Isopode du haut de l'estran rocheux humide
Corps ovale, aplati, 3 cm de long maximum
Douze plaques dorsales, sept paires de pattes locomotrices
Deux longues antennes et deux gros yeux noirs à facettes
Longs uropodes terminaux effilés et biramés
Couleur variable : grise, noire, ocre, vert olive
Ligie, ligie des rivages
Pou de mer, laou-kerreg (Bretagne)
(Common) Sea slater, sea roach (GB), Cochinilla marina (E), Klippenassel (D), Zeepissebed, havenpissebed (NL), Ligia oceânica (P), Strandbenkebiter (N)
Oniscus oceanicus Linnaeus, 1767
Ligia scopulorum Leach, 1810
Ligia granulata Frey & Leuckart, 1847
Ligia belgica Ritzema-Bos, 1874
Mer du Nord, Manche, océan Atlantique Nord, Est et Ouest
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-OuestLa distribution de Ligia oceanica s'étend sur l'ensemble du littoral atlantique européen, depuis la Scandinavie et l'Islande au nord jusqu'au nord du Maroc au sud. Elle est également présente à l'ouest, sur les côtes canadiennes jusqu'au Maine au sud. Sa présence serait également supposée en Méditerranée occidentale, où elle tend à être remplacée par une autre espèce, Ligia italica.
La ligie est un habitant fort commun de l'étage supralittoral et du médiolittoral découvert. Ce cloporte halophile affectionne l'humidité, la fraîcheur et l'ombre que lui procurent crevasses et anfractuosités de l'estran rocheux. Il s'aventure de temps en temps à la surface des rochers ou le long des digues construites par l'Homme, mais c'est surtout la nuit, dès le crépuscule, qu'il sera le plus actif.
Ligia oceanica est un isopode abondant à la limite supérieure de l'estran rocheux. Sa taille moyenne maximale est de 2,5 à 3 cm, sa largeur avoisine le centimètre. L'animal est à peu près deux fois plus long que large. Son corps, ovale et aplati dorso-ventralement, se compose de segments articulés. Sept segments thoraciques portent ventralement une paire de pattes marcheuses (les péréiopodes*, tous identiques) et dorsalement une plaque chitineuse. L'abdomen (ou pléon*) porte quant à lui cinq plaques. Les douze plaques se chevauchent partiellement, comme les tuiles d'un toit. Leur surface est granuleuse.
A l'avant, la tête, porteuse d'une paire de longues antennes tactiles articulées et d'une paire de gros yeux noirs à facettes.
A l'arrière, le telson*, porteur de deux longs uropodes* effilés et biramés caractéristiques.
La couleur de l'animal est variable : ocre, vert olive, grise, noire. Elle n'est pas uniforme, mais ponctuée de petites taches.
Ligia italica Fabricius, 1798, la ligie italique, est une espèce proche, mais uniquement méditerranéenne. Elle est un peu plus petite (12 mm max), et son telson triangulaire.
Certains isopodes du genre Tylos, uniquement méditerranéens, ont un corps plus ovale, un telson et des antennes plus courts.
Ne pas confondre les ligies avec les idotées, qui sont presque toujours immergées, parmi la végétation ou sous les cailloux. Elles se distinguent des ligies par un corps plus fin et élancé, des antennes plus courtes et des uropodes non visibles.
Les ligies sont détritivores* et nécrophages*. Leur régime alimentaire, omnivore, se compose aussi bien de débris végétaux que de débris animaux. C'est essentiellement la nuit que les ligies parcourent l'estran à la recherche de nourriture.
Ligia oceanica est une espèce gonochorique* (à sexes séparés), la reproduction est sexuée. Elle ne présente pas de dimorphisme sexuel évident, si ce n'est une taille en général supérieure chez les mâles.
La reproduction a lieu durant la troisième année. Durant la copulation, le mâle transfère à la femelle des spermatophores* au moyen de certains appendices ventraux. La fécondation est interne. La femelle garde les œufs sous son abdomen, dans une poche appelée marsupium. A l'éclosion, les jeunes ligies ne possèdent que six paires de pattes marcheuses imparfaites, et leur région céphalique est proportionnellement plus grosse.
Après plusieurs mues, les jeunes ligies aquièrent leur taille et leur forme adulte.
Les ligies sont les hôtes de Trématodes Digéniens parasites, comme Maritrema linguilla.
La ligie se déplace très rapidement : elle peut atteindre une vitesse de 1,5 km/h.
La ligie est à même de se fondre dans son environnement, grâce à des cellules dermiques remplies de pigments, les chromatophores*. De nuit, ces cellules sont contractées : la ligie est claire. De jour, ces cellules se relâchent, donnant à l'animal une couleur ocre, verte ou sombre, souvent tachetée : la ligie adopte plus ou moins la couleur du substrat et passe inaperçue.
Si malgré tout elle est repérée par un prédateur, elle adopte une posture de défense, en se roulant en boule.
Cet isopode, imparfaitement adapté à la vie terrestre du fait d'une cuticule perméable, a mis au point une technique efficace de thermorégulation : dans les failles ou sous les pierres, à l'ombre, elle se gorge d'eau. Elle s'expose ensuite en plein soleil, et cette eau s'évapore : l'animal se rafraîchit.
La ligie océanique est un des rares crustacés chez lequel on a étudié la sénescence.
Sa longévité est de trois ans.
Les prédateurs de la ligie sont essentiellement les crabes et les oiseaux.
Lors des grandes marées, le territoire des ligies est immergé : elles sont alors à la merci des poissons, comme le bar par exemple.
Fiche validée MNHN/DORIS.
- Ligie est la traduction directe du nom de genre scientifique Ligia,
- océanique, car c'est une espèce atlantique,
- des rivages, à cause de son biotope habituel.
Ligia est le prénom d'une sirène dans la mythologie grecque, fille d’Acheloos et de Terpsichore, Melpomène ou Phorcys. Ligia ressemblait à un grand oiseau à tête de femme. Musicienne hors pair, elle attirait les navigateurs pour s'en repaître. Elle fut changée en pierre.
oceanica : du grec [okeanos] = océan.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Sous-classe | Eumalacostraca | Eumalacostracés | Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax. |
Super ordre | Peracarida | Péracarides | Les femelles sont dotées d'une cavité d'incubation formée par des expansions lamelleuses des péréiopodes. |
Ordre | Isopoda | Isopodes | Corps comprimé dorso-ventralement, première paire d’antennes beaucoup plus petite que la seconde, yeux non pédonculés. 7 paires de pattes de même apparence. |
Sous-ordre | Oniscidea | Oniscides | |
Famille | Ligiidae | Ligiidés | Famille des ligies. |
Genre | Ligia | ||
Espèce | oceanica |
Couleur ocre
Voici une ligie, un crustacé isopode très commun sur l'estran rocheux de l'ensemble du littoral atlantique. Observez les plaques dorsales, les pattes marcheuses, les yeux noirs, les longues antennes, et les uropodes terminaux, effilés et biramés.
L'animal arbore ici une couleur ocre, en plein jour, pour se fondre dans son environnement.
Trégastel (22), estran
09/06/2008
Couleur sombre
La couleur de la ligie dépend de son environnement. Elle arbore ici une teinte sombre, semblable à celle des roches qu'elle explore. Elle évolue ici parmi les débris d'algues de la laisse de mer.
Saint-Yves, Arcachon (33), estran
31/10/2008
Exploration
La ligie explore l'estran en quête d'un abri frais et humide.
Perros-Guirec (22), estran
08/2008
A l'abri
La ligie passe le plus clair de sa journée à l'abri, dans une faille fraîche et humide. Dès le crépuscule, elle sort de sa cachette en quête de nourriture.
Belle Ile (56), estran
06/2008
Yeux et antennes
La tête de la ligie porte une paire de gros yeux noirs à facettes, que l'on devine ici, ainsi que deux longues antennes articulées à rôle tactile.
Trébeurden (22), estran
09/2008
Vue latérale
Observez la forme des pattes marcheuses...
Landrellec (22), estran
07/2008
Sur le sable
Il est plutôt rare d'observer une ligie sur le sable en plein jour. La coquille de gastéropode (Gibbula umbilicalis) donne l'échelle.
Le Pouliguen (44), estran
08/2008
Rédacteur principal : Frédéric ZIEMSKI
Correcteur : Pierre NOËL
Responsable régional : Frédéric ZIEMSKI
Benjamin L.R., James B.L., 1987, The development of metacercaria of Maritrema linguilla Jäg., 1908 (Digena Microphallidae) in the intermediate host, Ligia oceanica (L.), Parasitology, Cambridge, 94, p. 221-231.
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