Algue brun-rouge à pourpre, verte à brune en milieu très éclairé
Rameaux de 20 à 50 cm de longueur, ramification irrégulière
Rameaux cylindriques d'1 à 2 mm d'épaisseur, amincis à leur base et pointus à leur extrémité
Cystocarpes subsphériques
Base discoïde sur substrat dur, souvent recouverte de sable
Thalle pouvant être libre
De l'estran à 15 m de profondeur, milieu bien éclairé et peu agité
Slender wart weed, warty gracilaria (GB), Gracilaria común (E), Cabelo-de-velha, carriola (P), Knoopwier (NL), Poliris (N), Späd agaralg (S)
Fucus procerrimus Esper, 1800
Fucus gracilis Stackhouse 1801
Fucus confervoides var. gracilis (Stackhouse) Turner, 1802
Gracilaria confervoides var. procerrima (Esper) Greville, 1830
Fucus gulaman M.Blanco, 1837
Sphaerococcus capillaris Kützing, 1863
Gracilaria confervoides f. gracilis (Stackhouse) Grunow, 1874
Gracilaria confervoides var. gracilis (Stackhouse) Batters, 1902
Gracilaria confervoides f. tenuissima Rosenvinge, 1931
Méditerranée, Atlantique
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Donnée comme cosmopolite des mers tropicales et tempérées elle n'est probablement présente qu'en Atlantique et en Méditerranée.
L'espèce a été signalée dans toutes les mers tropicales et tempérées : Méditerranée et mer Noire, Atlantique Nord-Est et Ouest, Pacifique Ouest et central (Nouvelle-Calédonie, Polynésie française). Cependant, plusieurs espèces de Gracilaria et de Gracilariopsis (genre voisin) ont longtemps été confondues et la répartition géographique réelle de cette espèce est à préciser.
Cette algue photophile* se rencontre à faible profondeur (jusqu'à 15 m) en mode calme, elle est classique sur l'estran*, particulièrement sur fond sableux.
Supportant bien les variations de salinité, elle est fréquente dans les lagunes où sa prolifération est indicatrice d'une eutrophisation* modérée de l'eau. C'est une algue qui est souvent libre sur le fond où elle forme des tapis. Les individus accrochés au substrat supportent bien d'avoir leur base recouverte de sable.
Gracilaria gracilis forme une touffe d'axes cylindriques enchevêtrés de 1 à 2 mm de diamètre. Les axes d'une même touffe peuvent avoir des diamètres différents. Les apex* sont effilés et souvent courbés. La longueur moyenne des axes est de 20 cm (longueur maximale 50-110 cm).
Les ramifications sont irrégulières et espacées. Les rameaux peuvent être plus gros que l'axe qui les porte. Leur base peut être nettement resserrée (étranglée) sur les individus âgés. La consistance est cartilagineuse à charnue mais élastique lorsque on tire légèrement dessus.
La couleur est brun-rouge à pourpre, parfois jaunâtre, verte ou marron selon la luminosité du lieu de vie.
La base du thalle* est discoïde et s'accroche sur un substrat* solide (pierre, coquille).
Plusieurs Gracilariales à thalles* cylindriques peuvent être confondues avec G. gracilis, et les confusions taxonomiques ne sont pas toutes levées. Seul un examen microscopique d'une coupe transversale des organes reproducteurs permet une identification certaine. On peut noter :
Gracilariopsis longissima (S.G. Gmelin) M. Steentoft, L.M. Irvine & W.F. Farnham : espèce très ressemblante à Gracilaria gracilis et longtemps confondue. Les axes peuvent dépasser 1 m de longueur et sont peu ramifiés. La couleur varie du brun en hiver au vert en été. Macroscopiquement, elle peut se distinguer par sa consistance cartilagineuse cassante (non-élastique), ses extrémités effilées et droites et par ses cystocarpes* peu resserrés à la base. Présente en Atlantique Nord-Est tempéré et en Méditerranée (commune dans le bassin de Thau), signalée en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française.
Gracilaria bursa-pastoris (S.G. Gmelin) P.C. Silva : de couleur rouge ou décolorée et de consistance cartilagineuse et charnue, l'espèce possède des axes cylindriques plus épais (de 0,5 à 5 mm de diamètre) et légèrement comprimés au niveau des ramifications. La ramification est irrégulière. Les rameaux qui peuvent atteindre 35 cm de longueur, ne sont pas amincies à leur base et ont des extrémités pointues. Cette algue est présente en Atlantique Nord-Est tempéré et tropical, ainsi qu'en Méditerranée. Elle est cultivée au Japon.
Gracilaria dura (C. Agardh) J. Agardh : les axes, de 10 à 30 cm de longueur et de diamètre constant (1 à 1,5 mm selon les individus), sont ramifiés irrégulièrement, de forme sinueuse et souvent bifides à leur extrémité. La texture est cartilagineuse et rigide. La couleur est rouge-orangé virant au jaunâtre dans les lieux très exposés à la lumière. Elle est présente en Méditerranée et en Atlantique adjacent (du Maroc aux îles Canaries).
Gracilaria longa Gargiulo, De Masi & Tripodi : espèce formée d'axes longs et peu ramifiés avec des ramules très fins. Présente en Méditerranée et dans l'Atlantique proche (îles Canaries).
Gracilaria vermiculophylla (Ohmi) Papenfuss : espèce originaire d'Asie du Sud-Est qui a été introduite dans l'Atlantique et en Méditerranée (nord Adriatique). Elle est considérée comme invasive. Les signalements de G. gracilis en Asie correspondent en fait à cette algue qui est très ressemblante.
Une Gigartinale à axes cylindriques peut également être confondue avec Gracilaria gracilis, c'est Solieria chordalis (C. Agardh) J. Agardh : cette Rhodophycée est composée de rameaux de 15 à 20 cm de longueur, à section cylindrique de 1 mm de diamètre, se terminant en pointe. La consistance est ferme et cartilagineuse. Le jeune thalle présente peu de ramifications. A maturité, les rameaux se couvrent sur un seul côté de ramules pointus, de 1 à 2 cm de longueur, pouvant s'identifier aux dents d'un peigne. La couleur est rouge vif ou pourpre. Elle est présente en Atlantique Nord-Est.
Les algues fabriquent les sucres de leur biomasse par photosynthèse*. Ce processus de transformation de l'énergie lumineuse en énergie chimique grâce à des pigments de type chlorophylle*, n'est possible que dans une situation d'éclairement. Cependant la quantité de lumière nécessaire est très variable selon l'espèce.
Cette espèce est pérenne*, elle est visible toute l'année.
L'espèce est dioïque* (individus mâles et individus femelles). Le cycle est trigénétique* isomorphe* (gamétophytes* et sporophyte* semblables). Les gamétanges* mâles sont situés dans des petites cryptes différenciées dans le cortex et ne sont pas visibles à l'œil nu. Les cystocarpes* subsphériques d'1 mm de diamètre se développent sur le thalle femelle. Ils sont nettement resserrés à la base. Ils produisent les carpospores* qui donnent naissance aux tétrasporophytes* qui produiront des tétraspores cruciées décussées (en forme de croix à angles droits) qui redonneront des gamétophytes.
De nombreux isopodes du genre Idothea vivent sur les gracilaires. Une étude parue en 2022 dans la revue Science suggère que ces idothées (étude sur Idothea baltica) favorisent la fertilisation des gracilaires femelles, se comportant comme des "abeilles des mers". C'est la première fois que cette fonction est associée à la fertilisation d'une algue. L'étude a été menée en aquarium et il reste à prouver que ce mutualisme est aussi significatif en milieu naturel.
Cette algue peut être très abondante au printemps.
Cette algue est cultivée pour l'extraction de l'agar-agar pour l'alimentation humaine. Elle est aussi utilisée comme engrais, ou substrat pour l'élevage des crevettes.
Elle est exportée après dessiccation.
Elle partage avec d'autres Gracilariales aux propriétés semblables (souvent confondues avec elle dans le passé) de nombreux noms commerciaux dans les pays asiatiques : guraman, gulaman (Philippines), ogo-nori (Japon), tou fa ts'ai (Chine), Irish moss (Jamaïque), false Ceylon moss, thin dragon beard plant …
Elle synthétise aussi de nombreux composés pouvant avoir un intérêt pharmaceutique ou biotechnologique (matériaux mésoporeux).
Gracilaire est la francisation du nom de genre Gracilaria, comme il est d'usage pour de nombreux noms de végétaux.
Gracilaria et gracilis : du latin [gracilis] = grêle, maigre, étroit.
En référence aux fins rameaux de cette algue par rapport aux autres du genre Gracilaria.
Numéro d'entrée WoRMS : 145700
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Rhodobionta / Rhodophyta | Rhodobiontes | Algues rouges, pour la plupart marines. |
Sous-embranchement | Eurhodophytina | Eurhodophytinés | |
Classe | Florideophyceae | Floridéophycées | Thalle élaboré formé de fins filaments branchés ou en lames. |
Sous-classe | Rhodymeniophycidae | Rhodyméniophycidées | |
Ordre | Gracilariales | Gracilariales | |
Famille | Gracilariaceae | Gracilariacées | |
Genre | Gracilaria | ||
Espèce | gracilis |
Rameaux de diamètre irrégulier
Les ramifications sont irrégulières. Les rameaux sont étroits à leur base et leur extrémité est pointue. Les rameaux d’une même touffe peuvent avoir des diamètres différents.
Pornic (44), estran
08/09/2014
Lanières cylindriques sur l’estran
Cette algue forme des lanières cylindriques de couleur brun-rouge à pourpre, de 20 à 50 cm de longueur et de consistance charnue. Elle se rencontre souvent dans les écoulements en fonds sableux sur les estrans armoricains.
Ria d'Etel (56), estran
22/08/2012
Photo d'alguier
Ces rameaux, conservés dans un alguier, ont été prélevés dans le bassin de Thau. On remarque les cystocarpes (organes reproducteurs) qui forment des petites boules sur le thalle femelle.
Bassin de Thau (34), Mèze
27/10/2000
Plage rouge...
Lors d'échouages massifs, la plage se couvre de rouge sur des centaines de mètres carrés. Si l'algue majoritaire est ici la gracilaire, on trouve de nombreuses autres espèces d'algues (laminaires, fucus, laitue...)
"Grande Plage", Gâvres (56)
21/12/2021
Echouage sur la plage
Cette algue se rencontre fréquemment sur les plages, où elle s'échoue.
"Grande Plage", Gâvres (56)
21/12/2021
Coussins épais
Les amoncellements déposés par les vagues peuvent former des coussins épais de 50 cm par endroits.
"Grande Plage", Gâvres (56)
21/12/2021
Rédacteur principal : Véronique LAMARE
Correcteur : Marc VERLAQUE
Responsable régional : Véronique LAMARE
Francavilla M., Franchi M., Monteleone M., Caroppo C., 2013, The red seaweed Gracilaria gracilis as a multi products source, Mar Drugs, 11(10), 3754-76.
Gargiulo G.M., de Masi F., Tripodi G., 1987, Structure and reproduction of Gracilaria longa sp. nov. (Rhodophyta, Gigartinales) from the Mediterranean Sea, Giornale Botanico Italiano, 121(5-6), 247-257.
Lavaut E., Guillemin M.L., Colin S., Faure A., Coudret J., Destombe C., Valero M., 2022, Pollinators of the sea: A discovery of animal-mediated fertilization in seaweed, Science, 377(6605), 528-530.
La page sur Gracilaria gracilis sur le site de référence de DORIS pour les algues : AlgaeBase
La page de Gracilaria gracilis dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN