Manteau beige-rose à brun avec une bande ondulante noire
Pustules blanches éparpillées sur le manteau entier
Rhinophores et branchies blanc translucide et vert à jaune moutarde, entièrement parsemés de petits points blancs
Partie antérieure du manteau soulevée et abaissée rythmiquement
Face inférieure de partie antérieure du manteau pourpre clair ou foncé
Chromodoris géométrique
Geometric Chromodoris (GB)
Chromodoris geometrica Risbec, 1928
Glossodoris geometrica (Risbec, 1928)
Océans Indien et Pacifique Ouest
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueLe doris géométrique se rencontre de la Tanzanie et l’Afrique du Sud jusqu’à Okinawa (Japon), les îles Marshall et le Royaume de Tonga.
L'espèce fréquente les zones de coraux, d’éponges, d’algues, etc., dès la zone infra-littorale peu profonde et jusqu’à 60 m.
Petit nudibranche qui peut atteindre 35 mm.
Le manteau* est beige-rose à brun avec une bande ondulante, chantournée, noire qui contourne le manteau devant les rhinophores* et derrière les branchies*. Parfois cette bande traverse le notum* et se relie avec la bande de l’autre côté. Le bord du manteau est plus clair, parfois blanc.
Sur le manteau entier se trouvent éparpillées des pustules blanches. La coloration et les pustules font penser aux nudibranches Phyllidiidés.
La moitié inférieure des rhinophores lamellés et des branchies est translucide et la moitié supérieure est verte à jaune moutarde. Les rhinophores et les branchies rétractiles sont parsemés de petits points blancs.
Goniobranchus geometrica soulève et abaisse rythmiquement la "jupe" assez large de la partie antérieure du manteau lorsqu’il se déplace et même quand il est à l’arrêt. La face inférieure de la partie antérieure du manteau est pourpre clair et blanc ou foncé.
Le pied, de la même coloration que le manteau mais sans pustules, est presque entièrement caché par le manteau mais sa partie postérieure est néanmoins visible.
Goniobranchus conchyliatus (Yonow, 1984). Mais pour cette espèce, on trouve les caractéristiques suivantes : coloration du manteau plus claire ; au lieu d’une bande, on voit plusieurs lignes courtes plus fines et irrégulières ; pustules crème ; branchies et rhinophores blanc et orange.
Goniobranchus hintuanensis (Gosliner & Behrens, 1998). Le manteau porte une marge violette et il n'a pas la bande noire chantournée noire circulaire. Rhinophores et branchies sont rosés
Les nudibranches Phyllidiidés (exemple : Phyllidia alyta, Phyllidia meandrina, Phyllidia elegans, Phyllidiella zeylanica, Phyllidiopsis shireenae et autres) qui ont également des pustules similaires sur le notum ne portent quant à eux jamais de panache branchial visible sur le dos !
Selon [Johnson et Boucher (1983)] (sous Chromodoris geometrica), Goniobranchus geometricus se nourrit de l'éponge Chelonaplysilla violacea (Lendenfeld, 1883).
Les nudibranches se reproduisent par voie sexuée, sont hermaphrodites* et ovipares*.
L’accouplement se fait toujours deux à deux dans un rapport proximal, les individus se présentant tête-bêche sur leur côté droit. En effet, les organes de reproduction débouchent derrière la zone céphalique, sur le côté droit du pied.
Entrés en contact, les deux partenaires échangeront leurs spermatozoïdes respectifs puis se quitteront. La fécondation sera interne et chacun pourra ensuite pondre de son côté.
La ponte de Goniobranchus geometricus est composée d’un ruban étroit orange pâle déposé dans une spirale ouverte et verticale sur la tranche.
Animal plutôt diurne.
A première vue, il est facile de penser qu’il s’agit d’un nudibranche Phyllidiidé (voir § "Espèces ressemblantes" supra, les différentes Phyllidia, Phyllidiella, Phyllidiopsis et autres) à cause de la coloration et des pustules de Goniobranchus geometricus. Surtout lorsque les branchies sont rétractées dans le corps. Mais les branchies en lamelles des Phyllidiidés sont cachées le long des 2 côtés de l’animal entre le dessous du manteau (l’hyponotum*) et le pied, tandis que celles de G. geometricus se trouvent en cercle sur le dorsum* postérieur.
Doris géométrique : francisation du nom scientifique.
Goniobranchus : ce nom est probablement constitué du grec [gonia] = angle, et [branch] = branchies. On peut donc supposer que le nom décrit une particularité morphologique de ces organes de la respiration.
Le genre Goniobranchus a été créé en 1866 par William Harper Pease (1824–1871) dans "Remarks on nudibranchiata inhabiting the Pacific islands, with descriptions of two new genera".
L'ancien nom de genre, Chromodoris (que l'on trouve encore souvent dans la littérature puisque le changement a eu lieu avec [Johnson & Gosliner 2012]), vient du grec [chrom-] = couleur et de Doris, fille d’Océanos et de Thétys. Mariée à Nérée, dieu de la mer calme, Doris eut cinquante filles (les néréides, nymphes de la mer, parmi lesquelles Galathée, Amphitrite et Thétis). Le mot chromodoris signifie donc que ce sont des doris vivement colorés.
geometricus : du latin [geometricus] = géométrique.
A noter que Johnson et Gosliner, les scientifiques qui en 2012 ont basculé le genre de Chromodoris geometrica en Goniobranchus geometricus, soulignent que pour le nom d'espèce (geometrica -> geometricus), ils se sont alignés sur l'inventeur du genre Goniobranchus : Pease. En effet, celui-ci aurait changé en -us (masculin) les anciennes terminaisons des noms qui portaient -à (féminin), ceci afin de refléter le masculin du nouveau genre que ces espèces intégraient. Johnson et Gosliner ont donc fait ainsi pour toutes les espèces en -a portant des noms dérivant d'adjectifs qu'ils ont eu à basculer vers Goniobranchus. C'est pourquoi geometrica est devenue geometricus.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Doridina | Doridiens | Corps aplati. Anus dorsal entouré complètement ou partiellement par des branchies de remplacement ramifiées qui peuvent être rétractées (voire absentes). Mangeurs d’éponges, habituellement armés de spicules calcaires internes. |
Famille | Chromodorididae | Chromodorididés | Doridiens au corps mou allongé et étroit, à coloration vive. Dos en général lisse, bord du manteau développé à l’avant. Pied effilé à l’arrière, dépassant du manteau. Rhinophores lamellés, tentacules buccaux courts et coniques, branchies pennées. |
Sous-famille | Chromodoridinae | Chromodoridinés | |
Genre | Goniobranchus | ||
Espèce | geometricus |
Identification
Manteau beige-rose à brun avec une bande ondulante noire. Pustules blanches éparpillées sur le manteau entier. Rhinophores et branchies blanc translucide et vert à jaune moutarde. Entièrement parsemés de petits points blancs.
Mayotte, 8 m
13/05/2012
Détail de la partie antérieure
La partie antérieure du manteau est soulevée et abaissée rythmiquement. Le dessous est pourpre clair ou foncé, parfois contourné d’une bande blanche.
On aperçoit aussi les tentacules oraux et une malformation du bord du manteau antérieur.
Tany Kely, Nosy Bé, Madagascar, 16 m
25/01/2002
Teinte plus brune du manteau
Sur cet individu, le manteau porte des teintes plus foncées, de brun soutenu au lieu du rose-blanchâtre généralement observé.
La longueur : 18 mm.
Pulau Hoga, l'Archipel de Tukang Besi, Sulawesi Sud-Est, Indonésie, 26 m
24/06/1999
Vue latérale
Telle qu'elle apparaîtra au plongeur.
Détroit de Lembeh (Indonésie), 8 m
29/11/2008
Vue de dessus
Goniobranchus geometricus est mimétique de certaines phyllidies toxiques. C'est le panache branchial qui le trahit (les phyllidies en sont dépourvues).
Moalboal (Philippines), 20 m
12/02/2008
Vue de profil
Cet individu a les rhinophores très grands par rapport au reste du corps.
Moalboal (Philippines), 20 m
12/02/2008
Panache branchial
Les branchies rétractiles sont parsemées de petits points blancs, leur extrémité est verte. Au centre du panache branchial, se trouve l'anus, bien visible sur ce cliché.
Mayotte, îlot M'Bouzi, 12 m, de nuit
15/05/2012
De nuit
Rencontre de nuit. L'aspect diffus, presque "flou", des dessins du manteau se retrouve chez plusieurs espèces de nudibranches tropicaux. Ce caractère participe-t-il du camouflage ou porte-t-il une autre signification ?
Sulawesi, péninsule Est, Indonésie, 15 m, de nuit
14/10/2004
Individu en Nouvelle-Calédonie
Sa distribution géographique va de la Tanzanie et l’Afrique du Sud jusqu’à Okinawa, les îles Marshall et le Royaume de Tonga.
Nouméa, Nouvelle-Calédonie, 7 m
05/2006
A Mayotte
Commentaires du photographe :
"Un nudibranche Goniobranchus geometricus, encore jamais rencontré dans ce lagon !
Spécimen d'environ 1,5 cm trouvé sur le dessus du tombant de "mérou palace" (patate aux loches !), à 30 m."
Mayotte, Mérou Palace, 30 m
31/12/2009
Mimétisme entre espèces
La robe de Goniobranchus geometricus est assez proche de celle de certaines Phyllididae et notamment de la phyllidie pustuleuse Phyllidia pustulosa, réputée pour sa défense chimique violente.
Cette ressemblance est particulièrement visible sur cet individu ! Celui-ci pourrait aussi être Paradoris liturata (Bergh, 1905) mais il a les couleurs et dispositions exactes de Goniobranchus geometricus sur les rhinophores et branchies !
Se faire passer pour une espèce dangereuse sans l'être soi-même, c'est un des moyens de défense utilisé par la nature.
Una-Una, Archipel des Togian, Sulawesi (Indonésie), 6 m
07/10/2004
Rédacteur principal : Lindsay WARREN
Vérificateur : Jean-Pierre COROLLA
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable historique : Jean-Pierre COROLLA
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Johnson S. & Boucher L.M, 1983, Notes on some Opisthobranchia (Mollusca: Gastropoda) from the Marshall Islands, including 57 new records, Pacific Science, 37(3), 251-291.
Johnson R., Gosliner T., 2012, Traditional
Taxonomic Groupings Mask Evolutionary History: A Molecular Phylogeny
and New Classification of the Chromodorid Nudibranchs, PLoS ONE, 7(4), 15p
McDonald G.R. & Nybakken J.W., 1997-1999, A list of the Worldwide Food Habits of Nudibranchs - The VeligerRisbec J., 1928, Contribution à l’étude des nudibranches néo-calédoniens, Faune des Colonies Françaises, 2, 1-328.
Rudman W.B., 1973, Chromodorid opisthobranch Mollusca from the Indo-West Pacific, Zoological Journal of the Linnean Society, 52(3), 175-199.
Rudman W.B., 1977, Chromodorid opisthobranch Mollusca from East Africa and the tropical West Pacific, Zoological Journal of the Linnean Society, 61, 351-397.
Yonow N., 1993, Opisthobranchs from the Maldive Islands, including the descriptions of seven new species (Mollusca: Gastropoda), Revue Française d'Aquariologie, 20(4), 97-130.
Johnson S. & Boucher L.M, 1983, Notes on some Opisthobranchia (Mollusca: Gastropoda) from the Marshall Islands, including 57 new records, Pacific Science, 37(3), 251-291.
Johnson R., Gosliner T., 2012, Traditional Taxonomic Groupings Mask Evolutionary History: A Molecular Phylogeny and New Classification of the Chromodorid Nudibranchs, PLoS ONE, 7(4), 15p
McDonald G.R. & Nybakken J.W., 1997-1999, A list of the Worldwide Food Habits of Nudibranchs - The Veliger
Risbec J., 1928, Contribution à l’étude des nudibranches néo-calédoniens, Faune des Colonies Françaises, 2, 1-328.
Rudman W.B., 1973, Chromodorid opisthobranch Mollusca from the Indo-West Pacific, Zoological Journal of the Linnean Society, 52(3), 175-199.
Rudman W.B., 1977, Chromodorid opisthobranch Mollusca from East Africa and the tropical West Pacific, Zoological Journal of the Linnean Society, 61, 351-397.
Yonow N., 1993, Opisthobranchs from the Maldive Islands, including the descriptions of seven new species (Mollusca: Gastropoda), Revue Française d'Aquariologie, 20(4), 97-130.