Poisson-démon commun

Inimicus didactylus | (Pallas, 1769)

N° 3635

Est de l'océan Indien, Pacifique tropical Ouest

Clé d'identification

Coloration très variable : rosée, orange, rouge, brune, grise, noire, uniforme ou non uniforme
Museau en trompette relevé vers le haut et yeux saillants
Dorsale avec 15 -17 longs rayons épineux libres et venimeux
2 premiers rayons des pectorales libres et permettant de marcher sur le fond
Face inférieure des pectorales :
- base noire avec lignes rayonnantes blanches
- zone centrale claire
- partie distale colorée avec points blancs ou jaunes
Généralement enfoui dans le sable

Noms

Autres noms communs français

Rascasse ennemie

Noms communs internationaux

Bearded ghoul, demon stinger, devil stinger, longsnout stinger, spiny devilfish, Indian ocean walkman (GB), Pesce diavolo spinoso, scorfano diavolo (I), Pez escorpión diablo, aguijón de demonio, aguijón de diablo (E), Steinfisch, Teufelsfisch (D)

Synonymes du nom scientifique actuel

Scorpaena didactyla Pallas, 1769

Distribution géographique

Est de l'océan Indien, Pacifique tropical Ouest

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique

Le poisson-démon se rencontre dans l'océan Indien : côte est de l'Inde, Birmanie, Thaïlande, Malaisie et Australie. Dans le Pacifique tropical Ouest, il est présent de l'Indonésie aux Vanuatu et du sud du Japon à la Grande Barrière de Corail en Australie et la Nouvelle-Calédonie.

Biotope

C'est une espèce benthique* que l'on rencontre sur les fonds meubles (sables fins ou grossiers ou vaseux) et les herbiers entre 5 et 80 m de profondeur. La journée le poisson-démon reste enfoui dans le sédiment.

Description

Inimicus didactylus est un poisson qui donne l’impression d’être massif lorsque ses nageoires, très larges, sont déployées. En fait son corps est plutôt fin, aplati latéralement. Il peut atteindre 25 cm de longueur. Sa coloration est extrêmement variable et dépend souvent de celle du substrat*. Elle peut être rosée, orange, rouge, brune, grise, noire, mais est rarement uniforme et présente souvent un mélange de ces couleurs. La coloration la plus commune reste le brun rouge. Le corps et la tête sont dépourvus d'écailles, excepté le long de la ligne latérale*.

La tête est volumineuse avec un museau en trompette relevé vers le haut. La bouche est large, en position supérieure et en forme U inversé. Les yeux sont saillants et portés haut sur la tête de façon à dépasser du sable quand il s'enterre. Quelques excroissances charnues sont présentes sur les mâchoires et généralement le long de la ligne latérale*.

La nageoire dorsale est constituée dans sa première partie de longues épines pratiquement libres, seuls les 3 premiers rayons sont reliés par une membrane sur toute leur longueur. Ces épines sont souvent pourvues d'excroissances foliacées charnues. Les nageoires pectorales sont en forme d'éventail. Leur face inférieure, côté corps, est très colorée et cette coloration permet de différencier les espèces au sein de ce genre : chez le poisson-démon, la base de la nageoire pectorale est noire avec des lignes blanches (ou jaunes) rayonnantes, cette bande sombre est suivie d'une bande claire. La partie distale* est colorée (orangée, rose, brune,...) avec de gros points blancs (ou jaunes). Il peut y avoir des variations dans les couleurs, plus ou moins orangées ou jaunes mais le motif reste le même. Les 2 premiers rayons des pectorales sont libres, robustes et permettent de “marcher” sur le fond. La nageoire caudale est arrondie, mais généralement repliée, de même couleur que le corps avec une bande centrale et une marge claire.

Espèces ressemblantes

Il existe plusieurs autres espèces dans le genre Inimicus dans l'Indo-Pacifique et le seul moyen de les différencier de visu est de comparer le motif de la face interne des pectorales.

Inimicus filamentosus : c'est une espèce de mer Rouge et de l'ouest de l'océan Indien. Le motif interne des pectorales est très proche de celui de I. didactylus, mais leur aire de distribution ne se chevauche pas. Chez I. filamentosus, la moitié inférieure de la pectorale est crème à jaune pâle avec des lignes blanches rayonnantes et quelques taches noires près de son point d'insertion. La partie distale* est jaune orangé avec de nombreuses taches noires.

Inimicus sinensis : se rencontre dans l'ouest du Pacifique tropical et le nord de l'océan Indien. L'intérieur des pectorales est brun foncé uniforme avec des taches jaunes.

Inimicus caledonicus : se rencontre dans l'est de l'océan Indien et dans le Pacifique tropical Ouest (de la Thaïlande jusqu'à la Papouasie Nouvelle-Guinée, l'Australie et la Nouvelle-Calédonie). L'intérieur des pectorales est jaune à brun, chiné, ou avec des marques brun noir concentriques.

Dans la même famille, toujours dans l'Indo-Pacifique, il existe d'autres espèces qui pourraient être confondues avec le poisson-démon :
C'est le cas du poisson-pierre comme Synanceia verrucosa ou S. horrida qui eux aussi s'enfouissent dans le sédiment, mais ils ont un corps plus massif et une tête plus ronde, sans un nez en trompette, et les rayons de la dorsale sont très courts.
Les rascasses et les poissons-scorpions, comme Scorpaenopsis oxycephala, eux aussi pourraient être confondus mais ils ne s'ensablent pas, ils n'ont pas les très grands rayons épineux libres sur la dorsale, ni de rayons libres sur les pectorales pour marcher sur le fond et leur museau n'est pas en trompette.
Enfin, citons les espèces du genre Rhinopias comme Rhinopias eschmeyeri et autres, qui présentent un profil de la tête similaire au poisson-démon avec un nez en trompette. Mais ils ne s'ensablent jamais, n'ont pas les très grands rayons épineux libres sur la dorsale, ni de rayons libres sur les pectorales pour marcher sur le fond.

Alimentation

Le poisson-démon est un prédateur vorace qui chasse à l’affût. Il s'enterre dans le sédiment, ne laissant dépasser que sa bouche et ses yeux situés au sommet de sa tête. Il se nourrit de poissons, céphalopodes et crustacés qui passent à sa portée. Il ouvre alors son immense bouche protractile* et par effet d'aspiration, il avale sa proie en une fraction de seconde. Il peut avaler des proies faisant la moitié de sa taille.

Reproduction - Multiplication

Le poisson-démon est gonochorique*. Il existe un dimorphisme* sexuel, le mâle étant plus petit que la femelle. Lorsqu'ils se rencontrent, l'été en période de reproduction, le mâle entame une parade nuptiale, en tournant autour de la femelle et en se pavanant devant sa tête, les pectorales souvent déployées. Puis, à la tombée du jour, le couple monte brusquement à la surface et libère ses gamètes*. La fécondation est donc externe et se fait en pleine eau. Les œufs sont regroupés dans une masse gélatineuse qui va se déplacer au gré des courants et se désagréger en quelques jours. Les œufs éclosent au bout de 5 jours environ et les larves* sont pélagiques*.

Divers biologie

Sa nageoire dorsale est constituée de 15 -17 épines et 7 - 9 rayons mous. L'anale compte 2 épines et 10 - 12 rayons mous.
Les 2 premiers rayons de ses nageoires pectorales sont libres, robustes et lui servent à marcher sur le fond.
Des glandes à venin se situent à la base des épines de la dorsale.

En cas de danger, ou lors de parades amoureuses, le poisson-démon écarte et déploie ses nageoires pectorales comme un éventail, et exhibe alors la face interne très colorée de ces nageoires. De même il déploie sa queue et redresse les épines de sa dorsale.

C'est une espèce solitaire que l'on peut retrouver en couple uniquement lors de la période de reproduction. Elle a une activité nocturne et reste généralement ensablée la journée.

Informations complémentaires

De par ses couleurs et son habitude de vivre enfoui, c'est un roi du camouflage. Son venin peut être mortel pour l'homme. Ce qui le rend d'autant plus dangereux pour les plongeurs, et notamment les photographes qui se posent sur le fond pour prendre des photos. Vivant dans les fonds meubles, généralement peu fréquentés par les plongeurs, c'est surtout lors de "muck dives", notamment en Indonésie (Lembeh, Ambon, Komodo...) ou aux Philippines (Anilao...) qu'on aura le plus de chances de l'apercevoir.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Cette espèce n'est pas listée dans la liste rouge de l'UICN*, même sous le statut DD (data deficient), c'est-à-dire données insuffisantes.

Origine des noms

Origine du nom français

Poisson-démon : probablement dû à sa couleur souvent dans les rouges et sa venimosité qui en font un vrai démon !

Origine du nom scientifique

Inimicus : du latin [inimicus] = ennemi.

didactylus : du préfixe [di] = 2 et du latin [dactylus] = doigt. En référence aux 2 rayons des pectorales qui permettent à ce poisson de marcher sur le fond.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Classe Actinopterygii Actinoptérygiens Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées.
Ordre Scorpaeniformes Scorpéniformes Poissons scorpions.
Sous-ordre Scorpaenoidei Scorpénoïdes
Famille Synanceiidae Synancéiidés
Genre Inimicus
Espèce didactylus

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