Nudibranche blanc à taches sombres irrégulières, souvent circulaires et composées de points
Points noirs le long de la marge du pied
Rhinophores noirs avec une base blanche
Panache branchial bicolore blanc et noir (ou marron)
Funeral jorunna, ringed dorid (GB)
Mer Rouge, Océan Indien et Pacifique tropical ouest
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]L'espèce se rencontre en mer Rouge, dans l'océan Indien (notamment à Mayotte, à la Réunion, aux Maldives... mais aussi de l'Afrique du Sud à Oman vers le nord). Elle est également présente dans l'océan Pacifique tropical Ouest, de l'Australie au Japon et en Nouvelle-Calédonie.
Ce nudibranche s'observe sur le récif peu profond à moins de 10 mètres, sur le substrat dur ou sur le sable. Il est visible de jour comme de nuit.
C'est une limace de forme ovale, de couleur blanche avec des cercles marron ou noirs irréguliers, plus ou moins denses et constitués de petits points sombres.
La taille de ce nudibranche peut atteindre 12 cm mais en moyenne, elle est de 5 cm.
Le manteau recouvre le pied, même si l'on peut souvent observer ce dernier sur l'arrière. Le manteau est couvert de petites papilles appelées caryophyllidia caractéristiques du genre, qui lui donnent un aspect rugueux au toucher (ce que l'on évitera bien sûr de faire). Ces villosités sont d'ailleurs visuellement observables sans problème. Ce sont certaines de ces caryophyllidia colorées en sombre qui constituent les dessins variés du manteau.
Il existe des points noirs, le long du bord du manteau.
Les rhinophores* ont une structure lamellaire, ils sont de couleur noire avec une base blanche.
Le panache branchial apparaît souvent bicolore, les feuilles blanches étant nervurées de noir ou de marron. Comme pour toutes les espèces de cette famille, les rhinophores et les branchies sont rétractables.
Chez les juvéniles, il n'existe pas de cercles noirs constitués mais seulement des points noirs.
Jorunna zania est une limace très proche d'aspect, rencontrée uniquement en Afrique du Sud. Les tentacules oraux sont blancs à la différence de Jorunna funebris. L'autre différence tiendrait à l'anatomie du tractus sexuel. Ces aspects n'étant pas facile à observer, l'espèce est, sur simple photo, difficile à distinguer de J. funebris, qui est également présente sur la zone. Certains auteurs soupçonnent même qu'il s'agit de synonymie.
Dans le Pacifique oriental (Californie), Jorunna pardus Behrens & Hederson, 1981 est esthétiquement très proche.
Dans l'aire de distribution de notre jorunna funèbre, et notamment à Mayotte, à la Réunion, on peut rencontrer plusieurs espèces de Trapania assez ressemblantes par leurs taches noires sur fond blanc. Évoquons principalement Trapania naeva Gosliner & Fahey, 2008. Mais celle-ci est beaucoup plus petite (pas plus de 2 cm) avec un corps plus élancé. Elle possède des tentacules céphaliques blancs et des excroissances de couleur sombre autour du panache branchial.
Ce nudibranche se nourrit d'éponges essentiellement de couleur bleue, comme Haliclona sp, Xestospongia et Euplacella cf australis.
Il se nourrit de jour comme de nuit.
Comme tous les nudibranches, la jorunna est hermaphrodite. La fécondation est simultanée et réciproque, les deux individus se présentant tête-bêche. En effet, les organes génitaux se trouvent sur le côté avant droit du corps et doivent être mis en relation. Chacun des partenaires pourra ensuite aller pondre.
La jorunna funèbre pond des chapelets d'œufs blancs en large ruban ondulé et spiralé. L'ondulation du ruban donne un aspect "crénelé" à la spirale de ponte.
On a signalé aux Philippines sur un individu de grande taille, la présence d'une petite crevette impériale Zenopontonia rex. Difficile de dire s'il s'agit d'un cas fortuit ou d'une association régulière.
Son tégument contient une substance cytotoxique : la jorumycine, sans doute à rôle répulsif, et qui intéresse les chercheurs pour ses propriétés anti-tumorales.
Jorunna funèbre est la reprise en français du nom scientifique.
Jorunna : Bergh a créé ce nom de genre certainement en référence à une héroïne d'une saga islandaise ("Laxdæla saga", sous-partie des "Sagas of Icelanders"). Il semble d'ailleurs coutumier du fait puisque les genres Thuridilla, Halgerda, Thordisa, dont il est également l'auteur, sont aussi tirés de personnages de ces sagas écrites au XIIIe s..
funebris (latin) signifie funèbre, relatif aux obsèques, à cause des mouchetures noires qui marquent la robe blanche de cette limace et lui donnent un aspect demi-deuil.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
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Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Doridina | Doridiens | Corps aplati. Anus dorsal entouré complètement ou partiellement par des branchies de remplacement ramifiées qui peuvent être rétractées (voire absentes). Mangeurs d’éponges, habituellement armés de spicules calcaires internes. |
Famille | Discodorididae | Discodorididés | Forme aplatie ovale ou un peu rectangulaire. Pied plus petit que le manteau granuleux. Possibilité d’autotomie du bord du manteau. Présence de glandes à acide. Tentacules buccaux coniques ou digitiformes. |
Genre | Jorunna | ||
Espèce | funebris |
Points noirs
Sur ce grand spécimen adulte, remarquez les points noirs alignés le long de la bordure du manteau. Ils sont souvent absents chez les individus plus jeunes.
Ile de Cebu, (Philippines)
02/2008
Malformation ?
Observez bien la photo : cette jorunna a un rhinophore bifide !
Iran Jaya (Papouasie), 8 m
25/04/2007
Nourriture
Cette jorunna est occupée à "brouter" sur une éponge de couleur bleue, peut-être une Haliclona.
Tulamben, Bali, (Indonésie), 10 m
07/04/2009
Rencontre ou séparation ?
Les jorunna s'accouplent classiquement tête-bêche, mais ici l'une des deux semble pressée de quitter les lieux.
Iran Jaya (Papouasie), 8 m
25/04/2007
Reproduction
La position ne laisse aucun doute : les deux jorunna sont en train d'échanger leurs gamètes mâles.
La "jonction" se fait sur leur côté droit et implique donc cette position tête-bêche.
Côte ouest de La Réunion, 15 m, en PMT
Frédérique & Sébastien VASQUEZ
11/12/2015
Ponte
Un peu plus loin, un peu plus tard... Voici le joli ruban blanc, délicatement enroulé de la ponte.
Remarquez aussi le petit éolidien qui profite de la situation pour se promener sur le dos de la jorunna !
Iran Jaya (Papouasie), 8 m
25/04/2007
Juvénile
Tout jeune individu, dont les taches noires ne sont pas encore constituées. Un début de coloration se voit sur certaines papilles du dos.
Archipel des Togian, Sulawesi (Indonésie)
11/10/2004
Individu mahorais
Un bel individu "français" de Mayotte.
Tahiti plage, Mayotte, 2 m
25/02/2010
Individu réunionnais
Surprise dans le lagon de La Réunion, cette jorunna funèbre est en recherche de nourriture.
St-Pierre, La Réunion, 1 m, de nuit et en PMT
Frédérique & Sébastien VASQUEZ
05/12/2014
Rédacteur principal : Annie BOUXIN
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Anne PROUZET
Du Bois-Reymond Marcus E., 1976, On Kentrodoris and Jorunna (Gastropoda Opisthobranchia), Separata do Boletim de Zoologia n° 1, Departamento de Zoologia, Instituto de Biociências, Universidade de Sao Paulo, 58p.
Fontana A., Cavaliere P., Wahidulla S., Naik C. G., Cimino G., 2000, A new antitumor isoquinoline alkaloid from the marine nudibranch Jorunna funebris, Tetrahedron, 56, 7305-7308.
Kelaart E.F., 1858, Description of new and little known species of Ceylon nudibranchiate molluscs and zoophytes, Journal of the Ceylon Branch of the Royal Asiatic Society, Columbo, 3(1), 84-139.
Rudman, W.B., 1998 (December 31) Jorunna funebris (Kelaart, 1858). [In] Sea Slug Forum. Australian Museum, Sydney.
La page de Jorunna funebris dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN