Eponge gluante de Dujardin

Halisarca dujardinii | Johnston, 1842

N° 2019

Manche, Atlantique Nord, Méditerranée

Clé d'identification

Eponge revêtante, translucide
Aspect velouté
Consistance ferme, gélatineuse, visqueuse, élastique
Couleur ocre jaune à brun clair

Noms

Noms communs internationaux

Dujardin’s slime sponge (GB)

Synonymes du nom scientifique actuel

Hymeniacidon dujardini Bowerbank, 1866
Halisarca franz-schulzei Merejkowsky, 1878
Halisarca sputum Topsent, 1893

Distribution géographique

Manche, Atlantique Nord, Méditerranée

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-Ouest

Cette espèce est présente dans tout l’Atlantique Nord de la mer Blanche aux Canaries et jusqu’en Méditerranée ; les côtes tunisiennes semblent être sa limite orientale. Elle est également présente sur les côtes nord américaines de l’Atlantique Nord-Ouest, du Canada au nord au cap Cod au sud.

Biotope

Cette espèce se fixe sur la plupart des substrats* durs : roches, coques de bateaux mais aussi en épibionte* sur certains bryozaires*, coquilles vides de mollusques bivalves (moules), algues brunes, pieds des gorgones ou carapaces de certains crustacés (Inachus spp., Macropodia spp.). On la rencontre des premiers mètres de l’étage infralittoral* jusqu’à 80 m de profondeur environ (elle a cependant été observée en eau profonde jusqu’à 600 m).

Description

Cette éponge translucide et revêtante forme des croûtes d’aspect velouté d’à peine 0,7 à 3 mm d’épaisseur et couvre des surfaces de 4 à 5 cm². Sa couleur varie de l’ocre jaune au brun clair. Sa consistance est ferme, gélatineuse, visqueuse et légèrement élastique. Sur la roche, où elle forme de petits coussins plus ou moins étendus, les pores* inhalants forment une myriade de petites taches plus foncées. Les oscules* sont microscopiques puisqu’ils ne dépassent pas 0,4 mm de diamètre, ils forment de petites cheminées rétractiles de 1 à 2 mm de hauteur ; ils sont répartis de façon assez dispersée sur toute la surface de l’éponge.

Espèces ressemblantes

Halisarca dujardinii pourrait être confondue avec certaines espèces du genre Oscarella comme O. tuberculata mais elles ont un aspect plus lobé, une consistance plus molle et non visqueuse.
Cette éponge discrète peut être confondue également avec certaines ascidies de la famille des Didemnidés.

Alimentation

Les éponges sont des animaux filtreurs* qui se nourrissent de microparticules : bactéries, algues unicellulaires, débris organiques, ne dépassant pas 3 micromètres en général. Le courant d’eau nécessaire est créé par le mouvement de cellules ciliées* spécifiques des éponges : les choanocytes*.
Celles-ci captent et digèrent les particules organiques microscopiques et les produits de la digestion sont distribués aux autres cellules de l’organisme. Les déchets non métabolisables sont évacués par des orifices exhalants : les oscules.

Reproduction - Multiplication

La reproduction peut être sexuée ou asexuée.

  • Sexuée : par œufs et spermatozoïdes*, aboutissant à la naissance d’une larve* ciliée nageuse qui donnera une nouvelle éponge. Chez cette espèce, les sexes sont séparés. L’émission des gamètes* mâles et femelles a lieu de mai à septembre avec cependant une production nettement plus importante au début de l’été. Cette éponge est vivipare*. La larve, ovoïde de 120 à 150 µm de long, est de type «disphaerula»* ; elle se fixe sur son support après quelques jours de vie pélagique*.
  • Asexuée : par bourgeonnement* ou bouturage de fragments qui se détachent de l’éponge mère pour se fixer un peu plus loin. Bien qu’existante, cette reproduction est relativement secondaire et n’a pas été décrite chez les Halisarca.

Les éponges ont une forte capacité de régénération.

Vie associée

On rencontre parfois sur cette éponge le mollusque nudibranche Cadlina laevis qui est son principal prédateur.

Divers biologie

Cette éponge est dépourvue de spicules* et de squelette.
Les chambres choanocytaires* sont parmi les plus grandes de tous les Démosponges ; elles ont la particularité d’être tubulaires, irrégulières et ramifiées voire dichotomes* et d’être situées en rayons irréguliers autour d’un canal exhalant.

Informations complémentaires

Autrefois classée dans l’ordre des Dendroceratida Minchin, 1900 elle a été récemment rangée dans le nouvel ordre des Chondrosida Schmidt, 1862.

Cette éponge est fréquemment nommée dans la littérature Halisarca dujardini (avec un seul i) mais la description originale, qui fait référence, mentionne bien dujardinii avec 2 i. En fait, la version avec un seul i devrait être la bonne car selon les règles de la nomenclature binominale instaurées par le code international de nomenclature zoologique (ICZN), « la désinence du génitif singulier –i devrait être ajouté à la totalité du patronyme : ex. dujardini (de Dujardin) ».

Origine des noms

Origine du nom français

Gluante : la consistance de cette éponge est visqueuse.
de Dujardin : en hommage à Félix Dujardin, biologiste tourangeau, auteur de nombreux travaux scientifiques sur les rhizopodes*, les cnidaires* ou les échinodermes*.

Origine du nom scientifique

Halisarca : du grec [halos] = mer et [sarks] = chair. La consistance et la couleur pouvant faire penser à de la chair (marine).
dujardinii : en hommage à Félix Dujardin (1801-1860), naturaliste, botaniste et zoologiste français.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Porifera Spongiaires / Eponges Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules).
Classe Demospongiae Démosponges

Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella.

Ordre Chondrillida Chondrillides

Démosponges à cortex différencié, à orifices inhalants regroupés en des zones spécialisées, et pouvant avoir comme squelette soit des asters, soit des fibres de spongine, soit aucun élément figuré. Le collagène y est toujours très dense.

Famille Halisarcidae Halisarcidés Eponges caractérisées par la présence de chambres à choanocytes* tubulaires et divisées en plusieurs branches et par l’absence, dans le squelette, de fibres ou d’éléments minéraux.
Genre Halisarca
Espèce dujardinii

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