Ver géant de Méditerranée

Eunice roussaei | Quatrefages, 1866

N° 4534

Atlantique Nord-Est, Méditerranée

Clé d'identification

Très long ver (2 m) brun orangé irisé
5 antennes sur la tête
Longs parapodes dorsaux
Vit dans un terrier la journée et ne sort que la nuit

Noms

Autres noms communs français

Eunice de Rousseau, ver de Rimini, ver de chalut italien

Noms communs internationaux

Verme di Rimini, drapulla (I)

Synonymes du nom scientifique actuel

Eunice maxima Quatrefages, 1866
Eunice rousseai
Eunice rousseaui
Eunice validissima Grube, 1866

Distribution géographique

Atlantique Nord-Est, Méditerranée

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]

Quatrefages a décrit cette espèce à partir de morceaux d'un individu échoués sur des rochers à St Jean de Luz (64) et d'un individu rapporté de Martinique (qui lui s'est finalement avéré être une autre espèce). C'est la seule donnée pour l'Atlantique Nord-Est.
En Méditerranée elle a été observée principalement dans l'Adriatique, mais également en mer Egée et en France.

Biotope

Le ver géant de Méditerranée se rencontre sur fond meuble. Il vit la journée dans un terrier et n'en sort que la nuit pour se nourrir. On le rencontre à faible profondeur souvent dans les 5 premiers mètres mais peu d'informations sont disponibles sur sa répartition bathymétrique*.

Description

Eunice roussaei est une annélide polychète dont la longueur peut atteindre 2 m pour un diamètre de 3 cm. Le nombre de segments est très vraisemblablement supérieur à 450. La face supérieure est arrondie, d'une couleur brun orangé avec de très belles irisations provoquées par la réfraction de la lumière sur les couches superficielles de la cuticule*.

La tête porte cinq antennes cylindriques et de taille égale, annelées de blanc, et un œil bien visible de chaque côté. Elle présente ventralement 4 lobes (2 larges en position externe, 2 plus petits en position médiane). Deux cirres* (ou tentacules) plus courts sont visibles dorsalement sur le deuxième segment. Ils sont eux aussi annelés de blanc. Le quatrième sétigère* (segment porteur de soies) est parfois plus clair, presque blanc, et peut présenter une ponctuation mauve.

Le pharynx peut se dévaginer en formant une trompe armée de mâchoires puissantes, cornées, en forme de crochets.

Tous les autres segments sauf le tout dernier présentent latéralement une paire d'appendices à rôle locomoteur appelés parapodes*. Chaque parapode est caractérisé par un cirre ventral en forme de petite corne et par un cirre dorsal long et effilé, accolé à la branchie. Les branchies sont présentes à partir du dixième sétigère.

Espèces ressemblantes

Il existe de nombreuses autres espèces d'annélides polychètes géantes dans la famille des Eunicidés, signalées dans toutes les mers tempérées à tropicales.
Une très grande confusion apparaît dans la littérature où la plupart du temps, dès qu'il s'agit d'un ver de plus d'1 m, il est nommé Eunice aphroditois ! Par exemple, en Méditerranée, l'espèce nommée E. aphroditois est en fait E. roussaei. De même, dans l'Atlantique tropical Ouest on rencontre également un ver géant appelé parfois E. aphroditois ou E. roussaei mais il s'agit d'une autre espèce que nous avons appelée Eunice sp. sur DORIS.
Enfin, dans le Pacifique tropical Ouest, une autre espèce est appelée A. aphroditois, il s'agit du ver Bobbit (E. cf aphroditois) qui présente de fortes mâchoires en forme de crochet et est de couleur beige. Il vit dans un terrier qu'il ne quitte généralement pas. Le nom commun de ver Bobbit (Bobbit worm) a tendance à être employé lui aussi pour tous les vers "géants" ce qui ajoute encore à la confusion.

En Méditerranée, la grande taille de E. roussaei permet de le différencier des autres vers. Parmi les espèces les plus ressemblantes, citons le ver rouge à collier (Leodice torquata), plus petit, ne dépassant pas 30 cm de longueur. Il est de couleur brun rouge avec un anneau blanc en arrière de la tête. Il ne vit pas dans un terrier.

Alimentation

Le mode d'alimentation des Eunicidés géants est mal connu. Les observations d'individus en aquarium, ainsi que l'examen des contenus stomacaux, montrent qu'ils sont capables de survivre en consommant à peu près n'importe quoi. Ces grands animaux sont probablement opportunistes et consomment tout ce qu'ils peuvent récolter sur le fond : bivalves, petits crustacés, charognes, algues, détritus divers.
Le ver géant de Méditerranée sort de son terrier la nuit à la recherche de nourriture.

Reproduction - Multiplication

Les modes de reproduction des Eunicidés sont assez variés : certaines espèces déposent des pontes en masses gélatineuses et les abandonnent, d'autres pratiquent une forme d'incubation, d'autres dispersent leurs œufs au cours de danses nuptiales synchronisées avec les phases de la lune.
Cette reproduction n'a pas été étudiée chez E. roussaei.

Divers biologie

Comme tous les Polychètes et les Annélides en général, ces vers ont une très bonne faculté de régénération. Ils sont capables de se séparer d'une grande partie de leur région postérieure par autotomie*, quand ils sont attaqués par un prédateur par exemple. La partie manquante sera régénérée.

Informations complémentaires

Ce ver est très utilisé comme appât pour la pêche en Adriatique. Il est attrapé grâce à un piège (sorte de tapette à souris) placé à l'entrée de son terrier. Une fois le ver attrapé, un flotteur est accroché au piège et va lentement remonter à la surface (en 10 à 20 minutes) en extirpant l'animal très fragile sans le casser.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Très utilisé pour la pêche en Adriatique, sa capture est maintenant régulée en Croatie.

Origine des noms

Origine du nom français

Ver géant de Méditerranée est une proposition du site DORIS.
Ver de Rimini fait référence à la ville côtière italienne de Rimini et est très utilisé dans le domaine de la pêche.

Origine du nom scientifique

Eunice : comme beaucoup de noms de genres de Polychètes, c'est un nom tiré de la mythologie gréco-latine. Il s'agit d'une gracieuse nymphe, une des Néréides, citée par Apollodore.

roussaei : de M. L. Rousseau, aide-naturaliste au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris. Voici ce qu'écrivit Quatrefages lors de la description de l'espèce :
"Ce m'est un vrai plaisir de consigner dans cet ouvrage le nom de M. L. Rousseau, aide naturaliste au Muséum. Le zèle désintéressé avec lequel il s'est toujours occupé des collections relevant de son service, la part qu'il a prise à leur développement, à leur mise en ordre, à leur classification, sont bien connus de tous les savants qui ont eu à les étudier. La collection des Annelides en particulier lui doit beaucoup. Enfin, j'ai trouvé chez M. Rousseau le dévouement le plus empressé à m'aider dans mes études. Voilà pourquoi j'ai été heureux d'attacher son nom à une des plus belles espèce que j'aie eu à nommer"

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 327785

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Annelida Annélides

Vers segmentés (annelés) à section cylindrique, à symétrie bilatérale constitués de segments semblables. Le premier segment porte la bouche et le dernier l’anus. Nombreuses formes marines, dulcicoles ou terrestres, libres ou parasites.

Classe Polychaeta Polychètes

Annélides marines. Chaque segment porte des excroissances locomotrices (les parapodes) plus ou moins développées, munies de touffes de soies chitineuses rigides. Chez la plupart des espèces, la tête porte plusieurs organes sensoriels, des mâchoires, et souvent un panache branchial coloré. Animaux libres dans la colonne d'eau ou sur les sédiments mais aussi galéricoles ou tubicoles.

Sous-classe Errantia Annélides Polychètes Errantes

La tête porte plusieurs organes sensoriels et des mâchoires. Animaux très mobiles et prédateurs. Parapodes biramés avec un notopode et un neuropode, chaque lobe du parapode a des baguettes squelettiques (acicule) liant le muscle parapodial aux lobes et aux soies ; cirres parapodiaux dorsaux et ventraux ; deux ou trois palpes sur le prostomium.

Ordre Eunicida Eunicides

Polychètes carnassiers qui possèdent: trois antennes souvent entourées par deux palpes, des branchies bien développées sur les parapodes, une métamérie bien conservée, pas de véritable trompe exsertile mais des mâchoires exsertiles constituées d'au moins une paire de pièces calcifiées.

Famille Eunicidae Eunicidés

Polychètes libres et carnassiers possédant 1, 3 ou 5 antennes céphaliques, animaux avec de nombreux segments. dans les sables et graviers.

Genre Eunice
Espèce roussaei

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