Colonies planes, perpendiculaires au courant
Branches luisantes de couleur brun-rouge
Polypes alignés sur les branches en 2 rangées opposées
Gorgone rousse des tombants, éventail de mer des profondeurs
Deep-water sea fan, Schramm's Iciligorgia (GB)
Iciligorgia ballini Kükenthal, 1908
Atlantique tropical Ouest
Zones DORIS : ● CaraïbesCette espèce est uniquement présente dans les eaux caraïbes, de la Floride au nord du Brésil (embouchure de l'Amazone) en passant par les Antilles.
Cette gorgone se fixe sur les substrats* durs, entre la surface (dans ce cas, généralement sur un tombant abrupt) et 300 m de profondeur. Elle préfère les eaux claires et les zones de fort courant, avec une bonne tolérance à la lumière.
La gorgone rousse forme des colonies arborescentes, aplaties, qui peuvent atteindre 1 m d'envergure voire plus.
Les branches principales se ramifient de façon dichotome* dans un seul plan, toujours perpendiculaire au sens du courant. Elles sont légèrement aplaties, luisantes et d'une couleur lie-de-vin, rouge brique à rouge orangé.
L'extrémité des rameaux est parfois très aplatie, et elle est ouverte en tube (fistuleuse*) : on peut voir, du côté "sous le vent" du courant, une fissuration qui disparaît progressivement par soudure.
Les polypes* se situent en deux rangées sur les bords opposés du rameau. Chacun est logé dans un calice* hémisphérique, légèrement en relief. Sur certains échantillons on peut distinguer les 8 lobes sur le calice.
De couleur blanche, les polypes montrent 8 tentacules* et des sclérites* (petits éléments durs) visibles par transparence.
Les polypes aux tentacules pennés* se déploient perpendiculairement au courant, en exploitant ainsi le maximum de la tranche d'eau qui les traverse. Toutes les particules capturées par quelques polypes serviront à nourrir toute la colonie.
La reproduction de cette espèce ne semble pas avoir été spécifiquement étudiée.
Chez les gorgones en général, les sexes sont séparés.
Pour les espèces à fécondation externe, les produits sexuels sont rejetés dans le milieu ambiant à maturité.
Chez d'autres espèces, la fécondation s'effectue à l'intérieur de la cavité générale du polype. Dans ce cas, l'œuf évolue jusqu'au stade de la planula* avant d'être libéré dans le milieu extérieur.
Après avoir nagé un certain temps, la larve* planula se fixe sur le fond pour former une nouvelle colonie.
La gorgone rousse peut être la proie des monnaies caraïbes (Cyphoma gibbosum), les années où celles-ci prolifèrent, ou plus ordinairement des vers de feu (Hermodice carunculata).
On constate une certaine variabilité dans la morphologie des colonies en fonction de leur habitat : celles qui se développent dans des zones très agitées (faible profondeur, entrées de grottes avec mouvements de reflux) ont tendance à être plus trapues et plus robustes.
La préférence de cette espèce pour les eaux claires en fait un bon indicateur de la qualité du milieu.
Trois types de sclérites* (petits éléments durs du squelette) sont localisés dans les différents parties de la colonie :
Gorgone rousse, à cause de sa coloration exceptionnelle.
Le nom de "gorgone des profondeurs" a été attribué sans doute à cause de l'origine des premiers spécimens (récoltés par dragage à 100 m de fond), cependant la gorgone rousse se trouve aussi couramment à très faible profondeur, pourvu que l'eau soit assez agitée.
Iciligorgia : le suffixe [-gorgia] désigne une gorgone. Pour [icili] : le spécimen de la description originale a été pêché par les hommes de l'équipage du navire italien Icilia. Voici ce qu'en dit Duchassaing en 1870 : «Un navire italien, l'Icilia, vint il y a peu d'années dans la mer des Antilles. Son capitaine, dont je regrette de ne pas connaître le nom, pensait que dans cette mer il trouverait peut-être des bancs de corail (corallium rubrum) (sic). […] Ce précieux Zoophyte ne fut pas trouvé, malgré de nombreuses recherches, mais l'on recueillit un certain nombre de coralliaires. […] Il y en avait […] que nous n'avions jamais vues et qui nous paraissent inédites.»
schrammi : espèce nommée d'après Alphonse Schramm, (18??), naturaliste amateur et collectionneur, qui résidait à la Guadeloupe.
Numéro d'entrée WoRMS : 290178
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Classe | Anthozoa | Anthozoaires | Cnidaires exclusivement marins, solitaires ou coloniaux, uniquement sous la forme polype (jamais de phase méduse dans le cycle de vie). |
Sous-classe | Octocorallia / Alcyonaria | Octocoralliaires / Alcyonaires | Anthozoaires coloniaux, parfois solitaires. Polypes de petite taille à symétrie radiaire d’ordre 8 (8 tentacules portant 2 rangées de pinnules). Exosquelette calcaire ou spicules calcaires ou fibres organiques. |
Ordre | Alcyonacea | Alcyonacés | Octocoralliaires dont les polypes sont enfouis dans un coenosarc épais plus ou moins calcifié. Polypes allongés qui restent accolés les uns aux autres en bouquets. Spicules fusiformes et épineux. Ce groupe renferme les alcyons (ou coraux mous), les gorgones, et les coraux vrais. |
Sous-ordre | Scleraxonia | Scléraxonides / Corallides | Colonies ramifiées aux polypes courts sécrétant un squelette axial (de spicules cimentés ou de fibres organiques). Ce sont les coraux vrais. |
Famille | Anthothelidae | Anthothélidés | Scléraxonides avec cortex et médulla bien individualisés, séparés par des canaux longitudinaux. Spicules fusiformes et épineux. |
Genre | Iciligorgia | ||
Espèce | schrammi |
Buisson aplati, rougeâtre, sur un tombant
La gorgone rousse ne peut être confondue avec aucune autre.
Le Diamant, Martinique, 15 m
08/12/2010
Calices proéminents
Les polypes sont disposés de part et d'autre des rameaux.
Sec Pâté, Guadeloupe, 30 m
16/03/2011
Branches rouges
La couleur très soutenue des rameaux n'est pas liée à la présence d'algues symbiotiques, mais à un pigment propre à la gorgone elle-même.
Sec Paté, Guadeloupe, 20 m
14/03/2012
Extrémités fissurées
La croissance des branches se fait par l'extrémité, ouverte en tube, dont les bords s'enroulent en laissant une fissure qui se soudera lors de la croissance.
La Citadelle, Martinique Nord, 14 m
30/11/2012
Grande extension
En situation favorable (eau claire, du courant), les colonies peuvent atteindre de grandes dimensions.
Sec Paté, Guadeloupe, vers 30 m
14/03/2012
Situation préférée
En eau claire, sur un tombant soumis aux courants et même à faible profondeur : voilà la situation favorite de la gorgone rousse.
Pointe Burgos, Martinique, 4 m
08/12/2011
Petits associés
Cette gorgone rousse portait toute une petite famille de crabes-porcelaine, de même que les autres gorgones présentes aux alentours.
Pointe Malendure, Guadeloupe, 8 m , de nuit
11/03/2017
Prédateur en vue
A l'approche du ver de feu (Hermodice carunculata), tous les polypes se rétractent et disparaissent.
Anse Dufour, Martinique, 12 m
10/12/2010
Traces de broutage
Plusieurs branches de la gorgone sont mises à nu. Inutile de chercher très loin le prédateur responsable de ces dégâts : il est encore sur place !
Cap Salomon, Martinique, 12 m
27/11/2011
Attaque par le pirate des Caraïbes
Le mode opératoire est simple : la monnaie caraïbe (Cyphoma gibbosum) râpe les polypes et l'écorce charnue (coenenchyme*) avec sa radula, ne laissant qu'un axe corné et nu.
Anse Dufour, Martinique, 8 m
16/12/2008
Les sclérites*
Les sclérites (petits éléments durs) caractéristiques sont fusiformes et incolores.
N/A
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Rédacteur principal : Anne PROUZET
Correcteur : Véronique PHILIPPOT
Responsable régional : Anne PROUZET
Bayer F.M., 1961, The shallow-water Ocotocorallia of the West Indian Region, Studies on the fauna of Curaçao and other caribbean islands, 55, 1-373. (Smithsonian Digital Repository)
Bouchon C., Laborel J, Philipot V., 1990, Les Cnidaires, in : LA GRANDE ENCYCLOPEDIE DE LA CARAÏBE Vol. 5 LE MONDE MARIN, Sanoli, Pointe-à-Pitre, 207p.
Devictor S.T., Morton S.L., 2010, Identification guide to the shallow water (0–200 m) octocorals of the South Atlantic Bight, Zootaxa, 2599, 1–62.
Duchassaing de Fonbressin P., 1870, REVUE DES ZOOPHYTES ET DES SPONGIAIRES DES ANTILLES, Masson, Paris, 52 p.
Philippot V., 1986, Les gorgones des côtes de l'île de la Martinique (Antilles françaises), Annales de l' Institut Océanographique de Paris, 62(2), 230-250.
Philippot V., 1987, Annotated checklist of the Gorgonacea from Martinique and Guadeloupe islands (F.W.I.), Atoll Research Bulletin, 303, 1-18.
La page d'Iciligorgia schrammi dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN