Couleur vert clair
Forme des réseaux en filet à mailles polygonales
Réseaux non fixés
Grandes cellules jusqu'à 1,5 cm de longueur
Filet à réseaux, hydrodyctie, réseau d'eau, hydrodicte pentagone
Water net (GB), Gemeine Wassernetz (D), Red de agua (E), Waternetje (NL), Vandnet (DK), Amimidoro (Japon)
Conferva reticulata Dillenius, 1742
Conferva reticulatum Linnaeus 1753
Byssus cancellata Linnaeus 1767
Byssus reticulata (Linnaeus) F. H. Wiggers 1780
Hydrodictyon utriculatum Roth 1800
Hydrodictyon pentagonum Vaucher 1803
Hydrodictyon reticulatum (Linnaeus) Lagerheim 1883
Cosmopolite
Zones DORIS : ● Eau douce d'EuropeH. reticulatum est potentiellement présent partout dans les eaux douces du monde en particulier dans l'Hémisphère Nord tempéré et tropical d'où l'espèce serait originaire. En France, il a été signalé presque partout sauf en Corse. Il ne semble pas avoir été rencontré dans l'outre-mer français.
L'espèce a tendance à être ubiquiste*. Elle se rencontre en milieu alcalin et eutrophe* dans les eaux stagnantes et peu profondes comme les mares, fossés, cours d'eau lents avec des cuvettes, marais et prairies marécageuses ou en zones anthropisées comme les installations liées à la pisciculture, rizières, pièces d'eau d'agrément, terrains de golf ou lavoirs.
Elle peut être transportée par des oiseaux aquatiques ou des insectes volants ou encore de façon artificielle par les transferts de poissons ou de plantes aquatiques. L'espèce peut ainsi coloniser de nouveaux secteurs dans des zones avec alternance d'inondations et de sécheresse où elle peut apparaître rapidement après un assèchement. On la trouve à des températures variant entre 24 et 41 °C.
Hydrodictyon reticulatum est une algue verte filamenteuse réticulée* dont les cellules sont allongées, cylindriques, pouvant mesurer jusqu'à 1,5 cm de longueur. Ses cellules se groupent pour former un réseau à mailles le plus souvent hexagonales ou pentagonales (mais 4 à 7 côtés sont possibles).
L'ensemble de la colonie a d'abord la forme d'un filet cylindrique arrondi à chaque extrémité et de couleur verte. Les colonies les plus âgées sont jaunes, irrégulièrement déchirées et mesurent plusieurs centimètres de longueur. La taille du maillage augmente avec l'âge et le réseau dans son entier peut mesurer jusqu'à 20 cm et même jusqu'à un mètre de longueur.
Les colonies sont libres dans la colonne d'eau, posées sur le sédiment ou flottant à la surface.
Dans le genre Hydrodictyon, il existe 4 espèces au niveau mondial : H. africanum et H. patenaeforme forment des filets aplatis en une lame unique avec quelques centaines de cellules seulement tandis que H. reticulatum et H. indicum forment des sacs de milliers de cellules qui ne se séparent à maturité que chez H. indicum.
Cette algue verte est autotrophe* par le biais de la photosynthèse. Grâce à l'eau, au CO2 dissous et à l'énergie lumineuse, elle fabrique sa propre matière organique.
H. reticulatum est composé de milliers de cellules ne se séparant pas à maturité. La multiplication végétative intervient en conditions favorables. Elle se fait via des zoospores* à 2 flagelles qui s'associent pour former un filet et qui sont retenues à l'intérieur des cellules mères. A maturité, la paroi des cellules mères se déchire et relâche de nouveaux petits filets microscopiques.
La reproduction sexuée intervient en conditions défavorables. Elle se fait via des gamètes* à 2 flagelles* tous de même taille formant par fusion des zygospores et un filet plat de 100 à 300 cellules. Chaque cellule de ce filet germinal peut former des filets fils végétatifs.
H. reticulatum a donc un cycle biologique complexe présentant une alternance de stades mobiles et de stades fixes. Trois de ces stades qui ont une paroi épaisse contiennent des produits de réserve, et peuvent constituer des stades résistants (dormants) du cycle vital. On observe des variations annuelles ou pluriannuelles avec apparition et disparition de nombreuses colonies sans que l'on sache exactement pourquoi. Le taux de croissance est optimum pour des températures comprises entre 26 et 30 °C.
L'espèce est parasitée par le champignon microscopique Plyctochytrium hydrodictyi.
Le démarrage de la période de développement de cette algue est généralement assez tardif, à la fin du printemps. Elle prolifère en période estivale et peut subsister assez tard dans la saison. Lorsqu'elle est exposée au soleil, l'algue pratique la photosynthèse, des bulles se forment et elle est entraînée vers la surface.
L'espèce a très certainement été introduite par les activités humaines dans certains pays, en particulier dans l'hémisphère Sud comme en Australie et en Nouvelle Zélande. Cette algue peut proliférer dans des installations où l'eau est chauffée artificiellement comme les réservoirs liés à des centrales nucléaires.
Elle est parfois produite en aquaculture et utilisée dans la nourriture des élevages de poissons comme Oreochromis niloticus et Tilapia zillii. Elle est également utilisée lors d'expérimentations diverses en laboratoire en vue d'utilisations industrielles.
La présence massive de ces algues indique souvent une pollution organique ou minérale. Un fort éclairement est favorable à la croissance et à l'apparition de fortes biomasses. Dans les conditions favorables, la biomasse peut atteindre voire dépasser le kg de poids sec par m2.
Le nom hydrodicte est la transcription en français du nom de genre en latin ; pentagone se réfère à la forme de la maille la plus commune qui caractérise cette algue en filet.
Hydrodictyon : du grec [hydro] = eau, mouiller, onde et du grec [dictuon] = filet de pêche, soit <<filet aquatique>>.
reticulatum : du latin [reticulum] = petit filet, réseau, résille, treillis.
Avec ces noms pour le genre et l'espèce, on a une tautologie et un pléonasme qui insistent bien sur l'aspect très particulier de cette algue !
Numéro d'entrée WoRMS : 381000
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chlorophyta | Chlorophytes | Embranchement très vaste et hétérogène de plus de 7000 espèces d'algues vertes. Unicellulaires (flagellées ou non), coloniales, filamenteuses, thalles* siphonés* ou non. Benthiques* et fixées ou planctoniques*. Subaériennes, eaux douces, saumâtres et marines. |
Classe | Chlorophyceae | Chlorophycées | Unicellulaires (flagellées ou non), coloniales, filamenteuses, en thalle ou siphonées. Benthiques et fixées ou planctoniques marines ou d’eau douce. |
Ordre | Sphaeropleales | Sphaeropleales | |
Famille | Hydrodictyaceae | Hydrodictyacées | |
Genre | Hydrodictyon | ||
Espèce | reticulatum |
Un vrai filet vert fluo
Sortie de l'eau, l'algue filet d'eau a l'aspect d'un mini filet de pêche de couleur verte avec des mailles de taille régulière.
Roque sur Garonne (31)
01/09/2003
Les mailles du filet
Le réseau de mailles de cette algue constitue un filet dans lequel une aselle a bien du mal à évoluer (vue en plongée).
Saint-Quentin-en-Yvelines (78), Golf National, 0,5 m
19/06/2016
Aspect in natura
Sur le terrain, l'algue filet d'eau ressemble à beaucoup d'autres algues vertes d'eau douce. Elle forme des paquets ayant tendance à flotter en surface et à s'accumuler près des rives.
Roque sur Garonne (31)
27/08/2003
Réseau caractéristique
Lorsqu'on prélève l'algue filet d'eau à la main, le réseau caractéristique de l'espèce devient bien visible.
Roque sur Garonne (31)
01/09/2003
Une dentelle à mailles fines
Lorsqu'elle est encore jeune, l'algue filet d'eau a l'aspect d'un doigt de gant en dentelle.
Bassin de Crépieux-Charmy (69), pour alimentation en eau potable du Grand Lyon
08/2011
Des cellules en chapelet
L'algue filet d'eau forme des mailles arrondies dont les côtés de forme arrondie, dont les côtés, en nombre variable, sont faits de cellules, souvent 4 à 10.
Bassin de Crépieux-Charmy (69), pour alimentation en eau potable du Grand Lyon
08/2011
Des cellules naines … aux cellules géantes
Un jeune thalle (en arrière plan) dont les cellules sont très petites. Elles grossissent progressivement et arrivées au stade "adulte", de grande taille, laissent percevoir à l'intérieur divers organites cellulaires.
Bassin de Crépieux-Charmy (69), pour alimentation en eau potable du Grand Lyon
08/2011
Hors de l'eau, les mailles du filet apparaissent
Lorsque l'algue est sortie de l'eau, on ne distingue bien les mailles du filet qu'en l'étirant doucement latéralement.
Riantec (56), lavoir (faible profondeur)
28/08/2013
Jeune colonie
Les jeunes colonies ont l'aspect d'un doigt de gant en fine dentelle.
Dessin
2016
Deux mailles hexagonales
Chaque cellule est reliée à deux autres en forme de "V" à chacune de ses extrémités dans un système régulier générant des mailles hexagonales.
Dessin
2016
Dessin ancien
Dessin ancien montrant l'aspect général en réseau de l'algue (à droite) et divers détails (à gauche). La légende de la publication d'origine est la suivante <<Fig. 1. Hydrodictye de grandeur naturelle. Fig. 2. Maille détachée, vue à l'œil nu. Fig. 3. La même, vue au microscope avec ses grains brillants. Fig. 4. Côtés du pentagone prêts à se séparer. Fig. 5. Les mêmes, vus au microscope, et enveloppés de leur membrane. Fig. 6. Hydrodictye à la moitié de son développement.>>.
Dessin tiré de la publication suivante : Vaucher Jean-Pierre, 1803. Histoire des conferves d'eau douce, contenant leurs différens modes de reproduction, et la description de leurs principales espèces. Paschoud, Genève, 1-161.
Environs de Genève, à faible profondeur dans un fossé
Reproduction de documents anciens
1802
Rédacteur principal : Pierre NOËL
Correcteur : Alain COUTÉ
Responsable régional : Véronique LAMARE
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La page d'Hydrodictyon reticulatum dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN