Grenouille-taureau

Lithobates catesbeiana | (Shaw, 1802)

N° 2134

Amérique du Nord, Amérique du Sud, Asie du Sud-Est, Europe occidentale

Clé d'identification

Grosse grenouille, taille jusqu'à 25 cm
Diamètre du tympan égal à celui de l'œil
Plis épais au-dessus du tympan derrière l'œil
Coloration vert sombre ou brune
Pas de plis dorso-latéraux

Noms

Autres noms communs français

Wawaron (Québec), ouaouaron (Québec), grenouille-taureau d'Amérique du Nord, grenouille mugissante

Noms communs internationaux

American bullfrog, bullfrog (GB), Rana toro, rana bue (I), Rana toro (E), Amerikanische Ochsenfrosch, Nordamerikanischer Ochsenfrosch (D), Brulkikker, rundkikker, stierkikker (NL)

Synonymes du nom scientifique actuel

Rana catesbeiana Shaw, 1802
Lithobates catesbeianus (Shaw, 1802)

Distribution géographique

Amérique du Nord, Amérique du Sud, Asie du Sud-Est, Europe occidentale

Zones DORIS : ● Eau douce d'Europe, ● Atlantique Nord-Ouest

Originaire de l'est de l'Amérique du Nord (de la Floride à la région des Grands Lacs), la grenouille-taureau a été introduite par l'homme dans presque tous les états de l'Ouest américain. Au Canada son aire de répartition va du sud de l'Ontario à la Nouvelle Écosse, en passant par le Québec et le Nouveau Brunswick. Elle a été introduite dans le sud-ouest de la Colombie-Britannique et dans l'île de Vancouver.
En Europe, elle est désormais présente en Allemagne, Belgique, Espagne, France, Grèce, Italie, Pays-Bas et Royaume-Uni.
Elle est qualifiée d'espèce invasive en France notamment dans le sud-ouest (Gironde) et dans le bassin Artois-Picardie.
En Belgique, elle est présente surtout au nord du sillon Sambre et Meuse.
On la retrouve également dans de nombreuses régions du monde où elle a été introduite à des fins d'élevage (Europe, Asie du Sud-Est et Amérique du Sud).

Biotope

La grenouille-taureau est de nature territoriale et sédentaire. Elle affectionne les eaux stagnantes des marais, des baies de rivières, les rives sablonneuses des lacs et des grands étangs là où la végétation est abondante. Elle est peu exigeante en ce qui concerne la qualité de son habitat et occupe aussi les fossés, les bassins de stations d'épuration ou de captage des eaux de pluies.

Description

C'est la plus grosse des grenouilles d'Amérique du Nord. Elle peut en effet mesurer jusqu'à 25 cm (taille relevée de la bouche à l'orifice anal) mais généralement, sa longueur est comprise entre 8 et 16 cm. A la longueur du corps, il faut ajouter la longueur des pattes postérieures qui peuvent dépasser 25 cm chez les gros spécimens. La grenouille-taureau peut peser de 500 g à 2 kg.
La tête plus large que longue, est aplatie sans cou apparent. L'œil a un iris uniformément doré et une pupille ovale et horizontale. Un pli épais est bien visible au-dessus du tympan derrière l'œil. Le tympan du mâle est beaucoup plus gros que celui de la femelle, chez cette dernière il correspond au diamètre de l'œil. La gorge du mâle est teintée de jaune, celle de la femelle est plutôt blanc crème.
La grenouille-taureau ne possède aucun pli latéro-dorsal. Ses membres postérieurs sont palmés et plus longs que les antérieurs. Elle peut être entièrement vert sombre olivâtre sur le dessus ou vert sur la tête et les épaules, et bronze foncé sur le dos. Seules les pattes sont tachetées de noir. Le dessous est souvent moucheté gris.

Espèces ressemblantes

La grenouille verte du Nord Lithobates septentrionalis : elle peut mesurer jusqu'à 7,5 cm. Sa tête et ses épaules sont habituellement vertes, et son dos brun. Le dos est recouvert de grosses taches foncées irrégulières. Elle ne possède pas de barres sur les pattes postérieures. Les plis dorso-latéraux sont peu marqués voire absents. Elle dégage une odeur musquée (oignon pourri). Ses yeux sont légèrement renversés.

La grenouille verte Lithobates clamitans : elle est beaucoup plus petite, jusqu'à 10 cm, les plis dorso-latéraux sont bien marqués.

Alimentation

La grenouille-taureau chasse à l'affût. Dès qu'une proie vivante est à sa portée, elle projette sa langue pour l'attraper. C'est un prédateur vorace qui se nourrit de petits mammifères, d'oiseaux, de poissons, d'écrevisses, d'insectes, de petits reptiles tels que les juvéniles de la couleuvre rayée Thamnophis sirtalis, d'autres petites grenouilles (même de sa propre espèce) et de têtards. Sa seule limite est la taille de la proie et sa capacité à l'avaler.
Elle est active de jour comme de nuit.

Reproduction - Multiplication

La reproduction débute lorsque la température de l'eau atteint 17-21 °C. Le mâle chante surtout la nuit, un peu après le coucher du soleil pour attirer les femelles. Son chant est un « oua-oua-ron » grave et sonore, qui ressemble vaguement au meuglement d'un bovin. Territorial, il protège son site de ponte qui est une berge de 3 à 25 m de longueur.

La femelle dépose entre 3 000 et 25 000 œufs généralement en deux pontes : tard au printemps (mai-juin) et en été. Les œufs forment des nappes gélatineuses qui flottent sur l'eau pour ensuite rapidement couler à faible profondeur. Elles peuvent atteindre un diamètre de 80 cm.

L'éclosion a lieu au bout de 4 à 5 jours. Les têtards deviennent très gros et peuvent mesurer jusqu'à 15 cm de longueur avant leur métamorphose. Ils sont recouverts de points noirs sur le dos et les flancs, et peuvent être légèrement blancs sur le ventre. Ils possèdent une nageoire caudale bien développée et un corps trapu. Ils sont dédaignés par les poissons prédateurs qui ne les mangent guère.

La vitesse de développement des têtards varie énormément suivant les régions : de 5 mois en Californie à jusqu'à 4 ans au Québec, mais elle dure généralement 2 ans. Lors de la métamorphose*, les jeunes grenouilles-taureau mesurent de 3 à 5 cm. La maturité sexuelle est atteinte 2 à 4 ans plus tard avec une taille de 10 cm.

Vie associée

Ses prédateurs les plus courants sont : les poissons carnassiers tel le grand brochet Esox lucius, les canards Anas platyrhynchos, les couleuvres aquatiques des genres Nerodia et Regina, les mammifères carnivores (raton laveur Procyon lotor et moufette Mephitis mephitis en Amérique du Nord, les échassiers tels que le grand héron Ardea herodias, les rapaces, les corneilles, les chélydres serpentines Chelydra serpentina, les sangsues et enfin d'autres ouaouaron (cannibalisme).

Divers biologie

Ses bonds peuvent atteindre 1,20 m.
L'espérance de vie est de 8 à 9 ans, mais peut atteindre 16 ans en captivité.
L'hibernation a lieu sous l'eau, dans la vase ou sous les amas de végétation. Elle se déroule, avec des variations selon les régions, d'octobre à mars et ne concerne que les adultes. Les têtards eux, restent actifs en hiver (même sous la glace).
La grenouille-taureau ne possède ni glandes parotoïdes*, ni ventouses aux orteils.

Informations complémentaires

Taxonomie
Jusqu'à récemment, on considérait que toutes les grenouilles de la famille des Ranidés faisaient partie du genre unique Rana. Cependant, à la suite de la révision effectuée par Frost et al. (2006) la majorité des espèces de l'Amérique du Nord ont été classées dans le genre Lithobates.

Espèce invasive
Le ouaouaron a été introduit un peu partout principalement pour :
- élevage pour la consommation humaine ;
- animal de jeu (concours de saut) ou de compagnie (têtards pour l'aquariophilie) ;
- agent de contrôle d'insectes ravageurs.

Il semble que le discours concernant sa « nocivité » pour l'environnement et les espèces locales doive être nuancé selon les endroits :
- Italie : à partir de seulement 3 individus (1 mâle et 2 femelles) relâchés en 1935, le ouaouaron s'est répandu de la plaine du Pô jusqu'à Rome. Dans ces régions, les populations de grenouilles vertes ont régressé.
- France : les premières tentatives d'introduction au 19e siècle n'ont pas réussi. Il faut attendre 1968 quand, à partir d'une dizaine d'individus introduits dans un étang privé de Gironde, il se disperse jusqu'en Dordogne. Depuis des têtards ont été transportés en Charente-Maritime et dans les Landes et des individus isolés sont signalés dans l'Allier, dans le Pas-de-Calais et dans le Loir-et-Cher. On observe une diminution des populations de grenouilles vertes dans le sud-ouest de la France,
- Allemagne : les lâchers de population dans des bassins de jardin n'ont pas réussi à l'exception des quelques endroits dans la vallée du Rhin.
- Grande-Bretagne : les populations introduites au 19e siècle se sont éteintes naturellement. Depuis 1990, une colonie reproductrice se développe dans le Sussex.
- Pays-Bas : une seule population est présente dans un étang de parc à Breda.
- Belgique : trois populations sont situées près de Mol, dans la vallée de la Dyle et le long de la Nèthe en Campine. Les densités d'individus adultes sont faibles.
- États-Unis : il y a réduction des populations de Rana pipiens et Rana blairi au Colorado, élimination de Rana pipiens fisheri dans le Nevada, réduction Rana aurora et Rana boylii en Californie.
- Caraïbes: extinction d'espèces locales d'amphibiens.

Statuts de conservation et réglementations diverses

International : Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe (Convention de Berne) : Annexe III
Communautaire :
l'espèce est interdite d'importation depuis 1997 dans l'ensemble des pays de l'Union Européenne.
- Suspension de l'introduction dans l'Union Européenne de spécimens de certaines espèces de faune et de flore sauvages : Article premier
- Application de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) (Convention de Washington) au sein de l'Union européenne : Annexe B

En France métropolitaine :
- Interdiction d'introduction de certaines espèces d'animaux vertébrés dans le milieu naturel sur le territoire français métropolitain : Article 2
- Interdiction d'introduction de certaines espèces d'animaux vertébrés dans le milieu naturel sur le territoire français métropolitain : Article 3

Outre-Mer :
Lutte contre les espèces exotiques envahissantes en Province Sud de Nouvelle-Calédonie : Article 250-2 IV (espèces animales)

En Belgique :
Interdiction d'introduction dans la nature : article 5ter du Décret du 6 décembre 2001.

Au Canada :
la grenouille-taureau est chassée par rapport à la réputation culinaire de la taille de ses grosses cuisses. Cette chasse fait l'objet d'une règlementation. L'espèce est également utilisée pour la dissection dans les cours de biologie universitaires.
En Ontario le Règlement de chasse 2012-2013 stipule que le prélèvement de ouaouarons à des fins commerciales est interdit. Il est interdit de capturer des ouaouarons avec une arme à feu, à l'exception d'une arbalète ou d'un arc (à poulie, à revers, anglais). Il est permis d'attraper les ouaouarons la nuit sans arme à feu et il est permis d'utiliser une lumière pour ce faire. Les prises sont autorisées du 21 juillet au 15 octobre. La limite de capture est de dix ouaouarons par jour. Il est interdit de capturer des ouaouarons dans les parcs provinciaux ou sur des terres de la Couronne.

Selon le Règlement de chasse sportive au Québec 2012-2014 il n'est pas nécessaire de détenir un certificat du chasseur pour se procurer un permis pour collecter les ouaouarons.

Origine des noms

Origine du nom français

Grenouille-taureau : son nom ne provient pas de sa taille mais du chant grave et sonore du mâle qui ressemble aux mugissements d'une vache ou d'un taureau (oua-oua-ron).

Ouaouaron est plus usité en Amérique du Nord, ce nom est d'origine amérindienne iroquoise, il signifie "grenouille verte". C'est également le nom que portent les grenouilles en pays Cajun (Louisiane).

Origine du nom scientifique

Lithobates du grec [Lithos] = pierre, et du suffixe [bates] = qui marche
catesbeiana en l'honneur du naturaliste britannique Mark Catesby (1683-1749).

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Classe Amphibia Amphibiens Vertébrés tétrapodes caractérisés par deux stades distincts : un stade larvaire aquatique et un stade adulte en partie terrestre. Quelques formes tropicales apodes.
Ordre Anura Anoures Amphibiens dont la queue disparaît après la métamorphose. Ce sont les grenouilles, crapauds, et rainettes.
Famille Ranidae Ranidés Famille d'amphibiens anoures dont le type est la grenouille.
Genre Lithobates
Espèce catesbeiana

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