Épinoche à trois épines

Gasterosteus aculeatus | Linnaeus, 1758

N° 1449

Hémisphère nord, des régions polaires aux régions tempérées

Clé d'identification

Taille de 5 à 8 cm
Nageoires dorsales et anales à l'arrière du corps
3 à 4 rayons épineux non reliés sur le dos et un sur le ventre
Plaques osseuses sur les flancs
Dos brun verdâtre, vert ou gris bleuté noir ; ventre argenté
Période de reproduction : mâles ventre et joues rouge-orange

Noms

Autres noms communs français

Épinoche, étrangle-chat, épine, épinglet, crève-valet, écharde, quatre-épées

Noms communs internationaux

Threespine stickleback, three-spined stickleback (GB), Spinarello (I), Espinoso, espinosillo (E), Dreistacheliger Stichling (D), Driedoornige stekelbaars, stekelbaars (NL)

Synonymes du nom scientifique actuel

Gasterosteus aculeatus williamsoni Girard, 1854
Gasterosteus cataphractus (Pallas, 1814)
Gasterosteus gymnurus Cuvier, 1829
Gasterosteus leiurus Cuvier in Cuvier and Valenciennes, 1829
Gasterosteus trachurus Cuvier in Cuvier and Valenciennes, 1829

Distribution géographique

Hémisphère nord, des régions polaires aux régions tempérées

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-Ouest, ● Eau douce d'Europe

Hémisphère Nord, des régions polaires aux régions tempérées (Espagne, Italie, Afrique du Nord, mer Noire, nord du Japon, Amérique du Nord et Groenland)

Biotope

L'épinoche se rencontre aussi bien en eau douce, en eau saumâtre (estuaire et marais salants) qu'en mer, de la surface jusqu'à une dizaine de mètres de profondeur (maximum -100 m).
Elle semble préférer des eaux propres (en particulier non polluées par les insecticides), non-acides et d'une température de 4 °C à 20 °C.
Il existe des populations migratrices et d'autres sédentaires. Les migratrices passent l'hiver dans la mer, migrent en eau douce au printemps pour frayer et redescendent en mer en été (elles sont anadromes*).
L'espèce préfère les petits fonds riches en végétation.

Description

La taille va de 5 à 8 cm avec un maximum en mer de 11 cm.
Le museau est pointu ; le pédoncule* caudal est mince.
Les nageoires dorsales et anales sont à l'arrière du corps. Sur le dos, il y a 3 à 4 rayons épineux libres avant la nageoire dorsale. Les deux premières épines sont fortes et placées vers l'avant; la troisième est courte et espacée des deux autres. Cette dernière est située juste avant la nageoire dorsale.
Sur le ventre, la nageoire ventrale est réduite à une épine pointue et la nageoire anale est précédée d'une épine.
Sur les flancs, on observe des plaques osseuses plus ou moins nombreuses suivant les formes (1). Ces plaques sont plus importantes chez les spécimens vivant en milieu marin que ceux en eau douce. On notera également la présence d'une carène* de chaque coté du pédoncule caudal.
Le dos est brun verdâtre en eau douce ; chez les formes anadromes*, il va du vert au gris bleuté noir. Le ventre est argenté.
Lors de la période de reproduction, les mâles arborent un ventre et des joues rouge-orange avec un dos bleu brillant. Les femelles sont légèrement rosées sur la gorge et le ventre.

(1) On distingue trois formes :
1. trachurus : plaques tout le long de la ligne latérale
2. semiarmatus : plaques uniquement sur le corps et le pédicule caudal
3. leiurus : plaques uniquement à l'avant du corps

Espèces ressemblantes

Pungitius pungitius (épinochette) se distingue de l'épinoche par son corps plus allongé et la dizaine d'épines libres devant la nageoire dorsale.
Gasterosteus wheatlandi (épinoche tachée) possède également 3 épines mais se distingue par l'absence de carène au pédoncule caudal et la présence de deux petites excroissances très aigües. Elles sont situées sur chacune des épines pelviennes et sont appelées des cuspides*. Sa coloration est généralement jaune, tachetée de noir.

Alimentation

Gasterosteus aculeatus est très vorace et se nourrit de vers, crustacés, larves et adultes d'insectes aquatiques, œufs et petits poissons. En fait, de tous les petits animaux possibles y compris, à l'occasion, les œufs et alevins de sa propre espèce. En particulier, on a observé des femelles qui ne participant pas à la ponte, forment des groupes cannibales attaquant les œufs dans les nids. Face à cette pression, les mâles n'ont plus la possibilité de quitter leur nid pour s'alimenter et sont contraints pour ne pas mourir de faim, de consommer une partie de leurs propres œufs.

Reproduction - Multiplication

Elle se déroule de mars à juillet. Ce poisson peut se reproduire deux fois dans l'année.
Le mâle arbore un ventre et des joues rouge-orange avec un dos bleu brillant.
Le mâle construit en eau peu profonde un nid constitué de débris de plantes et de sable agglomérés par un mucus secrété par ses reins (la spiggine). Sous le nid, on trouve une fosse creusée dans le sable. Le nid ressemble a une petite maison de forme cylindrique, d'un diamètre de 2.5 cm ayant une porte ouverte à chaque bout dans le sens du courant. La construction d'un nid peut prendre de 5 à 6 jours.
Le mâle défend autour du nid un territoire qu'il interdit aux autres mâles. Des duels sanglants entre mâles peuvent alors s'engager. Les femelles sont invitées (et parfois forcées) à déposer une partie de leurs 100 à 400 ovules que le mâle fertilise avant de chasser la femelle. Un nid peut ainsi être utilisé par plusieurs femelles et contenir de 300 à 1.000 œufs. Afin d'oxygéner les œufs, le mâle les ventile à l'aide de ses nageoires pectorales.
Selon la température de l'eau, l'éclosion a lieu au bout de 4 à 27 jours. Les alevins mesurent quelques millimètres et sont presque transparents. Les alevins restent environ une semaine dans le nid où ils sont protégés par le mâle jusqu'à leur complète autonomie. Les jeunes se dispersent ensuite dans la végétation où ils se nourrissent de petits animaux. Ils peuvent se déplacer autour d'algues dérivantes ou d'objets couverts d'algues à la dérive, et ainsi coloniser de nouveaux milieux.

Une autre tactique de reproduction a déjà été observée : certains mâles ne construisent pas de nid, et n'effectuent pas de parade. Ils n'hésitent pas à profiter d'un moment d'inattention du propriétaire pour se glisser dans le nid et féconder les œufs déposés par une femelle.

Vie associée

L'épinoche est mangée par la morue, le doré, l'omble de fontaine, le corégone, le saumon et l'anguille. Ses épines et sa cuirasse de plaques osseuses découragent de nombreux prédateurs qui la recrachent après l'avoir attrapée.

Divers biologie

Gasterosteus aculeatus vit souvent en bancs. Il est capable d'identifier ses congénères et de reconnaître des individus de sa famille (les phéromones jouent un rôle). Des études ont démontré que les bancs sont constitués de regroupements familiaux.
Les poissons les mieux alimentés et les plus sains possèdent le meilleur mucus (substance recouvrant la peau et la protégeant des agents externes). La femelle épinoche est capable, grâce aux différences d'absorption et de réflexion des rayons ultraviolets par la peau, de choisir les mâles les mieux dotés en mucus.
C'est un poisson plutôt farouche sauf le mâle en période de reproduction. Très vif, il est difficile de le photographier dans le milieu naturel.
L'épinoche a développé une grande tolérance à la salinité et aux variations de température. Sa longévité serait de 3 ans en moyenne.

Informations complémentaires

Utilisé fréquemment comme animal de laboratoire particulièrement pour des études de comportement, Gasterosteus aculeatus fait l'objet de nombreuses publications scientifiques.
Dans le passé, l'épinoche a été utilisée dans les pays scandinaves pour produire de l'huile et de la farine.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Cette espèce est évaluée et est présente dans la 2007 IUCN Red List of Threatened Species avec le statut Lower Risk / Least Concern (Risque faible / préoccupation mineure).
C'est un poisson qui est en régression.

Origine des noms

Origine du nom français

Épinoche : de [épine] en référence aux épines portées par ce poisson

Origine du nom scientifique

Gasterosteus : du grec [gastēr] = ventre
aculeatus : du latin [ăcŭlĕātus] = qui a des aiguillons, qui a des piquants

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 126505

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Super classe Osteichthyes Ostéichthyens Vertébrés à squelette osseux.
Classe Actinopterygii Actinoptérygiens Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées.
Sous-classe Neopterygii Teleostei Néoptérygiens Téléostéens Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées.
Super ordre Acanthopterygii Acanthoptérygiens Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens.
Ordre Gasterosteiformes Gastérostéiformes
Sous-ordre Gasterosteoidei Gastérostéoïdes
Famille Gasterosteidae Gastérostéidés

Corps allongé, tête pointue, pédoncule caudale grêle, grands yeux. Première partie de la dorsale constituée d'épines rigides sans membrane.

Genre Gasterosteus
Espèce aculeatus

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