Corps robuste recouvert d'écailles
Bouche large et lèvres charnues
Touffe de cirrhes bien visibles sur les yeux et au niveau de la nuque
Opercule comportant un ocelle noir cerclé de blanc
Cinq doubles bandes transversales sombres et irrégulières
Femelles ternes et mâles plus colorés
Blennie échevelée, blennie-labre, blennie-labre à bouche rouge, dormeur
Hairy blenny (GB), Trambollo peludo (E), Baqueta (I), Macaco (P), Haariger Schleimfisch (D), Harige Slijmvis (NL)
Clinus nuchipinnis Quoy and Gaimard, 1824
Clinus pectinifer Valenciennes, 1836
Labrisomus pectinifer (Valenciennes, 1836)
Clinus capillatus Valenciennes, 1836
Clinus canariensis Valenciennes, 1838
Clinus pedatipennis Rochebrune, 1880
Côtes ouest et est de l'Atlantique tropical
Zones DORIS : ● CaraïbesDu côté Atlantique Ouest, l'espèce est signalée depuis Rio de Janeiro au Brésil jusqu'au nord de la Floride et aux Bermudes, en mer des Caraïbes et dans le golfe du Mexique. Côté Atlantique Est, on la trouve à Madère, aux Canaries au nord et jusqu'à la Guinée équatoriale au sud. C'est l'espèce du genre Labrisomus la plus répandue dans les Caraïbes où elle peut être localement abondante.
On trouve la blennie chevelue le plus souvent dans les tout premiers mètres, voire centimètres sous la surface et jusqu'à une profondeur maximale d'une dizaine de mètres. Les jeunes sont couramment rencontrés dans les flaques côtières tandis que les adultes sont plutôt localisés sur des substrats* présentant des cachettes tels que les zones d'herbiers, les récifs et les zones rocheuses ou rocailleuses.
Atteignant une taille maximale de 23 cm, la blennie chevelue constitue le plus grand représentant de son genre au sein de son aire de répartition. Le corps recouvert d'écailles est robuste, la bouche large et les lèvres charnues. La tête comporte des touffes de cirrhes* bien visibles sur les yeux et au niveau de la nuque. Ces dernières, bien fournies et de taille inférieure au diamètre de l’œil, n'atteignent pas le premier rayon de la nageoire dorsale. A ce niveau, la plupart du temps, on observe une tache noire. Une autre touffe de cirrhes, plus discrète, est présente sous chaque narine.
L'opercule* comporte un ocelle* noir cerclé de blanc. Cinq doubles bandes transversales sombres et irrégulières parcourent le corps.
Il existe un fort dimorphisme* sexuel au sein de cette espèce. Les femelles présentent des couleurs ternes tandis que les mâles sont plus colorés avec une teinte rouge au niveau de l'abdomen et de la tête. Cette caractéristique est particulièrement marquée chez les mâles en livrée nuptiale. Ceux-ci arborent alors des couleurs chatoyantes spectaculaires qui les rendent tout à fait remarquables. Leur tête est en effet rouge vif, tandis que les nageoires présentent des teintes jaunes. De plus, des stries très sombres alternent le long du corps brun clair avec d'autres moins marquées.
Parmi les espèces ressemblantes, on trouve d'autres représentants du genre Labrisomus. La variabilité des robes de Labrisomus nuchipinnis, y compris pour un même individu en fonction des circonstances, ne facilite pas l'identification précise. Par ordre de ressemblance morphologique, on peut citer les espèces suivantes.
L. cricota : chez cette espèce, les touffes de cirrhes de la nuque atteignent la nageoire dorsale.
L. kalisherae : chez cette espèce, il n'y a pas d'ocelle sur l'opercule. On observe la présence des cirrhes supplémentaires au niveau des narines.
L. conditus : chez cette espèce, on observe une tache noire irrégulière entourée d'une couleur orangée diffuse sur l'opercule.
L. guppyi : chez cette espèce, le front est raide et le corps est parcouru par des bandes claires, notamment au niveau de la ligne latérale*.
L. bucciferus : chez cette espèce, il n'y a pas d'ocelle sur l'opercule.
L. haitensis : chez cette espèce, il n'y a pas d'ocelle sur l'opercule.
L. nigricinctus : cette espèce possède 6 à 8 bandes noires.
L. gobio : chez cette espèce, il n'y a pas d'ocelle sur l'opercule.
L. albigenys : cette espèce présente des barres sombres obliques sous les yeux.
L. filamentosus : chez cette espèce, les trois premiers rayons de la dorsale sont longs et il y a un ocelle noir sur l'opercule très marqué.
Le régime alimentaire carnivore de la blennie chevelue se compose de crustacés, de gastéropodes, d'ophiures, d'oursins, de poissons et de vers polychètes. Ce poisson chasse principalement en embuscade, posé et immobile sur le fond en attendant qu'une proie passe à sa portée. Il est par ailleurs capable d'adapter sa couleur au substrat environnant afin de gagner en discrétion lors de ses périodes de chasse, ou encore de se soustraire aux regards de ses prédateurs.
La reproduction a lieu tout au long de l'année avec un taux plus important durant l'été. L'accouplement se déroule en une succession de cycles comportant cinq étapes.
1) La femelle approche le mâle.
2) Le mâle mord les flancs de la femelle et se frotte à elle en tremblant.
3) La femelle déplace son corps contre une roche auparavant nettoyée par le mâle et y dépose ses ovules.
4) La femelle s'éloigne.
5) Le mâle nage au-dessus des ovules déposés et les féconde.
Le cycle se répète après une durée moyenne de repos d'une vingtaine de secondes et peut impliquer plusieurs femelles. Une fois l'accouplement terminé, le mâle chasse la (les) femelle(s) de son territoire et assure la protection des œufs. Cette stratégie permet un taux de survie plus important. La reproduction a lieu de jour. Il semble par ailleurs qu'elle soit liée aux cycles lunaires et se produise préférentiellement durant les phases de nouvelle ou de pleine lune. Les larves* évolueront alors en pleine eau avant que les juvéniles s'installent parmi le benthos*.
On a observé des cas de nettoyage de blennies par des petits crabes (crabes Majidae non identifiée par l'auteur de la publication), certains de ces crabes ayant d'ailleurs servi de repas à la blennie en d'autres occasions !
On a également observé des situations où la blennie profite du déplacement de substrat occasionné par le mouvement d'un pagure pour débusquer ses proies.
Ce poisson est diurne et sédentaire. Les mâles sont territoriaux.
Bien que cette espèce soit commercialisée pour l'aquariophilie, elle n'est pas considérée comme menacée. Après avoir été un temps classée dans la famille des Clinidés regroupant les blennies à écailles apparentes, l'espèce a finalement rejoint les Labrisomidés et le genre Labrisomus en raison de sa ressemblance avec les labres. Elle se distingue donc des blennies sans écailles, dites "baveuses" appartenant à la famille des Blenniidés.
Blennie vient du grec [blennos] = morveux, relatif au mucus qui recouvre l’animal.
Chevelue en référence aux cirrhes qui ornent la nuque, dont la densité et la position peuvent faire penser à des cheveux.
Labrisomus : du latin [labra] = lèvres et [soma] = chair ; en référence aux lèvres charnues des Labrisomidés.
Nuchipinnis : du latin [nucha] = nuque et [pinnus] = qui se termine en pointe, en raison de la présence des cirrhes probablement.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Osteichthyes | Ostéichthyens | Vertébrés à squelette osseux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Ordre | Perciformes | Perciformes | Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales. |
Sous-ordre | Blennioidei | Blennioïdes | |
Genre | Labrisomus | ||
Espèce | nuchipinnis |
Mâle durant la période nuptiale
Un mâle aux couleurs particulièrement vives durant la période nuptiale.
Saint-Pierre, sous le ponton d'embarquement, Martinique (972), 2 m
24/10/2006
Ocelle sur l'opercule
Cet individu, qui a toutes les caractéristiques d'une femelle, nous permet de bien voir l'ocelle noir cerclé de blanc sur l'opercule. On voit également bien chez lui les touffes de cirrhes sur la nuque.
Trois îlets, Martinique, (972), 1 m
21/05/2006
Mâle en phase nuptiale
Les couleurs spectaculaires de cet individu indiquent qu'il s'agit d'un mâle en phase nuptiale.
Anse Dufour, Martinique (972), 5 m
22/02/2019
Mâle et femelle durant la période nuptiale
Un mâle aux couleurs particulièrement vives durant la période nuptiale et sa femelle aux teintes nettement plus sobres en bas de l'image.
Saint-Pierre, sous le ponton d'embarquement, Martinique (972), 2 m
24/10/2006
Mâle vu de face
Ce poisson se tient dans son habitat typique lui permettant de trouver rapidement une cachette. Sa gueule est large et robuste.
Anse Marette, Martinique (972), 1,5 m
06/01/2019
Mâle en période nuptiale vu de côté
On trouve la blennie chevelue le plus souvent dans les tous premiers mètres, voire centimètres sous la surface.
Anse Marette, Martinique (972) , 1,5 m
06/01/2019
Mâle en période nuptiale vu de dessus
Vu de dessus, on distingue toutefois toujours l'ocelle caractéristique.
Anse Marette, Martinique (972), 1,5 m
06/01/2019
Grosses écailles et ligne latérale
Chez cet individu on remarque bien, en plus des caractéristiques habituelles, la taille des écailles et la forme de la ligne latérale.
Martinique (972), 2 m
26/03/2007
Aux Canaries
Assez peu de photos d'individus des Canaries ont été proposées jusqu'à présent, ce qui est l'un des intérêts de celle-ci d'un spécimen sombre dont on voit néanmoins bien l'ocelle.
Gran Canaria, Canaries, Espagne, 1 m
06/05/2011
Aux Canaries
Cet individu de teinte sombre a été trouvé sur un petit fond à Lanzarote, jouant à cache-cache dans un enrochement. Curieux et s'approchant alors que le photographe s'intéressant à autre chose à proximité, se réfugiant momentanément dans les roches avant de réapparaître.
Lanzarote, Canaries, Espagne, 5 m
05/2019
Rédacteur principal : Gaël MODRAK
Vérificateur : Valérie CARO
Responsable régional : Vincent MARAN
Cervigón F., 1994, Los peces marinos de Venezuela, Volume 3, Fundación Científica Los Roques,
Caracas, Venezuela, 295p.
Gibran F.Z., Santos F.B., dos Santos H.F. Sabino J., 2004, Courtship behavior and spawning of the hairy
blenny Labrisomus nuchipinnis (Labrisomidae) in southeastern Brazil, Neotrop. Ichthyol., 2, 163-166.
Campos R. F., Nunes J.C.C., Meideiros D. V. L., Sampaio C. L. L., 2010, Simultaneous reproductive event of two species of the genus Labrisomus (Labrisomidae) in Northeastern Brazil, Pan-American Journal of Aquatic Sciences, 5(4), 495-500.
Sampaio C.L.S., Medeiros P.R., Ilarri, M.I., Souza A.T., Grempel R.G., 2007, Two new interspecific associations of the hairy blenny Labrisomus nuchipinnis (Teleostei: Labrisomidae) in the South Atlantic, Biodiversity Records, 1-3.
La page sur Labrisomus nuchipinnis sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase