Grande algue souple de couleur brun jaune
Fixée sur la roche par une base discoïde
Un axe unique, court, cylindrique (H : 1 à 30 cm, D : 2 à 7 mm) avec sommet de teinte plus claire, saillant, nu, tronqué et lisse
Longs rameaux souples, minces et cylindriques, ramifiés
Aérocystes (flotteurs) fusiformes souvent en chapelets
Réceptacles fertiles sur les divisions ultimes
Golden cystoseira (GB), Cistosira barbuda (E)
Fucus barbatus Goodenough & Woodward, 1797
Abrotanifolia barbata Stackhouse 1809
Phryganella barbata (Stackhouse) Stackhouse 1816
Cystoseira hoppei C. Agardh 1820
Cystoseira barbata (Stackhouse) C.Agardh 1820 (nom précédent souvent utilisé dans les guides)
Cystoseira barbata var. hoppei (C. Agardh) J. Agardh 1842
Cystoseira barbata f. hoppei (C. Agardh) Woronichin 1908
Treptacantha barbata (Stackhouse) Orellana & Sansón 2019
Remarque : Le genre Cystoseira sensu lato qui compte 35 espèces et 10 taxons infraspécifiques acceptés taxonomiquement en Méditerranée, en mer Noire et sur les côtes atlantiques nord a été scindé en trois genres distincts : les genres Cystoseira C. Agardh, Ericaria Stackhouse et Gongolaria Boehmer.
Méditerranée, proche Atlantique
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Méditerranée, mer Noire, Atlantique Nord-Est du Portugal aux îles Canaries ; océan Indien (Inde et Pakistan).
Cette espèce tolère des variations importantes de salinité (euryhaline*) et de température (eurytherme*). Elle se développe sur les substrats* durs naturels (rochers, galets) ou artificiels (digues, enrochements) bien éclairés, dans des eaux marines à saumâtres, calmes et d'assez bonne qualité. Elle peut tolérer une pollution organique faible à modérée.
On peut la trouver dans des flaques littorales (cuvettes infralittorales*), des lagunes à affinités marines, dans des baies peu profondes et en milieu portuaire généralement près de la surface mais parfois jusqu'à 10 m de profondeur.
La cystoseire dorée est une grande algue souple de couleur brun jaune, avec un port dressé grâce à des flotteurs (aérocystes*). Sa hauteur varie de 15 cm à 1,3 m.
Elle est fixée sur la roche par une base discoïde d'où part un axe unique, court et cylindrique d'un diamètre de 2 à 7 mm. Cette «tige» qui peut mesurer 1 à 30 cm, a un sommet (apex*), de teinte plus claire, lisse, longuement saillant et paraissant tronqué. Cet axe engendre de longs rameaux souples, minces et cylindriques (diamètre : 1 à 2 mm et longueur jusqu'à 80 cm) couverts de cryptes pilifères*. Ces rameaux primaires sont eux-mêmes ramifiés.
Les rameaux peuvent porter de courts renflements fusiformes intercalaires remplis d'air : les aérocystes. Plusieurs aérocystes peuvent se suivre et former des sortes de "chapelets". Les rameaux sont caducs, après leur chute il reste des moignons d'où peuvent, par la suite, bourgeonner de nouveaux rameaux.
Les rameaux les plus âgés sont fructifères et portent sur leurs divisions ultimes les réceptacles fertiles.
L'aspect de l'algue varie au cours de l'année. La «tige» avec sa base est pérenne* et vit plusieurs années. Les nouveaux rameaux commencent à se développer en automne et le thalle* atteint sa taille maximale au printemps. En été, après la chute des rameaux les plus âgés, l'algue se fait plus discrète.
Il existe une forme libre de G. barbata, très répandue en mer Noire et observée ponctuellement dans l'étang de Thau, qui a été décrite sous le nom de Cystoseira barbata f. aurantia (Kützing) Giaccone. Il s’agit d'une espèce distincte actuellement nommée Cystoseira aurantia Kützing 1843.
Sargassum muticum : la sargasse japonaise qui se trouve dans le même type d'habitat, lui ressemble beaucoup mais se distingue par la présence, surtout près de la base, de rameaux aplatis en forme de "feuilles", et par ses flotteurs (aérocystes) pédicellés* et latéraux sur les rameaux.
Cystoseira compressa : qui a de longs rameaux primaires aplatis à la base et ramifiés dans un plan.
Il y a aussi 24 autres espèces de Cystoseira, la plupart présentes en Méditerranée qui se distinguent par d'autres caractères.
C'est un végétal autotrophe* qui élabore sa matière organique par photosynthèse* à partir du gaz carbonique, de l'eau et des sels minéraux, grâce à sa chlorophylle* verte et à ses autres pigments qui captent la lumière solaire.
Reproduction sexuée : le cycle de vie est monogénétique*. Les thalles fertiles portent de petits organes reproducteurs (réceptacles*) en position terminale sur les rameaux. Ces réceptacles sont de petits renflements lancéolés ou cylindriques à extrémité effilée, de couleur plus foncée que les rameaux, et à surface plus ou moins lisse. Ils sont creusés de cavités appelés conceptacles*, hermaphrodites* ou mâles, contenant les organes reproducteurs mâles et femelles (spermatocystes* et oogones*). A maturité, les spermatozoïdes* puis les oosphères* passent à l'extérieur par l'ouverture (ostiole*) du conceptacle et la fécondation a lieu.
La cystoseire dorée supporte et abrite une flore et une faune abondantes. Le nombre d'espèces associées et leur masse croissent en fonction du développement et de la complexité de son thalle.
Croissance : La cystoseire dorée est pérenne. Sa croissance est dite apicale, car la zone de croissance se situe à l'extrémité de l'axe principal (et des rameaux). L'axe principal grandit de 1 à 2 cm par mois et produit des rameaux assimilateurs longs et minces qui grandissent beaucoup plus vite que la "tige" qui les porte (5 à 20 cm/mois).
Structure et Cytologie : Structure uniaxiale avec 3 types de tissus qui se succèdent depuis la surface : (1) un épiderme constitué de petites cellules à paroi épaisse et riches en physodes*, (2) une zone claire de cellules isodiamétriques, (3) une zone centrale plus foncée constituée de cellules allongées conductrices des nutriments. Vers l'extérieur, les cellules contiennent de nombreux petits chloroplastes* pariétaux sans pyrénoïde*. La cuticule* de l'épiderme étant imperméable, les échanges avec l'eau de mer se font au niveau des cryptes pilifères*
Le cycle monogénétique des Fucales incluant les cystoseires est actuellement interprété comme le résultat d'une réduction extrême du gamétophyte* aboutissant à un sporophyte* diploïde* qui héberge les gamétophytes mâle (spermatocyste) et femelle (oogone), extrêmement réduits, produisant les gamètes.
Potentiel d'utilisation : Gongolaria barbata est riche en alginates (jusqu'à 35 % de sa matière sèche), en stérols, dérivés terpéniques et phénoliques et ses extraits ont des propriétés bactéricides. En mer Noire, la forme libre (Cystoseira aurantia) a fait l'objet d'essais de production d'une part en fertilisant des baies et d'autre part en tentant de la cultiver en lagunes.
Gongolaria barbata est un bon indicateur biologique de la bonne qualité du milieu marin ou lagunaire. Malgré un bon potentiel de restauration cette algue régresse lorsque la pollution et la turbidité augmentent ainsi qu'avec une oxygénation insuffisante du milieu (eutrophisation*, anoxie*). Il faut noter aussi sa capacité à accumuler certains éléments toxiques comme le mercure. Elle partage son habitat avec d'autres espèces photophiles* dont certaines, d'introduction relativement récente comme Sagassum muticum, sont parfois de rudes concurrentes.
Cette espèce est inscrite sous son ancien nom Cystoseira barbata dans l'annexe II de la convention de Barcelone comme toutes les Cystoseires à l'exception de C. compressa (Décision des parties contractantes à la Convention de Barcelone 2009).
Cystoseire : dérivé de l'ancien nom scientifique ;
dorée : fait référence à la couleur brun jaune de l'algue.
Gongolaria : l’étymologie de ce nom de genre n’est pas certaine. Ce nom pourrait venir du verbe italien [gongolare] = jubiler.
Cystoseira : du grec [cysto] ou [kustis] = vésicule, vessie et [seira] = série, chaîne : "vésicules ou flotteurs en chaîne",
barbata : du latin [barbatus] = barbu, velu, couvert de poils ; peut quelques fois signifier sale, négligé.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Ochrophyta | Ochrophytes | ou Hétérokontes, ou Straménopiles: présence d'un stade unicellulaire à 2 flagelles, un lisse et un à poils tubulaires. |
Classe | Phaeophyceae | Phéophycées | Algues brunes. |
Ordre | Fucales | Fucales | |
Famille | Sargassaceae | Sargassacées | |
Genre | Gongolaria | ||
Espèce | barbata |
Grande algue de couleur brun jaune
Grande algue souple de couleur brun jaune fixée sur la roche par une base discoïde. Un axe unique, court, cylindrique, de longs rameaux souples, minces et cylindriques, ramifiés. Des aérocystes* (flotteurs) fusiformes souvent en chapelets. Réceptacles sur les divisions ultimes.
Lagune de Thau (34), Bouzigues, 0,8 m
27/09/2009
Un port érigé
Un port dressé grâce à des renflements fusiformes remplis d’air, les aérocystes* agissant comme de petits flotteurs.
Lagune de Thau (34), Bouzigues, 0,8 m
27/09/2009
Un axe unique
Un seul axe court, cylindrique, à sommet de teinte plus claire lisse et tronqué, porte de longs rameaux souples, eux même ramifiés.
Etang de Salses-Leucate (66), 0,5 m
30/05/2011
Chapelet d’aérocystes fusiformes
Ce thalle* de taille modeste porte de nombreux aérocystes. On voit également en bas à droite de l’image un chapelet d‘aérocystes* en épave.
Lagune de Thau (34), Balaruc, le ponton, 1 m
09/06/2008
Rameaux terminaux
Extrémité des rameaux près de la surface.
Etang de Salses-Leucate (66), 0,3 m
30/05/2011
Extrémité des rameaux
Les extrémités des rameaux anciens portent des aérocystes*, et des épaississements évoluant en réceptacles.
Lagune de Thau (34), Balaruc, le ponton, 0,7 m
03/05/2009
Extrémité observée à la loupe
Les extrémités des rameaux portent des renflements intercalaires clairs qui sont des aérocystes* et des renflements terminaux plus foncés qui sont des réceptacles*. On aperçoit sur cette image de longs poils fins sortant des ouvertures (ponctuations plus claires) de cryptes pilifères*.
Lagune de Thau (34), Balaruc, le ponton, loupe binoculaire, x20
04/04/2009
Habitat lagunaire
Photophile*, on la trouve surtout au début de l’infralittoral* dans des lagunes ainsi que dans d’autres milieux calmes comme des baies peu profondes, des flaques littorales et des enceintes portuaires.
Lagune de Thau (34), Bouzigues, 0,8 m
27/09/2009
Sur petit fond détritique
Sur petit fond détritique* (sable et galets) : dans ce type de milieu elle est fixée généralement sur les galets ou sur des pierres.
Etang de Salses-Leucate (66), 0,5 m
30/05/2011
Algues épiphytes
Elle porte généralement de nombreuses algues et une faune épiphytes*.
Etang de Salses-Leucate (66), 0,3 à 0,5 m
30/05/2011
Support de pontes
Rameau libre, en épave sur un petit fond, avec des chapelets d'aérocystes* fusiformes supportant des pontes de mollusques tels que le lièvre de mer moucheté Aplysia punctata et de vers. En bas à droite de l’image, on aperçoit également un rameau de la sargasse japonaise Sagassum muticum avec ses aérocystes sphériques.
Lagune de Thau (34), Balaruc, le ponton, 2 m
04/04/2009
Rédacteur principal : Claude WACQUANT
Correcteur : Pauline ROBVIEUX
Correcteur : Marc VERLAQUE
Responsable régional : Véronique LAMARE
Molinari Novoa E.A., Guiry M.D., 2020, Reinstatement of the genera Gongolaria Boehmer and Ericaria Stackhouse (Sargassaceae, Phaeophyceae), Notulae Algarum, 171, 1-10.
La page sur Gongolaria barbata sur le site de référence de DORIS pour les algues : AlgaeBase
La page de Treptacantha barbata dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN