Taille maximum 30 mm
Dos avec 2 rangées de pointillés brun-noir et 6 rangées de taches jaunes
Trois paires d'yeux en 2 rangées longitudinales et parallèles
Mode de déplacement des sangsues
Große Schneckenegel, Großer Schneckenegel, Grosser Schneckenegel (D), Brede bloedzuiger (NL)
Eaux douces de l'hémisphère nord
Zones DORIS : ● Eau douce d'EuropeGlossiphonia spp. a été trouvée partout dans les eaux douces de l'hémisphère nord : Europe, Asie et Amérique du Nord.
On trouve Glossiphonia spp. sur les pierres au bord des lacs et des étangs, des rivières et des ruisseaux. Elle préfère les zones riches en végétation qui lui fournissent un abri et un large choix de proies. Elle privilégie les substrats durs (pierres, branches, feuilles) et évite les zones de vase et de sable où ses ventouses ne peuvent adhérer.
La longueur de cette sangsue peut atteindre 30 mm (*) pour une largeur de 4 à 10 mm. Son dos porte deux rangées longitudinales de pointillés brun-noir, il est moucheté de taches jaunes sur six rangées (une tache tous les trois anneaux). La couleur d'ensemble est très variable et va du vert au brun. Son ventre est blanchâtre.
Son corps composé de 33 segments ou anneaux, porte une petite ventouse à l'avant et une grande à l'arrière.
Ses trois paires d'yeux sont disposées sur la tête en deux rangées parallèles et longitudinales.
Elle se déplace comme des chenilles arpenteuses : elle détache la ventouse antérieure (la plus petite), étire son corps vers l'avant et fixe cette ventouse, détache la ventouse postérieure (la plus grande) et en arquant le corps, la place près de la ventouse avant, et ainsi de suite. Elle ne nage pas.
C'est l'une des sangsues le plus fréquemment rencontrées.
Remarque : l'aspect varie énormément et seule la disposition des yeux est un critère fiable pour identifier les sangsues du genre Glossiphonia. Il faut cependant noter qu'il y a parfois fusion des yeux réduisant leur nombre à une paire.
(*) Lorsqu'elle s'allonge au cours d'un déplacement, elle peut doubler voire tripler la longueur de son corps donc atteindre 60 à 80 mm.
Les cinq espèces Glossiphonia complanata, Glossiphonia concolor, Glossiphonia nebulosa, Glossiphonia paludosa et Glossiphonia verrucata sont difficiles à distinguer en plongée car :
- leur aspect est d'une grande variabilité morphologique ;
- leur écologie est similaire : les biotopes et les comportements se recouvrent.
Les informations de cette fiche sont donc pertinentes pour G. complanata, G. concolor, G. nebulosa, G. paludosa et G. verrucata.
Néanmoins, on peut distinguer le groupe des Glossiphonia sans tubercules saillants sur le dos (concolor et paludosa). Les trois autres ont des tubercules / papilles sur le dos mais nebulosa et verrucata ont une structure particulière.
En France, on trouve aussi :
- Alboglossiphonia heteroclita (Linnaeus, 1761) : les yeux antérieurs sont plus rapprochés, voire sont fusionnés.
- Alboglossiphonia hyalina (O.F. Müller, 1774).
Dépourvue de mâchoires, Glossiphonia spp. dispose d'une trompe musculaire dévaginable* (qu'elle peut sortir de son corps) qui peut pénétrer dans sa proie afin de la sucer. Carnassière, elle se nourrit essentiellement de gastéropodes mais ne dédaigne pas les Oligochètes, les Chironomidés et les Amphipodes.
Elle passe l'hiver pratiquement sans manger, engourdie et enfouie dans la vase.
Glossiphonia spp. est hermaphrodite*. Les organes sexuels se trouvent sur sa face ventrale au niveau du premier tiers de son corps : l'orifice génital mâle est situé un peu en avant de l'orifice femelle. La reproduction est exclusivement sexuée et croisée (pas d'auto-fécondation).
Au début du printemps, un clitellum* se forme à l'avant du corps et, lors de la reproduction, les deux individus sont étroitement unis par sa sécrétion. Chacun colle sur la peau de l'autre un spermatophore* d'où sortent les spermatozoïdes qui traversent la peau pour aller féconder les œufs.
Les œufs sont pondus entre mars et mai dans des cocons sur les pierres. Leur mère se positionne dessus en arquant son corps et fait des mouvements afin de renouveler l'eau et améliorer leur oxygénation. Ils éclosent au bout d'une semaine. Les petits passent ensuite trois semaines accrochés par leur ventouse postérieure sous l'abdomen maternel. Il y a en moyenne 26 jeunes pour chaque adulte. Pendant cette période, leur mère les nourrit grâce au passage de substances nutritives entre la paroi de son corps et le juvénile.
L'adulte perd du poids en raison de la possibilité réduite de se nourrir et de la dépense d'énergie nécessaire à la ventilation de sa progéniture.
Rythme des générations :
- Les individus âgés de deux ans produisent une couvée en mars et meurent après la reproduction (seuls quelques-uns survivent pour atteindre l'âge de trois ans) ;
- Les juvéniles âgés d'un an se répartissent en deux groupes :
- le premier groupe (environ 60% de ceux nés en avril-mai de l'année précédente) n'atteint pas la maturité sexuelle et passe l'hiver pour se reproduire pour la première fois à l'âge de deux ans ;
- le deuxième groupe composé des individus nés en mars de l'année précédente plus 40 % des individus nés en avril-mai se reproduit en avril-mai.
La respiration se fait à travers la peau (cutanée). Celle-ci est changée très fréquemment, parfois quotidiennement si la sangsue se trouve dans une eau pauvre en oxygène.
Nom proposé par DORIS : traduction du nom scientifique.
Glossiphonia : du grec [glosso-] = langue et du grec [sipho-] = tuyau en allusion à la bouche sans mâchoires et munie d'une trompe dévaginable ;
complanata : participe passé du latin [complano] = aplati, nivelé.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Annelida | Annélides | Vers segmentés (annelés) à section cylindrique, à symétrie bilatérale constitués de segments semblables. Le premier segment porte la bouche et le dernier l’anus. Nombreuses formes marines, dulcicoles ou terrestres, libres ou parasites. |
Classe | Clitellata | Clitellates | Annélides hermaphrodites, dont quelques segments sont enveloppés dans une enveloppe glandulaire. |
Sous-classe | Hirudinea | Hirudinées / Achètes | Annélides aquatiques, principalement d'eau douce, sans soies ni parapodes, mais possédant une ventouse postérieure et parfois une antérieure. Ectoparasites d'animaux aquatiques et de vertébrés terrestres. |
Ordre | Rhynchobdellida | Rhynchobdelliformes | Sangsues sans mâchoires, à trompe dévaginable, marines ou d'eau douce. Appareil circulatoire différencié. Toutes sont aquatiques. |
Famille | Glossiphoniidae | Glossiphoniidés | Sangsues au corps aplati avec une ventouse antérieure peu visible, vivant en eau douce et toutes parasites de mollusques ou d'amphibiens. |
Genre | Glossiphonia | ||
Espèce | spp. |
Identification
La longueur de cette sangsue peut atteindre 30 mm pour une largeur de 4 à 10 mm. Son dos porte deux rangées de pointillés brun-noir et est moucheté de taches jaunes sur six rangées (une tache tous les trois anneaux).
Plobsheim, 3m
02/10/2005
Yeux
L'aspect varie énormément et seule la disposition des yeux est un critère fiable pour identifier les sangsues du genre Glossiphonia.
Ses trois paires d'yeux sont disposées sur la tête en deux rangées longitudinales et parallèles.
Lac Léman, 2 m
28/08/2010
Position/fusion des yeux
Il y a parfois fusion des yeux réduisant leur nombre à une paire.
Carrière de Lillé, Belgique, 5 m
09/07/2016
Aplatie, nivelée
complanata est le participe passé du latin [complano] qui signifie aplati, nivelé.
Cette photo illustre bien la raison de cette dénomination.
Carrière de Lillé, Belgique, 5 m
09/07/2016
Support inhabituel
Posée sur la tête d'une larve de libellule,
Gouille, Grône, Suisse, 3 m
14/06/2010
Ventouse arrière
Son corps composé de 33 segments ou anneaux, porte une petite ventouse à l'avant et une grande à l'arrière.
Carrière de Lillé, Belgique, 5 m
09/07/2016
Rédacteur principal : Jean-Pierre COROLLA
Vérificateur : Sandra SOHIER
Correcteur : Benoît LECAPLAIN
Responsable régional : Jean-Pierre COROLLA
Responsable régional : Michel KUPFER
Damas D., 1973, Ultrastructure de l'épithélium tégumentaire de Glossiphonia complanata (L.) (Hirudinée): cellules épithéliales et organes sensoriels de Bayer, Cell and Tissue Research, 143 (1), 355-365.
De Eguileor M., Barberis D., Lanzavecchia G., Scar G., Valvassori R., 1993, Development of Glossiphonia complanata (Annelida, Hirudinea) and morphogenesis of helical muscle fibers, Invertebrate Reproduction & Development, 24(3), 179-188.
De Eguileor M., Daniel S., Giordana B., Lanzavecchia G., Valvassori R., 1994, Trophic exchanges between parent and young during development of Glossiphonia complanata (Annelida, Hirudinea), Journal of Experimental Zoology, 269(5), 389-402.
Mann K., 1957, A study of a population of the leech Glossiphonia complanata (L.), Journal of Animal Ecology, British Ecological Society, 26(1), 99-111.
Wrona F., Davies R., Linton L., 1979, Analysis of the food niche of Glossiphonia complanata (Hirudinoidea: Glossiphoniidae), Revue canadienne de zoologie, 57, 2136-2142.
Young J., 1981, A serological study of the diet of British, lake-dwelling Glossiphonia complanata (L.) (Hirudinea: Glossiphoniidae), Journal of Natural History, 15(3), 475-489.