Corps aplati presque
circulaire, d'environ 8 cm
Pied bordé d'un fin liseré clair, beaucoup plus grand que
le manteau
Grand voile oral avec 2 larges pointes latérales et bordé de
fines papilles sensorielles
Surface dorsale claire parsemée de taches brunes à noir-pourpre
Moon-headed sidegill slug, moon-faced nudibranch, moon-faced Euselenops, moonlight sea slug, sand-dwelling sea slug (GB), Nacktschnecke (D)
Pleurobranchus luniceps Cuvier, 1816
Oscaniopsis compta Bergh, 1897
Oscaniopsis semperi Bergh, 1897
Oscaniopsis amboinei Vayssière, 1900
Indo-Pacifique
Zones DORIS : ● Indo-PacifiqueEuselenops luniceps fréquente l'Indo-Pacifique tropical : de l'Afrique de l'Est à l'Indonésie, et du nord au sud, du Japon et Hawaï jusqu'à l'Australie. On le rencontre notamment sur les côtes de Mayotte, la Réunion, l'île Maurice et probablement de la Nouvelle-Calédonie.
Euselenops luniceps vit dans les fonds sableux, vaseux et détritiques. Il se tient souvent enfoui juste sous la surface du sable ou se déplace sur le substrat*.
Le pleurobranche face-de-lune a un corps aplati de forme presque circulaire et mesure environ 8 cm. Le pied* est beaucoup plus grand que le manteau*, alors que chez la
plupart des pleurobranches le pied et le manteau sont de même taille. Ce manteau ne couvre que la moitié de la partie dorsale de l'individu.
La partie postérieure du manteau forme un long tube permettant ainsi à la branchie* de rester en contact avec l'eau circulante lorsque l'animal est enfoui dans le sable. Cette branchie se trouve accolée au flanc droit de l'animal, sous le manteau. Elle est généralement de couleur blanche à jaunâtre.
A l'avant, le pleurobranche face-de-lune possède un grand voile oral (ou voile céphalique) bien plus large que le reste du corps, nanti de deux pointes latérales étendues. Ce voile est bordé de fines papilles* sensorielles permettant de localiser les proies, et sa surface ventrale est parsemée de papilles* sensorielles longues et branchues.
Sur le dessus, à l'avant, sont présents, très écartés l'un de l'autre, deux courts rhinophores* enroulés et de forme cylindrique.
La surface dorsale du manteau et du pied est claire, de couleur crème à violet pâle, parfois presque blanche, et elle est parsemée de taches brunes à noir-pourpre. Certaines de ces taches sont cerclées de clair, ce qui n'est visible que lorsque le manteau est sombre. Le pied est bordé d'un fin liseré clair. La surface ventrale du voile est violet foncé. La sole* pédieuse est brun-jaunâtre à violet foncé, plus claire vers l'avant et autour de la ligne médiane.
Euselenops luniceps peut être confondu avec d'autres pleurobranches partageant son aire de répartition. Cependant chez ces espèces, le manteau recouvre le pied.
Dans des groupes systématiquement proches, citons :
Le pleurobranche face-de-lune est carnivore, se nourrissant d'invertébrés. Une publication évoque la présence de petits vers polychètes dans son estomac.
Les papilles sensorielles situées en bordure du voile oral et sous celui-ci permettent au pleurobranche face-de-lune de localiser ses proies.
Les pleurobranches sont des animaux hermaphrodites* possédant les organes génitaux mâle et femelle conjointement fonctionnels. Ceux-ci débouchent sur le côté droit du corps, juste devant la branchie*. Le pénis est cylindrique et presque lisse. Les partenaires vont devoir s'accoupler en position tête-bêche pour un échange réciproque des gamètes* mâles. La fécondation est interne et chaque individu pourra ensuite pondre.
La documentation manque pour être formel mais la ponte prend probablement la forme d'une épaisse bande ovigère* beige, repliée sur elle-même en accordéon et fixée par une de ses extrémités au substrat*.
L'animal est muni d'une radula*, lui permettant de se nourrir. Celle-ci, peu décrite, aurait 50 à 80 rangées de dents et la formule radulaire* oscillerait entre 200 x 0 x 200 et 235 x 0 x235 (soit, entre 200 et 235 dents de chaque côté de la mâchoire et sur chaque rangée).
Un corps aplati et un large pied sont des caractéristiques qui
facilitent la reptation sur le sable ainsi que l'enfouissement.
Lorsque le pleurobranche face-de-lune est enfoui dans le sable, seuls dépassent les rhinophores et le tube situé à l'arrière du manteau. Ainsi, les rhinophores restent disponibles pour détecter la présence d'éventuelles proies, et le tube permet à l'eau de circuler dans la branchie*.
Lorsque le pleurobranche face-de-lune se déplace, il semble chercher son chemin à l'aide des papilles qui tapissent le dessous du voile oral. Ses mouvements sont relativement rapides pour une limace. Il modifie souvent sa direction, peut-être en réponse à la présence d'une proie.Il semble être capable de "nager". Stephan Ion Pace (1872-1941), malacologue anglais, évoque en 1901 son observation d'un individu qu'il captura alors que celui-ci se déplaçait vigoureusement le long d'un navire mouillé (la goélette Dayspring, dans le détroit de Torres, entre l'Australie et la Nouvelle-Guinée). Pace le conserva quelques jours dans un seau d'eau et le décrivit comme « nageant sauvagement pendant quelques minutes, avec un curieux mouvement ondulatoire, quelque chose comme celui d'un poisson pleuronectidé (poissons plats). En nageant, il faisait souvent un saut périlleux complet.»
Les rencontres sont réputées peu courantes à rares selon les régions. Serait-ce à cause du mode de vie enterré ?
Pleurobranche face-de-lune : proposition de DORIS, dérivé des noms vernaculaires anglais ("moon-faced", "moon-headed"…) et évoquant la livrée pâle avec des "cratères" sombres.
Euselenops : du grec [eu] = bien ou vrai, [selen] = lune ou croissant et [ops] = aspect ou
œil. Henry Augustus Pilsbry (1862-1957), descripteur de cette espèce en 1896, n'a pas expliqué ce choix de nom de genre. Avant Pilsbry, le genre s'appelait Neda et avait été décrit en 1854 par les frères Adams, Henri et Arthur. Mais Pilsbry souleva un problème : ce nom était déjà utilisé pour un genre de coléoptères et donc invalide pour des gastéropodes.
luniceps : du latin [luna] = lune et [ceps] = tête, pour désigner la livrée pâle avec des "cratères" sombres du manteau et du pied.
L'espèce fût initialement décrite par Cuvier en 1816 sous le genre Pleurobranchus. Du grec [pleuro] = sur le côté, flanc, et [branchus] = branchie. Cuvier ne donna pas d'explication à ce choix de genre dans sa description mais sans aucun doute voulait-il évoquer un animal ayant une branchie sur le côté.
Numéro d'entrée WoRMS : 535693
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Pleurobranchida | Pleurobranchides | Coquille en coupelle plate, cachée ou absente. Cavité palléale représentée par une gouttière située sur le coté droit avec une branchie pourvue d’une double rangée de lamelles. Pas de lobes pédieux. Rhinophores enroulés. Tous marins. |
Famille | Pleurobranchidae | Pleurobranchidés | Manteau recouvrant le pied et la branchie latérale. Rhinophores canaliculés, voile buccal aux extrémités parfois enroulées. Coquille toujours interne. |
Genre | Euselenops | ||
Espèce | luniceps |
Face de lune
Le pleurobranche face-de-lune a un corps aplati de forme presque circulaire. Le pied bordé d'un fin liseré clair est beaucoup plus grand que le manteau. A l'avant, un grand voile oral bordé de fines papilles sensorielles.
Le nom vernaculaire (inspiré de l'anglais) évoque probablement la surface de notre satellite constellé de cratères.
Détroit de Lembeh, Sulawesi, Indonésie, 10 m, de nuit
13/04/2010
Vue de face
Le grand voile céphalique rend l'espèce assez reconnaissable, parmi d'autres espèces proches. Il dépasse grandement la largeur du reste du corps. Il est bordé par des papilles sensorielles lui permettant sans doute de trouver la piste de ses proies et de localiser ces dernières.
Détroit de Lembeh, Sulawesi, Indonésie, océan Pacifique, 12 m, de nuit
15/10/2009
Rhinophores
Les rhinophores, outils d'analyses moléculaires de l'environnement pour l'animal, sont courts et enroulés.
On distingue sur le rhinophore de droite l'enroulement et le tube ainsi formé.
Pulau Dua, Sulawesi Centre (Indonésie), 10 m
27/11/2023
Vue de l'arrière
La partie postérieure du manteau forme un long tube permettant à l'eau de mer de parvenir à la branchie, notamment lorsque l'animal est enfoui dans le sable.
Ici, ce siphon de circulation d'eau a été mis en évidence.
Île d'Ambon, archipel des Moluques, Indonésie, océan Pacifique
24/11/2019
Deux pleurobranches face-de-lune s'accouplent.
Les pleurobranches sont des animaux hermaphrodites possédant les
organes génitaux mâles et femelles conjointement fonctionnels. Ceux-ci
débouchent sur le côté droit du corps. Les limaces s'accouplent tête-bêche.
Lembeh, 15 m
02/2012
Accouplement
On voit très bien sur cette photo le pénis de la limace de droite.
Île de Sumbawa, Petites îles de la Sonde occidentales, Indonésie, océan Pacifique
09/09/2018
Prédation
Le pleurobranche face-de-lune est carnivore, se nourrissant d'invertébrés. Il attaque ici une un octocoralliaire (probablement du genre Xenia ou proche).
Komodo, Petites îles de la Sonde, Indonésie, 10 m
Emmanuelle LEMARIÉ
Franck LEGRIX
14/09/2014
Sur un substrat sableux
Cette photo met en évidence les rhinophores et le tube situé à l'arrière du manteau. Par ailleurs, quelques taches à l'arrière du pied sont cerclées de clair.
Philippines, 12 m, de nuit
03/2019
Enfouissement
Un corps aplati et un large pied sont des caractéristiques qui facilitent la reptation sur le sable ainsi que l'enfouissement.
Rombon (Philippines), 10 m
20/04/2023
Aux Philippines, sur du sable noir
Le pleurobranche face-de-lune se nourrit d'invertébrés. Les papilles sensorielles situées en bordure du voile oral et sous celui-ci lui permettent de localiser ses proies.
Romblon (Philippines), 10 m
20/04/2023
A toute vitesse
La limace traçait droit cherchant à sortir rapidement de la lumière.
Anilao, Philippines, océan Pacifique, 10 m, de nuit.
03/2022
Rédacteur principal : Sylvie HUET
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Sylvie HUET
Kamalakannan R.,Chen C.W.K., 2022, Biodiversity Record: Moon-headed sidegill slug at Sentosa, Nature in Singapore, 15: e2022017.
Nimbs M., Smith S.D.A., 2017, Observation of feeding in the pleurobranchomorph sea slug Euselenops luniceps (Cuvier, 1816), Newsletter of the Malacological Society of Australasia, 161.
Pace S., 1901, On the rediscovery of Euselenops [=Neda] luniceps (Cuv.), Journal of Molluscan Studies, 4(5), 202–204.
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La page de Euselenops luniceps dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN