Ircinie variable

Ircinia variabilis | (Schmidt, 1862)

N° 1478

Méditerranée et Atlantique proche (Açores, Canaries, Cap Vert, golfe de Guinée)

Clé d'identification

Forme massive
Réseau dense réticulé
Oscules légèrement surélevés
Consistance ferme
Difficile à déchirer
Couleur brun verdâtre à marron violacé

Noms

Autres noms communs français

Ircinie fibreuse

Noms communs internationaux

Stinker sponge, variable Ircinia (GB), Ircinia variabile (I), Ircinia variable (E), Krustenlederschwamm, Veränderliche Ircinia (D), Veranderlijke Ircinia (NL)

Synonymes du nom scientifique actuel

Hircinia variabilis Schmidt, 1862
Ircinia flavescens (Schmidt, 1862)
Ircinia hirsuta (Schmidt, 1862)
Ircinia panicea (Schmidt, 1862)
Sarcotragus fasciculatus (Pallas, 1766) (pro parte)

Distribution géographique

Méditerranée et Atlantique proche (Açores, Canaries, Cap Vert, golfe de Guinée)

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]

Cette ircinie est commune sur toutes les côtes méditerranéennes. Elle est également présente sur les côtes africaines centre Est dont les Açores, les îles Canaries, le Cap Vert et le golfe de Guinée.

Biotope

Cette espèce vit sur des fonds rocheux bien éclairés en eau peu profonde et agitée. Elle se rencontre principalement sur la face supérieure des rochers, mais ne se trouve guère sur les faces verticales ou surplombantes.
Elle est commune dans la biocénose* du détritique côtier et du coralligène* des substrats durs entre 7 et 30 m de profondeur.

Description

Cette éponge massive, de forme variable comme son nom l'indique, est le plus souvent globuleuse mais peut être également plus ou moins encroûtante, ramifiée ou former une sorte de plateau dans sa partie supérieure. Elle présente une surface ridée avec de nombreuses excroissances coniques souvent reliées entre elles par des crêtes et qui peuvent être absentes sur le « plateau ». Ses oscules*, légèrement surélevés, sont peu nombreux mais assez gros (jusqu'à 8 mm de diamètre) ; ils sont situés irrégulièrement en son sommet. Sa texture est souple mais extrêmement solide (indéchirable) du fait de la présence, mêlés aux fibres de spongine*, de filaments très fins (taille inférieure à 5 µm). Le réseau dense réticulé* de fibres de spongine est bien visible à sa surface. Son épiderme est parfois ensablé ce qui peut rendre son identification in-situ difficile. Sa coloration, due à la présence de cyanobactéries symbiontes*, est variable : verdâtre, brunâtre, marron violacé plus ou moins clair. Sa taille est rarement supérieure à une quinzaine de centimètres.
Dans sa forme encroûtante, elle se fixe entre les pierres et augmente la stabilité et la consolidation du substrat.

Espèces ressemblantes

Ircinia dendroides : d'aspect ramifié et de couleur grisâtre. Rare sur les côtes françaises.

Alimentation

Les éponges sont des animaux filtreurs qui se nourrissent de microparticules : bactéries, algues unicellulaires, débris organiques, ne dépassant en général pas 3 microns. Le courant d'eau nécessaire est créé par le mouvement de cellules ciliées spécifiques des éponges : les choanocytes*.

Reproduction - Multiplication

La reproduction peut être sexuée ou asexuée.
- Sexuée : par œufs et spermatozoïdes, aboutissant à la naissance d'une larve ciliée nageuse qui se fixe rapidement pour donner une nouvelle éponge. Cette éponge est hermaphrodite. Les gamètes mâles et femelles d'une même éponge ne sont pas expulsés au même moment. Cette éponge est vivipare* et donne naissance à une larve ciliée de type « parenchymella», dernier stade embryonnaire, qui, libérée par l'oscule, se fixera sur son support après quelques jours de vie pélagique. L'ircinie variable est en reproduction en été.
- Asexuée : ce mode de reproduction n'a pas été observé chez cette espèce, mais de façon générale elle se pratique chez les spongiaires par bourgeonnement ou bouturage de fragments qui se détachent de l'éponge mère pour se fixer un peu plus loin.
Les éponges ont une énorme capacité de régénération.

Vie associée

On notera la présence de nombreuses Cyanophycées symbiotes, également la présence du nudibranche Paradoris indecora, prédateur de cette éponge et dont le pouvoir de mimétisme est remarquable.
Elle est associée également avec de petits crustacés cirripèdes du genre Acasta, espèces endobiontes* qui se placent dans les oscules de l'ircinie.

Divers biologie

Le squelette corné est fait d'un réseau de fortes fibres de spongine (200 à 300 µm) qui se terminent dans les conules, et d'un feutrage de fins filaments (environ 5 µm de diamètre) en forme de corde à sauter. Ces fins filaments sont responsables de la ténacité de la chair.
Cette éponge ne possède jamais de spicules, mais attention, elle incorpore des corps étrangers, grains de sable, spicules d'autres éponges, dans son ectosome* mais aussi dans les plus grosses fibres (fibres primaires) de son squelette afin de le renforcer.

Informations complémentaires

Cette éponge possède la particularité de concentrer presque tous les éléments radioactifs provenant des explosions nucléaires (Thommeret, 1963).

Des études ont été faites sur l'activité antimicrobienne et antifongique d'extraits de cette éponge (Rifai et al., 2005).

On trouve, dans de nombreux ouvrages ou publications, certaines formes de cette éponge sous le nom de Sarcotragus fasciculatus. Ce nom d'espèce a été donné par Roberto Pronzato, scientifique italien spécialiste des éponges, sur des données très discutables. Il ne saurait être reconnu comme un nom valide.

Il est probable qu'il y ait plusieurs espèces difficiles à séparer d'après nos connaissances actuelles.

Origine des noms

Origine du nom français

Ircinie : francisation du nom latin.
Variable : dûe à son polymorphisme.

Origine du nom scientifique

Ircinia : nom d'origine latine [hircus] = bouc, à cause de sa forte odeur.
variabilis : mot latin = variable, changeant, comme la forme et la couleur de cette éponge.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Porifera Spongiaires / Eponges Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules).
Classe Demospongiae Démosponges

Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella.

Ordre Dictyoceratida Dictyocératides « Eponges à réseau de corne ». Squelette entièrement composé de fibres de spongine anastomosées et souvent organisées en réseaux primaire, secondaire voire tertiaire. Fibres généralement homogènes ou légèrement stratifiées avec ou sans moelle centrale. Pas de spicules. Eponges vivipares.
Famille Irciniidae Irciniidés
Genre Ircinia
Espèce variabilis

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