Triton ponctué

Lissotriton vulgaris | (Linnaeus, 1758)

N° 2102

Europe

Clé d'identification

Taille 7 à 10 cm
Ressemble à un petit lézard
Queue aplatie latéralement
Peau lisse
Tête couverte de rangées de pores avec cinq à sept bandes longitudinales sombres
Gorge souvent tachetée avec un aspect « sale »
Ventre orangé sur partie centrale et blanc-jaune sur côtés, ponctué de taches noires circulaires

Noms

Autres noms communs français

Triton commun, triton lobé, triton vulgaire

Noms communs internationaux

Smooth newt, common newt (GB), Tritón común (E), Teichmolch (D), Kleine watersalamander (NL)

Synonymes du nom scientifique actuel

Lacerta vulgaris Linnaeus, 1758
Lophinus vulgaris (Linnaeus, 1758)
Triturus vulgaris (Linnaeus, 1758)

La nouvelle classification, basée sur l'approche phylogénétique* et qui ne fait pas encore l'unanimité au sein de la communauté scientifique, a scindé le genre Triturus :
- Lissotriton (Bell, 1839) : pour Triturus boscai, T. helveticus, T. italicus, T. montandoni et T. vulgaris ;
- Ommatotriton Gray, 1850 : pour T. ophryticus et T. vittatus ;
- Ichthyosaura Latreille dans Sonnini de Manoncourt et Latreille, 1801 : pour le triton alpestre T. alpestris ;
- les espèces restantes demeurent dans le genre Triturus.

Sous-espèces :
- Lissotriton vulgaris meridionalis (Boulenger, 1882) : plus petit, un filament de 5-8 mm à l'extrémité de la queue chez le mâle en livrée nuptiale (trait rapprochant cette forme du triton palmé), en Suisse au sud des Alpes, en Italie septentrionale et centrale, en Slovénie jusqu'en Croatie ;
- Lissotriton vulgaris ampelensis (Fuhn, 1951) : parties occidentales du haut plateau de Transylvanie (Roumanie) et Carpates ukrainiennes ;
- Lissotriton vulgaris graecus (Wolterstorff, 1905) : îles Ioniennes, Grèce et Macédoine ;
- Lissotriton vulgaris dalmaticus (Kolombatovic, 1907) : Dalmatie méridionale, Monténégro et Herzégovine ;
- Lissotriton vulgaris kosswigi (Freytag, 1955) : Anatolie septentrionale jusqu'aux environs du Bosphore.

Distribution géographique

Europe

Zones DORIS : ● Eau douce d'Europe

Lissotriton vulgaris est une espèce européenne. Présent de l'Irlande à l'Oural et de la Scandinavie à l'Italie, la Grèce et la Turquie. Absent de la péninsule ibérique.
En France, il est présent au nord de la Loire.

Biotope

On trouve le triton ponctué autour et dans des étangs, des lacs, des canaux, des marais de préférence ensoleillés. Il évite les trop petits points d'eau comme par exemple les ornières.
En phase terrestre, il se cache sous des pierres et du bois humide. En hiver, il recherche des abris isolés du gel. Il peut aussi exceptionnellement se réfugier dans une grotte qui assure une forte humidité et des températures positives. Les carrières sont également fréquentées.
En phase aquatique, il semble éviter les endroits sans végétation aquatique et privilégier les eaux calmes en milieu ouvert.
Il se déplace moins que le triton alpestre (il s'éloigne rarement à plus de quelques centaines de mètres d'une mare), ce qui le rend plus vulnérable que ce dernier à la fragmentation des habitats potentiels.
On le trouve jusqu'à quelques centaines de mètres d'altitude (il semble préférer les altitudes basses).

Description

Il ressemble à un petit lézard, de 7 à 10 cm de long, muni d'une queue aplatie latéralement. La peau est toujours lisse. Des replis cutanés donnent au tronc une allure quadrangulaire. La tête couverte de rangées de pores bien visibles, est plus longue que large, avec un museau assez allongé et cinq à sept bandes longitudinales sombres. Sa gorge est souvent tachetée et a un aspect « sale ». Son ventre est orangé sur la partie centrale et blanchâtre-jaunâtre sur les côtés, ponctué de petites ou grandes taches noires circulaires.

En phase aquatique
Le mâle adulte a une haute et continue crête dorsale et caudale ondulée de couleur jaunâtre à brunâtre. Le bas de la queue présente des tons bleus et orange. Les orteils sont frangés de replis de peau. Le cloaque* est globuleux et lisse.
La femelle n'a ni crête, ni franges aux orteils et le bas de sa queue est orangé sans nuance bleutée. Sa face ventrale est plus terne et comporte des taches plus petites que le mâle. De même, sa face dorsale est moins tachetée. Le cloaque est étroit et strié. Elle est un peu plus petite que le mâle.

En phase terrestre
La crête disparaît et devient presque impossible à voir. La peau reste lisse et devient imperméable.

Espèces ressemblantes

Ichthyosaura alpestris (Laurenti, 1768) triton alpestre : de même taille mais plus massif, le dos est généralement de couleur gris bleu (plus foncé), le ventre et la gorge sont orange sans taches.

Lissotriton helveticus (Razoumovsky, 1789) triton palmé : plus petit, le principal critère de distinction est la gorge généralement non tachetée chez le triton palmé. En période de reproduction, le mâle triton palmé affiche des pattes postérieures palmées et un court (5 à 9 mm) filament au bout de la queue. La femelle triton palmé est plutôt beige-vert avec une robe plus unie, et sa silhouette est plus mince. Le juvénile triton palmé a une bande dorsale commençant au niveau du cou et s'étendant jusqu'à la queue alors qu'elle commence souvent au début de la tête et finit au milieu du tronc chez le triton ponctué.
Remarque : des hybridations entre les deux espèces sont possibles, mais restent exceptionnelles.

Triturus cristatus (Laurenti, 1768) triton crêté : plus grand (jusqu'à 16 cm pour la femelle) et plus massif, le dos est généralement de couleur brun noir (plus foncé), la face ventrale est jaune orange et ponctuée de taches noires.

Alimentation

En phase aquatique, les adultes se nourrissent de crustacés (cladocères, copépodes, ostracodes), de larves d'insectes, d'isopodes, d'hémiptères, de coléoptères, de vers oligochètes, mais aussi d'œufs d'amphibiens et de têtards de grenouille. Ils sont également connus pour présenter des tendances cannibales.
En phase terrestre, les adultes et les juvéniles chassent gastéropodes, petits insectes et larves.
Les larves mangent des invertébrés : cladocères, copépodes, ostracodes et larves d'insectes.

Reproduction - Multiplication

En fin d'hiver, lorsque les températures deviennent positives et de préférence lorsque les nuits sont humides, commence la migration vers les points d'eau. Elle se déroule de février à mai. Plus d'un mois peut séparer les premiers arrivants des derniers sur un même site.
Les distances parcourues lors de la migration vont généralement de quelques mètres à quelques centaines de mètres. Cependant, la colonisation rapide de nouveaux sites isolés suggère qu'il peut parfois parcourir des distances plus importantes et changer de lieu de reproduction.
Il passe la période de reproduction dans l'eau (jusqu'en juin).
Le mâle arbore les caractéristiques nuptiales de l'espèce :une haute et continue crête dorsale et caudale ondulée de couleur jaunâtre à brunâtre. Le bas de la queue présente des tons bleus et orange. Les orteils sont frangés de replis de peau. Le cloaque est globuleux et lisse. Il entame la parade nuptiale caractéristique des tritons : il marque son territoire en frottant plusieurs endroits avec son cloaque, une femelle en état de se reproduire flaire ces points, il se place devant et perpendiculairement à la femelle, ramène sa queue vers sa tête et la fait vibrer. Par ces mouvements, il diffuse vers la femelle des phéromones* sécrétées par ses glandes dorsales et cloacales. Si la femelle l'accepte, elle s'approche de lui. Il lui tourne alors le dos et elle le suit. Quand elle flaire le cloaque élargi du mâle, il dépose un spermatophore* sur le substrat. La femelle se place au dessus du spermatophore et le mâle l'aide à ajuster sa position de manière à ce qu'elle puisse le prendre dans son cloaque. La fécondation est interne (les spermatozoïdes remontent vers la spermathèque*).
Si un point d'eau temporaire sèche, ils peuvent s'accoupler une deuxième fois. Les tritons ne chantent pas lors de la période de reproduction.
La femelle pond pendant plusieurs semaines entre 100 et 300 œufs. Ces œufs sont pondus individuellement et le plus souvent enveloppés dans le repli d'une feuille de plante aquatique. Ils mesurent environ 1,3 à 1,8 mm de diamètre (un peu plus d'un millimètre lors de la ponte, mais davantage au fur et à mesure de leur développement). Ils sont marron clair et translucides.
Les larves (on ne parle pas de "têtards", ce terme étant réservés aux anoures) éclosent au bout de 2 à 3 semaines. Longues de 6 à 10 mm au moment de l'éclosion, elles atteindront 40 mm après 6 à 9 semaines. Elles sont strictement aquatiques, les branchies sont externes et brun-rouge, le corps et la queue sont pourvus d'une crête continue, le corps est au moins aussi long que la très longue queuequi se termine en pointe (pas de filament), la couleur est brun doré à orangée au-dessus et jaune pâle en-dessous. Elles acquièrent au cours de leur développement les poumons qui permettront aux adultes de vivre sur la terre ferme. Elles se métamorphosent en septembre-octobre.
Les jeunes tritons mesurent entre 30 et 40 mm de long et recherchent des abris (pierres, souches) situés à proximité du lieu de naissance. Ils atteignent leur maturité sexuelle au bout de deux à trois ans. Remarque : dans les régions plus froides, les larves passent souvent l'hiver dans l'eau et se métamorphosent l'année suivante.

Remarque : on observe parfois des migrations automnales vers les plans d'eau.

Vie associée

Lissotriton vulgaris est la proie de nombreux animaux :
- au stade larvaire : grand dytique, dytique bordé, larves de libellules, mais aussi des poissons comme la truite, la perche et l'épinoche ;
- adulte : rapaces diurnes ou nocturnes, hérons, mammifères comme le blaireau ou le renard, reptiles, etc.

Il évite la plupart des pêcheries ainsi que les étangs où abondent des poissons de grande taille. Cependant, il peut y subsister et se reproduire s'il y a des zones refuges (zones où la végétation est abondante).

Divers biologie

Le triton ponctué respire grâce à des poumons et non des branchies. Il doit donc remonter à la surface pour respirer.
Il peut vivre une dizaine d'années (maximum 20 ans).
Il est principalement actif de nuit.
Le triton ponctué est un très bon nageur.
Quand il est manipulé, il peut émettre un cri de détresse. Il est très craintif.
Il semble moins sensible à la pollution que les autres espèces de triton.

Informations complémentaires

Des Lissotriton vulgaris ont été envoyés dans l'espace pour des études portant sur leurs capacités de régénération ainsi que sur la reproduction en apesanteur et sur les étapes de développement dans ces conditions.

Statuts de conservation et réglementations diverses

International :
Convention de Berne : Annexe III
De portée nationale :
Amphibiens et Reptiles protégés : Article 3
Belgique :
Partiellement protégé en Wallonie par le décret dit "Natura 2000" du 6 décembre 2001 (espèce de l'annexe II) ;
Entièrement protégé à Bruxelles (Ordonnance du 27 avril 1995) ;
Entièrement protégé en Flandre (Arrêté royal du 22 septembre 1980).

Origine des noms

Origine du nom français

Triton : du grec [triton],
ponctué : en allusion aux nombreuses taches sombres qui ponctuent son corps.

Origine du nom scientifique

Lissotriton : du grec [lisso-] = lisse, luisant et de [Triton] = dieu grec fils de Poséidon, triton lisse.
vulgaris : du latin [vulgaris ] = commun
Triturus : de [Triton] = dieu grec fils de Poséidon et du grec [oura] = queue.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Classe Amphibia Amphibiens Vertébrés tétrapodes caractérisés par deux stades distincts : un stade larvaire aquatique et un stade adulte en partie terrestre. Quelques formes tropicales apodes.
Ordre Caudata Urodèles Amphibiens dont la queue ne disparaît pas après la métamorphose. Ce sont les tritons et les salamandres.
Famille Salamandridae Salamandridés
Genre Lissotriton
Espèce vulgaris

Nos partenaires