Genévrier turbiné

Juniperus phoenicea subsp. turbinata | (Guss.) Arcang.

N° 5539

Méditerranée et Atlantique proche

Clé d'identification

Arbre pouvant atteindre 8 à 12 m de hauteur mais souvent rencontré en port ras ou prostré
Feuilles petites et écailleuses, imbriquées et appliquées sur le rameau
Extrémité des feuilles ni dure ni épineuse
Écorce des rameaux de couleur rougeâtre
Cônes de 8 à 12 mm de diamètre, verts ou brun-rougeâtres selon maturité
Cônes contenant de 4 à 7 graines (rarement jusqu’à 9)

Noms

Autres noms communs français

Genévrier de mer

Noms communs internationaux

Sabina, sabina andaluza, sabina marina, sabina negral, sabina suave (E), Savina de mar, savina litoral, savina litoral (Catalan), Sabina, zimbro galego (P)

Synonymes du nom scientifique actuel

Juniperus turbinata Guss.1844
Juniperus oophora Kunze 1846
Juniperus phoenicea subsp. eumediterranea Lebreton & Thivend 1981
Juniperus phoenicea subsp. lycia (L.) Molin.

Distribution géographique

Méditerranée et Atlantique proche

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]

Le genévrier turbiné fréquente le pourtour de la Méditerranée et de l'Atlantique proche, du sud du Portugal et Maroc jusqu'au bassin oriental. On trouve aussi cette espèce à l'intérieur des terres en Algérie et au Maroc. Sa répartition a été précisée dans la publication de Pavon et al. (2020). Sur les côtes de Méditerranée française, on le rencontre de Sète à Saint-Tropez où il est plutôt rare ou localisé. Il est en revanche plus commun en Corse, mais semble toutefois manquer (sous-observé ?) de la Balagne aux Agriates, sur la plaine orientale entre les étangs de Biguglia et Diana ainsi que sur la côte occidentale entre Ajaccio et Porto.

Biotope

Le genévrier turbiné supporte des climats arides mais aussi plus humides. En France, on le rencontre principalement sur les dunes fixées et les maquis se développant sur côtes rocheuses de diverses natures chimiques.

Description

Le genévrier turbiné est un arbre pouvant atteindre 8 à 12 m de hauteur quand il est arborescent. Néanmoins, il est souvent rencontré en port ras ou prostré suivant l’influence du vent (anémomorphose) ou du pâturage.

Les apex* des jeunes ramifications sont tronqués.

Les feuilles sont petites et écailleuses, de 0,7 à 1 mm de longueur, imbriquées et appliquées sur le rameau. Leur extrémité n’est ni dure ni épineuse. L’écorce des rameaux est de couleur rougeâtre.

Chez les genévriers, les cônes charnus ressemblent à des fruits et sont appelés galbules. Ils sont d'abord verts, puis de couleur brun-rougeâtre à maturité. Les cônes matures mesurent de 8 à 12 mm de diamètre. Ils contiennent de 4 à 7 (parfois 9) graines. Les jeunes galbules peuvent avoir une forme de toupie (origine du nom « turbiné » attribué à cette espèce), mais ce critère n’est pas toujours réalisé.

Espèces ressemblantes

En France, le genévrier turbiné est inféodé au littoral marin de Méditerranée. C’est aussi le cas de Juniperus oxycedrus L. subsp. macrocarpa (Sm.) Ball qui n’est toutefois présent qu’en Corse et exclusivement sur dunes (se distingue du subsp. oxycedrus par ses énormes galbules et son port arborescent en dôme).

En France, les autres genévriers qui sont susceptibles d’être rencontrés à proximité de la mer Méditerranée sont :

  • Le genévrier rouge ou genévrier de Phénicie, Juniperus phœnicea subsp. phœnicea L. : il se distingue de la sous-espèce turbinata par son port en boule et ses galbules plus petits mais à grains plus nombreux. Cette espèce se rencontre sur des terrains rocheux de Méditerranée. Elle est très présente dans le sud de la France et en Espagne.
    Notons que la sous-espèce Juniperus phœnicea subsp. canariensis est présente en Macaronésie. Ses galbules matures contiennent 3 ou 4 graines et ses rameaux sont de couleur marron foncé.
  • Le genévrier oxycèdre ou genévrier cade, Juniperus oxycedrus L. subsp. oxycedrus : les feuilles sont en forme d'aiguilles d'environ 1 cm de longueur et portent 2 bandes blanches sur leur face supérieure. Les galbules sont de couleur verte la première année et brun-rouge à maturité la deuxième année. Cette espèce méditerranéenne fréquente les garrigues et les pinèdes.
  • Enfin, le genévrier commun, Juniperus communis L., ne pousse généralement pas au bord de mer : les feuilles sont en forme d'aiguilles d'environ 1 cm de longueur et portent une seule bande blanche sur leur face supérieure. Les galbules sont de couleur bleue à noire (baies de genièvre). Cette espèce se rencontre dans tout l'hémisphère Nord, le sud-est de l'Australie et la Nouvelle-Zélande.

La passerine hérissée Thymelaea hirsuta (L.) Endl. est une plante à fleurs littorale dont les feuilles sont appliquées sur leur tige. Elle fréquente en partie les mêmes habitats littoraux (rochers ou sables) que le genévrier turbiné.

Alimentation

Comme tout végétal, le genévrier turbiné élabore sa matière organique carbonée par photosynthèse* à partir de dioxyde de carbone, en utilisant la lumière comme source d'énergie. Son système racinaire lui permet d'absorber l'eau et les éléments minéraux.

Reproduction - Multiplication

L'espèce est monoïque*, un même arbre porte des fleurs mâles et des fleurs femelles. Le pollen est disséminé par le vent (anémogamie*) en automne (octobre-novembre). Les cônes (galbules) arrivent à maturité au bout de 2 ans. Les graines sont principalement dispersées par les mammifères et les oiseaux, parfois par des lézards.

Vie associée

Ce genévrier est l'hôte de nombreux arthropodes. Il est aussi colonisé par des espèces de lichens telles que le rare Thelopsis isiaca ou Seirophora villosa.

Le genévrier turbiné forme des communautés avec :

  • Sur les dunes sableuses : Cistus halimifolius (ciste jaune), Helichrysum italicum (immortelle d'Italie).
  • Sur des sables fixés : Cistus halimifolius, Ephedra distachya (éphédra à chatons opposés), Helichrysum spp, Lotus creticus (lotier de Crète), Matthiola sinuata (giroflée des dunes), Phillyrea angustifolia (alavert) et Pinus pinea (pin parasol).
  • Sur les sols calcaires côtiers au climat semi-aride : Erica multiflora (bruyère à fleurs nombreuses), Lotus hirsutus (bonjeanie hirsute), Pinus halepensis (pin d'Alep), Pistacia lentiscus (pistachier lentisque), Rhamnus alaternus (alaterne), Rosmarinus officinalis (romarin), Smilax aspera (salsepareille).

Divers biologie

Les feuilles du genévrier turbiné contiennent une forte concentration (6 à 9 mg/g) d'un tanin condensé, la prodelphinidine. Cette concentration est caractéristique de cette espèce par rapport à d’autres genévriers.

Informations complémentaires

Le genévrier turbiné est une espèce indicatrice de 3 habitats Natura 2000 (dunes côtières, matorral arborescent, garrigue thermoméditerranéenne* et pré-désertique). Il n'y a pas consensus sur sa résistance au feu et les incendies sont probablement une menace pour cette espèce. Le changement climatique mais surtout la pression anthropique sur les écosystèmes côtiers (artificialisation et urbanisation) sont d'autres menaces sérieuses.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Cette espèce est listée au statut NT (Quasi menacée) dans la Liste rouge mondiale des espèces menacées (sous le nom de Juniperus turbinata Guss.) et dans la Liste rouge européenne des espèces menacées.

Elle apparaît au statut LC (préoccupation mineure) dans la Liste rouge de la flore vasculaire de France métropolitaine (2019) (sous le nom de Juniperus phoenicea subsp. turbinata (Guss.) Arcang.)

Origine des noms

Origine du nom français

Genévrier turbiné est la francisation du nom scientifique.
Genévrier de mer se réfère à son habitat littoral.

Origine du nom scientifique

Juniperus : du latin [juniperus] = genévrier.

turbinata : du latin [turbinatus] = de forme conique, en référence à la forme en toupie pouvant être rencontrée chez la jeune galbule.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Sous-embranchement Spermatophytina Spermatophytes
Classe Pinopsida Pinopsides
Sous-classe Pinidae Pinidés
Ordre Cupressales Cupressales
Famille Cupressaceae Cupressacées
Genre Juniperus
Espèce phoenicea subsp. turbinata

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