Caraïbes, Indo-pacifique tropical et subtropical
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ● CaraïbesIl s'agit d'un espèce commune du Pacifique tropical et subtropical, et de l'Atlantique tropical.
Cette méduse affectionne les eaux chaudes tropicales. On la trouvera juste sous la surface et dans les premiers mètres.
Linuche unguiculata est une petite scyphoméduse de 1,7 cm de diamètre maximum pour une hauteur de 2,5 cm. Semblable à un dé à coudre, elle présente un ectoderme transparent moucheté de nombreuses et minuscules verrues et un endoderme teinté de brun. L'ombrelle est divisée en deux parties par un sillon transversal, caractéristique des scyphozoaires coronates. Ce sillon est peu profond et se situe au sommet de l'ombrelle. Seize échancrures divisent l'ombrelle en autant de lobes: cette méduse ressemble à un minuscule "baba au rhum". A l'aisselle de chaque lobe alternent huit petits tentacules et huit rhopalies*.
Ces méduses sont d'actives nageuses qui se contractent une à deux fois par seconde. Elles forment le plus souvent d'immenses bancs.
Cette méduse caractéristique ne peut en principe être confondue avec une autre.
Les tentacules de cette méduse, garnis de cnidocytes, permettent de capturer le zooplancton environnant, essentiellement des petits crustacés comme les copépodes, mais aussi des larves de mollusques et des foraminifères. Les minuscules verrues qui parsèment l'ombrelle contiendraient également des cellules urticantes.
La symbiose avec les zooxanthelles procure à la méduse un apport supplémentaire en matière organique.
Les sexes sont séparés. Après émission des gamètes* dans l'eau par les méduses mâles et femelles, la fécondation donne une larve planula qui mène une vie pélagique pendant 3 à 4 semaines avant de tomber sur le fond et de se développer en une colonie de nombreux polypes non ramifiés. Ces polypes, très petits, vivent fixés aux rochers ou sur les coraux. Après strobilisation*, ils libèrent chacun de manière asexuée jusqu'à une quarantaine de minuscules éphyrules*.
La phase asexuée du cycle de reproduction de la linuche débute la nuit qui suit la troisième pleine lune chaque année et se poursuit jusqu'à la fin de l'été.
Les tissus des linuches sont presque systématiquement colonisés par des zooxanthelles, des algues unicellulaires, qui confèrent alors à la méduse une teinte brune. Cette association est symbiotique.
La larve de cette méduse ainsi que la jeune méduse sont beaucoup plus urticantes que l'adulte. Le contact avec les tentacules provoque une éruption cutanée importante appelée "seabather's eruption", mot-à-mot l'éruption du baigneur. Elle se manifeste par une sensation de brûlure et l'apparition de cloques rouges accompagnées d'importantes démangeaisons qui peuvent persister une dizaine de jours. En anglais d'ailleurs, cette méduse est aussi appelée "sea lice" (poux de mer). Cette irritation reste bénigne. Toutefois la brûlure peut être très vive si la larve ou la jeune méduse est piégée sous un vêtement. Certains cas isolés font état de dermatites sévères et de lésions cutanées. Une baignade dans un nuage de linuches peut aller jusqu'à provoquer un choc anaphylactique chez les personnes les plus sensibles. Le contact avec la méduse peut aussi provoquer des maux de têtes, des nausées et des vomissements, ainsi que de la fièvre. Tous ces symptômes sont amplifiés chez les jeunes enfants.
Il n'existe aucun antivenin. Il ne faut surtout pas frotter ! Les capsules urticantes (cnidocystes), avant d'être retirées, doivent être désactivées en versant deux litres de vinaigre sur la partie du corps brûlée, pendant au moins 30 secondes. On peut ensuite rincer à l'eau de mer, et appliquer une crème antihistaminique.
Ces méduses peuvent former des bancs de plusieurs centaines de milliers d'individus ! Ces bancs peuvent atteindre plusieurs mètres d'épaisseur, et s'étendre sur 300 kilomètres. La surface de la mer n'est alors plus visible par le plongeur ! Le nuage de linuches est tel que les rayons du soleil ne passent plus. Pour le plongeur, c'est la nuit en plein jour (voir les photographies) !
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
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Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Sous-embranchement | Medusozoa | Médusozoaires | Cnidaires présentant une phase méduse acraspède (le plus souvent libre et pélagique) dans leur cycle de reproduction. Scyphoméduses, cuboméduses et stauroméduses. |
Classe | Scyphozoa | Scyphozoaires | Méduses vraies (ou acraspèdes). Phase polype réduite à absente. Le plus souvent strobilisation du polype (de petite taille) pour produire des méduses pouvant atteindre une grande taille. Cavité gastrale cloisonnée en quatre. |
Ordre | Coronatae | Coronates | Scyphoméduses présentant un sillon coronal qui divise l'ombrelle en deux. La plupart en eau profonde. |
Famille | Linuchidae | Linuchidés | |
Genre | Linuche | ||
Espèce | unguiculata |
Un petit dé à coudre...
La linuche ressemble à un petit dé à coudre brun. Observez à droite la partie supérieure de l'ombrelle, séparée du reste de la méduse par un fin sillon transversal. Les minuscules verrues qui parsèment l'ectoderme sont bien visibles. L'endoderme est teinté de brun. En jaune, les gonades. On distingue également les échancrures qui divisent l'ombrelle, ainsi qu'un petit tentacule en haut à gauche.
Cozumel, Mexique, 3 m
04/2005
Bouche et cavité sous-ombrellaire
La cavité sous-ombrellaire laisse apparaître la bouche centrale, en blanc. On distingue également les petits tentacules.
Cozumel, Mexique, 3 m
04/2005
Fin de plongée
Les plongeurs recherchent un endroit dégagé pour faire surface.
Cozumel, Mexique, 4 m
17/04/2005
En banc
Un nuage assez dense de linuches dérivent sous la surface. Ces actives nageuses contractent leur ombrelle une à deux fois par seconde, et toutes en même temps ; cela donne un spectacle assez insolite...
Cozumel, Mexique, 2 m
04/2005
La nuit en plein jour...
Un nuage énorme de Linuche. Par endroit la surface n'était plus visible et les rayons du soleil ne passaient plus tant la densité de méduses était importante. Vues du bateau ces méduses formaient d'énormes masses sombres sous la surface.
Cozumel, Mexique, 5 m
04/2005
"Seabather's eruption"
Le contact avec les larves ou les jeunes linuches peut provoquer des brûlures et des démangeaisons. Ici le visage d'une plongeuse présente des rougeurs et des petites cloques qui peuvent persister quelques heures voire plusieurs jours. Ces symptômes classiques sont très connus outre Atlantique sous le nom de "seabather's eruption".
Cozumel, Mexique, sur le bateau
04/2005
Prédation
Une belle scyphoméduse a capturé quelques linuches, agglomérées ici sur ses bras buccaux. Il ne lui faut pas un gros effort pour trouver sa nourriture, tant le nombre de linuches est important.
Cozumel, Mexique, 4 m
16/04/2005
Photo artistique
Un snorkeler s'aventure dans un petit banc de linuches...
Ilôt de Serranilla bank (Colombie), 1 m
03/1998
Rédacteur principal : Frédéric ZIEMSKI
Vérificateur : Vincent MARAN
Correcteur : Jacqueline GOY
Responsable régional : Frédéric ZIEMSKI