Carapace bleue
Grandes pinces asymétriques aux extrémités blanches
Grandes antennes orange
Caché dans un abri le jour, sort la nuit pour chasser
European lobster (GB), Gambero marino (I), Bogavante (E), Europäischer Hummer (D), Lavagante (P), Europese zeekreeft (NL)
Manche, Atlantique, Méditerranée occidentale et centrale
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Le homard vit dans les mers froides et tempérées, entre 20 m et 100 m de profondeur, de la Norvège au Maroc. En Méditerranée occidentale et centrale et dans la mer Noire, on le trouve plutôt à partir de 30 m.
On le trouve sur les fonds rocheux jusqu'à une centaine de mètres de profondeur. Il est devenu rare d'en pêcher à basse-mer ; l'archipel des Chausey est un des endroits où c'est encore possible aux très bonnes marées.
De jour, il vit caché dans son abri, souvent dans des failles, des trous ou des épaves, qu'il remanie constamment en poussant les sédiments vers l'extérieur avec ses pinces. De nuit, on peut le voir se balader sur les roches à la recherche de sa nourriture. C'est un animal assez agressif, qui attaque tout animal de taille inférieure à la sienne. Cette agressivité se manifeste aussi envers ses congénères, surtout par les grands mâles pour la défense des abris, territoires, batailles pour les femelles.
Il peut atteindre 60 cm et au moins 8 kg, sa taille moyenne se situant entre 25 et 50 cm.
Sa carapace est bleuâtre souvent sombre, avec l'extrémité des pattes blanche et les antennes orange.
Son corps est composé d'un céphalothorax, d'un abdomen long, puissant et replié sur lui-même au repos, et d'une queue.
Deux grandes pinces se situent à l'avant du céphalothorax, à l'inverse de la langouste, qui n'en possède pas. Ses 2 pinces sont différentes : la plus large, armée de dents irrégulières, broie, tandis que l'autre, plus mince et armée d'une rangée de dents en scie, coupe. Elles se situent indifféremment à droite ou à gauche et sont particulièrement puissantes (voir informations complémentaires).
Ses yeux sont situés sur des pédoncules* mobiles, permettant une vision très large à 180°.
Le homard possède deux paires d'antennes : les antennules pour l'"odorat", les grandes antennes pour le toucher (détection d'un éventuel danger). D'ailleurs, en plongée, vous pourrez observer le homard toucher son environnement, voire le plongeur (sous réserve de calme et de patience). Ses appendices buccaux sont les mandibules*, maxillules et maxilles, servant à la mastication et à la circulation de l'eau dans les branchies. Il possède un rostre* à l'avant de la tête, celui-ci est muni d'épines toutes tournées vers le haut.
Enfin, sa queue se termine par un telson*, formant une puissante nageoire caudale.
Des différences sont visibles entre le mâle et la femelle. Le mâle a de grosses pinces et un corps fin alors que la femelle a de plus petites pinces et un abdomen plus large.
Le homard américain Homarus americanus est l'espèce la plus proche, mais il se distingue par sa coloration vert foncé à marron (orange sur le ventre), ses pinces sont plus larges et plates.
Son rostre porte une épine en position inférieure, ce qui n'est pas le cas chez le homard européen.
Il vit en Amérique du Nord et ne se rencontre pas sur nos côtes. (Il a été introduit aux Pays-Bas).
Pas de confusion possible en France.
C'est un carnivore, il consomme tout animal qu'il peut maîtriser ou attraper. Ses proies sont plutôt des animaux lents, tels que mollusques, vers et échinodermes, mais cela peut être occasionellement des crustacés et des poissons, des animaux morts et des algues. Après la mue, il a été observé en train de consommer sa carapace, peut-être pour "récupérer" le calcium utile au durcissement de sa nouvelle carapace.
Ses prédateurs sont le poulpe et l'homme. Pour l'interaction humaine, voir le chapitre "Informations complémentaires".
Animal solitaire, le homard n'accepte la présence de ses congénères qu'en période de reproduction.
Les sexes sont séparés et l'accouplement se fait après la mue de la femelle, lorsque la cuticule* de cette dernière est encore molle. L'accouplement est souvent précédé de préliminaires et de parades nuptiales. Grâce à ses appendices abdominaux modifiés en organe copulateur, le mâle introduit son sperme dans le réceptacle séminal de la femelle, qui est stocké dans une poche (spermathèque*).
La femelle peut féconder ses œufs avec le même sperme au moins deux années successives. Plus la femelle est grande, plus elle produit d'œufs, entre 5 000 et 50 000 environ. Ils sont pondus entre juillet et décembre et sont portés sur les appendices abdominaux (pléopodes*) des femelles pendant 7 à 10 mois environ. 1/3 des œufs sont perdus à l'incubation. Pendant l'éclosion, la femelle agite ses pléopodes pour libérer les œufs. Les éclosions, étalées sur plusieurs mois selon la femelle, sont au maximum en mai-juin. On estime que 2 à 3 individus de la progéniture seulement arrivent à l'âge adulte.
Les larves libérées passent par plusieurs stades planctoniques* entre avril et août durant 1 mois, pendant lequel elles muent 4 fois avant de devenir des post-larves (ressemblant à de petits adultes) et commencer une vie benthique*. La température de l'eau influe sur le temps nécessaire qu'il faut aux larves dans ce processus pélagique*. Plus l'eau est froide, plus le processus ralentit (110 jours à 10 °C, 34 jours à 18 °C). Les larves nagent vers le fond et trouvent rapidement un abri.
En moyenne, le homard mue 10 fois la première année, 3 à 4 fois la deuxième, 1 à 2 fois la troisième, 1 seule fois ensuite, et après de moins en moins fréquemment jusqu'à l'arrêt complet de la croissance.
Selon l'Ifremer, le homard est parasité par des protozoaires, comme le sporozoaire du genre Aggregata et la grégarine Porospora gigantea, par le copépode Nicothoe astaci (crustacés) et des annélides Histriobdella homari (vers). Ce dernier se trouve dans la cavité branchiale ou dans les pontes. Un amphipode Isaea elmhirsti (crustacé) semble vivre en permanence entre les pièces buccales du homard, sans pour autant le parasiter.
Bien que beaucoup moins recouvertes que les carapaces des araignées de mer ou que celles des crabes Inachus, les carapaces de homard peuvent être recouvertes de certains invertébrés (épibiose* par annélides polychètes, ou bryozoaires...).
Bien qu'elle soit moins courante qu'on l'ait parfois rapportée, l'association du congre et du homard est bien réelle… (voir photo).
On a prétendu que le congre attendait la mue de son colocataire pour le mettre à son menu, cela reste à prouver !
Quelle est l'exacte nature de cette curieuse association, voilà une bonne question…
Son observation est particulièrement intéressante de nuit, car il sort de son abri pour chasser. C'est là l'occasion de le voir en entier !
Son espérance de vie atteint 15 à 20 ans, mais la pêche intensive la réduit considérablement. En aquarium, des spécimens ont été conservés pendant une cinquantaine d'années. Certains ont avancé un âge de 100 ans, sans certitude, pour les plus gros individus connus.
C'est un crustacé, ce qui signifie qu'il a une carapace non extensible. Pour grandir, il doit donc muer. Le homard mue quasiment toute sa vie, avec un ralentissement avec l'âge. La taille du homard croît d'environ 20 % à chaque mue. Celle-ci se fait plutôt au printemps et en été selon les conditions climatiques.
Sa carapace est bleue lors de son vivant mais devient rouge quand on la cuit. La molécule responsable est l'astaxanthine couplée à des protéines pour former un pigment complexe dénommé crustacyanine. Ce complexe moléculaire décale la longueur d'onde d'absorption de la lumière (elle passe de 472 nm sans crustacyanine à 632 nm avec). La cuisson, en coagulant la protéine de la crustacyanine, libére de l'astaxanthine et lui rend sa couleur rouge. A noter en passant que la coloration des œufs est due à des pigments encore plus complexes et de poids moléculaire très élevés, à savoir des lipo-glyco-caroténo-protéines.
Espèce commune en Manche et Atlantique et beaucoup moins en Méditerranée.
Attention, les pinces peuvent sectionner un doigt ! Donc, en bon plongeur qui se respecte, éviter de les toucher ou de les attraper...
L'homme apprécie ses qualités gastronomiques.
L'espèce s'est raréfiée dans beaucoup d'endroits à cause de sa surexploitation, et notamment par le biais de la pêche au casier. La pollution est localement responsable de la diminution des populations.
Il est plus commun en Atlantique-Manche qu'en Méditerranée. Les 2/3 de la production viennent de la Manche, le reste du golfe de Gascogne. Cet ensemble ne permet pas de satisfaire la consommation nationale et la France doit importer massivement les homards de l'Irlande et de la Grande-Bretagne, mais aussi d'Amérique du Nord (Homarus americanus, le homard américain).
Fiche validée MNHN/DORIS.
Convention de Berne (Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel en Europe) : annexe 3 – Espèces protégées
Convention de Barcelone (Protocole relatif aux aires spécialement protégées et à la diversité biologique en Méditerranée) : annexe 3 – liste des espèces dont l'exploitation est règlementée.
En Corse, interdiction de pêche du homard européen jusqu'en 2012 (chasse sous marine).
Il existe une taille marchande européenne (Règlement (CE) n° 1967/2006 du Conseil du 21 décembre 2006 concernant des mesures de gestion pour l'exploitation durable des ressources halieutiques en Méditerranée) fixée à 300 mm pour la longueur totale de l'animal (de la pointe du rostre à l'extrémité du telson) et 105 mm pour la longueur céphalothoracique (de l'arrière de l'œil à l'extrémité du céphalothorax).
Homard : traduction littérale du nom de genre
européen : lié à sa distribution.
Homarus : du danois [hommer] ; de l'allemand [Hummer]
gammarus : du latin [gammarus] ou [cammarus] = nom d'un crustacé indéterminé, crevette, écrevisse.
Numéro d'entrée WoRMS : 107253
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Sous-classe | Eumalacostraca | Eumalacostracés | Présence d’une carapace recouvrant la tête et tout ou partie du thorax. |
Super ordre | Eucarida | Eucarides | Présence d'un rostre. |
Ordre | Decapoda | Décapodes | La plupart marins et benthiques. Yeux composés pédonculés. Les segments thoraciques sont fusionnés avec la tête pour former le céphalothorax. La première paire de péréiopodes est transformée en pinces. Cinq paires d'appendices locomoteurs (pinces comprises). |
Sous-ordre | Astacidea | Astacoures | Les Astacoures regroupent des crustacés allongés possédant une puissante paire de pinces : homards, langoustines (avec larves) et écrevisses (développement direct). |
Famille | Nephropidae | Néphropidés | . |
Genre | Homarus | ||
Espèce | gammarus |
Le homard, tel qu’on le voit souvent en plongée
Position caractéristique, le corps est caché, les pinces bien visibles, les antennes tâtent l'environnement.
Cale de Ploumanac'h (22), 19 m
06/2008
Tête de profil
Le homard possède deux paires d'antennes : les antennules pour l’"odorat", les grandes antennes pour le toucher. Ses appendices buccaux sont les mandibules, maxillules et maxilles, servant à la mastication et à la circulation de l’eau dans les branchies. Observez les soies sensitives et le long rostre épineux entre les deux yeux.
Toutes les épines de ce rostre sont dirigées vers le haut, alors que le homard américain possède une épine en position inférieure.
Aquarium du Croisic (44)
07/02/2009
Curiosité
Quand il se sent menacé, les pinces se lèvent et claquent. Ici, il se contente de les lever et s'approche du photographe, antennes en avant.
St-Cast, Bourdinots (22), 18 m
05/2006
Agressivité
Un individu agressif hors de son trou en quête de nourriture...
Le Ranolien, Perros-Guirec (22), 16 m
20/06/2009
Les pinces dissymétriques
La plus large, armée de dents irrégulières, broie, tandis que l’autre, plus mince et armée d’une rangée de dents en scie, coupe. Notez aussi son antenne qui vient toucher le photographe.
Epave Walter Darré, St-Malo (35), 30 m
08/2006
Chasse de nuit
C'est la nuit que l'on a surtout la chance de le voir en entier, à la recherche de sa nourriture.
Bizeux, St-Malo (35), 17 m
07/2005
Tête à queue...
Après la mue, le homard a déjà été observé en train de consommer sa carapace, peut-être pour "récupérer" le calcium utile au durcissement de sa nouvelle carapace. Mais ici le consommateur possède une carapace qui semble bien être assez ancienne ("sale"), ce qui exclut cette hypothèse.
Par ailleurs, si c'est la mue du consommateur qui est visible ici, alors les denticulations des pinces (qui sont un peu comme nos empreintes digitales) devraient correspondre parfaitement entre bête vivante et mue.
S'agirait-il d'un cas de cannibalisme ? On ne voit pas de miettes, ni de charognards attirés....
Le homard n'est pas réputé pour son cannibalisme, mais on ne sait jamais ; une bagarre peut se traduire par une pince perdue ; vie perdue c'est plus rare. cf. le film de Robert Tessier et Michel Vrignaud <> (durée 26 mn).
Autre alternative possible : si ce n'était pas en pièces détachées et si ça bougeait : un prélude à un accouplement...
Les réflexions reportées ici nous ont été aimablement communiquées par Pierre NOËL.
Den Osse, Zélande, Pays-Bas, 7 m
04/09/2010
Œufs sur pléopodes
Les œufs, ici cuits, sont portés sur les pléopodes de la femelle. Pendant l’éclosion, la femelle agite ses pléopodes pour libérer les œufs.
Noirmoutier (85)
08/2007
Juvénile en aquarium
Ce juvénile, élevé en aquarium, a 1 an. Il ne mesure que 5 cm environ. Il n'atteindra sa taille adulte que dans 4 ou 5 ans.
Aquarium du Croisic (44)
11/2004
Une cohabitation plus qu'incertaine...
Le congre va-t-il finir par dévorer le homard? Mystère.....
Bretagne
2006
Epibiose avec des tubes de ver
Un homard s'est réfugié sous les tôles d'une épave de Dunkerque (qui ne bénéficie pas toujours d'eaux très claires...). Sur ses pinces : des tubes calcaires d'annélides sédentaires : Spirobranchus triqueter. Il s'agit donc d'une épibiose* provisoire : jusqu'à la prochaine mue du homard !
Dunkerque, 20 m
24/06/2006
Antenne en régénération
Notez la régénération en forme de tire-bouchon. C'est très fréquent chez de nombreux crustacés, mais la raison est méconnue.
La Catis, St-Cast (22), 20 m
25/07/2010
Jeune homard
Avec une très grosse paire de pince sur P1, une plus petite sur P2 et une autre mini sur P3, pas de doute possible, c'est un jeune homard.
Ce petit crustacé a été observé à grande marée basse.
Taille : environ 3 cm.
Ploumanac'h (22), estran
25/05/2017
Rédacteur principal : Sandra SOHIER
Vérificateur : Patrice PETIT DE VOIZE
Correcteur : Pierre NOËL
Responsable historique : Sandra SOHIER
Responsable régional : Sylvie HUET