Algues calcifiées de couleur rose à violacée
Lames horizontales, arrondies et minces, souvent superposées et aux bords ondulés
Thalle partiellement adhérent au substrat
Fines stries concentriques ou radiales sur la face inférieure
Espèces constitutives du bio-concrétionnement coralligène
Algue coralligène, lithophylle touffu, lithophylle de Cabioc'h
Stone-leaf (GB), Litofillo, pseudolitofillo foglia (I), Pseudolitofilo hoja (E), Ausgebreitetes Steinblatt (D)
Melobesia stictaeformis Areschoug
Melobesia grandiuscula Montagne 1846
Melobesia stictaeformis Areschoug 1852
Melobesia frondosa Dufour 1861
Lithophyllum expansum f. agariciforme Hauck 1885
Lithophyllum expansum f. stictaeforme (Areschoug) Foslie 1900
Lithophyllum bermudense Foslie & M.Howe 1906
Dermatolithon bermudense (Foslie & M.Howe) Foslie & M.Howe 1909
Tenarea bermudensis (Foslie & M.Howe) W.H.Adey 1970
Pseudolithophyllum expansum f. decumbens Foslie
Pseudolithophyllum expansum f. strictaeforme Philippi
Pseudolithophyllum cabiochiae Boudouresque & Verlaque 1978
Titanoderma bermudense (Foslie & M.Howe) Woelkerling, Y.M.Chamberlain & P.C.Silva 1985
Lithophyllum grandiusculum (Montagne) Woelkerling, Penrose & Y.M.Chamberlain 1993
Lithophyllum frondosum (Dufour) G.Furnari, Cormaci & Alongi 1996
Lithophyllum frondosum f. cabiochiae (Boudouresque & Verlaque) Babbini & Bressan 1997
Lithophyllum cabiochiae (Boudouresque & Verlaque) Athanasiadis 1999
Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Ce nom regroupe plusieurs espèces cryptiques indistinguables sur le terrain ou sur photos : le vrai L. stictiforme et au moins 12 autres espèces. Ce complexe d’espèces se rencontre en Méditerranée et en Atlantique Nord. La plupart de ces espèces sont méditerranéennes, parfois largement distribuées en Méditerranée, parfois très locales. L’espèce connue sous le nom de L. stictiforme serait l'espèce du complexe la plus commune dans le coralligène* des côtes méditerranéennes françaises.
Deux des espèces de ce complexe sont présentes en Atlantique : L. lobatum est connue des îles Canaries et L. searlesii est connue des côtes de la Caroline du Nord (USA).
Ce sont des espèces sciaphiles* fréquemment rencontrées dans l’infra* et le circalittoral*. On les trouve près de la surface dans les zones peu éclairées et soumises à de forts courants.
A plus grandes profondeurs (15 à 40 m), elles se développent de concert avec d’autres algues Corallinales telles que Neogoniolithon hauckii (Rothpletz) R.A.Townsend & Huisman 2018 ou Mesophyllum spp. avec lesquelles elles contribuent à la formation des bio-concrétionnements coralligènes*.
Ces algues sont entièrement calcifiées (aspect pierreux) de couleur rose ou violacée.
Le thalle*, qui peut atteindre 15 cm de largeur, adhère au substrat* par sa partie centrale. Il est formé de lames horizontales, arrondies, libres, souvent superposées, très minces, de 0,4 mm (périphérie) à 1,5 mm d'épaisseur (au centre du thalle), et aux bords ondulés.
La face inférieure des marges peut porter de fines stries qui peuvent être concentriques, radiales ou les deux à la fois (chez L. stictiforme).
Vue microscopique : en coupe verticale, la structure du thalle est une juxtaposition de filaments verticaux soudés. Les cellules ont des parois latérales arrondies et communiquent latéralement uniquement par des synapses secondaires (fusions cellulaires absentes).
Les recherches taxonomiques ne sont pas terminées sur ces Corallinales qui sont actuellement considérées comme des groupements ou complexes d'espèces. Une étude de 2019 montre que le complexe Lithophyllum stictiforme regrouperait au moins 13 espèces différentes. La distinction des espèces ne repose que sur des caractères génétiques, il n'est donc pas possible de les reconnaître ni sur photo, ni sur le terrain. Des études complémentaires sont en cours pour voir si certaines de ces espèces peuvent être discriminées par leur niche écologique.
Il existe d'autres Corallinales du genre Lithophyllum ou Neogoniolithon en forme de lames roses à grisâtres, encroûtantes, globuleuses, ou partiellement anastomosées, en général très adhérentes au substrat. L'identification de la plupart de ces espèces est affaire de spécialiste.Ces algues sont autotrophes* photosynthétiques*: elles élaborent leurs substances organiques à partir de minéraux, grâce à différents pigments rouges majoritaires, verts et bruns qui leur permettent de faire la photosynthèse*.
Le cycle reproducteur est trigénétique* isomorphe* caractérisé par trois générations qui se succèdent dans le temps : le tétrasporophyte* et le gamétophyte* (mâle ou femelle, l'espèce est dioïque*) identiques morphologiquement et le carposporophyte* qui se développe dans les conceptacles* femelles après fusion des gamètes*.
Les éléments reproducteurs (tétrasporanges, gamètes mâles et femelles et carposporanges) se développent dans des conceptacles* (petites cavités plus ou moins enfouies dans le thalle et communiquant avec l'extérieur par un pore ou ostiole*).
Ces espèces sont pérennes*, c'est-à-dire que les gamétophytes et les tétrasporophytes peuvent vivre plusieurs années voire plusieurs dizaines d'années considérant leur vitesse de croissance très faible (< 1 cm par an).
Ces algues se développent avec d'autres Rhodophycées calcifiées (Corallinales et Hapalidiales) des genres Lithophyllum, Lithothamnion, Mesophyllum, Neogoniolithon et Spongites, l'ensemble de ces espèces calcifiées constitue la base du coralligène*. La surface de cette bio-construction est estimée à plus de 2 700 km2 sous les eaux de la Méditerranée.
Le thalle, peu adhérent au substrat, est détachable en partie avec la pointe d'un couteau. Ce geste qui permettrait d'identifier sur le terrain le genre et parfois l'espèce (L. stictiforme) est fatal pour l'individu. Il est donc déconseillé. Un petit miroir style miroir de dentiste peut permettre un examen des faces inférieures des marges sans porter atteinte à l'algue. Toutefois si un prélèvement doit être réalisé, il doit se limiter à un petit fragment de lobe.
Suite à des analyses génétiques, les algues corallinales ont été scindées en 3 Ordres : Corallinales, Hapalidiales et Sporolithales. Il y aurait au moins 26 espèces du genre Lithophyllum en Méditerranée.
Il est d'usage pour les végétaux de franciser le nom de genre et de traduire le nom d'espèce latin.
Lithophylle touffu est la traduction de L. frondosum, un des anciens noms valides de L. stictiforme, aujourd'hui considéré comme synonyme.
Lithophylle de Cabioc'h est la traduction du nom scientifique de L. cabiochiae.
Par souci de simplification, feuille de pierre encorbellée est une traduction du nom de genre complétée par l'aspect des lames superposées.
Lithophyllum : du grec [lith-] = pierre et [phyll-] = feuille. Se traduit littéralement par « feuille de pierre »
Du latin [frondosum] = feuillu, touffu et se traduit par « en forme de feuille ». Cette algue est nommée ainsi en raison de son aspect pierreux (algue calcaire), de sa finesse et de la forme du thalle (croûte).
stictiforme : du grec [stictos] =pointillé, tacheté, aux couleurs variées. Allusion possible aux minuscules trous que sont les pores des conceptacles.
cabiochiae : en hommage à Jacqueline Cabioc'h, phycologue bretonne, spécialiste des Rhodophycées calcifiées.
Numéro d'entrée WoRMS : 374209
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Rhodobionta / Rhodophyta | Rhodobiontes | Algues rouges, pour la plupart marines. |
Sous-embranchement | Eurhodophytina | Eurhodophytinés | |
Classe | Florideophyceae | Floridéophycées | Thalle élaboré formé de fins filaments branchés ou en lames. |
Sous-classe | Corallinophycidae | Corallinophycidées | |
Ordre | Corallinales | Corallinales | Calcification très importante qui donne au thalle un aspect minéral. |
Famille | Lithophyllaceae | Lithophyllacées | |
Genre | Lithophyllum | ||
Espèce | stictiforme |
Pile
Le thalle*, de couleur rose, formé de lames arrondies très minces, souvent superposées, aux bords ondulés, peut atteindre 15 cm de largeur. Il est calcifié d’aspect pierreux et partiellement adhérent au substrat*.
Le Rascoui, Antibes (06), 29 m
20/08/2013
Face inférieure
Il s’agit du même individu que sur la photo précédente, la face non exposée étant accessible. On remarque que cette face est recouverte d’organismes sciaphiles* (éponges, bryozoaires), rendant difficile la visualisation des stries fines.
Le Rascoui, Antibes (06), 29 m
20/08/2013
Rose rose
La nature est souvent bonne architecte... Notez la finesse du thalle partiellement adhérent au substrat.
Grand Boul, Cap d'Antibes (06), 21 m
22/01/2012
Constructeur primaire du coralligène
Lithophyllum stictiforme au milieu d’autres espèces du coralligène*.
La Sèche, Antibes (06), 30 m
13/08/2008
Amphiroa en épiphyte
D’autres Corallinales peuvent se développer sur la feuille de pierre encorbellée : ici un Amphiroa sciaphile (Amphiroa kuetzingiana).
Pointe Lacroix, Port-Cros (83), 26 m
01/06/2009
Organes reproducteurs
Des conceptacles* sexués (sortes de petites verrues contenant les cellules fertiles (gamètes*)) sont visibles à la surface du thalle*.
NB : Les conceptacles à tétraspores* ne sont pas saillants.
Le Briançon, Marseille (13)
22/04/1995
Taches blanches
Depuis peu de temps, il n’est pas rare de voir des individus portant des taches blanches. L'origine de ces taches n’est pas établie.
Dans les mers tropicales, l’apparition de taches semblables mais orange sur des Corallinales a été mise en relation avec des attaques de pathogènes (bactéries). La maladie a été appelée CLOD : Corallines Lethal Orange Disease (= la maladie léthale orange des Corallines).
Le Rascoui, Antibes (06), 23 m
20/08/2013
Dans les gorgones rouges
On voit les conceptacles sur le thalle de cet individu.
Île Verte, La Ciotat (13), 25 m
20/09/2008
Sur un thalle perché...
Cette petite petite rascasse rouge ne mesurait pas plus de 5 cm de longueur.
Castel Vieil, Parc National des Calanques (13), 12 m
21/06/2009
Rédacteur principal : Véronique LAMARE
Rédacteur : Marie-Pierre FEUGAS
Correcteur : Marc VERLAQUE
Responsable régional : Véronique LAMARE
Cormaci M., Furnari G., Alongi G., 2017, Flora marina bentonica del Mediterraneo: Rhodophyta (Rhodymeniophycidae escluse), Boll. Accad. Gioenia Sci. Nat., 50(380), 1-391.
Pezzolesi L., Peña V., Le Gall L., Gabrielson P. W., Kaleb S., Hughey J. R., Rodonti G., Hernandez‐Kantun J.J., Falace A., Basso D., Cerrano C., Rindi F., 2019, Mediterranean Lithophyllum stictiforme (Corallinales, Rhodophyta) is a genetically diverse species complex: implications for species circumscription, biogeography and conservation of coralligenous habitats, Journal of Phycology, 55(2), 473-492.
La page sur Lithophyllum stictiforme sur le site de référence de DORIS pour les algues : AlgaeBase
La page de Lithophyllum stictiforme sur le site de l’Inventaire Nationale du Patrimoine Naturel : INPN