pourtant appeler par des sifflements très aigus et clairs, ressemblant à des cris d'oiseau.

Depuis 1950, dans toute l'Europe, les populations de loutres ont nettement baissé. En France, elle disparaît alors dans 60 départements. En 1980, elle n'est plus présente que le long de l'Atlantique et dans le Massif central. Le même constat est fait aujourd'hui. Les raisons de ce déclin sont multiples : piégeage, destruction des habitats, pollution de l'eau, canalisation des rivières, accidents et dérangements.

Les détergents, versés dans l'eau, désimperméabilisent sa fourrure.

Au Moyen Âge, la loutre était chassée pour sa chair : elle était considérée comme un poisson par l'Eglise et sa consommation était donc autorisée les jours de carême (comme le castor).

Statuts de conservation et réglementations diverses

Cette espèce est protégée par différentes réglementations :
Au niveau européen, elle est classée en annexes II et IV de la directive "Habitats-Faune-Flore".
Elle est classée en annexe II de la Convention de Berne (19/09/1979) et en annexe I de la Convention de Washington (03/03/1973).
En France, c'est un mammifère protégé, dont la chasse est interdite depuis 1972. Elle est protégée sur l'ensemble du territoire par l'Arrêté du 17 avril 1981.

La cotation UICN* la classe comme "menacé d'extinction" (NT depuis 2015) dans le Monde et son statut en France dépend de la région. Elle est classée "espèce disparue de la région RE" en Haute-Normandie et en Picardie, "en danger critique d'extinction CR" depuis 2014 en Alsace, "en danger EN" depuis 2015 en Bourgogne et Région centre, "préoccupation mineure LC" en Auvergne et en Bretagne.

Origine des noms

Origine du nom français

Loutre : du latin [lutra].

Origine du nom scientifique

Lutra : du latin [lutra] = loutre.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 137076

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Classe Mammalia Mammifères Vertébrés possédant des poils et des glandes mammaires produisant du lait.
Sous-classe Theria Thériens La paroi latérale du crâne est constituée de deux os particuliers: l'alisphénoïde et le squamosal.
Super ordre Eutheria Euthériens Présence d'une dentition lactéale et d’un développement embryonnaire effectué entièrement dans l'utérus (mammifères placentaires).
Ordre Carnivora Carnivores Présence de dents carnassières et de crocs. Pour la plupart carnivores.
Sous-ordre Caniformia Caniformes Le bulbe tympanique est constitué d'une chambre unique.
Famille Mustelidae Mustélidés
Genre Lutra
Espèce lutra

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