Petite taille, 7 mm maximum
Abdomen replié sous le céphalothorax
Grosses pinces sur la 1e paire de pattes
Rostre triangulaire, presque équilatéral
Couleur uniforme vert olive à grisâtre sans bande médiodorsale claire
Méditerranée uniquement
Dans les posidonies, cystoseires, sur les gorgones
Galathée de Bolivar
Squat lobster (GB), Galatea de praterie di Posidonia (I), Sastre (E), Furchenkrabs (D), Oprolkreeft (NL)
Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Galathea bolivari est endémique* stricte de Méditerranée. En France, l'espèce est connue de la région de Banyuls et de Provence. Sa distribution générale s'étend dans toute la Méditerranée où elle est surtout signalée des côtes nord : environs de Gibraltar et mer d'Alboran, en Espagne (Baléares, Catalogne), en Italie (Sardaigne, Naples, Sicile), Adriatique, mer Ionienne et Grèce, mer Egée, mer de Marmara, Turquie, Israël.
L'espèce ne semble pas avoir encore été signalée des côtes méditerranéennes africaines mais elle y est probablement présente.
La galathée grise des gorgones se rencontre dans les cuvettes rocheuses médiolittorales* parmi des algues comme les cystoseires. Dans l'étage infralittoral*, elle a été signalée entre 0,5 et 40 m de profondeur, voire davantage ; elle y fréquente divers milieux : pierres couvertes d'algues, zostéracées, herbiers de posidonies, gorgones.
La galathée grise des gorgones est une toute petite espèce dont la carapace* mesure au maximum 6 mm de longueur chez le mâle et 7 mm chez la femelle.
Le corps est assez plat et la carapace est peu calcifiée, ovaliforme, plus longue que large. Elle ne porte pas la petite strie arquée derrière la strie post-rostrale ni de 3e épine sur le bord latéral de la région branchiale antérieure (deux caractères qui caractérisent les espèces voisines du groupe Galathea intermedia).
Le rostre* est triangulaire, presque équilatéral, et donc plutôt large comparativement à d'autres petites espèces de galathées ; il est muni de 4 épines latérales aussi fortes ou plus fortes que celles sur les bords de la carapace.
Les yeux sont gros et saillants.
L'abdomen qui se compose de 6 segments est rabattu sous le céphalothorax* au repos, mais il peut s'étaler en arrière et se replier brutalement lorsque l'animal fuit rapidement.
Contrairement à la plupart des autres espèces de galathées, l'article* basal du pédoncule* antennulaire* ne porte que 2 fortes épines. Les chélipèdes* (P1) sont plus longs que la carapace, modérément fins et étirés. Les pattes locomotrices (P2 à P4) sont sensiblement de même longueur. Les pattes de la dernière paire (P5) sont minuscules et rejetées dorsalement ; elles servent au nettoyage de la cavité branchiale.
Cette espèce est de couleur relativement uniforme, parfois plus ou moins marbrée, vert olive (sur les posidonies) à grisâtre (sur les gorgones) ; il n'y a pas de ligne médiodorsale claire. Les pattes sont peu pigmentées.
Notons que cette espèce présente des variations morphologiques infraspécifiques qui peuvent faire douter de la validité de l'espèce voisine Galathea cenarroi.
Dans la famille des Galathéidés, il existe une petite douzaine d'espèces en Europe, la plupart de taille nettement supérieure à cette espèce.
L'espèce la plus proche de Galathea bolivari est G. cenarroi qui se rencontre à faible profondeur dans les posidonies.
G. cenarroi montre une petite strie arquée bien régulière plus ou moins brève derrière la strie post-rostrale. Le rostre est plus large, aux dents latérales saillantes (l'apex* d'une dent arrive à la base de la dent plus antérieure). La première paire de chélipèdes est relativement courte et grosse, avec un carpopodite* bref.
En Méditerranée, il y a également Galathea intermedia (20 mm de longueur maximum de carapace) assez commune, de couleur souvent rouge et avec une bande médiodorsale blanche.
Par ailleurs, Galathea dispersa (maximum 25 mm) et Galathea nexa (maximum 35 mm) sont des espèces plutôt sciaphiles*, moins fréquentes, qui se rencontrent le plus souvent assez profondément, en particulier sur les fonds de coralligène*, jusqu'à une centaine de mètres et davantage.
Le régime alimentaire est sans doute proche de celui des autres galathées : broutage des organismes poussant sur le substrat* et capture de la petite faune vagile* passant à proximité.
Les femelles ovigères* (qui peuvent l'être à partir d'une longueur de carapace de 4,9 mm) ont été observées au printemps et en été de mars à septembre.
Leurs œufs ont un diamètre de 0,3 à 0,5 mm.
Les larves* sont planctoniques*. Le développement larvaire de cette espèce ne semble pas avoir été étudié. On peut penser qu'à l'instar de Galathea intermedia l'espèce pourrait avoir 4 ou 5 stades zoés* et une mégalope*.
Cette galathée est parasitée par des crustacés isopodes épicarides : un bopyre branchial du genre Pleurocrypta et le cryptonicsidé Danalia ypsilon Smith, 1906.
Outre les posidonies et les cystoseires, elle peut se rencontrer sur les gorgones Eunicella cavolini, E. singularis, Paramuricea clavata et Leptogorgia sarmentosa. Elle est plus rare sur les éponges.
En plongée, on voit rarement ces galathées de jour.
Elles sont par contre très fréquentes la nuit sur les gorgones peu profondes (vers -10 à -15 m). Il y a souvent plusieurs galathées par gorgone (5 ou 6 voire davantage selon la taille de la gorgone) et elles s'y tiennent principalement sur les branches (parties les plus "touffues"), rarement sur le pied ou à l'extrémité des branches.
De nuit, elles ne semblent pas spécialement effrayées par la lumière artificielle des phares.
Les principaux critères d'identification utilisés par les scientifiques n'étant généralement pas visibles sur les photos prises en plongée, il convient donc d'émettre les réserves habituelles pour les identifications sur les photos faites in situ.
Galathée grise des gorgones : galathée étant une traduction du nom latin Galathea, la suite correspond 1°/ à la couleur de l'animal et 2°/ au lieu d'observation habituel (en plongée nocturne).
Galathea : dans la mythologie grecque, Galathea (Galatée) est une nymphe marine, fille du dieu Nérée et de Doris (soit les parents des 50 Néréides). Son nom signifierait "blanche comme du lait".
Selon les auteurs, Galatée fait l'objet d'un désir affirmé du cyclope Polyphème, soit sur le mode amoureux transi, soit dans une relation de jalousie du monstre envers la belle nymphe qui le dédaigne, cette version occasionnant une fin destructrice.
Galatée est également le nom d'une bergère chez Virgile.
bolivari : indique que l'espèce est dédiée au professeur Ignacio Bolívar y Urrutia (1850 - 1944), naturaliste espagnol et directeur du Muséum d'histoire naturelle de Madrid (de 1901 à 1934) ainsi que du "Real Jardín Botánico" de Madrid (de 1921 à 1930).
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Arthropoda | Arthropodes | Animaux invertébrés au corps segmenté, articulé, pourvu d’appendices articulés, et couvert d’une cuticule rigide constituant leur exosquelette. |
Sous-embranchement | Crustacea | Crustacés | Arthropodes à exosquelette chitineux, souvent imprégné de carbonate de calcium, ayant deux paires d'antennes. |
Classe | Malacostraca | Malacostracés | 8 segments thoraciques, 6 segments abdominaux. Appendices présents sur le thorax et l’abdomen. |
Super ordre | Eucarida | Eucarides | Présence d'un rostre. |
Ordre | Decapoda | Décapodes | La plupart marins et benthiques. Yeux composés pédonculés. Les segments thoraciques sont fusionnés avec la tête pour former le céphalothorax. La première paire de péréiopodes est transformée en pinces. Cinq paires d'appendices locomoteurs (pinces comprises). |
Sous-ordre | Pleocyemata | Pléocyémates | Incubation des œufs sous l'abdomen. |
Famille | Galatheidae | Galathéidés | |
Genre | Galathea | ||
Espèce | bolivari |
Individu en vue dorsale
Galathea bolivari est toute petite, et habituellement de couleur grise. Elle se rencontre souvent dans les gorgones ou à proximité.
Samena, Marseille (13), 10 m, de nuit
02/12/2015
Sur une feuille de posidonie
La nuit, les galathées remontent sur les feuilles vertes des posidonies ; le jour, les individus se cachent sans doute dans les rhizomes. Ce spécimen a une couleur marbrée (avec quelques taches blanches).
Antibes (06), 10 m, de nuit
18/06/2009
Sur une gorgone orange Leptogorgia sarmentosa
De nuit, les galathées se tiennent au centre des gorgones (ici Leptogorgia sarmentosa), éventuellement en compagnie de petits pagures (Cestopagurus timidus) comme celui-ci dans "sa" coquille de nasse épaisse (Nassarius incrassatus).
Banyuls (66), de nuit
06/08/2007
Exemplaire bleuté
Ce spécimen est gris-bleuté, témoin d'une variabilité des robes pigmentaires de l'espèce.
Carry-le-Rouet (13), 6 m, de nuit
20/06/2011
Sur une gorgone jaune Eunicella cavolini
Individu en stand-by sur Eunicella cavolini.
Remarquer les petites taches blanc-bleuté dispersées à la surface de cette petite galathée.
Tiboulen de Maïre, Marseille (13), 15 m, de nuit
23/06/2014
Femelle parasitée ?
Cette galathée sur une gorgone pourpre (Paramuricea clavata) semble avoir le côté gauche du céphalothorax gonflé, indice possible de la présence d'un bopyre parasite du genre Pleurocrypta.
La Ciotat (13), 22 m, de nuit.
14/09/2012
Femelle ovigère en vue latérale
Cette femelle ovigère abrite sous son abdomen une petite centaine d'œufs brunâtres. Elle se tient sur une gorgone jaune (Eunicella cavolini).
Marseille (13), 12 m, de nuit
13/03/2013
Détails : chromatophores et œufs
Cette vue de détail sur le côté droit de l'animal précédent montre différents types de cellules pigmentaires (chromatophores*). Nous y trouvons des chromatophores à pigment banc (leucophores*), à pigment rouge à caroténoïdes (érythrophores*) et à pigment bleu (iridophores* à caroténoprotéines).
Les œufs sous l'abdomen sont visiblement en début d'incubation.
Marseille (13), 12 m, de nuit
13/03/2013
Bopyrisée !
Ce spécimen, tête en bas sur la gorgone Eunicella cavolini, est parasité par un crustacé isopode dans la cavité branchiale droite, comme en témoigne le renflement (flèche) sur le côté de la "tête".
Calanque de Saména, Marseille (13), de nuit
10/11/2014
Caractères morphologiques
Les principaux caractères morphologiques sont bien visibles et pointés sur cette image légendée.
Anse de la Maronaise, Marseille (13), 4 m, de nuit
29/05/2018
Rédacteur principal : Pierre NOËL
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Zariquiey Àlvarez R., 1950, Decápodos Españoles V. Galathea bolivari n. sp., Eos (Revista Española de Entomología), Madrid, 311-314.
La page sur Galathea bolivari dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN