Hippocampe moucheté

Hippocampus guttulatus | Cuvier, 1829

N° 302

Manche, Atlantique et Méditerranée

Clé d'identification

Tube buccal trois à quatre fois plus long que haut
Filaments dermiques souvent présents sur la tête et le dos
Mouchetures blanches habituellement présentes sur tout le corps
Plus de dix-neuf rayons dorsaux

Noms

Autres noms communs français

Hippocampe à long bec, hippocampe à ramules

Noms communs internationaux

Long-snouted seahorse (GB), Cavallucio marino (I), Caballito de mar (E), Seepferdchen (D)

Synonymes du nom scientifique actuel

Hippocampus ramulosus (Leach, 1814) est le synonyme le plus fréquemment rencontré
Hippocampus longirostris Schinz, 1822
Hippocampus atrichus
Hippocampus jubatus
Hippocampus filamentosus
Hippocampus multiannularis
Hippocampus longirostris
Hippocampus microcoronatus
Hippocampus microstephanus
Hippocampus rosaceus

Distribution géographique

Manche, Atlantique et Méditerranée

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

Manche, Atlantique et Méditerranée.

Biotope

Il vit à proximité des prairies de zostères ou de posidonies ou des habitats rocheux avec sédiments meubles. Il vit sur le fond et s'accroche aux algues grâce à sa queue préhensile. On peut aussi le trouver dans la zone coralligène en Méditerranée à des profondeurs plus élevées (30 à 40 m).

Description

L'hippocampe moucheté peut atteindre une longueur maximale de 12 à 16 cm. Sa coloration va du brun foncé au jaune, il est souvent moucheté de petits points blancs. La tête fait un angle de 90° avec le corps. La bouche est constituée d'un tube plus ou moins long.
Son corps comporte quarante-six à cinquante-deux anneaux terminé par une queue préhensile à la place d'une caudale classique. Sa crête dorsale et sa tête peuvent présenter de nombreux filaments cutanés, simples ou bifides appelés digitations cutanées et sont souvent constatées sur cette espèce.
On peut compter dix-neuf à vingt et un rayons sur sa nageoire dorsale.
Il nage très lentement en agitant sa nageoire dorsale et peut ramper sur le fond avec sa queue. Il se fixe souvent aux herbes ou aux algues avec sa queue. Les nageoires pectorales sont derrière la tête.
Une autre caractéristique de ce poisson hors pair est la présence de plaques osseuses sous la peau en lieu et place des écailles traditionnelles des poissons. Celles-ci forment une véritable armure aux carènes anguleuses.

Espèces ressemblantes

En plus de H.guttulatus l'espèce suivante existe sur nos côtes françaises :
Hippocampus hippocampus (Linnaeus, 1758) ou hippocampe commun qui s'en distingue par :
- le tube buccal plus court, de longueur inférieure à deux fois et demi la hauteur,
- l'absence habituelle de filaments dermiques, sauf en Méditerranée,
- l'absence de mouchetures blanches sur le corps,
- une nageoire dorsale avec seize à dix-huit rayons.
Hippocampus brevirostris (Schinz, 1822) dit à museau court est un synonyme de Hippocampus hippocampus.
Le genre Hippocampus est exclusivement marin et compte de trente-cinq à cinquante espèces dans le monde.

Alimentation

L'hippocampe a une bouche minuscule, il se nourrit de zooplancton qu'il aspire avec sa bouche en forme de pipette. Il peut également manger des petits crustacés, larves, et des œufs de poisson. L'animal approche lentement de ses proies et profite de sa mâchoire particulière allongée et perpendiculaire au corps pour effectuer au dernier moment le mouvement d'aspiration fatale.

Reproduction - Multiplication

La grande particularité de l'hippocampe réside dans sa reproduction étonnante sans équivalent dans le règne animal.
Sa période de frai culminante est de fin mai à fin juillet. La reproduction est précédée d'une longue parade complexe et spécifique : accrochés par leur queue, les partenaires s'élèvent et s'abaissent plusieurs fois. Le mâle rejette l'eau contenue dans sa poche incubatrice en la pressant avec sa queue. La femelle lui transmet les ovules par sa papille génitale. L'incubation des œufs dans la poche du mâle dure 4 à 5 semaines. Pendant cette période, la poche incubatrice du mâle développe des villosités riches en capillaires entourant chaque œuf fécondé créant une sorte de placenta alimentant les embryons. Les jeunes d'environ 16 mm en sont expulsés par de fortes contractions. Ils seront une centaine de petits hippocampes, livrés à eux-mêmes.

L'hippocampe peut être dit "pseudo-vivipare*".

La maturité sexuelle arrive au bout de 6 à 8 mois. L'hippocampe vit de 2 à 4 ans.

La fonction préhensile des queues joue un rôle très important dans l'accouplement par enlacement et empêche tout croisement avec l'espèce Hippocampus hippocampus qui ne le pratique pas. Hippocampus guttulatus a tendance à former des races ou des variétés locales. Ainsi par exemple les spécimens ou individus d'Arcachon sont beaucoup plus grands que ceux de Méditerranée.

Les hippocampes seraient fidèles et vivraient en couple toute leur vie.

Vie associée

Il est fortement mimétique avec son milieu en homochromie* (même couleur) et homotypie* (même forme). Son immobilité et son camouflage lui permettent également d'approcher, ou plutôt de laisser approcher, sans être vu, les proies dont il se nourrit, essentiellement de petits crustacés, en utilisant sa bouche comme un puissant aspirateur. Il les repère visuellement, grâce à des yeux bien développés et mobiles indépendamment l'un de l'autre.

Divers biologie

Espèce en voie de raréfaction, l'homme est un des prédateurs.

On trouve régulièrement des articles de journaux relatant la saisie d'hippocampes par la direction générale des douanes. La dernière en date dénombrait 35 000 hippocampes en provenant de Guinée pour une valeur marchande 10 000 €. Ce trafic honteux est à dénoncer et nous vous encourageons à ne jamais acheter les objets fabriqués associés.
Le non respect de cette interdiction est passible d'une amende pénale de 1 500€ et d'une confiscation des biens associés au délit.
D'autre part il est bon de rappeler que l'acclimatation même pour des raisons scientifiques et avec les soins les plus sophistiqués perturbe l'animal et réduit sa durée de vie.

Pour voir des hippocampes il ne faut pas hésiter à faire une plongée de type herbier et celle-ci peut s'avérer une plongée de toute façon intéressante. Moniteurs de plongée et moniteurs EBS emmenez vos plongeurs en randonnée aquatique en palmes masque et tuba dans 2 m d'eau et de vase et vous leur donnerez peut-être un souvenir inoubliable de la rencontre étonnante avec l'hippocampe…

Informations complémentaires

Un programme d'étude sur les espèces d'hippocampes des côtes européennes est en cours, sous la direction du scientifique Patrick LOUISY. Il comporte en particulier la base de données Hippo-ATLAS, essentiellement alimentée par les observations des plongeurs.

TOUTE NOUVELLE OBSERVATION EST IMPORTANTE : on ne sait que peu de chose de l'écologie et de la vulnérabilité des hippocampes de nos côtes. Alors, n'attendez pas pour transmettre vos informations à l'Hippo-ATLAS.
Compte tenu de la diversité morphologique des hippocampes de nos côtes, P. LOUISY émet l'hypothèse qu'il pourrait y avoir plus de deux espèces. Des études génétiques en cours permettront peut-être de lever ce doute. Ainsi, H. ramulosus (Leach 1814), qui a été considéré comme synonyme de H. guttulatus, puis comme invalide, pourrait éventuellement correspondre à une espèce à part entière, aujourd'hui mal différenciée de sa proche cousine.

Le peuple Celte des Allobroges (dont le territoire correspond aujourd'hui aux actuels départements de la Savoie, de la Haute-Savoie et de l'Isère) est notablement connu pour son monnayage d'argent (drachmes) et d'or. Parmi les frappes émises figure quelques séries de pièces dites "à l'Hippocampe", peut-être empruntées dans leur déclinaison aux oboles antérieurement émises à Marseille. Selon la mythologie, il semblerait que le cheval marin permette au défunt l'accès pour une vie éternelle sur une île paradisiaque.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Cette espèce est évaluée sur la Liste rouge mondiale de l'UICN (Novembre 2012) : DD : Données insuffisantes (listé Hippocampus guttulatus)
Cette espèce est protégée ou soumise à réglementation :
- au niveau communautaire:
Application de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) (Convention de Washington) au sein de l'Union européenne : Annexe B.
- au niveau international :
Protocole relatif aux aires spécialement protégées et à la diversité biologique en Méditerranée (Convention de Barcelone) : Annexe II.
Convention pour la protection du milieu marin de l'Atlantique du nord-est (Convention OSPAR) : Annexe V.
Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe (Convention de Berne) : Annexe II.

Origine des noms

Origine du nom français

Hippocampe moucheté : qui à la forme d'une tête de cheval et présente des ponctuations.

Origine du nom scientifique

Hippocampus mot latin lui-même tiré du grec [hippos] = cheval et de [kampé] = courbure : cheval courbé ou cheval enroulé,
guttulatus du latin [gutta] = goutte, tache, moucheture, d'où guttulatus = moucheté.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 154776

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Super classe Osteichthyes Ostéichthyens Vertébrés à squelette osseux.
Classe Actinopterygii Actinoptérygiens Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées.
Sous-classe Neopterygii Teleostei Néoptérygiens Téléostéens Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées.
Super ordre Acanthopterygii Acanthoptérygiens Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens.
Ordre Syngnathiformes Syngnathiformes Poissons possédant des mâchoires soudées en un tube allongé. Il s'agit essentiellement des syngnathes et des hippocampes.
Famille Syngnathidae Syngnathidés Bouche « rapportée » au bout d'un tube.
Genre Hippocampus
Espèce guttulatus

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