Couleur jaune à orangée
Bras de section cylindrique constante
Nombre et longueur des bras variables
2 séries de taches (plaques poreuses) alignées sur les côtés des bras
Etoile de mer jaune, étoile de mer de Guilding
Common comet star, yellow starfish (GB), Gelber Rundarmstern (D), Estrella de mar amarilla (E), Stella gialla (I)
Linckia guildingii (Gray, 1840)
Ophidiaster diplax Müller & Troschel, 1842
Espèce circumtropicale, sauf côtes ouest-américaines
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge], ● CaraïbesL'étoile-comète de Floride est extrêmement commune dans les Caraïbes, de la Floride et des Bahamas aux côtes du Brésil.
Elle est signalée également dans le centre Atlantique : des Canaries, Cap Vert, à l'île Ascension et Sainte Hélène.
Elle est très généralement répandue dans tout l'Indo-Pacifique, sans toutefois y être aussi commune qu'aux Antilles :
- océan Indien (canal du Mozambique, Afrique de l'Est jusqu'en Somalie, Madagascar et Mascareignes, mer Rouge, Maldives)
- toutes les côtes asiatiques, du golfe Persique jusqu'à l'Asie du sud-est et au Japon, incluant l'Indonésie, les Philippines,
- Pacifique : Australie, Nouvelle-Calédonie, jusqu'à Hawaii.
Elle se trouve couramment dans les profondeurs accessibles aux plongeurs, de 1 à 40 m. Des spécimens ont été récoltés par dragage jusqu'à 300 m.
Elle préfère les zones accidentées, avec des roches et des fragments de récifs où elle peut se cacher.
C'est une grande étoile de mer aux longs bras, avec un disque central proportionnellement très petit, à peine marqué. En fait il n'est défini que par la zone de jonction des bras. Il porte parfois jusqu'à 2 ou 3 plaques madréporiques, il arrive même qu'il y en ait une supplémentaire au milieu d'un bras. Tout l'épiderme est couvert de fines granulations calcaires.
Les bras sont cylindriques, de diamètre quasi constant sur toute leur longueur, avec à peine un léger étranglement à la jonction du disque et une extrémité arrondie. Leur section est circulaire, sans aplatissement ni marge épineuse du côté inférieur. Les bras peuvent faire jusqu'à une vingtaine de centimètres mais ils sont souvent de longueurs inégales, suite à des épisodes de régénération (cf. § Reproduction). Il y a normalement 5 bras mais leur nombre varie de 1 (stade comète) à 6 ou 7.
La couleur peut être jaune, beige, rose, rougeâtre assez uniforme avec parfois, chez les juvéniles, des taches irrégulières plus sombres.
Vus du dessus, les bras sont parsemés de taches arrondies, en relief, qui correspondent à des plaques poreuses. A travers les pores passent les papules* (petits appendices en doigt de gant à fonction respiratoire). Les plaques de papules sont dispersées sans ordre à la surface du tégument, sauf sur la face latérale des bras où elles forment deux séries bien alignées et superposées de chaque côté. La face inférieure des bras, dépourvue de plaques, est creusée d'un sillon étroit, l'ambulacre, qui abrite les rangées de podia* rarement visibles.
Dans l'Atlantique Est :
Ophidiaster guildingi Gray, 1840. Plus petite (de l'ordre de 8-10 centimètres), souvent tachetée, elle présente autour des sillons ambulacraires de vraies épines et non des boutons arrondis comme Linckia guildingi. Vue du dessus, l'alignement des plaques squelettiques donne aux bras un aspect caréné, et non lisse et rond comme pour l'étoile-comète.
Copidaster lymani Clark, 1948, vue du dessus, a la même silhouette que l'étoile-comète : de longs bras quasi-cylindriques, légèrement plus minces à la jonction avec le disque central, et une coloration orangée ou rougeâtre marquée de taches irrégulières plus sombres. Mais il suffit de la retourner pour voir une série de longues épines autour du sillon ambulacraire, d'autre part sa plaque madréporique est toujours d'un blanc bien visible.
Dans l'Atlantique centre et Ouest (Canaries, Açores) :
On pourrait la confondre avec la rare étoile aux longs bras Chaetaster longipes, mais celle-ci a des bras fins, effilés, et vit normalement en profondeur sur le plateau continental.
Dans l'Indo-Pacifique :
Elle ressemble beaucoup à Linckia laevigata si ce n'est la couleur bleue de cette dernière, mais il arrive que Linckia laevigata ne soit pas uniformément bleue (elle peut être aussi beige ou rosâtre surtout à la face inférieure).
D’une façon générale, Linckia laevigata est plus « belle » : 5 bras de taille bien régulière, une seule plaque madréporique, couleur uniforme. Mais dans le cas d’une comète, on ne peut être sûr de l’identification qu’après examen des plaques squelettiques de la face inférieure des bras :
- chez L. laevigata : le sillon ambulacraire*, à la face inférieure du bras, est cerné de chaque côté, de l'extérieur vers l'intérieur, par une rangée de petits boutons ou tubercules, un espace et une rangée d’épines courtes, émoussées, espacées. La régularité de la disposition donne au sillon ambulacraire un aspect de fermeture Eclair zippée.
- chez L. guildingi, le sillon ambulacraire est cerné de chaque côté par deux rangées d’épines courtes ou tubercules, très rapprochées mais légèrement décalées, ce qui donne un motif en « arête de poisson ».
Les juvéniles, de petite taille, souvent tachetés, et vivant cachés dans des crevasses, peuvent être confondus avec Linckia multifora d'aspect et de mœurs similaires. Celle-ci a des bras non pas cylindriques mais se rétrécissant vers leur extrémité.
L'étoile-comète n'est pas un prédateur, mais un paisible brouteur. Elle est souvent mollement étalée sur le substrat, ses longs bras étendus dans une attitude qui semble indolente ; en réalité elle exploite ainsi le maximum de surface. C'est un déposivore* : elle se nourrit en ingérant le film de matières organiques, débris et micro-algues qui se développent à la surface du substrat. Les podia répartis tout le long des bras collectent ces éléments et les ramènent dans la gouttière ventrale.
A l'intérieur de chaque bras se trouve une extension des glandes à fonction digestive et/ou excrétrice. En fait, étant donné la faible proportion du disque central par rapport à la taille de l'animal, c'est dans les bras que se trouve la plus grande partie de ces organes. Chez les Linckia, l'absorption de nourriture se faisant en grande partie directement par les bras et non par la bouche, ils peuvent ainsi assurer assez vite leur quasi-indépendance en cas de séparation.
Les Linckia en général, et guildingi ne fait pas exception, ont la capacité de reconstituer une étoile complète par régénération à partir d'un seul bras, soit après une amputation accidentelle soit après autotomie* spontanée. Les nouveaux bras repoussent le long de la cicatrice, côté bras détaché et côté étoile amputée.
Selon les hasards et le succès plus ou moins grand de cette régénération, on peut trouver des étoiles à un, deux, trois… jusqu'à 7 bras.
C'est leur mode de multiplication favori et elles sont capables de le faire à tout âge, c'est même très fréquent chez les jeunes individus qui mènent une vie cryptique*.
Par contre la reproduction sexuée est réservée aux grands individus matures. Malgré la vaste répartition de cette espèce, on ne sait pas grand-chose sur ce mode de reproduction.
Dans l'Indo-Pacifique, elle a les mêmes commensaux que Linckia laevigata : la crevette Zenopontonia soror, le gastéropode Thyca cristallina, s'installent sur la face orale de ses bras et profitent de la nourriture collectée. Elle peut être la proie de la crevette-arlequin Hymenocera picta.
Partout en zone tropicale elle peut être consommée par les prédateurs opportunistes : tritons, balistes, tortues, poissons-lunes, vers de feu... Sa seule défense semble être de se cacher, et d'abandonner un bras au prédateur en cas d'attaque.
Etoile-comète, à cause de la particularité commune aux espèces du genre Linckia de reconstituer un individu entier à partir d'un bras détaché. Les 4 nouveaux petits bras qui repoussent donnent à l'étoile une allure de comète dont la queue serait le grand bras d'origine.
De Floride : car elle est très commune dans cette zone géographique, bien qu'elle se rencontre presque partout sous les tropiques.
Deux noms propres sont à l'origine du nom de cette étoile :
Linckia : dédié à J.H. Linck, 1674-1734, (ou son fils qui portait le même nom), pharmacien à Leipzig, auteur en 1733 d'un des premiers ouvrages sur les étoiles de mer : "De Stellis Marinis Liber Singularis".
guildingi : en hommage au Révérend L. Guilding (1797-1831), natif de St Vincent dans les Grenadines. Il a publié divers ouvrages sur les crustacés, mollusques et échinodermes des Antilles.
Numéro d'entrée WoRMS : 178188
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Echinodermata | Echinodermes | Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement. |
Sous-embranchement | Asterozoa | Astérozoaires | Echinodermes de forme étoilée. Les bras, simples et parfois absents, sont en nombre variable, et contiennent des organes. |
Classe | Asteroidea | Astérides | Organismes en forme d’étoile, libres. 5 à 50 bras, squelette réduit, estomac dévaginable. Ce sont les étoiles de mer. |
Ordre | Valvatida | Valvatides | Etoiles de mer à 5 bras arrondis et souples. Papules* respiratoires réparties sur la face dorsale. |
Famille | Ophidiasteridae | Ophidiastéridés | Surface couverte de granules fins et rapprochés, disque très petit, bras grands et allongés. |
Genre | Linckia | ||
Espèce | guildingi |
Mollement étalée
Par très petit fond, cette étoile de grande taille se prélasse au soleil, dans la verdure...
Anse Caritan, Martinique, 1 m
06/12/2010
Face ventrale
Cette étoile retournée sur le dos nous permet de voir distinctement les deux séries de boutons ou tubercules étroitement serrés, de part et d'autre du sillon ambulacraire. Là où le sillon n'est pas encore refermé on voit sortir l'extrémité des podia* (ou pieds ambulacraires).
Anse Trabaud, Sud Martinique
Romain (OCEANvironnement) FERRY
09/11/2008
Comète à 1 bras...
Même dès leur plus jeune âge, les étoiles-comètes s'adonnent aux joies de la multiplication asexuée et dispersent des petits bras partout. Celui-ci se cachait sous le test d'un dollar de sable (oursin plat). On voit déjà les petits boutons roses, bourgeons des futurs bras de remplacement, qui donneront une grande étoile.
Grande Anse d'Arlet, Martinique, 8 m
08/12/2010
Un grand bras tout seul
Même quand on est un gros bras, il peut être dangereux de se promener tout seul la nuit ! Les vers de feu (Hermodice carunculata) sont des prédateurs voraces et aussi des charognards capables d'attaquer n'importe quel animal ou fragment d'animal en difficulté.
Pointe Burgos, Martinique, de nuit
Romain (OCEANvironnement) FERRY
02/01/2009
Autotomie et autonomie
S'il échappe aux prédateurs, le bras séparé est parfaitement capable de se nourrir, de se déplacer et même de se retourner tout seul ! C'est ce que vient de réaliser celui-ci.
La Sirène, Martinique
Romain (OCEANvironnement) FERRY
17/10/2008
ça repousse !
1 gros bras, 3 petits bras, un disque, un anus et une plaque madréporique... plus une bouche non visible de ce côté : tout pour être une étoile heureuse !
Pointe des Nègres, Martinique (972), 3 m
12/06/2009
Comète à 4 bras... et demi !
La section nette du 5ème bras laisse supposer qu'il s'agit d'un accident récent, et non d'une repousse encore incomplète.
Port-Louis, Guadeloupe, 17 m
25/04/2009
Comète à 5 bras
La belle forme régulière de cette étoile laisse imaginer une vie sans histoire.
Pointe d'Antigues, Guadeloupe
03/12/2009
Comète à 6 bras.. qui dit mieux ?
6 bras... et 2 plaques madréporiques !
Ici la forme est régulière, les 6 bras ont quasiment atteint le même développement.
Pointe d'Antigues (Guadeloupe)
04/12/2009
Une main
Toujours 6 bras... mais ici un vieux bras a donné naissance à 5 petits nouveaux !
L'index du photographe donne l'échelle.
Anses d'Arlet, Martinique, 10 m
Romain (OCEANvironnement) FERRY
28/05/2010
Quelle étoile ?
Cette étoile à 4 bras photographiée dans l'océan Indien pourrait être Linckia guildingi, mais il est bien difficile d'en être sûr sans examiner les plaques squelettiques autour du sillon ambulacraire.
Aliwal Shoal, Afrique du Sud
22/06/2009
Deux Linckia
A gauche : face inférieure d'un bras de Linckia guildingi (orangé). De chaque côté du sillon ambulacraire, les boutons sont serrés, sans espace intermédiaire, en deux rangées imbriquées.
A droite : bras de Linckia laevigata (en bleu). Le sillon ambulacraire est cerné par deux lignes de protubérances largement espacées de chaque côté.
Martinique / Sulawesi
2011
Rédacteur principal : Anne PROUZET
Vérificateur : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Anne PROUZET
Clark A.M., Rowe F.W.E., 1971, MONOGRAPH OF SHALLOW-WATER INDO-WEST PACIFIC ECHINODERMS, Trustees of the British Museum (Natural History), London, 238p.
Downey M.E., 1973, Starfishes from the Caribbean and the Gulf of Mexico, Smithsonian Contributions to Zoology, 126, 1-158.
La page de Linckia guildingi dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN