Crabe-arlequin

Lissocarcinus laevis | Miers, 1886

N° 3634

Indo-Pacifique

Clé d'identification

Crabe lisse et glabre associé aux cnidaires
Carapace très convexe plus large que longue mesurant jusqu'à 4 cm de largeur
Motifs blancs et rouge brun symétriques ornant la carapace et les chélipèdes
Yeux blancs traversés par un fin trait brun horizontal
Antennes et zone buccale présentant une coloration jaune plus ou moins vive et étendue
Pattes ambulatoires grêles et translucides, la paire postérieure se terminant par un segment natatoire aplati

Noms

Autres noms communs français

Crabe nageur arlequin, crabe-arlequin des anémones

Noms communs internationaux

Harlequin crab, harlequin swimming crab, harlequin anemone crab, swimmer crab (GB), Zylinderrosen-Schwimmkrabbe (D)

Distribution géographique

Indo-Pacifique

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique

Le crabe-arlequin est présent dans la partie ouest de l'océan Pacifique, incluant les eaux françaises de Polynésie et de Nouvelle-Calédonie. Ce territoire s'étend depuis le Japon au nord jusqu'à l'Australie au sud, et comprend notamment l'Indonésie, les Philippines, ainsi que l'ensemble des îles de Mélanésie, Micronésie et Polynésie.

Dans l'océan Indien, sa présence est mentionnée en Afrique du Sud, à Madagascar, à Djibouti, en Iran, en Inde, aux Maldives, au Sri Lanka et dans la partie ouest de l'Australie.

Biotope

Le crabe-arlequin vit sur les fonds sableux ou vaseux, en association avec différentes espèces de cérianthes, d'anémones de mer et avec des coraux. Un exemplaire aurait même été trouvé sur une méduse du genre Cassiopeia. Si la profondeur maximale parfois mentionnée avoisine 80 m, certaines données indiquent que des exemplaires auraient été trouvés à des profondeurs supérieures à 100 m.

Description

Le crabe-arlequin est un crabe lisse et glabre dont la carapace très convexe est plus large que longue. Il peut mesurer jusqu'à environ 4 cm de large. Le front comporte deux lobes assez sinueux. Les bords antérolatéraux* de la carapace comportent cinq dents émoussées, la première et la cinquième étant moins larges que les trois autres de forme assez semblable.

Le méropodite* des chélipèdes* (pattes comportant les pinces) est dépourvu d'épines et de dents. Le carpopodite* comporte une forte épine sur son bord interne. Le propodite* (segment terminal comprenant la partie fixe de la pince) est entièrement lisse, à l'exception du bord interne de la face supérieure légèrement côtelée.

Ce qui fait la particularité de ce crabe et le rend facilement reconnaissable, ce sont les motifs blancs et rouge brun symétriques qui ornent sa carapace et ses chélipèdes. La couleur de fond de la carapace est rouge brun. Le front comporte une large bande blanche se prolongeant par une tâche blanche à l'arrière du céphalothorax*. Deux autres bandes symétriques blanches encadrent ce premier motif central en partant de chaque œil, là encore prolongée chacune par une tache blanche dans la partie arrière de la carapace. Les bords antérolatéraux sont également marqués par une succession de taches blanches. Les pinces comportent une alternance de taches blanches et rouge brun, leur extrémité étant blanche. Les yeux sont blancs et parcourus d'un fin trait brun horizontal.

L'abdomen* est de couleur rouge brun délavé. Les antennes* et la zone buccale présentent une coloration jaune plus ou moins vive et étendue, ainsi que deux taches en forme de larme semblant couler depuis chaque œil sur la face ventrale de la carapace.

A l'exception des chélipèdes, les autres péréiopodes* (pattes ambulatoires*) sont grêles et translucides. La paire de péréiopodes postérieurs est adaptée à la nage, grâce à un dactylopodite* (segment terminal) natatoire aplati. Toutefois, le mode de vie adopté par l'animal semble lui faire employer cette prédisposition naturelle à d'autres fins, comme probablement celle de se mouvoir sur les organismes auxquels il est associé.

Chez les jeunes individus, la teinte rouge brun de la carapace de l'adulte est remplacée par une teinte gris clair.

Espèces ressemblantes

Le crabe-arlequin Lissocarcinus laevis peut être confondu avec d'autres représentants du genre Lissocarcinus. Parmi eux, on peut citer le crabe-arlequin des holothuries Lissocarcinus orbicularis qui présente une morphologie et des livrées proches de celles de L. laevis. Toutefois, les taches présentes sur la carapace, plus arrondie vue de dessus, sont généralement plus nombreuses et plus petites. Les pattes ambulatoires*, translucides chez L. laevis, sont striées d'une alternance de bandes rouges et blanches chez L. orbicularis. Et surtout, cette dernière espèce est associée aux holothuries et non aux cnidaires.

Une autre espèce proche visuellement et vivant elle aussi en association avec les holothuries est Lissocarcinus holothuricola. Cette dernière, génétiquement proche de L. orbicularis, s'en distingue par une carapace comportant des reliefs bien marqués au niveau des lignes transversales épibranchiale et mésogastrique.

Alimentation

Le crabe-arlequin se nourrit de petits invertébrés et de zooplancton*. Malgré le manque d'études menées sur ce sujet et même si cela reste à prouver, certains scientifiques pensent qu'il pourrait se nourrir des parasites de son hôte, voire de l'hôte lui-même.

Reproduction - Multiplication

Une étude menée en laboratoire depuis les premiers stades de développement des crabes jusqu'à la production des œufs par les femelles (6 stades de développement pour une durée totale légèrement inférieure à 3 mois environ) a montré l'apparition d'un dimorphisme* sexuel à partir du troisième stade, soit au bout de 15 jours environ.

L'accouplement a lieu durant le cinquième stade soit à la fin du deuxième mois de développement, conduisant à la présence d'œufs au cours du troisième mois. Il se produit pendant la mue*, le mâle maintenant fermement la femelle au-dessous de lui avec ses pattes arrière en attendant le moment propice pour féconder la femelle. Il dure entre 2 et 3 minutes et les œufs apparaissent généralement 2 à 4 jours plus tard. La fécondation* est interne. La ponte visible sur la face ventrale de la femelle est d'abord de couleur orange puis devient progressivement marron foncé et enfin gris foncé au bout de 8 à 9 jours. L'éclosion intervient entre 10 et 12 jours après l'apparition des œufs.

De manière générique chez les malacostracés (crustacés dits "supérieurs" dont font partie les décapodes), les larves* sont libérées sous la forme d'une phase zoé* comportant plusieurs stades (le stade nauplius* se produit ici de façon interne au stade embryonnaire), avant de passer à une phase post-larvaire dite mégalope* (caractérisée par des yeux énormes). C'est lors de cette dernière phase que les crabes abandonnent leur vie pélagique* pour devenir des juvéniles puis des crabes adultes.

Vie associée

Le crabe-arlequin vit en association avec certains cnidaires tels des anémones de mer, des cérianthes et des coraux. La nature précise de cette association, commensale* ou symbiotique*, semble faire débat puisque s'il est certain que le crabe trouve protection au sein des tentacules urticants de ces espèces, le fait qu'il les déparasite voire s'en nourrisse demeure à notre connaissance au stade d'hypothèse faute d'études plus poussées.

Informations complémentaires

L'objet de cette fiche consistant à fournir des clés d'identification pratiques, nous ne rentrons pas ici dans le détail de la phylogénie* de l'espèce. On peut toutefois noter que les études les plus récentes font état non pas d'une, mais de quatre espèces correspondant à Lissocarcinus laevis sensu lato* ("sensu lato" signifie que l'on parle de l'espèce "au sens large").

La majeure partie des illustrations de la fiche pourrait correspondre à la variante "L. aff. laevis sp. nov. A" (Cf. article Evans N.M., 2016 cité dans les références) qui semble la plus couramment rencontrée et photographiée par les plongeurs.

Il est possible que la très large distribution géographique mentionnée pour L. laevis sensu lato soit liée au fait que ces différentes variantes du crabe-arlequin se répartissent dans le bassin Indo-Pacifique sans pour autant occuper chacune l'intégralité de la zone.

Origine des noms

Origine du nom français

Crabe-arlequin : en référence aux motifs colorés et géométriques de l'animal, rappelant ceux du costume porté par le célèbre personnage de comédie italienne dont le costume est constitué d'un patchwork de pièces de diverses couleurs.

Origine du nom scientifique

Lissorcarcinus : du grec [lisso] = lisse, luisant (probablement en raison de la texture de sa carapace) et [karkinos] = crabe.

laevis : du latin [laevis] = lisse (fait doublon avec le nom de genre, peut-être pour en accentuer le côté luisant ?).

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 208764

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Arthropoda Arthropodes Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette.
Classe Malacostraca Malacostracés 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen.
Ordre Decapoda Décapodes La plupart marins et benthiques. Yeux composés pédonculés. Les segments thoraciques sont fusionnés avec la tête pour former le céphalothorax. La première paire de péréiopodes est transformée en pinces.  Cinq paires d'appendices locomoteurs (pinces comprises).
Famille Portunidae Portunidés

Bord antéro-latéral de la carapace avec 9 dents , la dent postérieure souvent beaucoup plus longue que les autres ; front avec le plus souvent 4, 6 ou 8 dents ou lobes ; carapace hexagonale nettement plus large que longue ; dernière paire de pattes aplatie adaptée à la nage et à l'enfouissement rapide ; crabes les plus souvent tropicaux, épineux et très vifs.

Genre Lissocarcinus
Espèce laevis

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