Jussie à grandes fleurs

Ludwigia grandiflora | (Michx.) Greuter & Burdet

N° 1367

Amérique du Sud et du Nord, Afrique, Australie et Europe

Clé d'identification

Grande plante amphibie
Feuilles alternes, velues et vert « fluo »
Tiges très poilues
Fleurs jaune vif

Noms

Autres noms communs français

Ludwigie à grandes fleurs

Noms communs internationaux

Water primrose, large-flower primrose-willow, uruguayan Hampshire-purslane (GB), Ludwigia (E), Grossblütiges Heusenkraut (D), Waterteunisbloem (NL)

Synonymes du nom scientifique actuel

Jussiaea grandiflora Michx.
Jussiaea michauxiana Fern.
Jussiaea repens auct. ssp. grandiflora (Michx.) P. Fourn.
Jussiaea uruguayensis (Cambess.) Hara
Ludwigia uruguayensis Hara

Distribution géographique

Amérique du Sud et du Nord, Afrique, Australie et Europe

Zones DORIS : ● Eau douce d'Europe, ● Caraïbes

Importée initialement du Brésil en 1822, Ludwigia grandiflora est maintenant présente dans la plupart des cours d'eau français, italiens et suisses. Elle est également visible en Guadeloupe et Guyane et est rapportée dans de nombreux autres pays (c-à-d. en Asie occidentale et tropicale, presque toute l'Afrique, l'Amérique tropicale).

Biotope

Ludwigia grandiflora est retrouvée dans des eaux mésotrophes* (en apport nutritif moyen) et eutrophes* (milieu équilibré) à faible débit. Elle est ainsi visible dans les cours d'eau lents, les mares, les lacs et étangs, ainsi que dans les marécages.

Elle peut coloniser ces eaux jusqu'à 3 m de profondeur et se développer dans des zones terrestres proches si les sols restent suffisamment humides.

Description

Ludwigia grandiflora est une plante dulcicole amphibie et vivace pouvant atteindre jusqu'à 5-6 mètres de long (tiges immergées) et 80 cm de haut (tiges dressées hors de l'eau). Elle présente des tiges très poilues, ramifiées, rigides, ligneuses et ayant un diamètre de près de 10 millimètres.

Ses feuilles vert « fluo » sont alternes, à nervures bien visibles, et sont de deux types différents. Les feuilles flottantes sont dépourvues de poils et sont de taille ovale (2-3 cm de large sur 4-5 cm de long). Les feuilles aériennes sont allongées, en forme de lance (2-3 cm de large sur 10 cm de long) et légèrement poilues. Les stipules (à la base des pétioles des feuilles) sont oblongues et triangulaires.

Elle présente plusieurs types de racines :
- d'importantes racines basales qui fixent et nourrissent la plante ;
- des racines adventives et aérifères présentes au sein des tiges ;
- des racines flottantes (pneumatophores*) qui oxygènent la plante, en particulier dans les milieux pauvres en oxygène.

Son calice est composé de 5 petits sépales (taille inférieure à 10 mm). La corolle est fortement poilue et composée de 5 à 6 pétales jaune vif, libres entre eux. Dix étamines sont présentes au milieu ou au sommet du pistil. Les fleurs hermaphrodites sont disposées en racème* (inflorescence simple) et sont rarement solitaires (4-6 cm de diamètre). La floraison s'étale de juin à septembre.

Ludwigia grandiflora produit des fruits à capsule allongée, cylindrique et velue (l'ensemble capsule + pédicelle mesure environ 0,5 cm de diamètre pour 6 cm de long). Cette capsule est constituée de 5 carpelles* (loges polyspermes) soudés formant 5 loges abritant des graines quasiment stériles.

Espèces ressemblantes

Ludwigia peploides spp. montevidensis Raven, 1963 : la jussie rampante ou jussie à petites fleurs. Elle présente des fleurs de plus petite taille (3-4 cm), des pétales non jointifs en forme de cœur, des tiges flottantes portant des feuilles arrondies, des tiges dressées avec des feuilles au limbe brusquement atténué en pétiole, des grandes glandes à la base des feuilles, des stipules arrondies et une tige pratiquement glabre souvent rougeâtre.

Ludwigia palustris (L.) Elliott : la ludwigie palustre ou jussie/isnardie des marais. C'est une plante autochtone vivace, plus petite (10-30 cm), à feuilles opposées, ovales, pétiolées, rougeâtres et à petites fleurs verdâtres. Elle se présente couchée radicante ou nageante, glabre, avec 4 sépales persistantes, sans pétales et avec 4 étamines. Elle est visible dans presque toute la France et la Corse, ainsi qu'au Québec.

Alimentation

Autotrophe* comme tous les végétaux, cette plante absorbe le gaz carbonique au cours de la photosynthèse (mise en jeu de pigments chlorophylliens et d'énergie lumineuse) et fabrique ainsi sa propre matière organique.

Reproduction - Multiplication

Sexuée
Ludwigia grandiflora peut (rarement) se reproduire sexuellement après pollinisation entomogame* (par des insectes). Le fruit obtenu flotte et assure donc une certaine dissémination. La germination est toutefois difficile car les graines sont très souvent stériles. De plus, la viabilité des jeunes plants est très limitée.

Asexuée
La reproduction végétative par fragmentation des tiges reste incontestablement le mode de dissémination le plus efficace de ces plantes. En effet, des diaspores (boutures) peuvent facilement se former à partir de fragments de tiges de quelques centimètres (exemple : après fauchage ou arrachage manuel). Ces diaspores, disposant de racines flottantes et d'aérenchyme*, peuvent demeurer à la surface des eaux pendant de longues périodes et même résister à la dessiccation. Ainsi, dès que le fragment peut se déposer sur un habitat favorable, les diaspores peuvent reconstituer une plante viable. C'est donc par ce mode de dissémination que les jussies sont des plantes vivaces extrêmement envahissantes.

Vie associée

La rapide prolifération de la jussie provoque fréquemment une forte réduction locale de la biodiversité floristique. Certains hydrophytes* (plantes majoritairement immergées) cohabitent parfois mais restent sous-représentées : Ceratophyllum demersum, Nasturtium officinale, Ranunculus spp., Scirpus spp., Nuphar lutea.

Seuls quelques hélophytes* (plantes enracinées sous l'eau, mais à tiges, fleurs, feuilles aériennes) très robustes montrent un caractère réellement compétiteur avec les Ludwigia : Typha latifolia, Phragmites autralis, ou Glyceria maxima.

Elles sont consommées par des insectes coléoptères (en particulier Lysathia ludaviciana, Gallerucella nymphaeae et Gallerucella aquatica) et des bovins de race rustique. Toutefois, les jussies sont peu appréciées par la plupart des herbivores car elles contiennent des cristaux d'oxalate de calcium très peu assimilables.

Divers biologie

Elles peuvent former des herbiers très denses (presque impénétrables).

Les jussies peuvent assimiler de très grandes quantités d'azote, supérieures à leurs besoins, et peuvent donc jouer un rôle épurateur.

Informations complémentaires

Origine et introduction : Ludwigia grandiflora a été importée du Brésil en 1822 pour être introduite au jardin des Plantes de Montpellier pour ses vertus décoratives. L'invasion (accidentelle ?) du territoire français a ensuite commencé sur les rives du Lez (une petite rivière côtière du département de l'Hérault) par un jardinier de ce jardin botanique. La jussie a rapidement colonisé cette rivière ainsi que les roubines languedociennes, avant de se disperser dans toute la France puis l'Italie, la Suisse, la Belgique, la Grande Bretagne et de nombreux pays européens.

Aperçu de sa dissémination française en moins de 2 siècles :
1822 : Import au jardin botanique de Montpellier
1830 : Rivière le Lez (Hérault),
1848 : Région d'Avignon, au bord du Rhône et de la Sorgue (Vaucluse),
1883 : Bayonne (Pyrénées- Atlantique),
1919 : Bordeaux (Gironde),
1936 : Charente-Maritime,
1963 : Seine et Marne,
1980 : Toute la façade atlantique française, Le Nord et l'Isère.

Moyens de lutte : L'arrachage est peu satisfaisant car il entraîne souvent du bouturage. Le traitement chimique (déconseillé par les agences de l'eau) a peu d'effet car la plante repousse la saison suivante. Le bâchage produit un résultat satisfaisant mais cette technique ne peut concerner que des zones réduites et anéantit toute vie sous la couverture. Le froid détruit la plante mais pas les racines, et elle repousse au printemps. Enfin, la taille permet de diminuer les ramifications mais leur longueur double et le pied devient plus touffu rendant au final la plante plus vigoureuse.

Depuis deux ans, on peut aussi malheureusement trouver cette « jolie » plante à la carrière fédérale FFESSM de La Graule où un plongeur bien intentionné l'a introduite pour fleurir le site en croyant bien faire !

Les jussies sont particulièrement apprécies en aquariophilie.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Les jussies sont parmi les plantes envahissantes posant le plus de problèmes en France. Il est fortement déconseillé de planter ces espèces ou de les propager (en les sectionnant).

Arrêté du 2 mai 2007 interdisant la commercialisation, l'utilisation et l'introduction dans le milieu naturel de Ludwigia grandiflora et Ludwigia peploides par le Ministre de l'agriculture et de la pêche et la Ministre de l'écologie et du développement durable, Etat Français.

Au Canada, Ludwigia grandiflora est considérée comme une plante aquatique envahissante et fait l'objet de mesures particulières. Ainsi, l'agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) exige une analyse et une évaluation parasitaire des risques avant toute introduction ou importation.

Origine des noms

Origine du nom français

Jussie : en l'honneur du naturaliste français Bernard de Jussieu (1699-1777), créateur de la classification « naturelle » des plantes.

Origine du nom scientifique

Ludwigia : en l'honneur de Gottlieb Ludwig né en Silésie, professeur de botanique à Leipzig, auteur de « Définitions des plantes » (1737) ou « De la végétation des plantes marines » (1736).
grandiflora : du latin [grandis] = grand et [flor-] = fleur, signifiant littéralement à grandes fleurs.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Magnoliophyta Angiospermes Plantes à fleurs dont les graines fécondées sont renfermées dans un fruit.
Classe Magnoliopsida Dicotylédones Embryons à deux cotylédons*.
Sous-classe Rosidae Rosidés
Ordre Myrtales Myrtales Plantes dicotylédones à fleurs cycliques et hermaphrodites.
Famille Onagraceae Onagracées Arbustes et plantes herbacés annuels, bisannuels ou pérennes, parfois aquatiques, des régions froides à tropicales.
Genre Ludwigia
Espèce grandiflora

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