Couleur blanche
Moins de 1mm
Forme de massue
Disque basal
Pédoncule tordu
Foraminifère agglutinant
Haliphysema tumanowiczii (Bowerbank, 1862)
Squamulina scopula Carter, 1870
Halyphysema primordiale Haeckel, 1877
Gastrophysema dithallamium Haeckel, 1877
Mers tropicales et tempérées
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Caraïbes, ● Indo-PacifiqueCette espèce a été décrite originellement autour des îles Britanniques, signalée aussi en Norvège et en Corse.
Sa distribution mondiale est très mal connue. Elle est probablement répandue dans toutes les mers tropicales et tempérées.
L'espèce est signalée depuis la zone de battement des marées jusqu'à 45 m, on la retrouve dans la zone des laminaires.
Elle apprécie les zones exposées aux courants, facilitant à la fois la capture de nourriture et la récupération des éléments utilisés pour la construction de la structure.
On a une chance de voir ces foraminifères le plus souvent fixés sur des hydraires dressés (comme Halecium halecinum, Hydrallmania falcata) mais aussi sur des algues rouges comme Solieria chordalis. On les a observés aussi sur d'autres espèces, par exemple sur le pédoncule de l'ascidie Aplidium punctum).
Le foraminifère-massue est de couleur blanche et mesure moins de 1 mm, ce qui ne facilite pas son observation en plongée. Les observations détaillées doivent se faire en laboratoire, avec une loupe binoculaire.
Il est fixé par un petit disque basal. La partie supérieure, de section cylindrique s'élargissant vers le haut, forme une sorte de massue.
Le pédoncule est tordu irrégulièrement chez les individus les plus grands, mais il est droit chez les plus jeunes individus. La structure est composée de grains de sable et de nombreux fragments de spicules*, agglutinés grâce aux pseudopodes*. Des spicules entiers, ou les gros fragments, sont le plus souvent orientés dans l'axe du cylindre, excepté à l'extrémité, où ils sont disposés en "pelote d'aiguilles". Ces divers éléments sont soudés par un ciment calcaire.
Quelques grains de sable relativement gros sont fréquemment coincés entre les spicules dressés à l'extrémité. Les pseudopodes s'étirent vers l'extérieur, pour capturer nourriture et éléments exogènes pour la structure.
Halyphysema ramulosa Bowerbank, 1862 est une espèce très proche, qui forme des colonies ramifiées. H. tumanowiczii n'est pas ramifiée, bien que Carter, 1870 ait défini pour Squamulina scopula une "variété branchue".
On pourrait facilement confondre ce foraminifère avec une éponge, de par sa forme et la présence de nombreux spicules. Lors de la description de cette espèce, Bowerbank l'avait d'ailleurs classée parmi les éponges, tout en précisant qu'il n'avait jamais pu observer de pores ou d'oscules.
Sur les hydraires où il vit fixé, ce foraminifère pourrait être confondu avec les gonothèques* de forme plus ou moins semblable (confusion liée à la petite taille). Néanmoins, la couleur franchement blanche du foraminifère devrait permettre d'éviter cette confusion. Un examen à la loupe reste cependant utile (voire indispensable…).
Comme tous ses cousins, le foraminifère-massue utilise ses pseudopodes collants pour capturer ses proies : d'autres animaux microscopiques (des ciliés, des actinopodes) ou des algues microscopiques (diatomées). Occasionnellement, il peut capturer des larves planctoniques : nématodes ou crustacés.
Elle est très peu connue.
Il semble que la reproduction des foraminifères (5 000 espèces actuelles connues) soit complexe, faisant alterner des générations haploïde* et diploïde*, avec chez certaines espèces de forts dimorphismes sexuels.
On trouve le foraminifère-massue fixé le plus souvent sur des hydraires dressés. Il ne s'agit pas d'une véritable association mais de l'utilisation opportuniste d'un support élevé qui permet à cette petite espèce de ne pas être ensevelie sous le sédiment et qui facilite également la capture de nourriture.
Ce foraminifère agglutinant utilise ses pseudopodes* (petits appendices collants) pour récupérer dans le courant grains de sable et spicules* d'éponges, débris ou éléments entiers, pour construire sa structure. La nature exogène des spicules est nettement confirmée par l'examen au microscope : on trouve de très nombreux débris et des spicules caractéristiques d'espèces très différentes, provenant donc de plusieurs espèces d'éponges.
Dès la description de l'espèce, Bowerbank avait émis des doutes en classant cette espèce parmi les éponges, car il n'avait pu observer ni pores ni oscules.
C'est Carter en 1870 qui le décrit comme étant un foraminifère.
Ces animaux de petite taille doivent souvent passer inaperçus des plongeurs. Sur les sites où ils ont été observés, ils constituent pourtant des populations très nombreuses.
Foraminifère-massue est une proposition du site DORIS, en rapport (toutes proportions gardées...) avec la forme de ce foraminifère agglutinant.
Halyphysema : à l'origine, ce genre a été créé par rapport à des genres utilisés pour les éponges (cf. première description, par Bowerbank). Du grec [hal-] : en rapport avec le sel, la mer ; et [physema] = gonflement, ce qui correspond à la forme renflée vers l'extrémité.
tumanowiczii : en hommage à C.I. Tumanowicz ou Tumanovicz, qui a publié plusieurs études sur les algues.
Numéro d'entrée WoRMS : 113869
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Foraminifera | Foraminifères | Les Foraminifères sont exclusivement aquatiques, on en trouve dans les océans, les eaux saumâtres, les eaux douces. Les espèces sont planctoniques ou benthiques (dans ce cas, le test est libre ou fixé sur un substrat). La plupart produisent un test organique ou minéral composé d'une ou plusieurs loges, communiquant entre elles par des ouvertures appelées foramens. L'arrangement des loges est extrêmement varié. Les ouvertures de la dernière loge permettent à l'animal d'interagir avec son environnement en émettant des pseudopodes. |
Ordre | Astrorhizida | Astrorhizidés | Foraminifères benthiques de formes variées, dont le test est formé d'éléments agglutinés par un ciment organique. |
Famille | Dendrophryidae | Dendrophryidés | |
Genre | Halyphysema | ||
Espèce | tumanowiczii |
En forme de massue, sur un hydraire
Il faut une loupe pour observer les détails de la structure de ces petits animaux. On remarque alors de nombreux spicules hérissés sur l'extrémité de la "massue".
Bretagne sud (photo en labo, loupe binoculaire)
24/01/2011
Sur des bryozoaires...
En plongée, on observe ces foraminifères sur de nombreuses "grandes" espèces, comme cette bugule spiralée : cela évite l'enfouissement sous les sédiments.
Ria d'Etel (56), 12 m
08/03/2011
Ne pas confondre avec des gonothèques d'hydraire
Sur les hydraires, au printemps, il est délicat d'éviter la confusion avec les gonothèques (ici, quelques foraminifères sur la droite des rameaux et des gonothèques sur la gauche, sur Hydrallmania falcata).
Ria d'Etel (56), 14 m
09/03/2011
Pédoncules tordus
Le pédoncule de ces foraminifères est tordu, bien que les spicules soient tous orientés dans le même sens (sauf ceux de l'extrémité).
En aquarium, loupe binoculaire
03/2011
Spicules régulièrement alignés
Chez ces jeunes foraminifères observés sur une algue rouge, on voit nettement l'alignement régulier des spicules dans la structure "naissante".
En aquarium, loupe binoculaire
03/2011
Première image
Voici le dessin illustrant la première description par Bowerbank : "A complete sponge, based on the stem of a Zoophyte, exhibiting the irregular longitudinal disposition of the skeleton spicula" c'est-à-dire :
"Une éponge complète, fixée sur la tige d'un Zoophyte et montrant la disposition irrégulière, longitudinale, du squelette spiculaire".
Ce dessin est un exemple d'objectivité puisque, tout en écrivant qu'il s'agissait d'une éponge, Bowerbank n'a pas figuré les oscules qu'il ne voyait effectivement pas !
Planche XXX
Reproduction de documents anciens
1862
Identification correcte
Et voici le dessin fait par Carter en 1870, sous le nom de Squamulina scopula et identifié comme Foraminifère.
1 : en taille réelle
2 : grossi 5 fois
3 : fortement grossi, avec les détails des spicules ou fragments de spicules exogènes incorporés à la structure. Carter identifie par exemple des spicules de Grantia (Calcisponge) et des spicules en trident de Pachymatisma (Démosponge).
4 à 10 : diverses vues du pédoncule, en coupe transversale ou longitudinale.
Planche IV
Reproduction de documents anciens
1870
Rédacteur principal : Hervé LIMOUZIN
Correcteur : Robert MATHIEU
Responsable régional : Anne PROUZET
Bowerbank J.S., 1862, On the Anatomy and Physiology of the Spongiadae. Part III. On the Generic Characters, the Specific Characters, and on the Method of Examination, Philosophical Transactions of the Royal Society of London, 152, 1087-1135.
Brady H.B., 1884, Report on the foraminifera dredged by H.M.S. Challenger during the year 1873-1876, in : REPORTS ON THE SCIENTIFIC RESULTS OF THE VOYAGE OF H.M.S. CHALLENGER DURING THE YEARS 1873-76, Zoology, 9, 814p.
Carter H.J., 1870, On two new Species of the Foraminiferous Genus Squamulina, and on a new Species Difflugia, Annals & magazine of natural history, 4 (5), 309-326.
Loeblich A.R. & Tappan H., 1988, FORAMINIFERAL GENERA AND THEIR CLASSIFICATION, (2 vols), New York : Van Nostrant Reinhold, Londres : Chapman & Hall, 970 p. + 213 p.