Hippocampe pygmée rose

Hippocampus bargibanti | Whitley, 1970

N° 999

Indo-Pacifique

Clé d'identification

Petit hippocampe au museau court
Une taille maximale de 2 cm
Corps blanc à gris clair recouvert de multiples excroissances bulbeuses proéminentes roses à orange
Très mimétique aux gorgones dans lesquelles il vit

Noms

Autres noms communs français

Pygmée, hippocampe nain, hippocampe des gorgones, hippocampe de Bargibant, hippocampe-pygmée

Noms communs internationaux

Pygmy, pygmy seahorse, Bargibant's seahorse, gorgonian seahorse (GB), Zwerg-Seepferdchen (D), Dwergzeepaarje (NE), Pygmæsøhest (Danemark), Kuda laut kate (Indonésie)

Distribution géographique

Indo-Pacifique

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique

Animal observable dans la partie Indo-Pacifique de notre globe (Indonésie, Papouasie Nouvelle-Guinée, Queensland, Nouvelle-Calédonie).

Biotope

L'hipppocampe pygmée investit un habitat très spécifique. Il se croise au détour des gorgones Muricella plectana (Grasshoff, 1999) et Muricella paraplectana (Grasshoff, 1999), entre 16 et 40 m de profondeur (Tackett D. et Tackett L., 1997).

Description

Avec une taille maximale de 2 centimètres, Hippocampus bargibanti fait partie des plus petites espèces d'hippocampes connues. Il montre un museau court ainsi qu'un corps recouvert de nombreuses excroissances bulbeuses et proéminentes, l'une d'entre elles formant comme une couronne sur le sommet de la tête. De courtes épines solitaires sont présentes sous chaque œil et sur chaque joue.
Deux formes de couleurs différentes sont rencontrées : la première blanche à gris pâle ou pourpre avec des tubercules roses, rouges ou orangés, la seconde jaune avec des tubercules orange.
L'hippocampe pygmée est un poisson osseux à nageoires munies de rayons. Sa tête forme un angle droit avec son corps. Sa queue est préhensile et lui permet de s'accrocher aux supports environnants ou à son partenaire au moment de l'accouplement. L'animal se déplace à la verticale grâce aux oscillations rapides de sa nageoire dorsale. En conséquence, ses déplacements sont relativement lents.

Espèces ressemblantes

Il existe plusieurs autres hippocampes nains, y compris dans la même zone géographique qu'Hippocampus bargibanti.

Citons en priorité Hippocampus denise, entièrement jaune, paré éventuellement de petits points rouges mais pas de très gros tubercules colorés, qui fréquente les mêmes habitats (gorgones de couleur jaune, bien entendu). Il est même un peu plus petit encore que H. bargibanti.

Puis pour les autres espèces connues à ce jour :

  • Hippocampus minotaur (Gomon, 1997) dont le cou est massif (d'où son nom) et la tête assez grande.
  • Hippocampus waleananus Gomon & Kuiter, 2009 est associé au corail mou (généralement Nephtea sp.) et pas à une gorgone. Beige à jaune, avec quelques taches rouges. Probablement endémique des îles Togian, dans la Baie de Tomini, Sulawesi, Indonésie. Taille : autour des 18 mm.
  • Hippocampus satomiae Lourie & Kuiter, 2008. Connu d'Indonésie (Bornéo, Kalimantan, Sulawesi...). Il vit également sur des alcyonaires ou des hydraires, même s'il peut s'en éloigner pour se nourrir la journée. Il montre des excroissances épineuses sur le corps et la tête. Généralement blanchâtre, avec quelques marques orange à rouges. Taille : entre 10 et 14 mm.
  • Hippocampus colemani Kuiter, 2003 est assez massif, au corps enflé blanc, avec de fins tracés rouges partant de la crête dorsale et sur le ventre. Il vit dans les herbiers de Zostera et d'Halophila, à l'est de l'Australie (Lord Howe island). Taille max. : 22 mm.
  • Hippocampus pontohi Lourie & Kuiter, 2008. Présent en Indonésie, dans les Philippines, les Fidji, il vit sur de petits tombants coralliens aux alentours de 10 m de fond, accroché à des branches d'hydraires. Il a un ventre blanc qui se dégrade vers le jaune sur l'arrière du corps, avec une crête sur la nuque et le dos rouge-orange. Taille: env. 16 mm.
  • Hippocampus severnsi Lourie & Kuiter, 2008 est dorénavant considéré comme un synonyme d'H. pontohi.
  • Une seule espèce d'hippocampe nain a été découverte à ce jour dans l'océan Indien, à Sodwana Bay en Afrique du sud : Hippocampus nalu Short, Claassens, Smith, De Brauwer, Hamilton, Stat & Harasti, 2020. Celle-ci ne peut pas être confondue avec H. bargibanti, ne serait-ce que d'un point de vue géographique.

Alimentation

L'hippocampe pygmée est un poisson carnivore. Il chasse de petits crustacés comme des copépodes, des amphipodes et des crevettes, ainsi que des larves et des œufs de poissons voire d'autres espèces faisant partie du zooplancton*.
Il ne se nourrit que d'animaux vivants, son approche reste lente et il profite de la capacité protractile de sa bouche pour effectuer au dernier moment un mouvement d'aspiration fatale à la proie qu'il se choisit.

Reproduction - Multiplication

Il est possible de distinguer chez les hippocampes les individus femelles des individus mâles. Les mâles sont munis pour leur fonction de géniteurs d'un bulbe qui englobe l'ensemble du tronc, mou ou potelé selon la période de reproduction, alors que les femelles gardent une silhouette fine en toute saison. En effet, chez ces poissons, ce sont les mâles qui portent jusqu'à éclosion les œufs issus de l'accouplement. Avant la ponte des œufs et l'accouplement avec le mâle, l'abdomen des femelles est rebondi, mais celle-ci reste encore plus facile à reconnaître car il existe une cassure caractéristique très facile à observer entre la queue et l'abdomen, là où le bulbe du mâle, même rabougri, introduit une continuité.
L'accouplement fait suite à une véritable danse nuptiale durant laquelle les partenaires s'enlacent à l'aide de leur queue préhensile.
Étant donné la structure de la poche incubatrice, les œufs ou les embryons en développement se retrouvent entièrement à l'intérieur du tronc du mâle. Cette variation par rapport aux autres hippocampes peut être liée à la taille des animaux.
Les éclosions donnent de petits hippocampes de très petite taille mais qui ressemblent déjà aux adultes.
Des études portent à croire qu'Hippocampus bargibanti forme des couples. De plus, l'espèce semble monogame [Tackett & Tackett 1997]

Vie associée

L'hippocampe pygmée évolue au sein des gorgones de genre Muricella. Ces gorgones sont de couleurs identiques à celles de l'animal qui y vit, ce qui le rend extrêmement difficile à dénicher.

Divers biologie

Les yeux de H. bargibanti sont munis d'une fovéa*, c'est-à-dire d'une zone dans la rétine où la vision des détails est très précise, ce qui lui confère une remarquable acuité visuelle. Ces yeux sont également capables d'une mobilité indépendante l'un de l'autre et leur donne la capacité d'une vision binoculaire en relief vers l'avant.

Dépourvu d'écailles protectrices, de griffes, de venin, de plaques osseuses, Hippocampus bargibanti reste une proie qui semble facile à attraper, mais il survit grâce à son mimétisme. En effet, couleur et tubercules lui permettent de se confondre avec les gorgones qu'il habite et lui offre ainsi un camouflage sans pareil.

Informations complémentaires

En dehors de l'activité humaine, les menaces qui pourraient affecter les populations d'hippocampes pygmées restent pour la plupart méconnues. Cependant, leur coloration attrayante en fait l'une des principales cibles du commerce aquariophile.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Toutes les espèces du genre Hippocampus sont citées dans l'annexe II CITES de novembre 2002. Cette liste est effective depuis mai 2004. Les populations australiennes de H. bargibanti ont été placées sous l'acte de « Protection de la Faune Australienne » en 1998. Des permis d'exportations sont maintenant exigés. Ces derniers sont uniquement accordés dans le cadre de plans d'administration approuvés là où la captivité a produit des animaux. Une telle administration a été transférée en 2001 sous le nouvel acte de « Conservation de Diversité biologique et de Protection de l'Environnement ». Étant donné le manque de données concernant la biologie, l'habitat, la distribution de cette espèce, l'Australie tout comme l'IUCN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature et des ressources naturelles) place cette espèce à l'état de données déficientes. Davantage de recherches sur cette espèce sont nécessaires.

Origine des noms

Origine du nom français

Hippocampe : traduction littérale du nom scientifique de genre.
pygmée : du grec [pygmaios] = haut d'une coudée. Désigne un organisme de très petite taille.

Origine du nom scientifique

Hippocampus : Vient du grec [hippocampos], de [hippós] = cheval et [kampé] = courbure. En traduction littérale : cheval courbé.

bargibanti : Cette espèce, décrite récemment par Whitley G.P., est dédiée à Georges Bargibant qui a travaillé à l'Orstom (maintenant Institut de Recherche pour le Développement) de Nouméa (Nouvelle-Calédonie). Trois espèces lui sont dédiées. Il a collaboré à un ouvrage sur les gorgones et publié un livre sur les éponges, tout deux concernant la Nouvelle-Calédonie.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Super classe Osteichthyes Ostéichthyens Vertébrés à squelette osseux.
Classe Actinopterygii Actinoptérygiens Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées.
Sous-classe Neopterygii Teleostei Néoptérygiens Téléostéens Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées.
Super ordre Acanthopterygii Acanthoptérygiens Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens.
Ordre Syngnathiformes Syngnathiformes Poissons possédant des mâchoires soudées en un tube allongé. Il s'agit essentiellement des syngnathes et des hippocampes.
Famille Syngnathidae Syngnathidés Bouche « rapportée » au bout d'un tube.
Genre Hippocampus
Espèce bargibanti

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