Chélicères parallèles à l’axe longitudinal du corps
Fovea très large et droite ou très légèrement recourbée vers l’avant
Abdomen de couleur sombre, sans motif
Céphalothorax duveteux de couleur ferrugineuse
Une dizaine de soies positionnées entre les yeux et la fovea
Longueur moyenne sans les pattes : 10 mm
Mygale des Badamiers (Mayotte)
Intertidal trapdoor spider (GB)
Atrophonysia intertidalis Benoit & Legendre, 1968
Océan Indien Ouest
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueOn rencontre l'espèce à Madagascar (Nosy Be), aux Seychelles et dans les Comores (sur Grande Comore et plus récemment à Mayotte).
Au sein de la zone de balancement des marées (zone intertidale*) ou à proximité, cette araignée creuse son terrier dans un sol boueux argileux exclusivement.
Idioctis intertidalis est une mygale Barychélidé qui a été décrite en 1968 par Benoit et Legendre à partir de 2 spécimens (une femelle et un juvénile) : il n’y a pas de description de mâle connue à ce jour.
Comme toutes les araignées, le corps d’une mygale est constitué d’un abdomen (l'opisthosoma*) et d’un céphalothorax (le prosoma*) sur lequel on trouve 4 paires de pattes ambulatoires. Chez les mygales, chacune des pattes possède une terminaison en coussinet de poils adhésifs (les scopules*).
La partie céphalique porte également 2 chélicères* (appendices buccaux) et 2 pédipalpes* (pattes-mâchoires entourant la bouche).
Chez les Mygalomorphes, sous-ordre d'appartenance d'Idioctis intertidalis, les chélicères sont parallèles à l’axe longitudinal du corps (contrairement aux Aranéomorphes chez lesquelles les chélicères se ferment comme une pince).
Il existe des milliers d’espèces de mygales distribuées dans le monde, recouvrant plus de 300 genres.
Les mygales du genre Idioctis se caractérisent par une carapace (partie supérieure du céphalothorax en arrière des yeux jusqu’à la base de l’abdomen) poilue et sans motif.
La fovea* (strie thoracique présente au centre de la carapace) est très large et droite ou très légèrement recourbée vers l’avant. L’abdomen est de couleur pâle, sans motifs.
Les épines rastellaires (présentes sur le rastellum*) sont en ligne, surplombant les crochets et pas sur des protubérances.
Les lames maxillaires (maxillae) présentent généralement 18-20 petites dents (cuspules*) au niveau du coin antérieur interne. Le labium* (pièce buccale inférieure) est large et sans cuspules. Le sternum* est long et étroit (environ 1.5 fois plus long que large), avec éventuellement de minuscules sigilles* (indentations circulaires marquant l’accroche des muscles internes). Pour plus de détails sur les positions des poils (scopules) sur les différentes paires de pattes et la configuration des mâchoires voir Churchill et Raven, 1992.
Pour différencier Idioctis intertidalis des autres Idioctis spp., bien qu’elles ne soient pas du tout sympatriques*, cette espèce (femelle uniquement, donc) a été décrite par les auteurs initiaux comme étant de couleur ferrugineuse, excepté pour l’abdomen qui est de couleur noirâtre. Le rastellum est composé de 9-10 épines (6 pour les juvéniles) couvrant l’articulation des crochets, au niveau de leur jonction avec les chélicères. Ces derniers sont équipés de 8 dents chélicérales (6 pour les juvéniles), la première étant rudimentaire. La pilosité est duveteuse et clairsemée, avec une dizaines de soies* positionnées entre les yeux et la fovea. Les lames maxillaires présentent 2 spicules* sur le bord inférieur et sont uniformément couvertes de poils longs et abondants.
Très peu d'individus sont connus de par le monde mais chez le type femelle, la longueur de l'abdomen et du céphalothorax est de 8,6 mm (hors chélicères).
Aucune espèce ressemblante (du même genre) dans l'aire de répartition d'Idioctis intertidalis.
L’espèce la plus proche morphologiquement est Idiophthalma sp., qui n’existe qu’en Amérique du Sud (non sympatrique*) et a priori dans un environnement différent de la zone intertidale.
Il n’existe pas d’information sur le régime alimentaire spécifique à Idioctis intertidalis.
En revanche, Benoit et Legendre (1968) indiquent qu'Idioctis littoralis, provenant de Singapour, semble se nourrir exclusivement de vers annélides polychètes, d'après son descripteur Abraham, en 1924 (qui l'avait décrite des lagunes de Malaisie).
Il n’existe à ce jour aucune information sur la reproduction propre à Idioctis intertidalis.
Une association (partage de biotope*) est connue dans les Seychelles avec une autre araignée mygalomorphe, Nesiergus halophilus Benoit, 1978, de la famille des Théraphosidés.
Le genre Idioctis compte à ce jour 9 espèces réparties dans l’Indo-Pacifique.
Idioctis intertidalis est une espèce rare (l'UICN* l’a même déclarée PE (Possibly extinct) en 2017) dont on ne connaît que la physiologie de femelles et juvéniles. Les individus étudiés par Benoit (1978) et Raven (1988) par la suite provenant respectivement des Seychelles et de Grande Comore (archipel des Comores) sont également des femelles ou des immatures.
L'holotype* provient de Nosy Be (Madagascar).
Cette mygale vit exclusivement en zone littorale, juste au-dessus de la limite moyenne des marées de vives-eaux dans un terrier creusé dans un sol boueux argileux (constaté à Nosy Be et aux Seychelles).
Ce terrier est coudé (description détaillée dans Benoit, 1978) et les parois sont recouvertes d’une soie blanche très serrée.
Pas d’information spécifique quant à la dangerosité de la morsure de I. intertidalis.
En revanche, comme pour toute araignée, il convient de rester prudent et de ne pas la manipuler, la morsure pouvant potentiellement être douloureuse et le venin déclencher des réactions allergiques.
Pas de réglementation connue sur cette espèce.
En revanche, Idioctis intertidalis est actuellement classée CR (en danger critique) sur la liste rouge de l'UICN*.
Concernant Mayotte : le seul endroit où l'espèce est connue, à savoir la vasière des Badamiers, constitue un site protégé, reconnu en 2011 comme zone humide d’importance internationale (site RAMSAR). Il fait l'objet d'une convention (Convention RAMSAR), qui fournit des orientations aux parties contractantes sur la gestion de ces sites.
Mygale intertidale : francisation du nom scientifique d'espèce, précisant en sus son appartenance au sous-ordre des Mygalomorphes.
Mygale des Badamiers : à Mayotte, l'espèce n'est connue que de la vasière des Badamiers et en porte donc le nom. Cette zone se trouve sur l'île de Petite Terre. Il s'agit d'une lagune littorale particulière et unique, alimentée à la fois par les brèches du lagon (eau salée) et par les bassins versants (eau douce).
Idioctis : origine du nom inconnue. Ce choix n'est pas expliqué par le descripteur du genre, Ludwig Carl Christian Koch en 1874.
intertidalis : mot formé sur la base du latin [inter] = "à l'intérieur de", "au milieu de" et de l'anglais [tide] = marée. La zone intertidale est l'un des noms de la zone de balancement des marées (ou estran) et c'est la zone de vie de cette espèce.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Chelicerata | Chélicérates | Corps divisé en prosome* et opisthosome*. Chélicères et Pédipalpes. 4 paires de pattes locomotrices. |
Classe | Arachnida | Arachnides | Corps formé d’un céphalothorax et d’un abdomen. Présence de chélicères. Huit pattes (4 paires). |
Ordre | Araneae | Araignées | Glandes séricigènes abdominales, chélicères avec des glandes à venin. |
Sous-ordre | Mygalomorphae | Mygalomorphes | Araignées orthognathes (Orthognatha) : base des chélicères dirigée vers l'avant. |
Famille | Barychelidae | Barychelidés | Mygales tropicales caractérisées par des peignes de soies à l'extrémité des pattes. |
Genre | Idioctis | ||
Espèce | intertidalis |
Mygale marine
Idioctis intertidalis est une mygale Barychélidé qui a été décrite en 1968 à partir de seulement deux spécimens : une femelle et un juvénile. Il n’y a pas de description de mâle connue à ce jour.
Des milliers d’espèces de mygales sont distribuées dans le monde, recouvrant plus de 300 genres.
Cet individu doit faire environ 10 mm sans les pattes.
Vasière des Badamiers, Mayotte (Petite Terre), océan Indien, zone intertidale
22/06/2013
Caractéristiques
Sur cette vue dorsale, nous pouvons localiser les différents éléments caractéristiques de l’espèce :
- L'abdomen ne montre pas de motif.
- Le céphalothorax de couleur ferrugineuse est duveteux.
- La fovea est large et droite.
- Il y a des soies entre les yeux et la fovea.
- Les chélicères sont parallèles à l’axe longitudinal du corps.
Vasière des Badamiers, Mayotte (Petite Terre), océan Indien, zone intertidale
22/03/2013
Partie antérieure
La partie antérieure du céphalothorax montre bien les chélicères, qui ne sont pas en crochets horizontaux, comme dans d'autres familles d'arachnides mais verticaux et parallèles à l'axe du corps de l'animal.
Notons également le côté soyeux de la zone entre les yeux et la fovea.
Vasière des Badamiers, Mayotte (Petite Terre), océan Indien, zone intertidale
22/06/2013
De face
De face, l'animal nous montre les deux pédipalpes, plus courts que les premières pattes locomotrices. Les chélicères sont parallèles à l'axe du corps.
On peut également observer les soies noires, hérissées, derrière les yeux.
Vasière des Badamiers, Mayotte (Petite Terre), océan Indien, zone intertidale
22/06/2013
Dans le terrier
L'animal vit en zone intertidale, dans un terrier généralement creusé dans un sol boueux argileux.
Ce terrier est coudé et les parois sont recouvertes d’une soie blanche très serrée.
Il se ferme hermétiquement par un clapet étanche durant la marée haute.
Vasière des Badamiers, Mayotte (Petite Terre), océan Indien, zone intertidale
22/06/2013
Rencontre rare à Mayotte
Cette mygale marine a été rencontrée à Mayotte, pour l'heure en un lieu unique : la vasière des Badamiers (Petite Terre), où son terrier est creusé sur l'estran, dans
la vase.
C'est une rencontre extrêmement rare, d'une part à cause de la distribution restreinte de l'espèce mais également par son mode de vie dans la zone de battement des marées et le fait qu'elle vive dans un trou obstrué par un clapet très bien camouflé.
Vasière des Badamiers, Mayotte (Petite Terre), océan Indien, zone intertidale
22/06/2013
Rédacteur principal : Jean ROGER
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Benoit P.L.G, 1978, Contributions à l'étude de la faune terrestre des îles granitiques de l'archipel des Séchelles (Mission P.L.G. Benoit - J.J. Van Mol 1972). Araneae Orthognatha, Revue Zoologique Africaine, 92, 405-420.
Benoit P.L.G, Legendre R., 1968, Un Barychelide nouveau de Madagascar: Atrophonysia intertidalis gen. Sp. nov. (Aranea – Orthognatha), Revue de Zoologie et de Botanique Africaines, 77(3-4), 329-334.
Churchill T.B., Raven R.J., 1992, Systematics of the intertidal trapdoor spider genus Idioctis (Mygalomorphae: Barychelidae) in the western Pacific with a new genus from the northeast, Memoirs of the Queensland Museum, 32, 9-30.
Gerlach J., 2014, Idioctis intertidalis, The IUCN Red List of Threatened Species 2014: e.T196122A2442716. http://dx.doi.org/10.2305/IUCN.UK.2014-1.RLTS.T196122A2442716.en. Downloaded on 03 November 2019.
Raven R.J., 1988, A revision of the Mygalomorph spider genus Idioctis (Araneae, Barychelidae), American Museum Novitates, 2929, 1-14.
Roger J., 2018, Spiders (Arachnida : Araneae) of Mayotte Island, Comoros Archipelago : bibliographical synthesis and new field observations, Serket – The Arachnological Bulletin of the Middle East and North Africa, 16(3), 105-132.