Oursin régulier, de mœurs nocturnes
Gros piquants cylindriques, tronqués, souvent couverts de salissures
Piquants secondaires très courts, aplatis contre le test
Oursin-crayon gris
Slate pencil urchin, mine urchin, club urchin (GB), Erizo de palitos, erizo de clavos (E), Griffel-Seeigel, Lanzenseeigel (D)
Cidarites tribuloides Lamarck, 1816
Atlantique tropical ouest, golfe de Guinée, Cap Vert
Zones DORIS : ● CaraïbesEucidaris tribuloides est présent dans tout l’arc antillais, de la Caroline du Sud jusqu’au nord du Brésil.
La sous-espèce Eucidaris tribuloides africana est signalée dans le golfe de Guinée et aux îles du Cap Vert.
Cet oursin est un habitant des lagons et des récifs coralliens, on le trouve aussi dans les herbiers de phanérogames mélangés de débris rocheux, généralement en eaux peu profondes. Il a cependant été trouvé jusqu’à 800 m (par dragage).
Le test* de l’oursin-lance est quasi-sphérique et de petite taille (il mesure au maximum 6 cm de diamètre). Il porte deux types de piquants (ou radioles*) très différents :
- de gros piquants cylindriques (les radioles* primaires), rose à marron rougeâtre, annelés de bandes transversales plus claires. Ils sont alignés en 5 doubles rangées verticales et supportés par de gros tubercules* ou mamelons. Chaque radiole porte un renflement annulaire près de la base (où s'insèrent les ligaments qui maintiennent et orientent le piquant). Les plus petits de ces radioles se terminent en pointe émoussée, alors que les plus longs sont souvent tronqués, avec une couronne dentelée blanc sale à l'extrémité. Leur surface est granuleuse, et les plus vieux radioles sont recouverts d’un feutrage d’épibiontes*. Chacun des tubercules supportant un gros radiole primaire est également entouré d'une couronne de radioles secondaires très courts et aplatis.
- sur les 5 zones ambulacraires* qui séparent les doubles rangées de radioles primaires, sont disposés les radioles secondaires. Ils sont aplatis, en forme de palettes, d'un blanc grisâtre ou rosâtre. Leur disposition en double rangée, appliqués contre le test, dessine une "raie" sinueuse entre chaque zone interambulacraire*.
Le sommet du test est légèrement aplati. Autour de l'anus en position centrale se trouvent le périprocte*, membrane plus ou moins calcifiée, et 5 plaques calcaires : le madréporite*, plaque poreuse servant aux échanges avec le système aquifère*, et les 4 plaques génitales, chacune percée d'un unique pore génital.
A la face inférieure, s'ouvre la bouche au milieu du péristome*. Cinq dents puissantes forment la lanterne d'Aristote, appareil masticateur qui leur permet de racler et de broyer leur nourriture.
L’oursin-lance du Pacifique, Eucidaris thouarsii (Valenciennes, 1846), d'apparence quasiment identique, n’est présent que du côté Pacifique du canal de Panama.
Stylocidaris affinis, très ressemblant, est signalé sur tout l'arc antillais des Bermudes aux Barbades. La distinction entre ces deux espèces passe par l'observation fine des pédicellaires*, petits appendices en forme de pince présents à la surface du test. D'autre part les sutures interambulacraires sont lisses (quasiment dépouvues de tubercules) chez Stylocidaris affinis, ce qui n'est pas le cas chez Eucidaris tribuloides.
De nuit, les oursins-lances sortent de leur cachette et broutent le « gazon algal », tapis d’algues encroûtantes et de microorganismes qui se développent sur le substrat. Leur régime est omnivore, car ils ingèrent aussi bien les algues que les bryozoaires, éponges, fragments de coraux et restes d’animaux morts, selon les ressources présentes dans leur environnement.
C'est une espèce gonochorique* : il y a des oursins mâles et des oursins femelles. La saison de reproduction est mal connue. Les gamètes* sont émis en pleine eau, les œufs fécondés donnent de petites larves* planctoniques* qui, après plusieurs stades larvaires, arrivent sur le fond où elles se transforment en petits oursins.
Les radioles primaires âgés, encroûtés d’épibiontes et devenus poreux, servent d’habitat spécifique à certains organismes qu’on ne retrouve nulle part ailleurs : c’est le cas de plusieurs petits gastéropodes qui creusent des trous dans la structure des radioles et s’y incrustent.
De jour, les oursins-lances s’abritent dans les fissures, entre les blocs de corail, sous les rochers à l’abri de la lumière directe. Ils sont capables de s’ancrer à l’intérieur de leur retraite en bloquant la position de leurs radioles, de sorte qu’on ne pourrait les extraire à moins de casser quelques piquants.
Leurs déplacements sont extrêmement lents.
Les Cidaroidea présentent la particularité d’avoir des radioles primaires non recouverts d’un épithélium* vivant, à la différence de ceux de tous les autres Echinidés. Seule la partie basale des radioles, zone d’articulation sur les tubercules des plaques interambulacraires, est maintenue propre par l’action des pédicellaires. Leur extrémité « morte » se couvre progressivement d’épibiontes (algues, bryozoaires, petits mollusques….) qui jouent certainement un rôle dans le camouflage diurne de ces oursins.
Les radioles poussent, très lentement, à partir d’une zone d’allongement située à la base. On estime qu’il faut à peu près un an pour qu’un radiole atteigne une taille de 2 centimètres. Lorsqu’un radiole est abîmé, il tombe et un nouveau radiole repousse à la place.
Oursin-lance des Antilles est une proposition du site DORIS.
Le nom d'oursin-crayon gris (gris, sans doute à cause des radioles encroûtés) est parfois utilisé, mais il prête à confusion avec les oursins-crayons de la famille des Echinométridés (ordre des Echinoïdes).
Eucidaris : du grec [eu-] = beau, bien, vrai ; et [kidaris] = nom donné au turban ou diadème porté par les rois Perses. Plusieurs noms de genre de la famille des Cidaridés sont construits sur des variations autour de Cidaris : Stylocidaris l'oursin-lance à pointes, Stereocidaris l'oursin-lance robuste, Tretocidaris l'oursin-lance ciselé...; Eucidaris est le "vrai" oursin-lance ou plutôt oursin-turban selon Pomel (1883).
tribuloides : du latin [tribulus], désignant la châtaigne d'eau ou mâcre (plante aquatique aux fruits hérissés de piquants) ; suivi du suffixe [-oides] = qui ressemble à.
Numéro d'entrée WoRMS : 396741
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Echinodermata | Echinodermes | Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement. |
Sous-embranchement | Echinozoa | Echinozoaires | Echinodermes non étoilés de forme globuleuse ou allongée. Ce groupe renferme les oursins et les concombres de mer. |
Classe | Echinoidea | Echinides | Ce sont les oursins. Forme globuleuse ou hémisphérique, squelette qui porte des piquants mobiles, des pédicellaires et des pieds ambulacraires. Pouvoir de régénération limité. |
Sous-classe | Perischoechinoidea | Périschoéchinoïdes | |
Ordre | Cidaroida | Cidaroïdes | Oursins-lances : piquants séparés, plaques ambulacraires simples. |
Famille | Cidaridae | Cidaridés | Tubercules perforés et non crénulés ; tuberculation uniforme et ambulacres simples. |
Genre | Eucidaris | ||
Espèce | tribuloides |
Couronne épineuse
C'est ainsi qu'on a le plus de chances de voir l'oursin-lance : de nuit, se déplaçant lentement sur le tapis algal. Les taches roses sur les radioles* sont des incrustations d'éponges.
Deshaies, Guadeloupe (971), 11 m, de nuit
09/09/2008
Cachette
Et de jour, c'est ainsi que l'on a le plus de chances de l'apercevoir : enfoncé dans une fissure, les piquants bien ancrés entre deux blocs !
Deshaies, Guadeloupe (971), 11 m
15/12/2008
De jour
Il est rare de rencontrer l'oursin-lance, de jour, à découvert.
Sur celui-ci, on voit bien une des zones ambulacraires, avec ses radioles secondaires bien rangés de part et d'autre d'une "raie" sinueuse.
Deshaies, Guadeloupe (971), 13 m
06/10/2008
De près
Chacun des radioles primaires est entouré à la base par une couronne de radioles secondaires en forme de palette. Le système apical est visible au sommet du test.
Trou à l'Orage, Port-Louis, Guadeloupe (971), 5 m
28/06/2008
Le système apical
Le système apical dessine une petite étoile appliquée sur le test : le périprocte* au milieu, entouré de 5 "bras" qui sont le madréporite* et les 4 plaques génitales.
Les radioles pointés vers l'observateur montrent leur extrémité tronquée, en couronne dentelée. Cette couronne est typique d' Eucidaris tribuloides et permett d'affirmer, sans voir le reste du test, qu'il ne s'agit pas de Stylocidaris affinis.
Noter les 5 "bourgeons" orange au bout des zones inter-ambulacraires : ce sont les zones de croissance des prochains radioles primaires.
Vieux Fort, Guadeloupe (971), 10 m
07/03/2009
Juvénile
Ce très petit oursin (test de 2 cm de diamètre) se dissimule sur un petit fond de débris coralliens cassés. Notez les deux radioles primaires en début de régénération, et la faible proportion de radioles recouverts d'algues.
Sainte Anne, Martinique (972), 1 m
07/12/2007
Régénération
Un groupe de radioles "propres", récents, laisse penser que cet oursin a peut-être subi une attaque de ce côté-là et a dû régénérer les radioles cassés ou perdus.
La Pointe à Vaches, Les Saintes (971), 22 m
30/07/2006
Ponte (oursin femelle)
Un indice sur la période de reproduction : cet individu en pleine effusion a été photographié la veille de la ponte des coraux.
Guadeloupe, Port Louis, 8 m
12/09/2017
Rédacteur principal : Anne PROUZET
Vérificateur : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Anne PROUZET
Phelan T., 1970, A Field Guide to Cidaroids echinoids of the Northwestern Atlantic, Gulf of Mexico and Caribbean Sea, Smithsonian Contributions to Zoology, 40, 1-67.
La page d'Eucidaris tribuloides dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN