Carapace blanchâtre
Gros pois rouges ou bleus
Appendices avant développés et aplatis
Crevette arlequin
Harlequin shrimp (GB), Harlekingarnelen (D), Camarón arlequín, gamba arlequinada (E), Gambero Arlecchino (I)
Hymenocera elegans, Heller, 1861
Océan Indo-Pacifique
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]Mer Rouge, océan Indien, Indo-Pacifique
Le milieu de vie de cette espèce n'est pas parfaitement défini. Cette crevette a été vue autant sur des fonds sédimentaires, où cohabitent algues, éponges, cnidaires et astéries, que dans les récifs coralliens.
Certains auteurs pensent que les individus à pois rouges seraient inféodés aux récifs coralliens, tandis que les individus à pois bleutés affectionneraient les fonds sédimentaires.
Hymenocera picta peut être vue dans son abri où elle passe probablement la plupart de son temps. Cependant, elle est plus facilement visible à découvert lorsqu'elle est en chasse.
Hymenocera picta est une crevette qui atteint les 5 cm à l'âge adulte. La carapace est blanchâtre, magnifiquement ornée de gros pois aux vives couleurs. Deux teintes de pois existent : rouge-carmin ou bleu à coeur rosé. Les pattes sont striées de bandes minces de la même couleur que les pois.
Comme tous les décapodes*, le corps de H. picta se divise en deux parties : le céphalothorax* et l'abdomen. Le céphalothorax de H. picta est trapu et constitué de huit segments cachés sous une seule carapace. Sa face abdominale porte les différents appendices buccaux (trois paires de maxillipèdes*), puis les cinq paires de pattes (les péréiopodes*).
Trois types d'appendices sont particulièrement développés chez H. picta. Ils sont très larges, aplatis et facilement remarquables : d'avant en arrière, ce sont le flagelle des antennes supérieures (ou palpe), la troisième paire des maxillipèdes*, puis le dernier segment de la seconde paire de pattes qui apparaît aplati et terminé vers l'extérieur par une petite pince.
La séparation entre le céphalothorax et l'abdomen est marquée par un amincissement de la silhouette.
L'abdomen se compose de six à sept segments. Ils sont visibles car chacun est recouvert d'une petite carapace indépendante, ce qui permet l'articulation de l'animal à ce niveau. Cette zone marque ainsi un coude dont l'angle varie lorsque la crevette se déplace. L'abdomen porte aussi plusieurs appendices abdominaux, à savoir quelques paires de pléopodes biramés.
Le telson* termine l'animal. C'est une queue en forme de trapèze, décorée de deux pois d'un bleu vif et foncé.
Il existe deux noms d'espèce pour décrire les crevettes Hymenocera blanche à pois rouges ou bleus : Hymenocera picta (décrite en 1852) et Hymenocera elegans (décrite en 1861). Certains auteurs les différencient selon leur livrée et leur distribution : H. picta inclut les crevettes à pois rouges et occuperait la région de l'océan Pacifique Central et Est, tandis que H. elegans comporte les crevettes à pois bleutés et se localiserait dans la zone de l'océan Indien et de l'océan Pacifique Ouest. D'autres auteurs proposent que H. elegans soit inféodée à l'océan Pacifique, et que H. picta ne soit que dans l'océan Indien.
Cependant, de récentes recherches proposent qu'il s'agit d'une seule espèce à deux livrées (les deux livrées ayant été rencontrées dans les mêmes régions) et que le genre Hymenocera ne comporterait qu'une seule espèce : H. picta.
Une autre confusion est parfois faite avec la petite crevette Thor amboinensis. Elle porte aussi des taches, mais elles sont blanches et le reste du corps est vert ou rouge. De plus, la crevette Thor, généralement plus petite, montre une forme assez différente, avec une partie postérieure toujours dirigée vers le haut.
Son menu est principalement constitué d'étoiles de mer de divers genres, dont la couronne du Christ Acanthaster plancii.
Elle attaque généralement en couple. Les deux crevettes peuvent parfois essayer de retourner l'étoile de mer, et d'en sortir les pieds ambulacraires* qu'elles dévorent sur place. La crevette se sert de ses pinces et des griffes qui terminent ses pattes.
La consommation de l'astérie semble commencer par l'extrémité du bras attaqué et continuer vers le centre de la proie, probablement afin de la préserver vivante le plus longtemps possible. Cependant, l'étoile de mer a la capacité de se démunir du bras attaqué et de s'échapper ainsi pour survivre.
Le couple met plusieurs jours pour déguster le fruit de sa chasse.
Les individus sont de sexe séparé. Il existe un dimorphisme sexuel puisque la femelle est généralement plus grosse que le mâle.
Cette espèce vit le plus souvent en couple. Celui-ci se forme et se maintient grâce aux phéromones * libérées par la femelle. Leurs chélipèdes* hypertrophiés servent à cette communication chimique.
Avant l'accouplement, il existe une parade nuptiale réalisée par l'agitation de leurs organes sexuels. Puis le mâle et la femelle s'emmêlent pour la fécondation.
Ces crevettes peuvent être difficiles à observer en plongée sous-marine. Elles sont probablement la plupart du temps dans leur abri, où elles consomment leur proie.
Du fait de l'élégance de ces crevettes, certains assimilent leur aspect à celui des orchidées.
Crevette-arlequin : le terme « arlequin » est une allusion au personnage de la Commedia del Arte, Arlequin, dont les habits sont vivement colorés, tout comme la livrée de cette espèce.
Hymenocera : du grec [hymen], membrane, et [keros] = cornes ou antennes, à cause de ses antennes aplaties.
picta : du latin [pingo] = participe passé accordé au féminin de peindre, orner, enluminer. Ce terme ferait allusion aux chatoyantes taches qui ornent la carapace de la crevette.
Numéro d'entrée WoRMS : 210554
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Sous-classe | Eumalacostraca | Eumalacostracés | Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax. |
Super ordre | Eucarida | Eucarides | Présence d'un rostre. |
Ordre | Decapoda | Décapodes | La plupart marins et benthiques. Yeux composés pédonculés. Les segments thoraciques sont fusionnés avec la tête pour former le céphalothorax. La première paire de péréiopodes est transformée en pinces. Cinq paires d'appendices locomoteurs (pinces comprises). |
Sous-ordre | Caridea | Caridés | Les Caridés sont caractérisés par des pléopodes natatoires. C'est à ce groupe qu'appartiennent une grande partie des espèces de crevettes. |
Famille | Palaemonidae | Palaémonidés | Pinces de la seconde paire de pattes beaucoup plus fortes que la première ; carpopodite de la seconde paire de pattes non divisé en articles ; rostre généralement moyennement long avec dents sur le bord dorsal et ventral. Espèces marines littorales ou d'eaux saumâtres. |
Genre | Hymenocera | ||
Espèce | picta |
Individu bleu
La silhouette est marquée par une bosse au niveau de l'articulation entre thorax et l'abdomen.
Thaïlande, Shark Point (sud de Phuket)
07/05/2003
Yeux et muffle
Gros plan sur les yeux pédonculés et les palpes.
Détroit de Lembeh, Sulawesi, Indonésie
26/10/2013
Les appendices hypertrophiés
H. picta protège son repas : Nardoa novaecaledonicae. Les appendices antérieurs sont très développés et ici bien distinguables : les flagelles en haut, les chélicères, puis les pattes aplaties munies de petites mâchoires en bas.
Nouvelle-Calédonie, Nouméa, 5 m
2007
Le telson
Le telson forme une queue en forme de trapèze ornée de deux pois bleu vif.
L'abdomen dessine un coude dans la silhouette.
Nouvelle-Calédonie, Nouméa, 7 m
2006
Début de l'attaque
H. picta a trouvé une proie de choix : Nardoa gomophia. Elle pique l'extrémité d'un bras à l'aide de ses pattes pointues.
Nouvelle-calédonie, Nouméa, 7 m
2006
En couple
On rencontre souvent cette crevette en couple sur sa nourriture favorite.
Thaïlande, Shark Point (sud de Phuket)
07/05/2003
Monsieur et Madame échangent
Cette espèce vit le plus souvent en couple. Celui-ci se forme et se maintient grâce aux phéromones* libérées par la femelle. Ici, c'est la grosse dame, à droite ! Le mâle est généralement le plus petit.
Les chélipèdes* hypertrophiés servent aux échanges et à la communication chimique.
Lagon ouest de La réunion, océan Indien, 1.5 m
Frédérique & Sébastien VASQUEZ
01/12/2015
Distribution : à Mayotte
Un beau couple mahorais...
Mayotte, centre, 4 m
30/01/2010
Distribution : à La Réunion
La distribution indo-pacifique de cette espèce est très large.
Elle est représentée dans les îles françaises de l'océan Indien : Mayotte et La Réunion.
Lagon sur la côte ouest de La Réunion, océan Indien, 1,5 m
Frédérique & Sébastien VASQUEZ
01/12/2015
Distribution : à Sulawesi
La distribution d'H. picta comprend également les eaux indo-pacifiques de l'Indonésie. Elle se poursuit également dans la partie ouest de l'océan Pacifique.
Aer Prang, détroit de Lembeh, Sulawesi, Indonésie, 10 m
18/05/2015
Rédacteur principal : Virginie LEON
Vérificateur : Cédric MITEL
Responsable historique : Cédric MITEL
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER