Eponge commune

Hippospongia communis | (Lamarck, 1814)

N° 3645

Méditerranée et Atlantique proche

Clé d'identification

Eponge massive de forme irrégulière
Rares conules
Aspect globuleux
Couleur gris foncé à noire
Oscules nombreux et gros
Grandes lacunes internes

Noms

Autres noms communs français

Eponge à chevaux

Noms communs internationaux

Horse sponge, honeycomb (GB), Spugna equina (I), Esponja comun, esponja de caballo (E), Pferdeschwamm (D)

Synonymes du nom scientifique actuel

Spongia communis Lamarck, 1814
Spongia equina Schmidt, 1862
Hippospongia equina
(Schmidt, 1862)

Distribution géographique

Méditerranée et Atlantique proche

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]

Cette espèce est présente dans toute la Méditerranée ainsi que dans les archipels de Macaronésie (Açores, Canaries, Madères) en Atlantique Est.

Biotope

On trouve l'éponge commune dès les premiers mètres sous la surface jusqu'à 80 m de profondeur environ. Elle vit fixée à l'entrée ou dans la partie semi-obscure des grottes sous-marines, à la base des feuilles de posidonies Posidonia oceanica, dans le coralligène* ainsi que sur les fonds rocheux détritiques*.

Description

C'est une éponge massive, de forme irrégulière, dont la surface est hérissée de gros conules* espacés et disposés de façon inégale, le plus souvent à proximité des oscules*. Cependant ces projections coniques peuvent être complètement absentes. Si son apparence générale est plutôt globuleuse, on a observé parfois une forme dressée et tubulaire qui porte un ou plusieurs oscules à son sommet. Sa couleur est généralement gris foncé à noire, parfois rougeâtre mais cette pigmentation disparaît dans les endroits à l'abri de la lumière (grottes). L'intérieur de l'éponge est de couleur blanc cassé à crème, parfois rouille. Les oscules sont nombreux, gros et reliés à un important réseau de canaux aquifères* et de lacunes* internes. Ils sont répartis sans ordre défini ou forment de petits regroupements de 5 à 6. L'ectosome* est résistant et sa consistance est ferme et élastique.
Sa taille, sur les côtes françaises, ne dépasse guère une dizaine de centimètres mais sur les côtes tunisiennes, il n'est pas rare de trouver des individus d'une cinquantaine de centimètres ; elle peut même atteindre la grosseur respectable de 1 m de diamètre pour un âge estimé à 50 ans. Cependant, la durée de vie moyenne de cette espèce oscille entre 20 et 25 ans.

Espèces ressemblantes

Spongia (Spongia) officinalis : conules plus petits et nettement plus nombreux et absence de lacunes internes. Présence d'un anneau clair autour de chaque oscule.
Sarcotragus foetidus : oscules plus petits et nombreuses protubérances coniques à base large. Grande résistance à la déchirure.
Scalarispongia scalaris : aspect globuleux plus régulier, réseau de fibres du squelette peu dense rendant cette espèce assez fragile et se déchirant facilement.

Alimentation

Comme toutes les éponges, il s'agit d'un organisme filtreur* microphage*. L'eau est aspirée par pompage à l'intérieur grâce aux pores* inhalants qui parsèment la surface de l'éponge, est filtrée par les choanocytes* qui tapissent la cavité intérieure (ou atrium*) et qui génèrent ce phénomène de pompage, puis rejetée par les oscules terminaux. Au passage les choanocytes retiennent les espèces unicellulaires et les particules alimentaires contenues dans l'eau.

Reproduction - Multiplication

La reproduction peut être sexuée ou asexuée.
- Sexuée : chez cette éponge vivipare* les sexes sont séparés. Les spermatozoïdes* pénètrent dans l'ovocyte et la fécondation aboutit à la naissance d'une larve* ciliée* nageuse, de type « parenchymella* » qui sort par l'oscule de fin mars à juin. Cette dernière est de forme ovale et sa taille varie entre 600 et 650 µm de longueur pour 420 à 480 µm de largeur. Elle est de couleur blanc jaunâtre et se fixe rapidement pour donner une nouvelle éponge.
- Asexuée : par bourgeonnement* ou bouturage de fragments qui se détachent de l'éponge mère pour se fixer un peu plus loin. Bien qu'existante, cette reproduction est relativement secondaire.
Les éponges ont une forte capacité de régénération.

Vie associée

Des observations ont mis en lumière la digestion partielle de feuilles de posidonies Posidonia oceanica englobées dans les tissus d'Hippospongia communis.
Les canaux et les lacunes, de taille relativement importante, servent de refuge à quelques vers polychètes, à des ophiures et à bien d'autres commensaux*.

Divers biologie

Chez cette éponge cornée, dépourvue de spicules*, le squelette est constitué exclusivement de fibres de spongine*. On observera tout d'abord un réseau primaire formé d'un nombre relativement réduit de fibres d'un diamètre compris entre 60 et 100 µm. Ces fibres sont responsables du relief formé par les conules. Elles peuvent incorporer parfois des sédiments ou des spicules d'autres éponges.
Puis un réseau secondaire formé de fibres plus petites (25 à 30 µm) et plus nombreuses qui forment un réseau réticulé bien développé et qui confère à cette espèce ses propriétés de souplesse notamment et ses capacités d'absorption d'eau.
Cette espèce commerciale fait l'objet d'élevage (spongiculture) : une éponge est débitée en petits fragments qui vont se régénérer et donner après quatre ou cinq ans une nouvelle éponge d'une trentaine de centimètres de diamètre. Bien que cette culture soit parfaitement maîtrisée sur le plan technique, sa rentabilité et sa fiabilité restent encore à démontrer.
On a observé chez Hippospongia communis comme chez d'autres spongiaires des contractions de l'orifice osculaire dus à des spasmes réguliers de l'appareil aquifère*. Si l'on ne peut à proprement parler de système nerveux on reconnaît en effet la présence de cellules sensitives et contractiles dans le mésenchyme* de l'éponge.

Informations complémentaires

Une molécule, la untenospongin B, a été isolée et extraite d'Hippospongia communis ; elle a des propriétés antimicrobiennes et antifongiques contre certaines bactéries ou certains champignons.
Cette éponge naturelle était utilisée dans la vie courante pour le nettoyage des chevaux et l'industrie car sa qualité était assez médiocre par rapport à l'éponge de toilette Spongia (Spongia) officinalis. Elle demeure, encore de nos jours, la principale éponge utilisée pour les usages domestiques et industriels (en particulier par les peintres en bâtiment), mais aussi pour la toilette.
L'exploitation des éponges en Méditerranée remonte à l'Antiquité. Les premiers pêcheurs d'éponges étaient grecs, tunisiens, égyptiens ou phéniciens et la cueillette se faisait en plongée libre. Ce n'est qu'au XIXe et au XXe siècle que cette exploitation se développe avec l'apparition du scaphandre à casque et du scaphandre autonome qui permettait d'atteindre des profondeurs de 30 à 40 mètres. C'est en Grèce et en Tunisie que cette pêche s'est particulièrement développée jusqu'à ce qu'une épidémie mortelle et la surexploitation fassent des ravages dans les bancs et que les éponges synthétiques ne viennent envahir le marché.
Actuellement la production des éponges de toilette de Méditerranée a considérablement diminué. Les trois espèces les plus recherchées sont Spongia (Spongia) officinalis, Spongia (Spongia) lamella et Hippospongia communis (la plus commune) et leur utilisation est réservée pour la cosmétique et l'hygiène de la peau qui exploitent leurs qualités hypoallergéniques, leur douceur, leur élasticité et leurs propriétés absorbantes.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Hippospongia communis est présente en annexe 3 de la Convention de Berne qui concerne les espèces qui doivent faire l'objet d'une réglementation, afin de maintenir l'existence de ces populations hors de danger (interdiction temporaire ou locale d'exploitation, réglementation du transport ou de la vente...).
Elle est également inscrite depuis 1995 en annexe III (liste des espèces dont l'exploitation est réglementée) de la Convention de Barcelone (Convention pour la Protection de l'environnement marin et de la région côtière de la mer Méditerranée).

Origine des noms

Origine du nom français

Eponge commune : espèce qui se rencontre fréquemment.

Origine du nom scientifique

Hippospongia : du grec [hippos] = cheval et [spoggos] = éponge, substance spongieuse. Cette éponge était autrefois utilisée pour des usages domestiques et notamment pour laver les chevaux.

communis
: mot latin = commun.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Porifera Spongiaires / Eponges Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules).
Classe Demospongiae Démosponges

Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella.

Ordre Dictyoceratida Dictyocératides « Eponges à réseau de corne ». Squelette entièrement composé de fibres de spongine anastomosées et souvent organisées en réseaux primaire, secondaire voire tertiaire. Fibres généralement homogènes ou légèrement stratifiées avec ou sans moelle centrale. Pas de spicules. Eponges vivipares.
Famille Spongiidae Spongiidés
Genre Hippospongia
Espèce communis

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