Mysis de Van Beneden

Clé d'identification

Noms

Distribution géographique

Europe (eaux douces et saumâtres)

Cette espèce est originaire de la région ponto-caspienne : mer Noire, mer Caspienne, mer d'Azov et bas des fleuves qui s'y jettent.
En Europe, on la trouve dans les eaux douces et saumâtres de la France à la mer Caspienne, au nord des Alpes et des Pyrénées (absente de l'Irlande, du Royaume-Uni, de l'Espagne, de l'Italie, de la Grèce, de l'Albanie, de la Serbie, de la Slovénie et de la Croatie).
En France, elle est présente dans le Rhin, l'Escaut, la Meuse, la Loire et le Rhône ainsi qu'en Île-de-France (lac de Viry-Châtillon, étangs de Cergy-Pontoise). Elle est absente de la Corse.
Elle est présente un peu partout dans les cours d'eau belges.

Biotope

C'est une espèce d'eau douce et saumâtre qui ne peut vivre dans une eau ayant une salinité supérieure à 14 ‰. Elle prospère dans les eaux calmes mais elle peut tolérer du courant jusqu'à 1,5 m/s (environ 5 km/h).
Elle privilégie les endroits peu profonds, de -0,5 à -5 m même si elle a été trouvée à -68 m dans la Caspienne. Elle préfère les habitats pierreux et riches en végétation immergée. Elle évite les fonds vaseux pauvres en abris.
La nuit, une partie d'une population peut se rendre à de plus grandes profondeurs.

Description

L. benedeni est une crevette de petite taille. Les adultes mesurent de 6 à 13 mm avec des femelles un peu plus grandes que les mâles. La couleur est variable et va d'un blanc translucide au brun foncé à grisâtre.
L'abdomen long et étroit présente une double torsion en « S ». Une poche thoracique ventrale (marsupium*) est présente chez les femelles en reproduction.
Les antennes* et les antennules* sont longues et courbées. Les yeux sont pédonculés* et globuleux. Le telson* est court, en forme de triangle tronqué avec une encoche arrondie et des bords épineux.

Espèces ressemblantes

Elle est la seule espèce du genre Limnomysis.

Les neuf espèces du genre Hemimysis sont toutes partiellement rouges. On trouve en France :

• H. anomala G.O. Sars, 1907 : dans les eaux douces et saumâtres d'Europe et du nord-est de l'Amérique ; elle a un telson de forme trapézoïdale qui porte des épines courtes tout au long de sa marge externe et, à son extrémité, deux plus longues épines distales aux coins ;
  
• H. lamornae (Couch, 1856) : sur les côtes atlantiques et méditerranéennes ;
• H. margalefi Alcaraz, Riera & Gili, 1986 : seulement dans des grottes sous-marines en Méditerranée ;
• H. speluncola Ledoyer, 1963 : seulement dans des grottes sous-marines en Méditerranée ;
• H. spinifera Ledoyer, 1989 : signalée seulement dans le port du Havre.

Mysis relicta Lovén, 1862 : la crevette indigène des grands lacs nord-américains ; elle a un telson bifurqué (en fourche à deux dents).

Taphromysis louisianae A. H. Banner, 1953 : présente dans les eaux douces et saumâtres du sud de l'Amérique du Nord ; elle a un telson bifurqué (en fourche à deux dents).

Alimentation

Elle se nourrit principalement de proies et particules minuscules : phytoplancton*, zooplancton* (tels les daphnies Daphnia sp. et les copépodes Copepoda spp.), biofilm sur les plantes aquatiques. Elle ne dédaigne pas les détritus organiques.

Reproduction - Multiplication

Les sexes sont séparés. La reproduction se déroule de mars à novembre. C'est une espèce très prolifique :

• il y a une génération qui passe l'hiver et se reproduit au printemps et en été ;
• deux générations pendant la bonne saison qui se reproduisent en été et à l'automne ;
• mais si les conditions sont favorables, il peut y avoir jusqu'à cinq générations par an.

Les œufs sont déposés par la femelle dans un marsupium* (de 12 à 40 œufs suivant sa taille) constitué par l'extension de deux ou trois paires de plaques thoraciques. Ils sont blanchâtres avec des nuances vertes. Une femelle qui vient de pondre ou qui est prête à le faire est reconnue par les mâles, probablement grâce à des signaux chimiques. Elle est alors fécondée par un ou plusieurs mâles. Le mâle dépose le sperme dans le marsupium.
Les œufs éclosent et subissent deux stades larvaires. Œufs et larves se développent à l'abri du marsupium, pendant une durée qui varie suivant la température de l’eau, une eau plus chaude accélérant le développement. Durant ce temps, ils sont brossés et ventilés par un courant d'eau produit par les appendices thoraciques. A maturité, les larves* sont éjectées et se transforment en juvéniles. Il n’y a pas de stade post larvaire.
Une femelle peut se reproduire à plusieurs reprises.

Vie associée

Comme d’autres espèces de mysidés d’eau douce, L. benedeni joue un rôle important dans l’alimentation des poissons.

Informations complémentaires

L. benedeni est une espèce invasive originaire de la région Ponto-Caspienne. Elle n'est pas la seule et on peut citer entre-autres : le cordylophore de la Caspienne (Cordylophora caspia), la corophie à épines courbes (Corophium curvispinum), le gammare du Danube (Dikerogammarus villosus), la moule zébrée (Dreissena polymorpha), la moule quagga (Dreissena rostriformis bugensis), le ver térébellide (Hypania invalida), l'aselle du Danube (Jaera istri), la crevette rouge sang (Hemimysis anomala) et la néritine fluviatile (Theodoxus fluviatilis).

En Europe, plusieurs facteurs ont favorisé sa propagation à la mer Baltique et aux eaux douces et saumâtres de l'Europe occidentale au nord des Alpes et des Pyrénées :

• la construction de canaux interconnectant les bassins hydrographiques ;
• le bateau-stop via l'eau de ballastage des navires ;
• les introductions délibérées.

On peut distinguer trois principaux corridors de migration :

• un premier suit un axe centre-nord via le Dniepr ; il est apparu en 1947 suite à des introductions volontaires (comme aliment pour poissons) ;
• un deuxième autour de la Baltique ; il est apparu en 1960, de nouveau des introductions volontaires dans divers lacs de l'ex URSS (en particulier le réservoir de Kaunas en Lituanie) ;
• le dernier, au sud-ouest, relie le Danube au Main puis au Rhin et à ses bassins environnants ; suite au passage à grand gabarit et la réouverture du canal Main-Danube, inauguré en 1992.

Historique de sa progression :
1993 : découverte dans le cours supérieur du Danube en Allemagne ;
1997 : découverte dans l'embouchure du Rhin aux Pays-Bas ;
1998 : découverte dans le canal Main-Danube ;
1998 : découverte dans les eaux françaises du Rhin ;
2003 : découverte dans la rivière Odra en Pologne ;
2005 : découverte en Belgique et en Suisse.

Remarque : au moment de la rédaction de cette fiche (2023), L. benedeni n'est pas encore présente dans les Grands-Lacs d'Amérique du Nord. Cependant, les spécialistes estiment que son arrivée n'est qu'une question de temps.

Origine des noms

Origine du nom français

A la publication de cette fiche (2023), il n'existait pas de nom vernaculaire* en français pour cette espèce. Mysis de Van Beneden est une proposition du site DORIS.

Origine du nom scientifique

Limnomysis : du grec [limn(o)] = marais, étang et du du grec [Mysis] = action de fermer les yeux ou les lèvres, Mysis est également un nom de berger dans les pastorales du XVIII^e siècle.

benedeni : du nom du zoologiste et embryologiste belge Édouard VAN BENEDEN (1846-1910).

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 120062