Murène tachetée

Gymnothorax moringa | (Cuvier, 1829)

N° 1852

Atlantique tropical

Clé d'identification

Nombreuses taches brunes sur une livrée blanche
Œil noir cerclé de blanc
Nageoires dorsale, caudale et anale fusionnées
A l'avant, dorsale bordée de noir
A l'arrière, dorsale et anale bordées de blanc
Dents en crochet
Narines tubulaires

Noms

Autres noms communs français

Murène noire, congre noir, moringue (créole)

Noms communs internationaux

Spotted moray, white-jawed moray (GB), Morena pintada, morena manchada, morena jaspeada, morena moteada (E), Miroró (P), Gefleckte Muräne (D), Gevlekte murene (NL)

Synonymes du nom scientifique actuel

Muraena moringa Cuvier, 1829
Lycodontis moringa
(Cuvier, 1829)
Sidera moringa (Cuvier, 1829)
Gymnothorax rostratus Agassiz, 1831
Muraena punctata Gronow, 1854
Murenophis caramuru Castelnau, 1855
Murenophis curvilineata Castelnau, 1855
Gymnothorax concolor (Abbott, 1860)
Thyrsoidea concolor Abbott, 1860
Gymnothorax flavoscriptus (Poey, 1876)
Gymnothorax picturatus Poey, 1880
Gymnothorax albimentis (Evermann & Marsh, 1900)
Lycodontis albimentis Evermann & Marsh, 1900

Distribution géographique

Atlantique tropical

Zones DORIS : ● Caraïbes

La murène tachetée est la plus commune des murènes dans tout l'arc antillais. On la trouve dans l'ouest de l'océan Atlantique, de la Caroline du Nord et des Bermudes jusqu'au sud du Brésil, y compris dans le golfe du Mexique et dans la zone Caraïbe. Elle est plus rare aux Bahamas.
Elle fréquente aussi les îles de l'Atlantique Est : elle est présente aux îles du Cap Vert et vers le sud jusqu'à Sainte Hélène et Ascension.

Biotope

La murène tachetée se rencontre depuis la surface jusqu'à 50 m de profondeur communément et 200 m occasionnellement.
C'est une espèce sédentaire, benthique* et solitaire. Elle loge dans les anfractuosités des zones rocheuses ou des récifs coralliens, mais on peut aussi la rencontrer dans les zones herbeuses peu profondes. Plus rarement, elle peut s'installer dans les eaux troubles ou les ports.

Description

Cette murène peut atteindre 3 m de longueur et un poids 2,5 kg, mais sa taille moyenne est inférieure à 1,20 m. Son corps est anguilliforme : il est allongé, fort, musclé et modérément comprimé. La murène tachetée est de couleur blanche à jaune pâle avec des taches brunes à marron foncé, voire violacées. Les mâles et femelles sont semblables. Les juvéniles sont dépourvus de taches.
Les yeux noirs sont entourés de blanc ou de jaune clair. La bouche est très fendue sur toute la longueur de la tête. Le palais et les mâchoires sont pourvus de petites dents en crochet. L'intérieur de la bouche est blanc avec des taches marron. Comme toutes les murènes, celle-ci ouvre et ferme la bouche en permanence pour respirer. Ses deux narines tubulaires sont sur le devant du museau. En arrière de sa tête, on distingue les orifices branchiaux qui sont réduits à deux trous sombres.
L'avant de la nageoire dorsale est bordée de noir alors que, sur l'arrière, dorsale et anale sont bordées de blanc et sont reliées entre elles formant un pli cutané continu. La murène tachetée n'a ni nageoire pectorale, ni nageoire ventrale. Sa peau est épaisse et visqueuse : le corps n'est pas recouvert d'écailles mais de mucus.
L'anus est situé juste avant le milieu du corps.

Espèces ressemblantes

Les juvéniles de Gymnothorax moringa peuvent être confondus avec Gymnothorax vicinus, la murène jaune dont la robe est marron, verdâtre ou grisée, avec parfois un petit pointillé noir, et la bouche est violine surtout au stade juvénile où les taches ne sont pas encore apparues.
On peut plus difficilement la confondre aux Antilles avec Gymnothorax miliaris, la murène porcelaine, de plus petite taille, de couleur brune avec des petits points jaune doré.

Alimentation

Au crépuscule, cette murène sort de son abri pour se mettre en chasse de proies variées, même si elle est uniquement piscivore, à l'exception de quelques crustacés. Elle utilise pour cela son odorat très développé. A l'inverse, sa vision est mauvaise.
Les murènes ont deux séries de dents : celles sur les mâchoires sont utilisées pour capturer la proie alors que les dents pharyngiennes* et vomeriennes* permettent de positionner la proie pour l'avaler sans la lâcher.

Reproduction - Multiplication

Les sexes sont séparés. On connait mal leur zone de frai. C'est une espèce ovulipare* et les œufs sont pélagiques*. Les larves* ont la forme de ruban transparent ; elles peuvent rester dans le plancton* pendant une année avant de s'installer sur le récif. La maturation sexuelle passe par une phase hermaphrodite* puis sexuée.

Vie associée

Elle partage son trou avec un ou plusieurs types de crevettes nettoyeuses comme Ancylomenes pedersoni ou Stenopus hispidus ou encore avec des labres nettoyeurs, qui nettoient les parasites de sa peau et les débris alimentaires.
Parmi ses prédateurs, on trouve Lutjanus apodus, le sarde jaune, et Epinephelus striatus, le mérou de Nassau.

Divers biologie

Sa longévité peut atteindre 10 ans.
Elle est plus active la nuit.
Pour respirer, elle ne cesse d'ouvrir et de fermer sa gueule pour alimenter les branchies.
Les plus grands individus (3 m) ont été rencontrés à l'île de l'Ascension.
Cette murène semble capable d'attaquer et de manger les poissons-scorpions, Pterois volitans, invasifs dans la zone Caraïbe. Il s'agit en tout cas d'espoirs fondés aux Bahamas selon des études réalisées en juillet 2012.

Informations complémentaires

Les murènes sont habituellement inoffensives mais elles peuvent se défendre quand on les dérange ou lorsqu'elles se sentent menacées, par exemple en bloquant leur fuite. Leur morsure peut être dangereuse car profonde et pouvant s'infecter : une plaie doit être rapidement nettoyée. L'animal peut être très dangereux lorsqu'il est manipulé vivant.

Cette murène est acclimatable en aquarium.

Elle peut être ciguatérique*.

Parfois prise au chalut ou à la senne (filet sur fond sableux), l'espèce n'a aucune valeur commerciale.

Origine des noms

Origine du nom français

Murène : du grec [smyraina] ou [myraina], nom donné par Aristote à un poisson dans son "Histoire des animaux",
tachetée : en référence à sa robe entièrement tachetée.

Origine du nom scientifique

Gymnothorax : du grec [gymno-] = nu et [thorax] = poitrine, à cause de l'absence de nageoires pectorales. En effet, le descripteur du genre, Bloch, lie très explicitement « nu » à l’absence de pectorales (en particulier pour les distinguer des anguilles, parmi lesquelles, plus tôt, Linné les rangeait).
moringa : de "moringue", nom local des petites murènes.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 158584

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Classe Actinopterygii Actinoptérygiens Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées.
Ordre Anguilliformes Anguilliformes Corps allongé, serpentiforme, nageoires anale et dorsale en continuité avec la caudale, pas de nageoires pelviennes.
Famille Muraenidae Murénidés Absence de nageoires paires, peau sans écaille.
Genre Gymnothorax
Espèce moringa

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