Hippocampe denise

Hippocampus denise | Lourie & Randall, 2003

N° 1353

Indo-Pacifique

Clé d'identification

Petit hippocampe au museau court
Une taille moyenne de 1,6 cm
Corps jaune à orange, lisse ou recouvert de quelques excroissances bulbeuses jaunes à orange
Très mimétique aux gorgones dans lesquelles il vit

Noms

Autres noms communs français

Denise, pygmée jaune, hippocampe grêle, hippocampe pygmée grêle

Noms communs internationaux

Denise's pygmy seahorse, yellow pygmy (GB), Denise-Zwergseepferdchen (D)

Distribution géographique

Indo-Pacifique

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique

Espèce observée en Indonésie, Micronésie, Papouasie Nouvelle-Guinée, Vanuatu, Philippines et les îles Salomons. Signalé en Australie pour la première fois en 2011.
Les sources de l'INPN ont longtemps indiqué que cette espèce était présente en Nouvelle-Calédonie (raison pour laquelle la fiche DORIS existe) mais il semble que cette information était une erreur et résultait d'un signalement erroné.

Biotope

Hippocampus denise établit sa demeure, entre 13 et 90 m de profondeur, dans différents types de gorgones. Celles du genre Muricella : Muricella plectana (Grasshoff, 1999) et Muricella paraplectana (Grasshoff, 1999) jaune ou orange, mais surtout Annella reticulata (Ellis et Solander, 1786), Echinogorgia sp. voire Acanthogorgia sp. avec des petits polypes rarement ouverts et de la même couleur pâle que le corps.

Description

L'hippocampe denise est un animal doté d'un museau court, avec une nageoire anale petite ou absente, 14 rayons de nageoire dorsale pour 10 au niveau des nageoires pectorales. Il est à noter l'absence d'épine au niveau des yeux et des joues. Ce poisson peut être rencontré sous deux formes esthétiquement assez différentes. La première est courante, où le corps est presque lisse et ne présente quasiment pas de tubercules. La seconde est recouverte de quelques excroissances bulbeuses. La coloration de l'animal s'oriente vers le jaune, plus ou moins vif, jusqu'à l'orange, en fonction de la couleur de la gorgone qui l'abrite. Il est souvent parsemé de taches plus sombres.
Sa taille moyenne de 16,2 millimètres, queue comprise, le classe parmi les plus petites espèces de poissons au monde.
La queue préhensile peut porter des anneaux un peu plus sombres et lui permet de s'accrocher au substrat environnant ou bien encore à son partenaire au cours de l'accouplement. Il peut se déplacer en oscillant rapidement sa nageoire dorsale.

Espèces ressemblantes

Il existe plusieurs espèces d'hippocampes nains, qui peuvent présenter une éventuelle source de confusion avec H. denise, parmi elles :

Hippocampus bargibanti (Withley, 1970). Cependant, ce dernier, même dans sa dominante jaune, montre un corps recouvert de nombreuses excroissances colorées, ce que n'a généralement pas Hippocampus denise dont le corps est le plus souvent dépourvu de ce caractère général. Il faut néanmoins rester prudent, étant donné qu'il a été montré que le denise est capable d'adapter la surface de son corps pour accentuer encore le mimétisme avec sa gorgone-hôte, y compris lorsque cette gorgone, que ce soit dû à l'espèce (Acanthogorgia sp. par exemple) ou bien à une phase métabolique, présente des polypes générant des bosses et des bulbes. Il arrive donc qu'Hippocampus denise se rapproche esthétiquement d'Hippocampus bargibanti sur l'aspect des excroissances en fonction de l'esthétisme et de la structure de sa gorgone. Ce qui pourrait également expliquer pourquoi pendant quelques années cet hippocampe denise a été considéré comme une forme juvénile de l'hippocampe de Bargibant.

Enfin, ces deux espèces se différencient par le nombre de tubercules bulbeux, plus important sur le ventre de H. bargibanti, ainsi que par un nombre différent d'anneaux sur la queue et un museau plus long chez le même animal.
Avec ses 20 mm, H. bargibanti est souvent un peu plus "grand" que l'H. denise.


Il existe d’autres espèces d'hippocampes-pygmés. Par exemple :

  • Hippocampus minotaur (Gomon, 1997) dont le cou massif (d'où son nom) et la tête sont plus grands que chez H. denise. Qui plus est, il dispose d'un nombre d'anneaux sur la queue et de rayons de nageoires différents.
  • Hippocampus waleananus Gomon & Kuiter, 2009 est associé au corail mou (généralement Nephtea sp.) et pas à une gorgone. Beige à jaune, avec quelques taches rouges. Probablement endémique des îles Togian, dans la Baie de Tomini, Sulawesi, Indonésie. Taille : autour des 18 mm.
  • Hippocampus satomiae Lourie & Kuiter, 2008. Connu d'Indonésie (Bornéo, Kalimantan, Sulawesi...). Il vit sur des alcyonaires ou des hydraires, même s'il peut s'en éloigner pour se nourrir la journée. Il montre des excroissances épineuses sur le corps et la tête. Généralement blanchâtre, avec quelques marques orange à rouges. Taille : entre 10 et 14 mm.
  • Hippocampus colemani Kuiter, 2003 est assez massif, au corps enflé blanc, avec de fins tracés rouges partant de la crête dorsale et sur le ventre. Il vit dans les herbiers de Zostera et d'Halophila, à l'est de l'Australie (Lord Howe island). Taille max. : 22 mm.
  • Hippocampus pontohi Lourie & Kuiter, 2008. Présent en Indonésie, dans les Philippines, les Fidji et du Japon à la Papouasie Nlle-Guinée, il vit sur de petits tombants coralliens aux alentours de 10 m de fond, accroché sur divers supports : gorgones, alcyonaires, hydraires, bryozoaires. Il a un ventre blanc qui se dégrade vers le jaune sur l'arrière du corps, avec une crête sur la nuque et le dos rouge-orange. Taille: env. 16 mm.
  • Hippocampus severnsi Lourie & Kuiter, 2008 est dorénavant considéré comme un synonyme de H. pontohi.
  • Une seule espèce d'hippocampe nain a été découverte à ce jour dans l'océan Indien, à Sodwana Bay en Afrique du sud : Hippocampus nalu Short, Claassens, Smith, De Brauwer, Hamilton, Stat & Harasti, 2020. Celle-ci ne peut pas être confondue avec H. denise, ne serait-ce que d'un point de vue géographique.

Alimentation

L'hippocampe denise est un poisson carnivore. Il chasse de minuscules crustacés comme des copépodes, des amphipodes et des crevettes, ainsi que des larves et des œufs de poissons, voire d'autres petites espèces faisant partie du zooplancton*. Il ne se nourrit que d'animaux vivants. Son approche reste lente et il profite de la capacité protractile de sa bouche pour effectuer au dernier moment un mouvement d'aspiration fatale à la proie qu'il s'est choisie.

Reproduction - Multiplication

Chez ces poissons, se sont les mâles qui portent jusqu'à éclosion les œufs issus de l'accouplement qui fait suite à une danse nuptiale durant laquelle les partenaires s'enlacent à l'aide de leurs queues préhensiles. Ces éclosions donnent de petits hippocampes de taille très réduite mais qui ressemblent déjà à la forme adulte. Ils sont donc ovovivipares*.
Comme chez tous les hippocampes, il est possible de physiquement distinguer les hippocampes mâles des individus femelles. En effet, chaque sexe est identifiable car les mâles sont munis pour leur fonction de géniteurs d'un bulbe qui englobe l'ensemble du tronc, alors que les femelles ont un corps mince et un gonflement abdominal face à la petite nageoire dorsale dont elles sont pourvues. Avant la ponte des œufs et l'accouplement avec le mâle, l'abdomen des femelles est certes rebondi, mais celles-ci restent encore plus faciles à reconnaître car il existe une cassure caractéristique entre la queue et l'abdomen très facile à observer, là où la poche du mâle, même rabougrie, introduit une continuité.
Etant donné la structure de la poche incubatrice (le marsupium), les œufs ou les embryons en développement se retrouvent entièrement à l'intérieur du tronc du mâle. Cette variation par rapport aux autres hippocampes peut être liée à la taille des animaux.
Des mâles en période de gestation ont été observés en février, mai et octobre, ce qui suggère une reproduction annuelle.

Vie associée

S'il est possible de croiser cet hippocampe dans les branches des gorgones de genre Muricella, Hippocampus denise évolue principalement en association avec les gorgones Annella reticulata (Ellis & Solander, 1786), Echinogorgia sp., voire Acanthogorgia sp. Toutes sont extrêmement proches en couleurs avec l'animal qui y vit, ce qui le rend fort difficile à dénicher. Lui-même sait modifier son apparence pour plus de mimétisme encore.

Divers biologie

Les yeux d'Hippocampus denise sont munis d'une fovéa*, c'est-à-dire d'une zone dans la rétine où la vision des détails est très précise, ce qui lui confère une remarquable acuité visuelle. Ces yeux sont également capables d'être mobiles indépendamment l'un de l'autre et donnent à l'animal la capacité d'une vision binoculaire avant en relief.

Si Hippocampus denise est un poisson dépourvu d'écailles protectrices, de griffes, de venin, de plaques osseuses, et apparaît comme une proie facile à attraper, il doit sa survie à son étonnant mimétisme qu'il peut adapter aux gorgones qui le logent, ce qui lui confère une capacité de camouflage sans pareil.

Si la taille moyenne d'Hippocampus denise est de 16,2 millimètres, certains individus atteignant 24 millimètres de haut ont été mesurés. Néanmoins, le denise est la plus petite espèce d'hippocampe décrite à ce jour. Il atteint sa maturité sexuelle à une des plus petites tailles parmi les poissons téléostéens, à savoir 13,3 mm. Le record appartient à un petit gobie (Schindleria brevipenguis (Watson et Walter) : 7 mm !) identifié en 2004 et détrôné plus récemment en eau douce par un petit cyprinidé décrit en 2006 (Paedocypris progenetica, Tan et Witte, 2005).

Informations complémentaires

Si l'activité humaine ou l'acidification croissante des océans sont des menaces qui pourraient affecter les populations d'hippocampes pygmées, nombreuses sont celles qui restent méconnues. Cependant, il est à noter que la coloration attrayante de ces poissons en fait l'une des principales cibles du commerce aquariophile.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Toutes les espèces du genre Hippocampus sont citées dans l'annexe II CITES en novembre 2002. La liste est effective depuis mai 2004.
Comme son homologue Hippocampus bargibanti, il réside pour H. denise un manque de connaissances et de données concernant la biologie, l'habitat, la distribution de cette espèce. L'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature et des ressources naturelles) liste cette espèce à l'état de données déficientes. Davantage de recherches sur cette espèce demeure donc nécessaire.

Origine des noms

Origine du nom français

Hippocampe : Traduction directe du nom scientifique de genre Hippocampus.
denise : nom scientifique de l'espèce directement utilisé.

Origine du nom scientifique

Hippocampus : Vient du grec [hippocampos] de [hippós] = cheval et [kampé] = courbure, en traduction littérale : cheval courbé.

denise : Le nom d'H. denise a été donné à cette nouvelle espèce, déterminée en 2003, en l'honneur du photographe Denise Tackett. Il fut d'une part le premier à porter ces petits animaux à l'attention de la communauté scientifique et d'autre part montra une forte volonté de partage de ses connaissances sur les hippocampes pygmées.
Le nom Denise proviendrait également, selon certaines sources, de Dionysos, dieu grec du vin. Ceci en rapport avec un certain caractère bon vivant. En effet, cette nouvelle espèce semblerait pour certains plus active notamment que H. bargibanti. Cette hypothèse est peu probable.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Super classe Osteichthyes Ostéichthyens Vertébrés à squelette osseux.
Classe Actinopterygii Actinoptérygiens Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées.
Sous-classe Neopterygii Teleostei Néoptérygiens Téléostéens Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées.
Super ordre Acanthopterygii Acanthoptérygiens Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens.
Ordre Syngnathiformes Syngnathiformes Poissons possédant des mâchoires soudées en un tube allongé. Il s'agit essentiellement des syngnathes et des hippocampes.
Famille Syngnathidae Syngnathidés Bouche « rapportée » au bout d'un tube.
Genre Hippocampus
Espèce denise

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