Vivaneau oreille noire

Lutjanus buccanella | (Cuvier, 1828)

N° 3168

Océan Atlantique Ouest tropical

Clé d'identification

Taille entre 30 et 60 cm
Robe rouge brique à argentée
Marque noire à la base des nageoires pectorales
Zone jaune brillante située sous la partie arrière de la nageoire dorsale et au-dessus du pédoncule caudal

Noms

Autres noms communs français

Sarde oreilles noires (Martinique), boucanella, boucanelle, zorèy nwè, boucan-neg

Noms communs internationaux

Blackfin snapper, blackspot snapper, blackfin red snapper, gun-mouth backfin, gun-mouth snapper, redfish, wrenchman (GB), Chillo, oreja negra, pargo, pargo sesi, sesi, sesi de lo alto (E), Pargo, boca negra, pargo boca-negra, pargo boca-preta, vermelho, vermelho boca-negra, vermelho-de-fundo (P), Sortfinnet snapper (Danemark), Lucjan bukanela (Pologne)

Synonymes du nom scientifique actuel

Mesoprion buccanella Cuvier, 1828
Mesoprion caudanotatus Poey, 1851

Distribution géographique

Océan Atlantique Ouest tropical

Zones DORIS : ● Caraïbes

Le vivaneau oreille noire est présent dans l’océan Atlantique Ouest tropical, du nord de la Caroline au nord du Brésil ainsi que dans le golfe du Mexique et dans les Caraïbes. Il est très commun dans les Caraïbes, en particulier aux Antilles.

Biotope

C'est un poisson qui évolue au large des côtes, près du plateau continental, généralement dans des eaux entre 60 et 90 m. Il forme souvent des bancs de 20 à 30 individus au-dessus des fonds sablonneux ou rocheux et près des saillies rocheuses. Certaines sources le signalent au-delà de ces profondeurs et rapportent sa présence à plus de 200 m.

Les jeunes vivent plutôt dans des eaux entre 6 et 20 m, à proximité des récifs et des affleurements de rochers. Au fur et à mesure de leur croissance, ils recherchent des eaux de plus en plus profondes.

Description

Lutjanus buccanella est un poisson de forme oblongue comprimé latéralement. Adulte, il atteint une taille entre 30 et 60 cm (maximum 75 cm et 14 kg).

La teinte dominante de la robe est rouge brique devenant peu à peu plus pâle en dessous de la ligne latérale* et enfin argentée avec des reflets roses sur les flancs inférieurs et le ventre. Une marque noire en forme de virgule est bien visible à la base des nageoires pectorales. Une zone jaune brillante est située sous la partie arrière de la nageoire dorsale et au-dessus du pédoncule* caudal. Une zone sombre apparaît sur les écailles à la base de la partie molle de la nageoire dorsale. De légères bandes verticales peuvent apparaître parfois sur les flancs.

Certains individus ont un corps entièrement de couleur rouge brique ou rouge écarlate. Il s'agit en général de poissons vivant dans les eaux profondes, au-delà de 100 m. Chez eux, les reflets argentés n'apparaissent plus qu'au niveau du ventre et du pédoncule* caudal.

Les rangées d'écailles sont disposées en diagonale au-dessus de la ligne latérale* et de façon horizontale sur le reste du corps.

Le museau est pointu et possède deux simples orifices de chaque côté pour les narines antérieures et postérieures. L'iris* de l'œil est jaune orangé avec du bistre dans sa partie supérieure. Les mâchoires sont dépourvues d'écailles. La mâchoire supérieure est légèrement protractile* et dispose de canines plus grandes que celles de la mâchoire inférieure.

Les nageoires sont jaunâtres à orangées. La nageoire dorsale est continue. Elle est constituée d’une première moitié épineuse (10 épines) et d'une seconde partie molle (14 rayons) avec une terminaison arrondie. La nageoire anale est arrondie avec 3 épines et 8 rayons mous. Les nageoires pectorales sont pointues et longues sans atteindre le niveau de l’anus comme chez d'autres lutjans. La nageoire caudale (15 à 16 rayons) est légèrement échancrée.

Les juvéniles ont une couleur claire et argentée avec des teintes bleuâtres. La zone jaune vif sous les rayons mous de la nageoire dorsale et le pédoncule* caudal paraît plus grande et plus vive que chez les adultes.

Espèces ressemblantes

Ce vivaneau peut être confondu avec le vivaneau campêche ou vivaneau rouge (Lutjanus campechanus) de la même couleur que lui mais qui n'a pas de marque noire à la base des nageoires pectorales. Ce dernier, nettement plus grand (60 cm à 1 m), possède une nageoire anale plus pointue que le vivaneau oreille noire. Le vivaneau rouge n'est cependant pas présent aux Antilles.

Alimentation

Le vivaneau oreille noire est un prédateur carnivore opportuniste qui se nourrit principalement de petits poissons mais aussi de crustacés et de céphalopodes.

Les jeunes se nourrissent de crevettes, de vers et d’autres petits invertébrés dans un premier temps. Ils consomment ensuite des petits poissons à mesure qu'ils grandissent.

Reproduction - Multiplication

Lutjanus buccanella est une espèce gonochorique* (sexes séparés) ovipare*. Elle arrive à maturité sexuelle lorsque sa taille se situe entre 21 à 26 cm de long pour les femelles et 26 à 38 cm pour les mâles.

Ce vivaneau fraye la plupart de l’année. Des pics ont été constatés, en avril et septembre, au large de la Jamaïque. La fécondation est externe. Les mâles et les femelles nagent en relâchant leurs gamètes* en pleine eau. Après la fécondation, les œufs éclosent pour donner des larves* qui se disperseront en utilisant les courants océaniques. Ces dernières utilisent alors leur sac vitellin* pour se nourrir. Il y a peu de données sur le développement et le comportement de ces larves* qui finiront par regagner des eaux moins profondes pour entamer leur croissance comme l'attestent les rencontres de juvéniles près des côtes.

Divers biologie

Le vivaneau oreille noire est un poisson grégaire qui forme des bancs d'une trentaine d'individus. C'est un poisson peu farouche que les plongeurs peuvent approcher de près à condition d'être mesurés dans leurs mouvements.

Les prédateurs naturels de ce vivaneau sont nombreux et comprennent les requins, les barracudas, les mérous, les murènes et d’autres espèces de vivaneaux.

Le nom anglais de "snappers" qui signifie 'happeurs" donné aux lutjans vient du fait que ceux-ci ont l'habitude de claquer des mâchoires lorsqu'ils sont capturés.

Informations complémentaires

Dans certaines régions, la consommation de la chair de ce poisson est susceptible de provoquer une intoxication alimentaire appelée la ciguatera*, notamment lorsqu'il s'agit d'individus de bonne taille.

On pense que, comme d’autres poissons prédateurs, il accumule la toxine responsable (ciguatoxine) en se nourrissant de poissons herbivores qui mangent une algue microscopique de la famille des Dinoflagellées (Gambierdiscus toxicus) proliférant sur les coraux morts ou malades.

A ce sujet, le chef de laboratoire à l'institut des Pêches maritimes à Saint-Barthélemy relate dans son catalogue des poissons vénéneux du banc de Saint-Barthélemy un épisode d'intoxication grave à la ciguatéra due à Lutjanus buccanella, en 1963 :

"Lutjanus buccanella est responsable de très nombreux accidents à Saint-Barthélemy, récemment à Saint-Martin en juillet 1963, à Basse-Terre et à Pointe-à-Pitre. Pour les cas reconnus à La Guadeloupe, il s'agissait de poissons pêchés dans les eaux de Saint-Barthélemy et exportés par la coopérative de pêcheurs de Gustavia. Le poids limite des poissons exportables avait été fixé à 1 500 g vidés ; un relâchement de la surveillance du conditionnement (période décembre 1962-février 1963) permit l'exportation de poissons beaucoup plus lourds que les trois livres autorisées et les intoxications se multiplièrent. Nous avons eu la possibilité de visiter des malades au Raizet, Guadeloupe, le 22.II.1963. Le poisson incriminé était une «oreille noire» de 2 000 g, vidé, acheté au Raizet et consommé à midi. Les premiers symptômes se manifestèrent vers minuit. Un homme de quarante-huit ans, sa femme de quarante ans, leurs enfants, une jeune fille de dix-neuf ans et deux garçons de quinze et quatre ans et demi, furent atteints de céphalées violentes ; des douleurs abdominales très vives furent suivies de diarrhées et de vomissements. Malades absolument anéantis pas une asthénie profonde particulièrement centrée sur les jambes. Douleurs musculaires et articulaires très vives. «Barre» sur la nuque. La jeune fille de 19 ans est paralysée de la jambe gauche et ne peut quitter son lit. Les urines de l'homme sont rouges et épaisses. Toute la famille souffre de douleurs gingivales. L'exploitation des fonds de l'île des Chiens, dans le nord-ouest de Marigot, à Saint-Martin, permit, en juillet 1963, de réaliser de belles captures de « poissons rouges » où dominaient Lutjanus buccanella et Lutjanus jocu. De très graves empoisonnements résultèrent de la consommation de ces poissons, tous de grande taille."

Statuts de conservation et réglementations diverses

Concernant Lutjanus buccanella, la réglementation de l'exercice de la pêche maritime et côtière dans les eaux du département de la Guadeloupe interdit sa pêche et sa vente si son poids dépasse 1 kg.

Depuis 2015, l'espèce est classée dans la catégorie "Données insuffisantes" (ou DD pour Data Deficient) dans la Liste Rouge de l’UICN* des espèces menacées. Ce qui signifie que l'évaluation de l'état de la population n'a pu être menée faute de données suffisantes. Cependant, ce poisson étant très recherché pour la qualité de sa chair, sa vulnérabilité à la pêche est très élevée (62 sur une échelle de 100). Ce qui laisse présager un avenir difficile pour l'espèce.

Origine des noms

Origine du nom français

Vivaneau : dénomination générique utilisée pour désigner un ensemble d'espèces appartenant à la famille des Lutjanidés. Elle vient du nom de l'espèce Lutjanus vivanus et signifie "vivant, vivace", probablement en rapport avec son activité débordante dans le récif ;

oreille noire : nom donné aux Antilles qui s'explique par la présence d'une tache noire bien visible et en forme de virgule à la base des nageoires pectorales.

Origine du nom scientifique

Lutjanus : du malais [ikan lutjang] : nom d'un poisson, latinisé par Marcus E. Bloch, ichtyologue allemand (1723-1799) pour la première espèce de ce genre ;

buccanella : très certainement de boucanelle (avec un seul c !), un des noms donnés à ce poisson à la Martinique et repris par Georges Cuvier lors de la description de cette espèce dans son ouvrage "Histoire naturelle des poissons". L'holotype* était un spécimen originaire de cette île que lui avait fait parvenir Auguste Plée, naturaliste et explorateur français (1786-1825), basé, alors, à Fort-de-France.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 159791

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Super classe Osteichthyes Ostéichthyens Vertébrés à squelette osseux.
Classe Actinopterygii Actinoptérygiens Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées.
Sous-classe Neopterygii Teleostei Néoptérygiens Téléostéens Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées.
Super ordre Acanthopterygii Acanthoptérygiens Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens.
Ordre Perciformes Perciformes Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales.
Sous-ordre Percoidei Percoïdes Une ou deux nageoires dorsales dont les éléments antérieurs sont des épines aiguës. Nageoires pelviennes avec une épine, rayons mous.
Famille Lutjanidae Lutjanidés
Genre Lutjanus
Espèce buccanella

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