Eponge revêtante de Smittina cervicornis
Aspect de voile mince et transparent
Surface lisse et douce au toucher
Couleur jaune pâle
Halisarca dujardinii Johnston, 1842 (redesciption)
Méditerranée (endémique)
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Cette espèce endémique* est présente sur les côtes occidentales de la Méditerranée, entre les détroits de Gibraltar et de Sicile.
Cette éponge préfère les fonds du coralligène* entre 15 et 65 m de profondeur.
Cette éponge revêtante, dépourvue de squelette fibreux ou minéral, se présente sous l'aspect d'un voile mince (0,17 à 0,19 mm d'épaisseur) et transparent recouvrant le bryozoaire* Smittina cervicornis. Sa texture est douce au toucher, très délicate et facilement déchirable. Sa surface est lisse et sans éclat, elle fait penser à de la peau.
On observe par endroits sur les bords du bryozaire un large épaississement latéral blanchâtre qui correspond au canal exhalant de l'éponge. Les oscules* sont de forme conique et s'ouvrent longitudinalement sur les bords de ce canal. Les pores* inhalants ne sont pas visibles. La couleur de cette éponge est jaune pâle.
Aucune autre éponge ne présente cet aspect de voile transparent.
La seule confusion possible ne pourrait se faire qu'avec certaines ascidies* de la famille des Didemnidés*.
Comme toutes les autres éponges, Halisarca harmelini se nourrit et capte l'oxygène en créant dans ses chambres internes un courant d'eau. Celui-ci est engendré par le battement des cils de certaines cellules spécifiques aux Spongiaires : les choanocytes*. Sa nourriture se compose de plancton* (en particulier d'organismes dinoflagellés*) et de particules organiques détritiques* en suspension. L'ensemble pénètre avec le courant d'eau via de tout petits trous, les ostioles* puis est capté par les choanocytes. La digestion est intracellulaire, les déchets non métabolisables sont évacués via des orifices (ou pores) exhalants : les oscules.
La reproduction peut être sexuée ou asexuée.
- Sexuée : par œufs et spermatozoïdes*, aboutissant à la naissance d'une larve* ciliée* nageuse qui donnera une nouvelle éponge. Chez cette espèce, les sexes sont séparés. L'émission des gamètes* mâles et femelles a lieu de mai à septembre avec cependant une production nettement plus importante au début de l'été. Cette éponge est vivipare*. La larve de type « disphaerula* » se fixe sur son support après quelques jours de vie pélagique*.
- Asexuée : par bourgeonnement* ou bouturage de fragments qui se détachent de l'éponge mère pour se fixer un peu plus loin. Bien qu'existante, cette reproduction est relativement secondaire et n'a pas été décrite chez les Halisarca.
Les éponges ont une forte capacité de régénération.
Cette éponge est toujours associée au bryozoaire ascophore* Smittina cervicornis. Elle gaine d'un voile flou tout ou partie des rameaux du bryozoaire et rend les lophophores* moins visibles. Le bryozoaire ne semble pas du tout souffrir de cette association. Il s'agit d'une véritable symbiose* bénéfique aux 2 espèces car l'éponge qui est une pompe va générer un courant plus puissant que celui des cils des tentacules* des lophophores et en échange le bryozoaire arbustif va offrir un support à l'éponge très fragile.
Cette association entre les deux espèces est effective dans 90 % des cas.
Cette éponge est dépourvue de spicules* et de squelette.
Les chambres choanocytaires* sont parmi les plus grandes de tous les Démosponges ; elles ont la particularité d'être tubulaires, irrégulières et ramifiées voire dichotomes* et d'être situées en rayons irréguliers autour d'un canal exhalant.
L’absence de Halisarca harmelini sur les autres bryozoaires arbustifs qui vivent dans le même habitat, montre que ces derniers ont développé des défenses spécifiques absentes chez Smittina cervicornis.
Cette espèce a longtemps été confondue avec une autre Halisarca : H. dujardinii. Ce n’est que depuis 2011, après révision du genre, que les deux espèces ont été séparées.
Eponge voile : aspect de voile mince et transparent que donne cette Halisarca.
Halisarca : du grec [halo] = sel et [sarco] = chair, que l'on peut interpréter comme chair marine.
harmelini : en hommage à Jean-Georges Harmelin, biologiste français spécialiste des bryozoaires de Méditerranée qui, le premier, a récolté cette espèce.
Numéro d'entrée WoRMS : 560066
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
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Embranchement | Porifera | Spongiaires / Eponges | Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules). |
Classe | Demospongiae | Démosponges | Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella. |
Ordre | Chondrillida | Chondrillides | Démosponges à cortex différencié, à orifices inhalants regroupés en des zones spécialisées, et pouvant avoir comme squelette soit des asters, soit des fibres de spongine, soit aucun élément figuré. Le collagène y est toujours très dense. |
Famille | Halisarcidae | Halisarcidés | Eponges caractérisées par la présence de chambres à choanocytes* tubulaires et divisées en plusieurs branches et par l’absence, dans le squelette, de fibres ou d’éléments minéraux. |
Genre | Halisarca | ||
Espèce | harmelini |
Voile transparent
Voile transparent recouvrant le bryozoaire Smittina cervicornis.
Le Canonnier Nord, la Ciotat (13), 20 m
17/05/2007
Aspect velouté
Cette éponge revêtante des bryozoaires à un aspect velouté.
Puerto de la Selva, Catalogne, Costa Brava, Espagne, 25 m
2005
Association
Cette éponge est toujours associée au bryozoaire ascophore Smittina cervicornis.
Ile Verte, La Ciotat (13), 20 m
03/09/2005
Voile mince
Cette éponge revêtante, dépourvue de squelette fibreux, se présente sous l’aspect d’un voile mince. Sa surface est lisse et sans éclat, elle fait penser à de la peau.
Ile Verte, La Ciotat (13), 20 m
15/09/2006
Texture délicate
La texture de cette éponge est douce au toucher, très délicate et facilement déchirable.
Le Canonnier Nord, la Ciotat (13), 20 m
17/05/2007
Dans le coralligène
Cette éponge préfère les fonds du coralligène entre 15 et 65 m de profondeur.
Denvert, pointe de Sette Nave, rive sud golfe d'Ajaccio (2A), 30 m
21/07/2008
Bryozoaire recouvert par Halisarca harmelini
L'aspect laiteux de l'éponge sur son support est bien visible ici.
Caverna, Cap Creus, Espagne, 19 m
17/09/2016
Rédacteur principal : Philippe LE GRANCHÉ
Correcteur : Nicole BOURY-ESNAULT
Responsable régional : Philippe LE GRANCHÉ
Ereskowsky A.V., Lavrov D.V., Boury-Esnault N., Vacelet J., 2011, Molecular and morphological description of a new species of Halisarca (Demospongiae: Halisarcida) from Mediterranean Sea and a redescription of the type species Halisarca dujardini, Zootaxa, 2768, 5-31.
Harmelin J.-G., Boury-Esnault N., Vacelet J.,1994, A bryozoan-sponge symbiosis : the association between Smittina cervicornis and Halisarca cf dujardini in the Mediterranean, In Biology and palaeobiology of bryozoans. Proceedings of the Ninth IBA Conference, University of Wales, Swansea, UK, (ed. P.J. Hayward et al.), 69-74.
La page d'Halisarca harmelini sur le site de référence de DORIS pour les spongiaires est ici : World Porifera Database