Coquille en forme d'oreille caractéristique
Perforée dorsalement de quelques trous alignés
Taille moyenne entre 8 et 11 cm, yeux bleus
Manteau brun-vert orné de nombreux tentacules sensoriels
Exclusivement au sein des failles et sous les blocs
Oreille de mer, ourmée, ormet, ormier, six trous, oreille de Vénus, oreille de Saint-Pierre, haliotis, haliotide
Ormeer, green abalone (GB), Orecchio di San Pietro, orecchia marina (I), Grexera, oreja de mar (E), Seeohr (D), Puzlaka (serbo-croate), Haliotis (Gr), Orelha (P), Zee-oor (NL), Soore (DK), Havsora (S), Saeeyra (Isl)
Haliotis tuberculata Linnaeus, 1758
Haliotis vulgaris Da Costa, 1778
Haliotis incisa Reeve, 1846
Manche, Atlantique Nord
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Haliotis tuberculata tuberculata pourra être observé depuis les côtes de la Manche au nord jusqu'à celles du Sénégal au sud.
L'ormeau affectionne les failles et la face inférieure des pierres, depuis la zone des marées jusqu'à une quinzaine de mètres.
L'ormeau est un grand gastéropode dont la taille adulte varie entre 8 et 11 centimètres. Sa coquille est caractéristique, ovale et allongée, et sa forme évoque une oreille. L'extérieur est beige rougeâtre marbré, et strié avec des côtes disposées radialement. Elle est souvent recouverte d'organismes encroûtants, surtout chez les individus âgés.
Dorsalement, la coquille présente un alignement de 3 à 6 perforations rondes ouvertes. L'intérieur de cette coquille, chez l'animal mort, est fortement nacré.
Le manteau est brun-vert, et est orné sur sa périphérie de nombreux tentacules sensoriels. Certains appréhendent l'environnement au travers des perforations dorsales.
La tête, antérieure, porte deux yeux de couleur bleue bien visibles. Le pied est large est octroie au mollusque une adhésion au substrat très puissante.
Considérée autrefois comme une espèce distincte, la forme lamellosa est aujourd'hui considérée comme une variation géographique de la précédente (H. tuberculata f lamellosa, Lamarck, 1822). De taille plus petite avec des côtes plus marquées, elle est rencontrée depuis le Portugal jusqu'en Méditerranée avec des formes intermédiaires. Des spécimens de plus de 8 cm ont été récoltés dans le golfe du Lion (étang de Thau).
NB : il ne s'agit plus d'une sous-espèce scientifiquement valide, mais d'une simple variante de Haliotis tuberculata tuberculata qui a subi des variations suite à un éloignement géographique. Néanmoins, nous avons souhaité en faire une fiche à part.
Une espèce proche, dans la zone Canaries/Gibraltar, Haliotis coccinea Reeve, 1846, un peu plus allongée, est également admise par certains auteurs comme une sous-espèce de H. tuberculata (= H. tuberculata coccinea Reeve, 1846).
Cette classification (CLEMAM/MNHN) n'est toutefois pas admise par tous les auteurs, certains considérant toujours qu'il s'agit de trois espèces distinctes, d'autres considérant que seul H. coccinea est à séparer des deux précédentes... Affaire à suivre !
L'ormeau est herbivore : les juvéniles se nourrissent de diatomées et d'algues microscopiques encroûtantes, les adultes leur préférant les macroalgues brunes, rouges ou vertes, avec une préférence pour les algues rouges qu'ils broutent à l'aide de leur radula*.
Les sexes sont séparés et la fécondation est externe. Lors de la reproduction, chaque femelle relâche environ deux millions d'œufs, dont quelques uns donneront des larves trochophores*, puis véligères* qui, dispersées par les courants, tomberont au fond aprés une courte vie pélagique (cinq à six jours).
Les jeunes ormeaux commenceront aussitôt à s'alimenter, leur régime alimentaire se diversifiant au fur et à mesure de leur croissance.
En fonction de l'abondance de la nourriture, celle-ci sera de un à deux centimètres par an. La taille de 80 mm est atteinte, en moyenne, au bout de cinq ans.
Les coquilles d'ormeaux sont très souvent colonisées par une riche épibiose* : algues et microorganismes variés, tubes calcaires de vers tubicoles, balanes, bryozoaires...
Adhérant fortement au rocher par son pied musculeux trés puissant, l'ormeau passe généralement le jour sous les rochers ou dans les failles rocheuses.
On peut toutefois, avec de la chance, l'apercevoir se déplaçant en plein jour sur les rochers, à l'abri des laminaires, à la recherche des algues dont il se nourrit.
L'ormeau est un animal fragile, toute blessure entraînant la mort (il est hémophile), il convient donc de le laisser en paix. Le simple fait d'essayer de le décoller de son support peut suffire à le tuer. Il est également sensible aux infections bactériennes (Vibrio harvey) entraînant des mortalités massives, aussi bien dans la nature qu'en élevage, dès que la température de l'eau dépasse 16 °C.
Ses principaux prédateurs sont les étoiles de mer, les crustacés, les poulpes, certains poissons (dorades royales) et... les gastronomes (palmés ou non...).
Une partie des ormeaux vendus sur les marchés régionaux français proviennent des îles Anglo-normandes (Chausey, Jersey, Guernesey, Aurigny).
Leur élevage, déjà pratiqué en Australie (Abalones) et en Espagne, commence à l'être également en Bretagne (France Haliotis à Plouguerneau) et en Normandie (Ormeaux du Cotentin à Gouville sur mer, Normandie Abalone à Agon-Containville, Manche-Ormeaux à Lestre).
Fiche MNHN/DORIS
La pêche de l'ormeau est une activité extrêmement réglementée en Bretagne Nord, des côtes de l'Ille-et-Vilaine jusqu'au Cap de la Chèvre : elle est interdite du 15 Juin au 31 Août. La reproduction de l'ormeau ne peut se faire que dans des conditions de luminosité et de température bien précises, conditions qui sont justement réunies pendant cette période estivale.
Voici toutes les conditions à respecter pour la pêche à l'ormeau :
- période de pêche : du 1er Septembre au 14 Juin (rappel),
- la pêche se pratique uniquement le jour, entre les heures officielles de lever et de coucher du soleil,
- l'utilisation d'outils est rigoureusement proscrite (à l'exception éventuellement d'un croc à crabe),
- les pieds du pêcheur seront toujours en contact avec le sol : interdiction de s'allonger en surface,
- l'utilisation d'une combinaison est tolérée en vue d'une protection thermique, mais il est interdit d'utiliser des gants, des palmes, un masque ou un tuba,
- la pêche d'ormeaux en scaphandre est rigoureusement interdite.
Vous avez respecté ces conditions ? Parfait ! Il vous reste encore à observer ces quelques règles :
- taille minimale de capture : 9 centimètres (rappel),
- pas plus de 20 ormeaux par jour et par personne,
- il est interdit au pêcheur amateur de revendre les ormeaux qu'il a pêchés,
- il est interdit de décortiquer les ormeaux sur le lieu de pêche.
Et surtout, n'oubliez jamais de remettre en place les blocs retournés ! Leur face inférieure est colonisée par quantité d'organismes vulnérables qui ne supportent pas forcément l'exposition aux courants, à la lumière, et tout simplement aux prédateurs... On estime à 3 années le temps nécessaire à la recolonisation totale de cette surface ! En ne remettant pas ces blocs en place, non seulement vous détruisez de nombreux organismes, mais vous détruisez aussi l'habitat des futurs jeunes ormeaux.
Extrait du Journal Officiel du Sénat du 27/07/1995, page 1488 :
"La pêche sous-marine des ormeaux, auparavant interdite en Bretagne Nord, repose désormais sur un régime de licences de pêche professionnelle mis en place par le Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins, selon les recommandations de l'IFREMER et approuvé par arrêté préfectoral. Ce nouveau dispositif réglementaire prévoit la fixation de quotas, de dates d'ouverture et de fermeture de la pêche ainsi que la détermination d'une taille minimale des captures autorisées supérieure à celle fixée par la réglementation générale, 90 contre 80 millimètres. Par ailleurs, chaque sortie en mer doit faire l'objet d'une déclaration préalable, tandis qu'un suivi des captures est également prévu. Cette nouvelle réglementation institue une gestion qui permet de lier l'effort de pêche à l'état des stocks grâce à une association étroite des professionnels. Cette responsabilisation des acteurs économiques devrait permettre de mieux lutter contre les pratiques de braconnage qui, en définitive, nuisent aux usagers de la mer respectueux de la ressource. Le souci de protection de cette ressource a également conduit à l'élaboration d'un arrêté en date du 3 février 1995 concernant la pêche à pied des ormeaux le long du littoral de la région Bretagne. La pêche à pied des ormeaux est interdite en période estivale, du 15 juin au 31 août, dans la mesure où la pression sur les stocks est, à cette période de l'année, la plus forte. En outre, lorsque la pêche de cette espèce est permise, elle ne peut avoir lieu qu'à la main ou à l'aide d'un croc à crabes. Parallèlement, les captures sont limitées à 20 ormeaux par personne et par jour de pêche. Par ailleurs, la pêche sous-marine des ormeaux à titre de loisir demeure interdite par quelque procédé que ce soit. La protection de la ressource est un impératif catégorique des pouvoirs publics et concerne l'ensemble des usagers de la mer. A cet égard, si les prises des pêcheurs plaisanciers ont été précisément limitées, les pêcheurs professionnels ont vu leur activité soumise à un régime contraignant de licence."
Enfin, il est vivement conseillé au pêcheur amateur de toujours se renseigner auprès des Affaires Maritimes sur la réglementation en vigueur qui peut à tout moment être modifiée localement et/ou ponctuellement.
Le non-respect des règles relatives à la pêche de l'ormeau ainsi que le braconnage peuvent entraîner de très lourdes sanctions : confiscation de licences, amendes, voire peines carcérales.
Oreille de mer, de Vénus ou de Saint-Pierre : allusion à la forme ovale caractéristique de la coquille.
Dans l'Antiquité, l'ormeau était appelé auris maris = oreille de mer.
Ormeau vient de "ormer" qui serait à l'origine une contraction de oreille de mer.
Haliotis, haliotide sont des dérivés du nom de genre scientifique.
Haliotis : du grec [halios] = mer ou [hali] = sel, et du grec [otos] = oreille, donc oreille de mer,
tuberculata : du latin [tuberculatus] = tuberculé.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Vetigastropoda | Vétigastropodes | Coquille de forme très variable, la plupart des espèces possèdent un opercule. La tête possède une seule paire de tentacules céphaliques et le mufle porte la bouche. Des tentacules épipodiaux* (à rôle sensoriel) sont présents sur les côtés du corps. |
Ordre | Lepetellida | Lepetellide | |
Famille | Haliotidae | Haliotidés | Coquille auriforme, en spirale aplatie, large ouverture, pas d'opercule. Perforations périphériques ouvertes sur la partie la plus récente de la coquille. Appendices tentaculaires à rôle sensoriel sortant par ces orifices. d'après Lindner 2011:55. |
Genre | Haliotis | ||
Espèce | tuberculata tuberculata |
Un gastéropode caractéristique
Voici Haliotis tuberculata, un mollusque gastéropode aisément identifiable à sa coquille caractéristique, aux tentacules verts visibles à la périphérie du manteau, et à ses yeux bleu pâle !
Ploumanac'h (22), 12 m
06/2008
Un regard troublant ...
Voici le commentaire de la photographe :
Photo pour le plaisir de voir les yeux d'un ormeau. Prise un jour de très grande marée au plus bas de l'estran en macro avec un petit led d'éclairage, comme l'ormeau doit être d'un naturel curieux il est sorti pour voir ce qui faisait de la lumière dans son trou.
Agon Coutainville (50)
11/03/2009
Détail
Détail de la "tête" d'un ormeau, avec, bien visibles, les yeux pédonculés.
Morlaix, site de Ar Beg Lemm (56)
29/06/2013
Détail
Détail de la "tête" d'un ormeau, avec, bien visibles, les yeux pédonculés.
Trébeurden, Ar Veskleg (22), 8 m
16/08/2000
Jeune ormeau
Jeune ormeau, reconnaissable à sa coquille "propre" adhérant solidement au rocher.
Trébeurden, Molène Ouest (22), 11 m
21/08/2006
Libération de gamètes
La libération de gamètes peut parfois être causée par des circonstances très particulières : un stress, comme celui qui peut être causé par la trop grande approche d'une étoile de mer. Il y aurait pour l'individu, même s'il ne se sauve pas lui-même, la possibilité au moins d'agir pour la perpétuation de l'espèce, si ces cellules sexuelles rencontrent celles d'un autre individu de sexe opposé.
Belle-Ile (56), 17 m
20/07/1995
Radula
Vue d'ensemble de la radula : pour un ormeau de 5 cm, la radula mesure 3 mm de large sur 12 mm de long environ. La radula se compose de nombreuses lignes de dents, comme un tapis roulant. De part et d'autre des dents centrales, on observe d'abord les dents latérales, pointues, puis les nombreuses dents marginales, beaucoup plus petites, en forme de faux. Photo prise sous une loupe binoculaire (grossissement x4).
La radula a été extraite sur un individu mort.
Laboratoire
24/08/2010
Détail des dents centrales
Les dents centrales sont situées dans une légère dépression par rapport au plan des autres dents. Photo prise au microscope optique (grossissement x40).
Laboratoire
24/08/2010
Détail des dents latérales
On voit ici trois des cinq rangées de dents latérales. Leur taille est de plus en plus petite vers le bord extérieur. Photo prise au microscope optique (grossissement x40).
Laboratoire
24/08/2010
Détail des dents marginales
On ne peut pas compter les nombreuses rangées de dents marginales, très petites, en forme de faux. Photo prise au microscope optique (grossissement x40).
Laboratoire
24/08/2010
Rédacteur principal : Patrice PETIT DE VOIZE
Vérificateur : Véronique LAMARE
Correcteur : Pierre LOZOUET
Responsable historique : Patrice PETIT DE VOIZE
Responsable régional : Samuel JEGLOT