Libellule déprimée

Libellula depressa | Linnaeus, 1758

N° 1936

Eaux stagnantes de petite taille, peu profondes

Clé d'identification

Libellule à abdomen large, aplati, avec des bordures jaunes
Coloration générale jaune orange à marron-vert chez les femelles et les immatures ; bleu ciel chez les mâles adultes
Taches sombres allongées à la base des ailes antérieures, en forme de triangle à la base des ailes postérieures

Noms

Noms communs internationaux

Broad-bodied Chaser, broad-bodied darter (GB), Libélula de vientre plano (E), Plattbauch (D), Platbuik (NL), Ważka płaskobrzucha (PL), Bred trollslända (S), Стрекоза плоская (Ru)

Synonymes du nom scientifique actuel

Platetrum depressum, Linnaeus, 1758

Distribution géographique

Eaux stagnantes de petite taille, peu profondes

Zones DORIS : ● Eau douce d'Europe

C'est une des espèces les plus communes d'Europe, du sud du Portugal jusqu'en Asie centrale. Au Royaume-Uni, elle n'est présente qu'en Angleterre. En Scandinavie, elle n'est présente que dans le sud de la Suède et de la Finlande. Elle est absente d'Islande.

Biotope

Elle fréquente les eaux stagnantes avec une préférence pour les points d'eau de petite taille, peu profonds, ensoleillés et nus tels que les mares abreuvoirs, ou les sablières, gravières.

Description

C'est une libellule de 4-5 cm de long, d'apparence très robuste du fait de son abdomen remarquablement large et aplati.

Ses ailes antérieures possèdent une tache allongée chocolat sombre à la base. Les ailes postérieures ont quant à elles une large marque triangulaire sombre à la base.

Les mâles immatures et les jeunes femelles ont un abdomen orange doré bordé de jaune. A maturité, l'abdomen des femelles vire au vert-jaune voire brun-jaune. Les bordures jaunes restent visibles. Chez les mâles matures, l'abdomen devient bleu-ciel et se couvre même d'une pruinosité bleue pouvant cacher les côtés jaunes.

L'avant du thorax présente deux larges bandes blanchâtres sur les deux sexes.

Le mâle possède sous son premier segment abdominal deux épines robustes à proximité des pièces copulatrices, qui sont caractéristiques de l'espèce.

Les mâles immatures se distinguent des femelles immatures par la présence d'épines copulatoires et par les appendices anaux allongés (ils sont courts chez les femelles).

Espèces ressemblantes

Libellule fauve Libellula fulva : se distingue par un abdomen plus effilé, jamais aplati ; par un trait net sombre à la base de l'aile antérieure (au lieu d'une tache informe). Les immatures et les femelles ont l'abdomen orange sans bordure jaune et présentent une bande médiodorsale noire sur le dessus de l'abdomen. Les mâles matures deviennent bleus mais n'ont pas de bordure jaune sur l'abdomen. Les 3 derniers segments deviennent entièrement noirs. Le bout des ailes chez les 2 sexes s'assombrit avec l'âge.

Libellule à 4 taches Libellula quadrimaculata : se distingue par un abdomen plus effilé, jamais aplati ; par le bord des ailes jaune ambré et par la présence d'une tache noire à l'avant-centre de chaque aile.

Orthétrum réticulé Orthetrum cancellatum : seul le mâle pourrait être confondu avec une libellule déprimée mâle car ils possèdent tous les deux un abdomen bleu avec les bordures jaunes. Il se distingue par l'abdomen non aplati, plus effilé et surtout par l'absence de zone sombre à la base des ailes. La femelle est complètement différente.

Alimentation

Comme tous les Odonates, la larve* est carnivore, l'adulte est insectivore.

La larve vivant sous l'eau, se nourrit de larves d'insectes diverses comme les larves de chironomes, mais aussi de têtards et de petits poissons qu'elle attrape avec sa mâchoire inférieure préhensile.

La libellule déprimée adulte chasse les moucherons au-dessus des petites pièces d'eau. Elle ne consomme que des proies vivantes. La capture et la consommation se font en vol.

Voir la fiche DORIS Larves de libellules vraies

Reproduction - Multiplication

Capable de fortes dispersions, cette espèce fait souvent partie des premières espèces d’Odonates à coloniser les mares nouvellement créées.

La reproduction a lieu durant l'été.

Chez le mâle, les organes reproducteurs sont situés sous le second segment de l’abdomen. Pour la femelle, les organes génitaux sont sous les 2 derniers segments. Les cercoïdes* situés à l’extrémité de l’abdomen du mâle lui permettent d’attraper la femelle par le prothorax*. Cette organisation anatomique des organes génitaux explique la position acrobatique observée pour la reproduction et la ponte. Le mâle et la femelle accrochés l'un à l'autre forment alors un cœur copulatoire et peuvent même voler ainsi. L’accouplement dure une dizaine de minutes s'il n'est pas perturbé par des événements climatiques ou l'arrivée surprise d'un autre mâle.

Après l'accouplement, les libellules se séparent. Pour la ponte, la femelle fait du surplace 20 à 30 cm au-dessus des végétaux aquatiques flottant à la surface de l'eau puis elle vient frôler rapidement la plante (feuille de nénuphar par exemple) avec le bout de son abdomen. Elle dépose ainsi un œuf à la surface du végétal sans se poser et revient en position stationnaire. Elle continue ce ballet incessant plus d'une centaine de fois.

Les œufs éclosent quelques semaines après la ponte. Le cycle larvaire dure 1 à 2 ans et la larve subira plusieurs mues avant de sortir de l’eau.

Voir également la fiche DORIS Larves de libellules vraies

Le passage de la larve à l’imago* immature se nomme l’émergence. La larve, sort de l'eau, grimpe sur une plante ou une pierre à faible hauteur où elle s’immobilise tête vers le haut. La peau de la larve se fend au niveau du dos du thorax et l’imago commence à sortir. Le thorax sort en premier, puis la tête, les pattes et le début de l'abdomen. La libellule se retrouve alors souvent tête en bas, et d'un mouvement brusque, une fois que ses pattes commencent à être sèches, elle se bascule en avant pour agripper le support avec ses pattes. Cette émergence “tête en bas” est caractéristique de la quasi-totalité des Odonates Anisoptères dont fait partie Libellula depressa. Une fois son abdomen complètement sorti, son corps et ses ailes se gonflent d'air et doublent de volume.

La libellule abandonne son ancienne peau (exuvie*) qui reste accrochée sur le support. Elle est composée de chitine* et sera vite dégradée par les intempéries. Si elle est toute fraîche, on peut observer des filaments blancs qui pendent à l'extérieur. Cela correspond aux anciennes trachées respiratoires de la larve.

L’imago* devra attendre plusieurs heures au soleil pour faire sécher ses ailes avant de s’envoler sur une courte distance. Durant cette période de séchage, les individus sont encore très vulnérables. Ces jeunes adultes sont considérés comme immatures, leur coloration est terne, leurs ailes sont brillantes, les ptérostigmas* sont incolores et l'abdomen est translucide. La coloration définitive apparaîtra après plusieurs jours (7 à 12 jours pour les mâles et 13 à 16 jours pour les femelles).

Divers biologie

Sa période de vol s'étend de fin avril à mi-septembre. Cette espèce est particulièrement abondante en mai-juin.

Les mâles sont très agressifs et chassent d'un vol fulgurant tout compétiteur éventuel apparaissant sur leur pièce d'eau.

Origine des noms

Origine du nom français

Libellule : traduction littérale du latin libellula

déprimée : traduction littérale du latin depressus en référence à son abdomen aplati, écrasé, déprimé.

Origine du nom scientifique

Libellula : du latin [libella] pour certains, [libellus] pour d'autres. D'après G. Rondelet 1554-1558 puis F. D. Roulin, Libella était le nom d'un niveau pour maçons ou charpentiers. Il était composé d'un élément comparable à un « T » de dessinateur associé à un fil à plomb., la tête de la libellule étant en forme de niveau ou encore par allusion au vol plané de l'insecte (Jean Rostand).

Le sufixe diminutif -ula est ajouté, donnant naissance au nom Libellula (Linné 1758).

Selon le dictionnaire Littré, Libellula pourrait également venir de [liber, libellus] signifiant "petit livre" faisant référence au fait que ces insectes tiennent leurs ailes étendues comme les feuillets d'un livre ouvert.

depressa : du latin [depressus, a, um] = pressé de haut en bas, abaissé, enfoncé.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Arthropoda Arthropodes Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette.
Sous-embranchement Hexapoda Hexapodes Arthropodes à six pattes. Ce sont les insectes au sens large.
Classe Insecta Insectes Hexapodes terrestres et dulcicoles possédant trois paires de pattes et deux paires d’ailes (sauf chez les Diptères).
Ordre Odonata Odonates Ordre des libellules et des demoiselles. Larve possédant un masque préhenseur.
Sous-ordre Anisoptera Anisoptères Deux paires d'ailes non repliées au repos, larve possédant un abdomen terminé par une pyramide anale.
Genre Libellula
Espèce depressa

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