Polype ovale et épais mesurant jusqu'à 17 cm de longueur
Lobes tentaculaires proéminents régulièrement répartis sur des septes fins et sinueux
Tentacules courts et translucides, verts, bleus ou blancs
Tentacules épanouis de jour comme de nuit
Rencontré au niveau des zones très exposées ou les habitats sableux
Fongie bouclier, corail-champignon à septes ondulés
Mushroom coral (GB), Pilzkoralle (D)
Fungia scutaria Lamarck, 1801
Fungia dentigera Leuckart
Mer Rouge, Indo-Pacifique tropical
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]Cette espèce est largement répandue dans le domaine indo-pacifique, depuis la mer Rouge et l'Afrique de l'Est jusqu'en Polynésie française, Hawaï et l'île de Pâques, le sud du Japon et l'Australie tropicale en limite nord-sud.
En eaux françaises, elle est présente à Mayotte, La Réunion, la Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna et la Polynésie française.
Ce corail-champignon aime particulièrement les pentes récifales exposées à une forte turbulence. On le rencontre aussi parmi d'autres coraux-champignons dans des zones sableuses jusqu'à environ 25-30 m de profondeur.
Lobactis scutaria est un polype de forme ovale, et épais, pouvant atteindre 17 cm de longueur.
Les septes* primaires débutent au niveau de la bouche centrale par un lobe tentaculaire de grande taille. Des lobes tentaculaires sont répartis régulièrement sur les septes de la bouche vers la périphérie du polype. Les septes sont sinueux sur leur longueur avec des dents peu marquées.
La couleur est très variable, souvent brune, bleue ou jaune, avec des lobes tentaculaires vert vif, bleus ou blancs.
Les tentacules, translucides et courts, sont épanouis de jour comme de nuit.
D'après J.E.N. Veron, Lobactis scutaria appartient à un groupe des coraux-champignons de forme ovale, et qui comprend quatre autres espèces :
Pleuractis taiwanensis, peu commune, présente uniquement dans la zone de Taïwan, elle a une forme allongée et irrégulière.
Pleuractis seychellensis, peu commune, présente dans l'ouest de l'océan Indien, a une forme allongée, avec des septes fins et sinueux. Sa taille maximale est de 15 cm. Elle ressemble à Lobactis scutaria mais ne présente pas de lobes tentaculaires. Ces deux espèces sont souvent confondues.
Pleuractis paumotensis, espèce commune largement répandue dans l'Indo-Pacifique, de forme allongée, assez ovale, pouvant atteindre 25 cm de longueur. Elle présente une arche centrale très marquée.
Pleuractis moluccensis, espèce peu commune, a une aire de répartition un peu moins étendue que Lobactis scutaria et Pleuractis paumotensis. Elle ressemble à P. paumotensis, mais est de forme plus tordue.
Le corail-champignon bouclier vit en symbiose avec des algues unicellulaires qui lui fournissent une partie de sa nourriture, via la photosynthèse que ces algues font in situ dans ses tissus.
Il est aussi carnivore et capture de petites proies qui passent à portée de ses tentacules armés de cellules urticantes, les cnidocytes*.
Les coraux-champignons se reproduisent de manière sexuée et asexuée.
Ce corail-champignon est à sexes séparés (espèce gonochorique*). A Hawaii, la reproduction a lieu en été, 1 à 4 jours après la pleine lune en fin d'après-midi entre 17 h et 19 h. Les gamètes* mâles et femelles sont lâchés dans l'eau et donnent naissance à des larves* planulas*, lesquelles incorporent leurs algues symbiotiques au bout de 4 à 5 jours. La durée de la phase planctonique* n'est pas connue avec certitude, les larves pourraient se poser sur le substrat* à partir du 7ème jour.
La larve se transforme en une structure cylindrique appelée anthocaule dont l'extrémité orale se développe radialement en une structure en forme de disque qui rappelle un champignon, appelée anthocyathe, qui correspond au stade juvénile. Puis les juvéniles se détachent du substrat pour mener une vie libre. Le pédoncule* resté attaché au substrat peut générer de nouveaux individus, clones* du premier.
Les morceaux de corail ou des parties saines d'un individu endommagé peuvent aussi donner naissance à de nouveaux individus par reproduction asexuée.
En plus de se reproduire par voie sexuée, certains Fungiidés (ancien genre Fungia) sont capables de produire, de façon asexuée, de nombreux petits bourgeons qui demeurent attachés au squelette parental. Ce phénomène remarquable a été désigné sous le nom d'"effet phoenix" étant donné que les bourgeons peuvent se développer sur le squelette d'un polype apparemment mort, c'est-à-dire au niveau duquel on n'observe pas de tissu vivant visible ; néanmoins, il a été démontré que ces bourgeons se développent à partir de tissus vivants résiduels (Krupp et al., 1992). Le stimulus provoquant la production de bourgeons est le plus souvent une lésion du polype parental. La production de bourgeons asexués est un mécanisme important dans la dynamique des populations de Fungiidés notamment suite à des perturbations environnementales génératrices de lésions fréquentes des polypes.
C'est une espèce commune localement abondante. Des études ont montré que la forme de ce corail était particulièrement bien adaptée pour résister à de forts courants, lui permettant de ne pas se retourner même dans un milieu très agité.
Le changement de nom de cette espèce est très récent (2011), elle se trouve dans de nombreux ouvrages sous le nom de Fungia scutaria.
Lobactis scutaria figure sur la liste II de la CITES depuis août 1985 (référence aux annexes de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction), mais sans quotas d'importation en Europe.
Cette espèce est classée dans la liste rouge 2008 UICN* sous le statut LC (Least Concern, soit « préoccupation mineure »). Elle n'est pas particulièrement vulnérable mais son habitat (récif corallien) l'est. L'UICN préconise donc de réévaluer cette espèce dans une dizaine d'années (durée de renouvellement d'une génération).
Corail-champignon bouclier est la traduction en français de son nom scientifique.
Corail-champignon à septes ondulés fait référence à l'aspect sinueux de ses septes.
Lobactis : du grec [lob-] = lobe et [aktis] = rayon de soleil.
Fungia : du latin [fungus] = champignon.
scutaria : du latin [scutarius] = de bouclier.
Numéro d'entrée WoRMS : 716542
| Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
|---|---|---|---|
| Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
| Classe | Anthozoa | Anthozoaires | Cnidaires exclusivement marins, solitaires ou coloniaux, uniquement sous la forme polype (jamais de phase méduse dans le cycle de vie). |
| Sous-classe | Hexacorallia / Zoantharia | Hexacoralliaires / Zoanthaires | Anthozoaires coloniaux ou solitaires, tentacules lisses, polypes à symétrie d’ordre 6. |
| Ordre | Scleractinia | Scléractiniaires / Madréporaires | Hexacoralliaires coloniaux (quelques espèces solitaires) produisant un exosquelette calcaire abritant de petits polypes. |
| Famille | Fungiidae | Fungiidés | Coraux-champignons. |
| Genre | Lobactis | ||
| Espèce | scutaria |
Coraux durs (Scléractiniaires ou Madréporaires)
Marron et rose, pile
Fungia scutaria est un polype de forme ovale, et épais, pouvant atteindre 17 cm de longueur. Les lobes tentaculaires sont bien visibles et de couleur verte pour cet individu. Les septes sont sinueux sur leur longueur avec des dents peu marquées.
Sulawesi Nord (Indonésie), Lembeh, 25 m
14/04/2010
Coraux durs (Scléractiniaires ou Madréporaires)
Face
Il s'agit du même individu que sur la photo principale mais observé sur la face aborale. Fungia scutaria est un polype de forme ovale, et épais. Les côtes sont fines et régulières.
Sulawesi Nord (Indonésie), Lembeh, 25 m
14/04/2010
Détail des côtes
Même individu que sur les photos précédentes.
Sulawesi Nord (Indonésie), Lembeh, 25 m
14/04/2010
Détail des septes
Les septes primaires débutent au niveau de la bouche centrale par un lobe tentaculaire de grande taille. Les septes sont sinueux avec des dents peu marquées.
Sulawesi Nord (Indonésie), Pulisan
02/10/2004
Petit individu
Cet individu mesure moins de 10 cm de longueur. Il est posé sur une langue de sable noir qui fait ressortir sa magnifique couleur fuchsia. Ici, les lobes tentaculaires sont de couleur blanche.
Sulawesi Nord (Indonésie), île de Ruang, 10 m
11/04/2010
Vue de profil
Même individu que sur la photo précédente. Les septes sont fins et sinueux.
Sulawesi Nord (Indonésie), île de Ruang, 10 m
11/04/2010
Vue de dessous
Même individu que sur la photo précédente. Cette photo montre qu'il s'agit bien d'un jeune individu, on remarque la trace du pédoncule qui relie le juvénile au substrat puis laisse une cicatrice quand le juvénile s'en détache. Cette cicatrice s'estompe avec le temps.
Sulawesi Nord (Indonésie), île de Ruang, 10 m
11/04/2010
Grand individu
Le polype, de forme ovale et épais, peut atteindre 17 cm de longueur, ce qui est la taille de cet individu rencontré dans une zone de fort courant par 20 m de profondeur.
Sulawesi Nord (Indonésie), île de Siau, 20 m
09/04/2010
Individu de Malaisie
Individu de couleur typique, mauve et brune, avec des lobes tentaculaires blancs.
Sipadan (Malaisie)
14/04/2008
Individu de mer Rouge
Cet individu est entièrement rose.
St Johns Reef (mer Rouge, Egypte), Shaab Sharm, de nuit
26/10/2005
Rédacteur principal : Véronique LAMARE
Correcteur : Patrick SCAPS
Responsable régional : Véronique LAMARE
Gittenberger A., Reijnen B.T. & Hoeksema B.W., 2011, A molecularly based phylogeny reconstruction of mushroom corals (Scleractinia: Fungiidae) with taxonomic consequences and evolutionary implications for life history traits, Contributions to Zoology, 80, 107-132.
Jokiel P.L., Cowdin H.P., 1976, Hydromechanical adaptation in the solitary free-living coral Fungia scutaria, Nature, 262, 212-213.
Jokiel P.L., Bigger C.H., 1994, Aspects of Histocompatibility and Regeneration in the Solitary Reef Coral Fungia scutaria, Biol. Bull., 186, 72-80.
Krupp D. A., 1983, Sexual reproduction and early development of the solitary coral Fungia scutaria (Anthozoa: Scleractinia), Coral Reefs, 2(3), 159-164.
Krupp D. A., Jokiel P. L., Chartrand T. S., 1992, Asexual reproduction by the solitary coral Fungia scutaria on dead parent coralla in Kaneohe Bay, Oahu, Hawaiian Islands. In Proceedings of the seventh International Coral Reef Symposium, Guam, 1, 527-534.
Krupp D. A., Hollingsworth L. L., Peterka J., 2006, Elevated temperature sensitivity of fertilization and early development in the mushroom coral Fungia scutaria Lamarck, 1801, Proceedings of the 10th International Coral Reef Symposium, 71-77.
Scaps P., Denis V., Berhimpon S., Runtukahu F., 2007, Forte densité en coraux champignons (Scléractiniaires: Fungiidés) dans la région de Pulisan (Nord-Est de l'île de Sulawesi, Indonésie), Bull. Soc. Zool. Fr., 132(1), 87-108.
La page de Lobactis scutaria dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
