Taille d'environ 80 cm (maximum 120 cm)
Corps de couleur gris argenté avec des teintes de rouge, de vert ou de brun
Centre des écailles plus foncé faisant apparaître des dessins en losange sur le dos et les flancs
Front avec un creux au niveau de l'œil
Duhoony, rouget des palétuviers, rouget (Nouvelle-Calédonie), carpe (Seychelles), sarde (La Réunion)
Mangrove red snapper, mangrove jack, river snapper, red perch, silver snapper (GB), Pargo amarillo (E), Mangroven-Schnapper, mangrovenbarsch (D), Luciano-do-mangal, pargo de mangal (P), Rivier-snapper (Afrique du Sud), Mkungu (Comores), Barahoa, fiamasiaka, mena, varavara, zoho (Madagascar) Aliso, abmbangin, batungal, bolidao, baranq-darag, gingao, lodong, kalumbang, kisang, mangagat, tadlungan, talungan (Philippines), Mu-taiva (Samoa), Chazanda, kula-kula, unga (Tanzanie)
Sciaena argentimaculata Forsskål, 1775
Lutjanus argentimculatus (Forsskål, 1775)
Lutianus argentimaculatus (Forsskål, 1775)
Sciaena argentata Gmelin, 1789
Alphestes gembra Bloch & Schneider, 1801
Alphestes sambra Bloch & Schneider, 1801
Perca argentata Bloch & Schneider, 1801
Mesoprion flavipinnis Cuvier, 1828
Mesoprion olivaceus Cuvier, 1828
Mesoprion taeniops Valenciennes, 1830
Mesoprion griseoides Guichenot, 1863
Mesoprion garretti Günther, 1873
Diacope superba Castelnau, 1878
Diacope superbus Castelnau, 1878
Diacopus superbus Castelnau, 1878
Mesoprion obscurus MacLeay, 1881
Mesoprion roseigaster MacLeay, 1881
Mesoprion sexfasciatus MacLeay, 1883
Lutianus jahngarah Day, 1885
Lutianus salmonoides Gilchrist & Thompson, 1908
Indo-Pacifique tropical, mer Rouge
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]Le vivaneau des mangroves est présent en mer Rouge ainsi que dans l'Indo-Pacifique, de l'Afrique de l'Est aux îles Samoa et des îles Ryukyu (sud-ouest du Japon) à l'Australie. Il fait partie des espèces lessepsiennes* qui se sont introduites en Méditerranée (au large du Liban) en passant par le canal de Suez, mais sans vraiment s'y être établi à ce jour (06/2025).
Dans les eaux françaises, on peut rencontrer ce poisson à La Réunion, aux îles Eparses, en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française et à Wallis-et-Futuna.
Les adultes fréquentent les récifs côtiers, les lagons, les passes et les pentes externes jusqu'à des profondeurs de 120 m. Ils privilégient les zones proposant des abris sous forme de grottes, de tunnels ou de corniches, seul ou en groupe de trois à cinq individus. On peut aussi les rencontrer à proximité des épaves. Ils paraissent attachés à une zone en y restant une grande partie du temps.
Les juvéniles et les jeunes adultes vont plutôt évoluer en zone vaseuse, dans les estuaires, les cours inférieurs des rivières et surtout dans les mangroves*. Ils migrent vers un habitat corallien une fois leur croissance terminée. La présence d'une mangrove établie sur la vase semble indispensable aux jeunes. L'espèce n'existe d'ailleurs pas dans les îles dépourvues de cet environnement.
Lutjanus argentimaculatus est un poisson de forme oblongue, comprimé latéralement, qui, à l'âge adulte, atteint une taille d'environ 80 cm (maximum 120 cm). Son poids peut atteindre 14 kg.
Le corps est de couleur gris argenté avec des teintes de rouge, de vert ou de brun. Les individus vivant en eaux profondes sont généralement rougeâtres avec des nageoires brunâtres. Le centre des écailles plus foncé fait apparaître des dessins en losange sur le dos et les flancs.
Son museau est pointu et les mâchoires laissent dépasser des canines acérées. Le front présente un creux au niveau de l'œil.
Les nageoires sont relativement grandes. La nageoire dorsale est continue. Elle est constituée d’une première moitié épineuse (10 épines) relativement développée, notamment la troisième épine, et d'une seconde partie molle (13 ou 14 rayons) qui se termine en arrondi. La nageoire anale, de forme triangulaire, comporte 3 épines et 8 rayons mous. Les nageoires pectorales sont pointues avec 16 ou 17 rayons mous. La large nageoire caudale est tronquée ou légèrement concave.
La livrée des juvéniles est semblable à celle des adultes avec une série de huit barres verticales blanchâtres sur les flancs et une ou deux lignes bleues en dessous de l'œil.
Lutjanus bohar, le vivaneau chien rouge, de taille plus petite (50 cm vs 80 cm) mais qui a une coloration rouge voisine, peut être éventuellement confondu avec Lutjanus argentimaculatus. Quelques caractéristiques propres à Lutjanus bohar permettent cependant de les distinguer :
Comme la plupart des Lutjanidés, Lutjanus argentimaculatus se nourrit principalement de poissons et de crustacés qu'il traque en solitaire la nuit venue.
Lutjanus argentimaculatus est une espèce gonochorique* (sexes séparés) ovipare*. Pour le reste, il y a peu d'informations sur la façon dont il se reproduit en milieu naturel (voir plus bas en captivité). On peut toutefois penser que la reproduction de ce poisson s'apparente à celle des autres Lutjanidés.
En période de marées de bonne intensité propices à la diffusion des larves*, les mâles et les femelles, arrivés à maturité sexuelle, se regroupent pour former un large banc. Le frai* commence le plus souvent à la tombée de la nuit. Les femelles sont aisément reconnaissables à leur ventre gonflé. La fécondation* est externe. Pour cela, mâles et femelles entament une parade nuptiale et finissent par nager en spirale vers la surface pour relâcher leurs gamètes* en pleine eau, juste en dessous de la surface. Les femelles fraient habituellement plusieurs fois au cours d’une saison de reproduction.
Les œufs de Lutjanidés sont des œufs pélagiques*, de forme sphérique, d’un diamètre compris entre 0,65 et 1,02 mm, qui contiennent, à quelques exceptions d'espèces près, une goutte lipidique qui assure leur flottabilité. Les œufs éclosent au bout de 17 à 36 heures, selon l’espèce et la température d’incubation, pour donner des larves.
Les larves nouvellement écloses mesurent moins de 2 mm. Elles n'ont pas encore de bouche et ni d'yeux complétement formés. Leurs capacités de natation étant limitées, elles utilisent les courants océaniques pour se disperser. Les premiers jours, elles subsistent en puisant les réserves dont elles ont besoin dans le sac vitellin*, une excroissance de l'intestin sous la forme d'une poche ventrale. Le sac vitellin se conserve pendant 3 à 4 jours le temps aux yeux et à la bouche de devenir fonctionnels. Après quelques jours, les larves de vivaneaux développent des épines sur la tête et certaines ont des nageoires dorsales et pelviennes particulièrement longues ce qui les rend relativement faciles à identifier à ce stade parmi le zooplancton*. Ces épines permettent une meilleure flottabilité aux larves et leur assurent une certaine protection contre les prédateurs. Pendant leur vie pélagique, les larves évitent les eaux de surface en journée, ne remontant que la nuit pour se nourrir. Elles finissent par s'établir dans des eaux peu profondes, le long des côtes ainsi que dans les estuaires et les mangroves*, pour continuer leur croissance.
Les juvéniles restent généralement dans cette "pouponnière" pendant une période de 2 à 4 ans, selon l'espèce, puis se déplacent vers d’autres zones pour rejoindre enfin la population adulte.
A partir de la quantité de larves contenues dans le zooplancton*, deux types de modèles de reproduction saisonniers ont été constatés pour la famille des Lutjanidés. Les populations continentales ont une saison de frai restreinte à la période estivale tandis que les populations insulaires se reproduisent tout au long de l'année avec des pics d’activité au printemps et à l’automne.
La saison de frai varie selon les endroits mais il a lieu en général en période estivale. En Thaïlande, il se produit entre janvier et novembre, à Taïwan entre avril et octobre et aux Philippines en août.
A Taiwan, des scientifiques ont réussi à faire reproduire, naturellement, Lutjanus argentimaculatus en captivité, ce qui a permis d'obtenir des informations plus précises sur le début de vie de ce poisson. Chaque femelle a pondu en moyenne 2 350 000 œufs sphériques, d'une taille de 0,74 à 0,81 mm. Ils ont éclos 16 à 22 heures après le frai, libérant des larves de 1,62 à 1,94 mm de longueur. Le sac vitellin a été entièrement résorbé 66 à 90 h après l’éclosion, au moment où la bouche et les yeux ont commencé à s’ouvrir. Des épines au niveau des nageoires dorsale et pelviennes ont été observées chez des larves de 5 mm de longueur. La métamorphose* vers la phase juvénile a commencé vers 18 jours lorsque les larves ont atteint une longueur totale de 10,5 mm et s'est terminée au 30ème jour à une taille de 17,2 mm. À partir de 26 jours, quelques-unes des plus grandes larves ont commencé à montrer un comportement cannibale, s'attaquant aux plus petites. À 50 jours, les juvéniles mesuraient en moyenne 49 mm. Le taux de survie a été évalué entre 10,8 et 32,3 %.
Comme beaucoup de poissons marins, le vivaneau des mangroves n'échappe pas aux infections par des ectoparasites helminthiques (vers plats), comme Neobenedenia girellae, Haliotrema epinepheli et Benedenia epinepheli, qui se fixent sur diverses parties du corps.
C'est un poisson qui n'est pas farouche et qui se laisse approcher par les plongeurs.
Le nom anglais de "snappers", qui signifie "happeurs" et donné aux lutjans, vient du fait que ceux-ci ont l'habitude de claquer des mâchoires lorsqu'ils sont capturés. Le vivaneau des mangroves est connu pour se défendre en cherchant à saisir le pied ou la main du pêcheur avec ses dents pointues qui infligent alors de douloureuses morsures.
En tant que prédateur des récifs et des mangroves, Lutjanus argentimaculatus joue un rôle régulateur sur les populations de petits poissons et crustacés. Il participe également à la chaîne trophique en servant de proie à de plus gros carnivores.
Dans certaines régions, la consommation de la chair de ce poisson est susceptible de provoquer une intoxication alimentaire appelée la ciguatera*, notamment lorsqu'il s'agit d'individus âgés. En Nouvelle-Calédonie, il est conseillé de s'abstenir de consommer les grands spécimens. On pense que, comme d’autres poissons prédateurs, il accumule la toxine responsable (ciguatoxine) en se nourrissant de poissons herbivores qui mangent des algues microscopiques de la famille des Dinoflagellées proliférant sur les coraux morts ou malades.
Depuis 2015, ce poisson est classé LC, soit Least Concern, dans la liste rouge de l'UICN*, c'est-à-dire dont le statut de conservation est jugé de préoccupation mineure. Cela signifie que les informations recueillies sur l’espèce ne permettent pas de la classer dans les autres catégories, en particulier celles qui alertent sur une menace (CR : En danger critique d’extinction, EN : En danger, VU : Vulnérable).
Vivaneau : dénomination générique utilisée pour désigner un ensemble d'espèces appartenant à la famille des Lutjanidés. Elle vient du nom de l'espèce Lutjanus vivanus et signifie "vivant, vivace", probablement en rapport avec son activité débordante dans le récif ;
des mangroves : du fait de sa présence fréquente dans cet environnement auquel d'ailleurs les juvéniles semblent assujettis.
Lutjanus : du malais "ikan lutjang" : nom d'un poisson, latinisé par Marcus E. Bloch, ichtyologue allemand (1723-1799) pour la première espèce de ce genre. Bloch croyait à tort que ce nom venait du Japon. Dans la description qu'il fait de ce poisson, il écrit : "Le Japon produit ce poisson où il porte le nom de Ikan Lutjang ; nom qui m'a servi pour la dénomination du genre de ces poissons. Le poisson présent s'appelle comme nous venons de le dire Ikan Lutjang, au Japon, Lutian chez les François, les Allemands et les Anglois". (Histoire naturelle générale et particulière des poissons, 7ème partie, p. 85) ;
argentimaculatus : du latin [argentum] = argent et [macula] = tache. Quand il a fait la description de ce poisson, Forskål (ou Forsskål) (1732-1763) a peut-être remarqué des taches argentées sur le spécimen collecté lors d'une expédition en Arabie à laquelle il participait. Décédé avant le retour de l'expédition au Danemark, c'est le chef de celle-ci, Carsten Niebuhr (1733-1815), qui s'est chargé de publier les manuscrits de Forsskål en 1775 (Descriptiones Animalium, Avium, Amphibiorum, Piscium, Insectorum, Vermium; quae in Itinere Orientali Observavit).
Numéro d'entrée WoRMS : 218498
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Actinopteri | ||
Classe | Teleostei | ||
Super ordre | Gnathostomata | Gnathostomes | Euéchinides possédant une mâchoire. |
Ordre | Eupercaria (incertae sedis) | ||
Famille | Lutjanidae | Lutjanidés | |
Genre | Lutjanus | ||
Espèce | argentimaculatus |
Biotope
Les adultes privilégient les zones proposant des abris sous forme de grottes, de tunnels ou de corniches.
Epave du Toho 5, Nouvelle-Calédonie, océan Pacifique, 25 m
11/05/2018
Sous un surplomb
Ce poisson robuste à la robe rouge illustre le qualificatif de "rouget" qui lui est donné en Nouvelle-Calédonie. Cette couleur est caractéristique des individus vivant en eaux profondes.
Pinacles Ras Abu Soma, Egypte, 15 m
04/1996
A l'affût
Le vivaneau des mangroves est un carnivore qui se nourrit de poissons et de crustacés. Mais c'est principalement la nuit venue qu'il se met à la recherche de ses proies.
Récif Sèche Croissant, Nouvelle-Calédonie, océan Pacifique, 10 m
28/12/2018
Détail de la tête
Avec un tel profil et notamment une telle canine dépassant de la bouche, nul doute que ce poisson ne soit un prédateur ! Celui-ci semble d'ailleurs en train de lorgner sur les frêles poissons-hachettes occupant cette anfractuosité du récif.
The Tunnels, Exmouth, Australie
29/04/2002
Epave
Ce poisson fréquente les épaves. Pas farouche, il se laisse approcher par les plongeurs.
Epave du Toho 5, Nouvelle-Calédonie, océan Pacifique, 25 m
11/05/2018
En mer Rouge
Il est très facile de confondre ce poisson avec un autre membre des Lutjanidés à savoir le vivaneau chien rouge, Lutjanus bohar, qui a une coloration rouge voisine. Quelques caractéristiques propres à Lutjanus argentimaculatus, permettent cependant de les distinguer comme on peut le voir sur cette photo :
- la nageoire pectorale est de couleur uniforme alors que le tiers supérieur est brun foncé chez L. bohar ;
- le front possède un creux au niveau de l'œil alors qu'il est arrondi chez L. bohar ;
- les écailles sont plus foncées en leur milieu, ce qui forme des losanges sur le corps, alors qu'il y a un point blanc sur les écailles de L. bohar ;
- les canines sont apparentes alors qu'elles ne sont pas aussi visibles chez L. bohar.
Marsa Shagra, Egypte, 15 m
08/2022
A Madagascar
Le corps est de couleur gris argenté avec des teintes de rouge, de vert ou de brun. Les individus vivant en eaux profondes sont généralement rougeâtres avec des nageoires brunâtres. Le centre des écailles plus foncé fait apparaître des dessins en losange sur le dos et les flancs.
Nosy Fanikely, Madagascar, océan Indien, 10 m
27/04/2011
En Nouvelle-Calédonie
En Nouvelle-Calédonie, il est conseillé de s'abstenir de consommer les grands spécimens car des risques de ciguatéra existent.
Îlot Maître, Nouvelle-Calédonie, océan Pacifique, 5 m
10/02/2019
Dans l'océan Indien
Les jeunes adultes vont plutôt évoluer en zone vaseuse, dans les estuaires, les cours inférieurs des rivières et surtout dans les mangroves.
Nosy Komba, Madagascar, océan Indien, 20 m
15/08/2011
Rédacteur principal : Jean-Michel SUTOUR
Vérificateur : Sylvie DIDIERLAURENT
Responsable régional : Jean-Michel SUTOUR
Prasetya A.W., Kismiyati, Subekti S., 2021, Intensity and Predilection of Helminth Parasites of the Red Snapper (Lutjanus argentimaculatus), World Veterinary Journal, 11(3), 498-503.
Ming-Yih L., I-Hui C., Lee-Shing F., 2003, Natural spaning and rearin of magrove red snapper, Lutjanus argentimaculatus, larvae in captivity, The Israeli Journal of Aquaculture – Bamidgeh, 55(1), 22-30.22.
Moser H.G., 1981, Morphological and functional aspects of marine fish larvae, In: R. Lasker (ed.), 90-131.
Emata A.C., Damaso J.P., Eullaran B.E., 1999, Growth, maturity and induced spawning of mangrove red snapper, Lutjanus argentimaculatus, broodstock reared in concrete tanks, The Israeli Journal of Aquaculture - Bamidgeh, 51(2), 58-64.
Singhagraiwan T., Doi M., 1993, Induced spawning and larval rearing of the red snapper, Lutjanus argentimaculatus, at the Eastern Marine Fisheries Development Center, Thai Mar. Fish. Res. Bull., 4, 45-57.
Golani D., 1998, Distribution of Lessepsian migrant fish in the
Mediterranean, Italian Journal of Zoology, 65, S1, 95-99.
La page de Lutjanus argentimaculatus sur le site de référence de DORIS pour les poissons : Fishbase
La fiche de Lutjanus argentimaculatus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
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