Globicéphale noir

Globicephala melas | (Traill, 1809)

N° 1095

Méditerranée, eaux froides Atlantique et Indo-Pacifique

Clé d'identification

Couleur noire parfois teintée de brun
Melon volumineux
Nageoire dorsale pratiquement deux fois plus longue que haute
Nageoires pectorales en forme de faux, étroites et très longues
Marque blanche en forme d'ancre, de W s'étendant de la gorge à la région génitale

Noms

Autres noms communs français

Baleine pilote ou dauphin pilote (car on le voit fréquemment dans le sillage ou à l'étrave des navires), globicéphale grinde, globicéphale à longues nageoires, orque à tête ronde

Noms communs internationaux

Long-finned pilot whale (GB), Globicefalo (I), Calderón común (E), Langflossen-grindwal (D), Mavrodélphino (Grec)

Synonymes du nom scientifique actuel

Delphinus globiceps G. Cuvier, 1812
Globicephala melaena (Traill, 1809)
Globicephala edwardii Smith, 1934
Globicephala leucosagmaphora Rayner, 1939

Distribution géographique

Méditerranée, eaux froides Atlantique et Indo-Pacifique

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ● Atlantique Nord-Ouest, ○ [Terres antarctiques françaises], ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

En Méditerranée, c'est une espèce assez commune, avec une répartition non homogène. On le rencontre surtout dans la mer d'Alboran, aux Baléares, ainsi qu'au large des Alpes-Maritimes.
Il est également présent dans l'Atlantique à l'exception de la zone tropicale (entre 20° Nord et 30° Sud) et dans les eaux froides de l'hémisphère Sud Indo-Pacifique (au-delà de 30° Sud), dont les terres antarctiques françaises (TAAF).

En Amérique du Nord il s'approche des côtes de Terre-Neuve, de l'Archipel de Saint-Pierre et Miquelon. Il lui arrive de pénétrer dans le golfe du Saint-Laurent et les baies pour se nourrir.

Biotope

Le globicéphale noir se rencontre aussi bien dans les eaux côtières que dans les eaux profondes, ses déplacements seraient liés à l'abondance de proies.

Description

Le globicéphale noir est un des plus grands cétacés à dents (odontocètes) : les mâles mesurent de 5,5 m à 6,2 m (jusqu'à 7,2 m dans le Pacifique Nord) pour 1,5 à 3,5 tonnes, et les femelles 4,5 à 5,5 m pour 1 à 2,5 tonnes. A la naissance, les petits font déjà 70 à 80 kg pour une longueur de 1,7 à 1,8 m.
Son melon*
très proéminent, à l'origine de son nom, est caractéristique. Il peut dépasser, chez les vieux mâles, l'aplomb de la bouche. Chaque mandibule* porte 8 à 12 paires de dents coniques et émoussées, d'environ 5 cm de hauteur. Le globicéphale noir n'est pas caractérisé par la présence d'un bec comme d'autres cétacés (e.g. grand dauphin). Les ailerons sont typiques et servent largement à l'identification de l'espèce. La nageoire dorsale, longue, peu élevée et arrondie, est pratiquement deux fois plus large que haute. Sa forme varie avec l'âge : étroite chez les jeunes, elle devient très large dans sa partie antérieure chez les spécimens âgés. Par ailleurs, chaque globicéphale possède une nageoire dorsale différente, caractérisée par des cicatrices et des coupures distinctives. Les nageoires pectorales en forme de faux sont étroites et très longues (jusqu'à un quart de la longueur du corps). Le pédoncule caudal est comprimé latéralement et la nageoire caudale porte une encoche médiane profonde. Jeune, le globicéphale noir est de coloration gris-clair. Adulte, il est noir parfois teinté de brun.
Sur la gorge, un peu avant les pectorales, on observe une marque blanc grisâtre en forme d'ancre ou de W. Elle rétrécit au niveau du thorax pour s'élargir sur l'abdomen et se prolonger jusqu'à la fente génitale bordée de blanc. Une tache gris sombre en forme de selle se distingue à l'arrière de la nageoire dorsale ainsi qu'une rayure grise ou blanche en diagonale derrière l'œil. Ces deux marques sont souvent difficiles à discerner, mais diffèrent par leur forme et leur position de celles de l'espèce tropicale.

Espèces ressemblantes

Le globicéphale noir peut être confondu avec le globicéphale tropical, Globicephala macrorhynchus (Gray, 1846). Ce dernier se distingue principalement par des nageoires pectorales plus courtes (d'où l'appellation de globicéphale à nageoires courtes). Il se distingue également par la présence de traces blanchâtres obliques derrière l'œil ainsi qu'une tache claire derrière la nageoire dorsale. Cependant, ces marques ne sont pas toujours visibles. Le globicéphale tropical fréquente toutes les eaux tropicales et subtropicales, et est présent dans certaines zones semblables à celles qu'occupe le globicéphale noir. Certains groupes se sont déjà échoués sur les plages d'Espagne et de France. Son mode de vie serait proche.

Alimentation

Le globicéphale noir est essentiellement teutophage (nourriture à base de céphalopodes : poulpes, calmars). Mais en cas de besoin, il mange diverses espèces de poissons (morue en Atlantique, hareng, maquereau, chinchard…). En fonction de la taille, du sexe et de la période de l'année, on estime entre 30 et 100 kg la ration alimentaire quotidienne nécessaire à chaque individu.

Reproduction - Multiplication

Très peu de choses sont connues sur la reproduction à proprement parler des globicéphales noirs, car celle-ci s'effectue en profondeur. En revanche, on sait que la maturité sexuelle est atteinte entre 5 et 10 ans pour les femelles et entre 12 et 18 ans pour les mâles. En Méditerranée, des accouplements ont été observés durant l'été et l'automne. La durée de gestation est de 14,5 à 16 mois et des mises bas sont notées de mars à octobre. La mère met au monde un unique petit environ tous les 3 à 5 ans, soit une dizaine au maximum pour l'ensemble de la vie d'une femelle. En fait, si les naissances se suivent à faibles intervalles chez les jeunes mères, une dizaine d'années ou plus peuvent séparer les mises bas des vieilles femelles. Le sevrage se fait vers 1,5 à 2 ans, mais des allaitements occasionnels ont pu être observés jusqu'à l'âge de 13 ans. Les glandes mammaires ne sont pas extérieures. Le bébé tapote doucement le ventre de sa mère pour qu'elle sorte ses mamelles. Il tête tout en nageant.

Vie associée

Mise à part la possible association avec les globicéphales tropicaux, il n'est pas rare de voir évoluer parmi un groupe de globicéphales noirs d'autres espèces de cétacés comme le grand dauphin Tursiops truncatus ou le cachalot Physeter macrocephalus.

Les cicatrices visibles sur la dorsale sont dues aux bernacles (ou anatifes). Ce crustacé perce la peau tendre des bébés et se nourrit de plancton quand le globicéphale parcourt l'océan. Plus tard, il se détache mais la nageoire porte une cicatrice indélébile qui s'accentue quand l'individu grandit.

L'orque épaulard Orcinus orca et les requins sont les principaux prédateurs dans les eaux canadiennes.

Divers biologie

On distingue deux sous-espèces de globicéphales noirs:
- Globicephala melas melas dans les eaux tempérées de l'Atlantique Nord et de Méditerranée,
- Globicephala melas edwardii dans l'hémisphère Sud (répartition liée aux courants de Humboldt, des Falkland et de Benguela).

Peu démonstratif, il est rare de le voir sauter, mais diverses activités de surface sont notées : claquement de queue sur l'eau (lobtailing), observation de l'environnement de surface la tête hors de l'eau à la verticale (spy-hopping), nage sur le dos avec battements de pectorales...

Il semble relativement indifférent à la présence humaine tant que celle-ci reste raisonnable.

Extrêmement sociable, le globicéphale noir vit en groupe familial composé en moyenne de 6 à 20 individus. Il ne se fractionne que le temps d'un déplacement ou d'une chasse. Ces groupes se rencontrent fréquemment et forment alors des rassemblements de plusieurs dizaines, voire de plusieurs milliers d'individus.

L'espèce est polygame. Au sein d'un groupe, les femelles sexuellement matures sont plus nombreuses que les mâles du même statut.

D'après des études génétiques menées sur des animaux capturés ou échoués, un groupe serait constitué par la descendance d'une même femelle. Les mâles issus de cette lignée ne se reproduiraient qu'à l'extérieur du groupe, lors de la rencontre avec plusieurs clans, sur une même zone de nourrissage par exemple.

Chaque membre d'un groupe a un rôle à jouer. Les mâles, moins nombreux, assurent la protection du groupe contre les prédateurs, orques et requins. Cette activité beaucoup plus stressante expliquerait la différence de longévité entre les mâles et les femelles.

Les adolescents font office de « baby–sitter ». Les liens entre mère et enfant sont très forts car le développement d'un jeune est très lent, comparable à celui du petit de l'homme. Il n'atteint sa puberté qu'entre 9 et 14 ans.

Tous les membres, mâles ou femelles, prennent en charge l'éducation des jeunes.

Après certaines observations, on a constaté que les groupes ne sont pas forcément dirigés par des mâles dominants mais peuvent l'être par des femelles plus âgées qui transmettent leur expérience aux autres membres.

Informations complémentaires

Sa longévité est estimée entre 40 à 50 ans pour les mâles contre 60 à 70 pour les femelles. Plongeur performant, ses immersions durent en moyenne 10 minutes à des profondeurs comprises entre 50 et 200 mètres. Mais il est capable de plonger jusqu'à 600 m. Sa vitesse moyenne est de 4 à 7 km/h avec des pointes de 45 km/h sur de très courtes distances.

Son répertoire vocal est très varié : sifflements, ronflements, bourdonnements, gazouillis. Tous ses sons servent à la communication et à l'écholocation.

La cohésion sociale du groupe est telle qu'elle est à l'origine d'échouages en masse spectaculaires. Tout le groupe suit aveuglément le mâle (ou la femelle) dominant, même lorsque celui-ci, malade ou désorienté, s'échoue. On ne sait pas s'ils sont victimes d'une défaillance de leur sonar.

Si les échouages massifs sont relativement fréquents sur certaines côtes de Tasmanie, d'Australie ou de Nouvelle-Zélande, peu de cas ont été signalés en Méditerranée.

Ni les prédateurs des globicéphales, orques et requins, ni les échouages massifs ne semblent avoir d'impact notoire sur les populations.

Les principales menaces sont liées aux activités humaines : pollution, chasse, exploitation commerciale pratiquée dans quelques archipels de l'Atlantique Nord (notamment aux îles Féroé où la chasse et le massacre de groupes entiers de globicéphales est une tradition ininterrompue depuis la fin du XVIe siecle), utilisation de filets dérivants dans lesquels plusieurs animaux ont été retrouvés noyés.

Statuts de conservation et réglementations diverses

En Europe, le globicéphale noir est protégé depuis 1970 par la convention de Berne (annexe II) et la directive habitat (annexe IV). Toutefois, de nos jours, il est encore chassé par l'homme aux îles Féroé (entre l'Ecosse et l'Islande), rattachées au Danemark.
Plus particulièrement en France, l'arrêté du 27 juillet 1995 fixe la liste des mammifères marins protégés sur le territoire national. Le globicéphale noir, comme tous les autres cétacés, bénéficie d'une protection précise définie comme suit dans l'arrêté : « Sont interdits sur le territoire national, y compris la zone économique définie à l'article 1er de la loi du 16 juillet 1976 modifiée susvisée, et en tout temps, la destruction, la mutilation, la capture ou l'enlèvement intentionnels, la naturalisation des mammifères marins d'espèces suivantes ou, qu'ils soient vivants ou morts, leur transport, leur colportage, leur utilisation, leur mise en vente, leur vente ou leur achat : Cétacés : toutes les espèces. »
Du point de vue mondial, le statut du globicéphale noir sur la liste rouge des Espèces Menacées est considéré par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), en 2008, comme une espèce dont les « données sont insuffisantes » (« Data Deficient DD »). En effet, les données actuellement disponibles relatives à son abondance et/ou à sa distribution, ne permettent pas de préciser le statut de cette espèce (par exemple espèce « en danger » ou de « préoccupation mineure »).

Au Canada il a été chassé à Terre Neuve jusqu'en 1970, pour nourrir les élevages de visons. La population de globicéphales noirs qui fréquente l'océan Atlantique et le Saint-Laurent est classée « non en péril » par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) depuis avril 1994.

Origine des noms

Origine du nom français

Dérivé directement du nom sientifique.

Origine du nom scientifique

Globicephala vient du latin [globus] = globe, et du grec [kephalos] = tête, car une des caractéristiques morphologiques du genre est de présenter un melon arrondi et volumineux.

melas signifie noir en grec.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Classe Mammalia Mammifères Vertébrés possédant des poils et des glandes mammaires produisant du lait.
Sous-classe Theria Thériens La paroi latérale du crâne est constituée de deux os particuliers: l'alisphénoïde et le squamosal.
Ordre Cetacea Cétacés Mammifères aquatiques possédant des nageoires à la place des pattes. Narines situées au sommet du crâne.
Sous-ordre Odontoceti Odontocètes Cétacés munis de dents fixées au rostre et à la mandibule, et d’un melon prononcé en avant du crâne. Un orifice unique, l’évent, au sommet du crâne.
Famille Delphinidae Delphinidés Deux premières vertèbres cervicales soudées.
Genre Globicephala
Espèce melas

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