Couleur jaune-orangé
Arborescence ramifiée, irrégulière et souvent dans un plan
Polypes sur 4 rangées
Yellow gorgonian (GB), Ventaglio di mare giallo (I), Gorgonia amarilla (E), Gelbe Fächerkoralle (D)
Eunicella cavolinii (Koch, 1887)
Eunicella cavolini (avec un seul i) est choisi en accord avec notre site de référence taxonomique : WoRMS.
Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Commune dans toute la Méditerranée, sauf en certaines régions, comme la côte Vermeille.
Cette gorgone se rencontre généralement à flanc de parois, plus rarement dans des anfractuosités ou des grottes. C'est une espèce sciaphile* de la biocénose coralligène*. Elle est présente essentiellement de 10 à 30 m, et le plus souvent au-dessus de Paramuricea clavata, mais parfois elle descend jusqu'à 150 m.
L'envergure de la gorgone jaune varie de 10 à 50 cm. Le coenenchyme*, c'est à dire la partie charnue qui recouvre l'axe squelettique, est de couleur jaune-orangé. Les polypes* sont de couleur blanche à jaune. (Leur partie mobile, nommée anthocodia*, est de la même couleur que les rameaux). Ces polypes sont de petite taille (2 mm) et peu protubérants. Ils sont répartis sur quatre rangées. L'arborescence est dans un seul plan quoique irrégulière. Les rameaux sont cylindriques et relativement courts, de diamètre proche de 3 mm.
Cette gorgone est fixée au substrat* par un élargissement de la base.
Observations au microscope :
Les sclérites* sont translucides et de deux sortes : en forme de massues faiblement verruqueuses ou en forme d'aiguilles à petites verrues. Leur longueur moyenne est de 50 à 150 µm. (La microscopie s'effectue au grossissement 50).
Eunicella verrucosa : la gorgone verruqueuse, plutôt présente en Atlantique. Celle-ci possède, comme son nom l'indique, des reliefs sur ses rameaux pouvant évoquer des verrues (ce sont les calices*).
Leptogorgia sarmentosa : la gorgone orange, mais celle-ci possède des rameaux plutôt rectilignes et bien plus fins, et les polypes sont plus petits.
L'organisation coloniale de plusieurs milliers d'individus ou polypes, permet à la nourriture capturée par quelques-uns de nourrir toute la communauté. La digestion des particules se fait uniquement en contact direct avec les mésentères* dans l'espace creux du polype et dans les canaux les reliant. Dans ceux-ci, les nutriments flottent sous forme de molécules. De manière à optimiser les chances de capture, les arborescences sont surtout orientées perpendiculairement au courant afin de capter les particules organiques en suspension (vivantes ou mortes).
Chez les gorgones, les sexes sont séparés. La fécondation a lieu dans la cavité gastrique des femelles pour donner les œufs. Au stade planula*, la larve* a la forme d'un disque aplati de 2 à 3 mm, elle sort de la cavité gastrique pour aller se fixer sur un fond favorable. Ces larves planulas sont libérées généralement à la fin de l'été (en juin et juillet, parfois en août). Cette larve nageuse, après 1 à 4 semaines d'errance, se fixe au hasard du courant en un lieu favorable pour créer une nouvelle colonie. Après fixation de l'individu, des tentacules* poussent et une invagination se produit pour former la cavité gastrique. A partir du polype initial ou oozoïde* se développent des stolons* creux sur lesquels bourgeonnent les autres polypes ou blastozoïdes*.
La croissance est de 1 à 2 centimètres par an (par bourgeonnement) pour atteindre l'âge adulte vers 15 ans. La longévité est mal connue mais probablement supérieure à 25 ans.
Un bon nombre d'épibiontes* ou d'opportunistes profitent des rameaux des gorgones pour s'accrocher et bénéficier de meilleures possibilités de capter, sur ce poste bien situé, les particules nutritives.
Il s'agit fréquemment d'autres octocoralliaires comme les alcyons encroûtants : Alcyonium coralloïdes, d'hydraires (Sertularella crassicaulis), d'éponges, de vers coloniaux (salmacines...), de bivalves (Pteria sp.), de bryozoaires, de crustacés (balanes)...
Elle craint le sédiment, ce qui explique qu'elle affectionne plutôt les tombants.
Sa croissance est de 0,5 à 2 cm/an seulement, mais sa capacité de régénération est très importante.
Cette espèce, comme c'est le cas pour d'autres gorgones, peut être la proie de nudibranches comme Marionia blainvillea.
Couleur jaune orangée de la gorgone.
Eunicella : du latin [Eunicella] = est le diminutif de Eunice, nom mythologique d'une Néréide.
cavolini : du nom propre [Cavolini] = la gorgone de Cavolini.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Cnidaria | Cnidaires | Organismes aquatiques (marins pour la plupart) libres ou fixés, carnivores, principalement à symétrie radiaire, caractérisés par des cellules urticantes : les cnidocytes. Deux morphologies principales : le polype et la méduse. La larve est une planula. |
Classe | Anthozoa | Anthozoaires | Cnidaires exclusivement marins, solitaires ou coloniaux, uniquement sous la forme polype (jamais de phase méduse dans le cycle de vie). |
Sous-classe | Octocorallia / Alcyonaria | Octocoralliaires / Alcyonaires | Anthozoaires coloniaux, parfois solitaires. Polypes de petite taille à symétrie radiaire d’ordre 8 (8 tentacules portant 2 rangées de pinnules). Exosquelette calcaire ou spicules calcaires ou fibres organiques. |
Ordre | Alcyonacea | Alcyonacés | Octocoralliaires dont les polypes sont enfouis dans un coenosarc épais plus ou moins calcifié. Polypes allongés qui restent accolés les uns aux autres en bouquets. Spicules fusiformes et épineux. Ce groupe renferme les alcyons (ou coraux mous), les gorgones, et les coraux vrais. |
Sous-ordre | Holaxonia | Holaxonides / Gorgonides | Axe squelettique organique souple plus ou moins calcifié portant les polypes. Colonies en forme de fouet, d'éventail, de candélabre. Ce sont les gorgones. |
Famille | Gorgoniidae | Gorgoniidés | |
Genre | Eunicella | ||
Espèce | cavolini |
Sur un tombant
Biotope à E.cavolini. Tombant de pente importante.
Les grosses roches, Carry le Rouet
07/05/2005
Individu bien ramifié
L’arborescence est dans un seul plan, quoique irrégulière. Les rameaux sont cylindriques et relativement courts, de diamètre proche de 3 mm.
Cannes, 20 m
2001
Polypes
Les polypes* sont de couleur blanche à jaune. (Leur partie mobile, nommée anthocodia*, est de la même couleur que les rameaux). Ces polypes sont de petite taille (2 mm) et peu protubérants. Ils sont répartis sur quatre rangées.
Carry-le-Rouet, Le Haricot, 35 m
28/05/2005
Détail des polypes
Gros plan sur les polypes d'Eunicella cavolini.
Autour de la bouche se distribuent les huit tentacules pennés.
Pointe Causinière, cap Ferrat (06), 30 m
05/04/2009
Sclérites
Longueur moyenne 50 à 150 µm.
Microscopie au grossissement 50X.
Microscopie
2001
Ponte des larves
Tout porte à penser que ce cliché montre la ponte des larves par une gorgone jaune, et c'est un scoop !
Ilot de la Fourmigue, Antibes (06), 12 m
26/06/2011
Dans les Alpes-Maritimes
Sur la Côte d'Azur, Eunicella cavolini est bien implantée et l'on en trouve des champs entiers sur les tombants bien exposés au courant.
Pointe Causinière, Cap Ferrat (06), 38 m
07/08/2016
Rédacteur principal : Jacques DUMAS
Vérificateur : Denis ADER
Vérificateur : Vincent MARAN
Responsable historique : Denis ADER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Dumas J., 2001, Les gorgones des côtes Françaises et sénégalaises, Commission Nationale de Biologie Subaquatique, 50p.
Grasshoff M., 1977, Die Hornkorallen (Gorgonaria) der Kanarischen Region, Vieraea, 7, 23-40.
Grasshoff M., 1988, The genus Leptogorgia (Octocorallia : Gorgoniidae) in West Africa, Atlantide Report, 14, 92-118.
Théodore J., 1964, Contribution à l'étude des gorgones - II Ecologie : La faune et la flore contenues dans des excroissances de l'axe d'Eunicella stricta, Vie et milieu, 17, supplément A.
La page d'Eunicella cavolini dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN